Augustin Trapenard accueille le psychiatre Christophe André pour "S'estimer et s'oublier", paru aux éditions
Odile Jacob,
Marie Darrieussecq pour "
Fabriquer une femme", un roman sur l'entrée dans la vie adulte de deux amies adolescentes dans les années 1980, édité chez POL.
Claro présente son essai "
L'Echec, comment échouer mieux", publié aux éditions Autrement,
David Foenkinos évoque son roman "Une vie heureuse", édité chez Gallimard, et
Raphaëlle Red présente "
Adikou", son premier roman sur la quête d'identité d'une jeune métisse, paru chez Grasset.
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Bénie est la pourriture. Béni est le pourrissement car il est cycle. Béni soit le cycle car il est voie sans issue. Bénie soit la voie sans issue car elle tombe. Bénie soit la tombe car elle est foyer.
Bénie, Bénie, Adikou ricane. L'obscurité, elle brise les miroirs ! Béni soit ce qu'on enterre et qui germe le lendemain. Béni ce qui coule et ce qui s'enroule. Ouais, je me bénis. dans la gorge rendue muette je creuse un trou par lequel souffler le silence de mon nom.
Je suis Adikou l'enterrée, et vive. Je suis la traquée et l'oubliée; sur les murs gris placenta, je peins des arbres généalogiques, trace des indices et des voies pour qu'on me trouve. Mais je ne suis pas un corps étranger, alors aucune alarme ne sonne. Je finirai bien par me tirer les boyaux. Peut-être que la couleur de la peau du corps est aussi universelle que n'importe quelle autre couleur mais je ne vois pas ce que cela ferait aux organes pourrissants. Béni est le sang, lignée et meurtre;
page 205.
Mais il fallait bien dire, aussi, qu'on vendait à son coeur un rêve qui n'était pas le sien et qui puait le maître, puait l'accumulation de richesses qui puait la surpuissance américaine qui puait les simulacres de démocratie les lobbies et les drones ; et allez lui expliquer, à son coeur, qu'il a tort, puisque le capitalisme et la Maison Blanche sont basés entre autres sur l'exploitation et la mise en esclavage de personnes noires et leur extermination sur quatre cents ans.
pages 58-59.
On tourne en rond, non, Adikou ? Toujours plus de bouches disent plus de choses et tu vas toujours plus loin jusqu'à cette bande de sable que personne ne t'a dit d'atteindre, cette lagune de Keisa incompréhensible où on s'est senties appelées par des drôles d'ancêtres eux-mêmes passés par trois bouches. On tourne en rond, non ? A chaque fois on y retourne à s'en prendre plein la gueule, à se faire traiter de tout ce qu'on n'est pas, et pourquoi on est là alors Adikou, tu pourrais dire un truc, merde, bah oui tiens, pour couvrir les rires d'hommes dans le couloir au moins, tu pourrais dire merde, pour soulager la nuit, tu pourrais dire ça.
Plus tard, dans le noir, elle murmure : Tourner en rond, c'est ce que fait l'océan.
page 76.
Celui qui glorifie la métisse est-il aussi malade que celui qui la hait.
page 119.