AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Neige Sinno (553)


Je suis restée longtemps filiforme et osseuse. Pas de poitrine, pas de formes féminines, zéro volupté.…. Je portais des vêtements de seconde main, des salopettes en velours, des chemises fleuries, des robes souvent trop grandes et des chaussures de montagne en cuir pas très assorties qui donnaient à mon corps frêle un air plutôt comique.
Comment une petite fille comme ça peut-elle attirer le regard d’un homme ? Qu’est-ce qu’il voit quand il la voit ? Qu’est-ce qu’il peut y avoir d’érotique chez un petit être aux genoux croûtés qui n’a pas encore perdu toutes ses dents, qui peut passer une heure à essayer d’attraper des lézards entre les pierres chaudes de l’après-midi ?
L’innocence, c’est ça qu’il y a à voir, la plus pure innocence. Et ce qui attire, c’est peut-être simplement la possibilité de la détruire.
Commenter  J’apprécie          603
Comment une petite fille comme ça peut-elle attirer le regard d'un homme ? Qu'est-ce qu'il voit quand il la voit ? Qu'est-ce qu'il peut y avoir d'érotique chez un petit être aux genoux croûtés qui n'a pas encore perdu toutes ses dents, qui peut passer une heure à essayer d'attraper des lézards entre les pierres chaudes de l'après-midi ?
L'innocence, c'est ça qu'il y a à voir, la plus pure innocence. Et ce qui attire, c'est peut-être simplement la possibilité de la détruire.
Commenter  J’apprécie          534
Voici ce qu’en dirait David Foster Wallace : S’il y a bien quelque chose qui n’a pas changé, c’est la raison pour laquelle écrivent les écrivains qui ne le font pas pour l’argent : ils le font parce que c’est de l’art, et que l’art c’est du sens, et que le sens c’est du pouvoir.
Commenter  J’apprécie          504
Un abus sexuel sur un enfant n'est pas une épreuve, un accident de la vie, c'est une humiliation profonde et systémique qui détruit les fondements mêmes de l'être. Quand on a été victime une fois, on est toujours victime. Et surtout, on est victime pour toujours. Même quand on s'en sort, on ne s'en sort pas vraiment.
Commenter  J’apprécie          430
Car à moi aussi, au fond, ce qui me semble le plus intéressant c'est ce qui se passe dans la tête du bourreau. Les victimes, c'est facile, on peut tous se mettre à leur place. Même si on n'a pas vécu ça, une amnésie traumatique, la sidération, le silence des victimes, on peut tous imaginer ce que c'est, ou on croit qu'on peut imaginer.
Le bourreau, en revanche, c'est autre chose. Être dans une pièce, seul avec un enfant de sept ans, avoir une érection à l'idée de ce qu'on va lui faire. Prononcer les mots qui vont faire que cet enfant s'approche de vous, mettre son sexe en érection dans la bouche de cet enfant, faire en sorte qu'il ouvre grand la bouche. Ça, c'est vrai que c'est fascinant. C'est au-delà de la compréhension. Et le reste, quand c'est fini, se rhabiller, retourner vivre dans la famille comme si de rien n'était. Et, une fois que cette folie est arrivée, recommencer, et cela pendant des années. N'en jamais parler à personne. Croire qu'on ne va pas vous dénoncer, malgré la gradation dans les abus sexuels. Savoir qu'on ne va pas vous dénoncer. Et quand un jour on vous dénonce, avoir le cran de mentir, ou le cran de dire la vérité, d'avouer carrément. Se croire injustement puni quand on prend des années de prison. Clamer son droit au pardon. Dire que l'on est un homme, pas un monstre. Puis, après la prison, sortir et refaire sa vie.
Même moi, qui ai vu cela de très près, du plus près qu'on puisse le voir et qui me suis interrogée pendant des années sur le sujet, je ne comprends toujours pas.
Commenter  J’apprécie          414
