Mon avis en vidéo sur Le voleur de coeur de Rawia Arroum
Dans les livres, rien n'est interdit. Dans les livres que je lis, il y a des femmes. Il y a des hommes, des familles, des mariages. Il y a une harmonie, un apaisement que je retrouve seulement quand je me plonge dans un livre. Quand je lis, j'oublie que je suis un homme traqué. J'oublie que je n'ai pas droit à l'amour, à un futur. J'oublie que je suis destiné à mourir.
Aujourd'hui, je comprends que, si dures que soient les choses, elle ne font pas le poids devant la détermination.
Parfois, j'aime me rappeler que j'ai failli devenir un point final. Ça m'aide à être une virgule continuelle.
Se mettre dans de sales draps quand on n'a même pas fini de laver ceux d'avant, c'est tout moi.
Non. Non, non, NON ! C’est un cauchemar éveillé, une hallucination, un mauvais présage. Une fatalité.
Je suis à deux doigts de m’évanouir. Mais la réalité me gifle avec une force telle que je tressaille. C’est injuste. Si injuste ! Je vais devoir procréer avec celui qui est ma toute première capture !
— Entre, le temps passe.
L’infirmière me pousse à l’intérieur et, sans plus de cérémonie, elle referme la porte et la verrouille.
— Mais oui, entre, bouclette, bienvenue dans mon humble chez-moi !
Je tente de me calmer. J’essaie de voir ces circonstances comme une bonne chose. Après avoir été livré à la Structure par mes soins, il va me rendre service. Je jette un œil vers lui et retiens un haut-le-cœur. Sa constitution de mâle me révulse. Il n’a ni les traits ni les mensurations d’une femme. C’est une étrangeté. Une erreur. Quand je vois les quelques poils qui garnissent son menton, sa mâchoire carrée et ses cheveux qui n’atteignent pas ses épaules, je ne peux retenir un violent spasme.
— Tu as peur de moi ?
Il me parle. Il pense qu’il peut. Je commence à élaborer mentalement un plan d’action pour prendre le dessus sur lui, avant de me rendre compte que je l’ai déjà capturé. Je lui ai déjà planté une seringue dans la nuque. Il est déjà à la merci de la Structure. Je n’ai plus mes armes, plus de combinaison, plus de bottes. Je me sens vulnérable dans cette blouse rose. Presque inférieure en force physique.
— Je m’appelle Loan. Et toi ?
Hé! Vous m'entendez? Sam est moins poli que ça. Il me secoue avec force. Quand je reprends mes esprits, il me met une bouteille d'eau gelée sur le front. Les gens qui assistent à mes crises agissent tous différemment. Certains me secouent en criant mon nom. D'autres s'enfuient pour appeler à l'aide. D'autres me font des massages cardiaques...
Sam, lui, a choisi l'option machine à laver : secouage plus eau. Je me redresse. Je ne me suis pas évanouie. J'étais juste entre deux mondes: le passé et le présent. Quand les deux se mêlent, j'ai du mal à faire la différence.
- Je suis une ombre, dit-il avec un clin d’œil. Tu peux voir une ombre, mais tu ne peux jamais l'attraper. Elle rit sous ton nez, te taquine, mais tu ne pourras jamais lui faire de mal.
Les amis sont la famille que nous choisissons pour nous-même.
-Alors, quel est le secret pour vivre aussi longtemps et en bonne santé?
-Respirer
-Apprendre à respirer, même quand on manque de souffle.
Je me fige. La vie continue autour de moi pendant que j'étouffe mentalement.
La voiture sent le renfermé.
La minuscule chambre est étouffante.
Je n'arrive pas à inspirer.
Pourtant j'expire petit à petit.
Je me consume.
Je meurs.
-Respire. Ça va aller.
-Quand un bébé naît, on l'aime immédiatement et pour la vie. Du moins, d'après des millions de parents. On nous aurait menti? En tout cas, moi je l'aime bien.
-Tu l'aimes lui, ou son portefeuille?
-Je suis ouvertsexuel! J'aime tout et tout le monde. Tu le prends lui, je garde son portefeuille. Pas de jaloux.