Régis F. Martin

Si l'on utilise le vocabulaire plus précis de la psychiatrie actuelle on peut assurer que ces dirigeants furent névrosés ; mais qui ne l'aurait été dans leur situation ? La névrose se définit dans le cadre de la relation sociale : or, comment un homme qui avait un pouvoir absolu et mondial aurait-il pu se comporter de manière sociale normale ? Son statut même le vouait à vivre hors des normes courantes, mais cela ne signifiait nullement qu'il fût destiné à la folie pour autant. La prise du pouvoir agit en quelque sorte comme un réactif, elle fit sortir certains traits de caractère qui n'auraient pas été mis en évidence dans une vie de simple particulier. L'histoire, et singulièrement celle de la Seconde Guerre Mondiale, nous apprend que bon nombre de criminels de guerre, de tortionnaires confirmés étaient, avant les événements qui leur donnèrent brusquement un pouvoir inattendu, des gens tout à fait normaux.
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Peut-on finalement parler d'empereurs fous ? On a vu précédemment que bon nombre de comportements qui paraissent aberrants à l'observateur actuel trouvent leur explication à condition de bien vouloir élargir le point de vue et de ne pas juger les dirigeants Romains du premier siècle par référence à nos propres moeurs, comportements et croyances. (page 375)