Le professeur de littérature juif-allemand Victor Klemperer, qui deviendrait célèbre par la suite pour son récit au jour le jour des persécutions nazies après 1933, observa directement en 1919 la fin de la République des conseils de Bavière depuis la capitale bavaroise : […] à l’instant même où j’écris ces lignes, une véritable bataille fait rage dehors. Toute une escadrille d’avions survole Munich, tirant, se faisant tirer dessus, balançant des fusées éclairantes […]. Le feu de l’infanterie est nourri. De plus en plus de soldats marchent, ou conduisent ou descendent à cheval la rue Ludwig, sous les barrages d’artillerie et les tirs de mortier […], et, de la sécurité relative qu’offre le coin des rues, là où l’on est à l’abri des tirs et où la vue est bonne, des foules de spectateurs assistent au combat, des lunettes d’opéra à la main.
Au Moyen-Orient également, la Première Guerre mondiale ne fait que l’objet d’un intérêt marginal comparée à l’« invention des nations » (comme l’Irak ou la Jordanie) par les Alliés qui s’ensuivit, le régime de mandat imposé par la Société des Nations, ou encore le conflit toujours en cours en Palestine. Pour de nombreux Arabes, ce conflit tire son origine de la promesse que fit le ministre des Affaires étrangères britannique, Arthur Balfour, de soutenir « l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif » (promesse par conséquent connue sous le nom de « déclaration Balfour »)
Plus récemment, toutefois, certains historiens ont mis en doute la valeur explicative de la thèse de la « brutalisation », principalement parce que l’« expérience de guerre » elle-même ne rend pas compte de la raison pour laquelle la politique et la société furent « brutalisées » dans certains anciens États combattants, mais non dans d’autres. Après tout, il n’existait pas de différence fondamentale entre les « expériences de guerre » des soldats alliés et celles des soldats des Empires centraux – à part évidemment l’issue de la guerre.
« Les deux camps, vainqueur comme vaincu, étaient en ruine. Tous les empereurs et leurs successeurs avaient été tués ou destitués. […] Tous étaient vaincus ; tous étaient dévastés ; tout ce qu’ils avaient donné, ils l’avaient donné en vain. Personne n’avait rien gagné […]. Ceux qui avaient survécu, les vétérans d’innombrables batailles, qu’ils soient couronnés de laurier ou qu’ils pleurent la défaite, revinrent à un foyer déjà englouti par la catastrophe. »
Winston Churchill.
En réalité , l'Italie sortit de la guerre [14-18] profondément divisée , comme s'en rendirent parfaitement compte les observateurs contemporains les plus perspicaces .
Le cas le plus extrême est bien évidemment la Russie, où l’hostilité entre les défenseurs et les opposants au coup d’État des bolcheviks de Lénine en octobre 1917 s’était rapidement transformée en une guerre civile d’une proportion sans précédent dans l’histoire, qui emporta avec elle 3 millions de vies.
Tout se disloque. Le centre ne peut tenir.
L’anarchie se déchaîne sur le monde
Comme une mer noircie de sang : partout
On noie les saints élans de l’innocence.
La cérémonie se voulait volontairement humiliante.