Citations de Romain Dutter (18)
[...] il y a des églises partout dans Bucarest. On dit que dans le pays, elles seraient trois fois plus nombreuses que les écoles...
(p. 65)
[...] nombreux sont les Roumains qui ont fait le choix de partir à l'étranger. le pays a ainsi perdu cinq millions d'habitants ces dix dernières années, soit près d'un cinquième de sa population. Cela fait aujourd'hui de la Roumanie le deuxième pays au monde en terme d'émigration... juste après la Syrie!
D'après un sondage publié à l'automne 2019, 52% des Roumains estimaient mieux vivre à l'époque communiste.
(p. 187)
Cris n'est pas le seul Roumain à s'étonner que je m’intéresse à son pays. Étrange. Comme si celui-ci ne le méritait pas... Probablement ce complexe d'infériorité dont on m'a souvent parlé.
(p. 83)
La politique d'austérité que [Ceaușescu] a instaurée a conduit à une pénurie alimentaire que les Occidentaux ont utilisée pour le diaboliser. Se sentant lâché par ses anciens « amis » il est devenu de plus en plus parano, a renforcé son emprise sur la population. Et le ras-le-bol général a abouti à la Révolution de 1989.
(p. 28)
Nous ne sommes plus un pays pauvre mais pas encore un pays riche ! On part de tellement loin. Le communisme a substitué à la réalité normale une réalité parallèle.
[…] j'assistais […] à ce que les médias ont appelé la « Révolution » roumaine. Une révolution dont on ne sait toujours pas trente ans après, si elle a été le fruit d'un véritable mouvement populaire, ou un coup d'État fomenté par l'URSS, les Occidentaux ou les deux. Mais elle permit au pays de retrouver sa liberté, d'embrasser la démocratie et le libéralisme économique.
(p. 10)
[…] la solution pour les Roms ne peut venir que de l'État. Et d'eux-mêmes, bien sûr.
La priorité, on est bien d'accord, c'est de donner à ces gens accès aux mêmes services de base que ceux dont profitent chaque Roumain. Il n'y a que comme ça qu'ils s'en sortiront.
(p. 141)
Je reviens te voir, mer Noire,
Sur ton rivage, je m'incline et me tais,
Tu es la seule qui saura soigner
Ce qui n'a plus de remède.
Mer Noire, nous voulons que tu viennes,
Laver les horizons de ce monde,
Donne-nous des âmes d'enfants
Su tu nous aimes encore.
(Tatiana Stepa, Prière à la mer Noire)
C'est à Constanza qu'Ovide, le grand poète romain a terminé sa vie. Il y rédigea les Tristes, les Pontiques et un pamphlet intitulé ibis, dans lequel il raconte son désarrois d'exilé.
Il fait mash uo mash up/ Inna Roumania
Il fait winey winey. Avec Comaneci
Il est guide éclairé/ Pour le peuple affamé
Avec gens pas contents/Il fait boum boum boum !
(LUDOWIG VON 88, Ceausescu)
Jojo n'aimait pas la fosse de Saint-Amé car cette mine était épuisée et son puit poussiéreux de charbon grisouteux. Tous les mineurs le disaient. Ce 27 décembre, personne n'était redescendu depuis cinq jours. Les arrosettes n'étaient pas passées au fond. L'atmosphère était irrespirable.
Excuse-moi... Romain ? Tu te rappelles de moi ? Abdellatif... J'étais en première div' à Fresnes.
- Ah ouais !
- Tu vas bien ? Tu bosses toujours là-bas ?
- Ouais, toujours en poste. Toi, ça va ?
- Ouais, super. Je suis sorti il y a deux ans maintenant. J'ai repris un taf, je viens d'avoir un bébé. Et j'habite ici, à Montreuil.
- Cool !
- Bref, tout va bien pour moi ! En tout cas, ça me fait super plaisir de te voir. Allez, prends soin de toi. Au plaisir.
Tu sais quoi ? T’iras pas au charbon, t’iras au chagrin.
"Ventilation ». Ce mot a été le premier de ma quête. Je n’analysais pas, je collectais. J’abattais le charbon, je ne le triais pas. Je ramassais sans comprendre tous les sédiments du drame dans ma berline de papier quadrillé.
Sa vie entière, Cécile avait vécu aux côtés de mon inquiétude. Michel Flavent, le désastre. Des drames minuscules m’empêchaient, moi aussi, de respirer. Des soucis, partout et tout le temps. Des montées d’angoisse comme des reflux de bille. Je trouvais qu’avril ressemblait à novembre et que le vendredi soir empestait le lundi.
Je n’avais pas honte.
Moi aussi, j’étais un ouvrier.
Pour toujours.
Paris ne changerait rien, je le savais.
Mais il fallait que je quitte le bassin.
Je ne voulais pas d’un horizon de terrils.
De l’air âcre des cheminées. Je ne pouvais plus passer devant les grilles de la mine, croiser les gars sur leur mobylettes. Baisser les yeux face aux survivants. Entendre le souffle des chevalements.
Et mon frère a disparu.
La mine n’a aucune pitié pour l’homme. Même lorsqu’il remonte au jour, le mineur n’est qu’un survivant. La mine a pris la place de l’air dans ses poumons. Il sait que la mort l’attend.