Qu’est-ce qui nous fascine chez les criminels, les monstres ? On pense qu’ils détiennent des éléments de réponse sur une des plus grandes énigmes de l’existence : le mal. On se dit que, puisqu’ils ont commis l’irréparable, ils ont sans doute au moins appris quelque chose.
Commenter  J’apprécie          402
Le monde adulte est souvent gris, de mille variantes de gris, et nos victoires comme nos défaites sont érodées aux angles par le caractère corrosif de ce gris. L’enfant, lui, vit en noir et blanc.
Commenter  J’apprécie          393
Un jour j'ai compris que c'était terminé tout ça, le viol, l'enfance, la famille. Maintenant je pouvais partir vivre ma vie. J'ai cru que j'étais libre. Mais on n'est jamais complètement libre, puisque rien ne finit vraiment et que si on devient quelqu'un d'autre, cette part de nuit continue son chemin elle aussi. Il n'était plus là. Il ne pouvait plus m'atteindre. Je pouvais sortir dans le monde, rencontrer des gens, parler, rire, sans qu'il ne vienne plus jamais me reprendre. Seulement, partout où j'allais, à n'importe quel moment, je tournais la tête et je voyais son ombre. […] La prédation sexuelle n'est pas tant liée au plaisir physique qu’à une relation de domination, c'est à dire de pouvoir. Ils choisissent cette agression-là parce que c'est une manière de dominer, d’assujettir l'autre, qui va au-delà des autres formes possibles.
Il avait sur moi une toute-puissance qui lui donnait pendant le temps des viols la sensation d'être un surhomme. Il pouvait décider de ma vie ou de ma mort. Cette identité de monstre qu’ils rejettent tous ensuite, à un moment donné, ils l'ont incarnée avec une jouissance folle. Être un monstre, une fois que la société vous regarde, c'est être un sous-homme, mais quand personne ne vous voit c'est l'inverse, vous êtes un roi.
(p.163-164-165)
Commenter  J’apprécie          382
Au moment où s'est tenu le procès, il avait déjà fait deux ans en détention provisoire à Gap. Ensuite, après la condamnation, il a été envoyé aux Baumettes à Marseille. […] Mon frère et ma sœur allaient le voir là-bas. Ils étaient obligés d'aller le voir, c'est la loi. Ma mère avait bien essayé de leur épargner cette épreuve, mais le juge l'avait menacée de lui retirer l'autorité parentale si elle ne remplissait pas ses obligations. Ils étaient mineurs, leur père avait le droit de les voir, qu'elle le veuille ou non.
(p.156)
Commenter  J’apprécie          360
Comment une petite fille comme ça peut-elle attirer le regard d'un homme ? Qu'est-ce qu'il voit quand il la voit ? Qu'est-ce qu'il peut y avoir d'érotique chez un petit être aux genoux croutés qui n'a pas encore perdu toutes ses dents, qui peut passer une heure à essayer d'attraper des lézards entre les pierres chaudes de l'après-midi ?
L'innocence, c'est ça qu'il y à voir, la plus pure innocence. Et ce qui attire, c'est peut-être simplement la possibilité de la détruire.
Commenter  J’apprécie          336
C'est toujours grand ouvert chez un enfant. Un enfant ne peut pas ouvrir ou fermer la porte du consentement. Il n’atteint pas cette poignée. Elle n’est simplement pas à sa portée.
(p.146-147)
Commenter  J’apprécie          330
 Un abus sexuel sur un enfant n’est pas une épreuve, un accident de la vie, c’est une humiliation profonde et systémique qui détruit les fondements mêmes de l’être. Quand on a été victime une fois, on est toujours victime. Et surtout, on est victime pour toujours. Même quand on s’en sort, on ne s’en sort pas vraiment. 
Commenter  J’apprécie          330
Relève-toi et marche n’est pas applicable dans le cas des violences faites aux enfants. Car pour les enfants, le sujet même de cette phrase, le toi de relève-toi, ainsi que le sujet de la narration, celui qui prononce les paroles pour enjoindre l’autre, celle qui écoute l’injonction, tout ce petit monde a déjà été violé, est toujours, déjà et encore dans le viol. On ne peut pas se relever et se défaire de quelque chose qui nous constitue à ce point. Le monde entier est perçu à travers ce filtre……. Un abus sexuel sur un enfant n’est pas une épreuve, un accident de la vie, c’est une humiliation profonde et systémique qui détruit les fondements mêmes de l’être.
Commenter  J’apprécie          330
Quand on lit, on est seul. Quand on écrit on est seul. Mais ce sont des solitudes peuplées, des silences pleins de murmures.
Commenter  J’apprécie          322
Si je ne le dis à personne, ça n’existe pas. Tant que personne ne le sait, ça n’existe pas.
Commenter  J’apprécie          320
Vous l'aurez compris si vous êtes arrivés jusqu'ici dans la lecture, le héros de ce livre n'est donc pas le violeur. Comment écrire à sa place ? Je ne peux pas. J'ai conscience qu'un livre de témoignage écrit par le violeur serait plus intéressant que celui que vous êtes en train de terminer (ou de feuilleter). Moi-même, si je voyais mon propre livre sur un étalage, je ne suis pas sûre que je serais intéressée. En revanche si mon beau-père écrivait un essai, je serais la première à le lire. Notre monde vu par les yeux d'un violeur d'enfant, oui, c'est un texte dans lequel je voudrais me plonger.
Commenter  J’apprécie          310
[…] dès qu’on peut parler du traumatisme, c’est qu’on est déjà un peu sauvé.
Commenter  J’apprécie          280
L'innocence, c'est ça qu'il y a à voir, la plus pure innocence. Et ce qui attire, c'est peut-être simplement la possibilité de la détruire.
Commenter  J’apprécie          280
Je suis quelqu'un qui survit. Je ne sais pas très bien pourquoi. Je n'en tire aucune fierté. Il m'arrive d'en avoir honte. J'ai perdu mon père bien aimé, j'ai perdu des amis chers, des gens qui mériteraient cent fois plus que moi d'être encore vie, de s'émerveiller devant un coucher de soleil. Je m'invente des excuses. Je me dis que je suis encore là parce qu'il faut que je raconte tout cela, que j'essaie de mentir le moins possible, de ne pas enjoliver ni enlaidir. Je sais que ce sont des inventions. Il n'y a aucune raison valable pour que je sois là et pas eux. Et il n'y a rien dans mon expérience que quelqu'un d'autre ne pourrait pas raconter.
(p.71)
Commenter  J’apprécie          280
Il ne pouvait pas accepter d'être rejeté par cette fillette à qui il offrait tout. Elle lui infligeait une blessure narcissique intolérable. Le viol était une punition nécessaire, pour m'apprendre à obéir. Et il montant le son de la radio pour chanter en chœur avec Johnny en y croyant du plus profond de son âme :

Je te promets le sel au baiser de ma bouche
Je te promets le miel à ma main qui te touche
Je te promets le ciel au-dessus de ta couche
Des fleurs et des dentelles pour que tes nuits soient douces

Pauvre Johnny, qui doit se demander depuis le fond de sa tombe rococo ce qu'il est venu faire dans ce livre. Qu'il ne m'en tienne pas rigueur, ce n'est pas moi qui ai choisi la bande-son.
Commenter  J’apprécie          260



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs de Neige Sinno Voir plus

Quiz Voir plus

Communions, Bar-mitsvah et Pièces montées

On lui doit le génial Le Chat du Rabbin, tome 1 : La Bar-Mitsva:

Franquin
Arnal
Joann Sfar

8 questions
29 lecteurs ont répondu
Thèmes : communion , fêtes , Fêtes religieuses , bar mitsva , gâteaux , cérémonial , culture générale , littérature , cinemaCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..