La solitude s’est imposée à moi. Je n’ai pas eu le choix et n’ai pas eu de difficulté à m’y habituer. Des fois, je m’imagine ce que c’est de rire en classe, de se faire coller pour bavardages, de sécher les cours pour faire du lèche-vitrine. Et puis, d’autre fois, je me dis que c’est du temps de perdu. Je suis seule, je prends ça comme une chance de me concentrer sur mes études, de réussir tout ce que j’entreprends, avoir un bon métier, bien payé, offrir une maison à Maman, au bord de mer….
Ça s’appelle de la politesse le fait de dire bonjour à quelqu’un.
Le soir vient de tomber. Assise au plus près de ma fenêtre, je regarde un bout de ciel que je n’avais encore jamais remarqué. Si je me penche bien, je peux voir scintiller une étoile. Est-un signe ? Est-ce mon étoile ? Ça m’étonnerait…sinon, je ne serais pas là, à crever de faim. Le vent a cessé. Aucun son dans la maison, aucun bruit de pas dans les escaliers. Ce n’est pas normal. C’est un monstre, mais jamais il n’a omis de me nourrir, même avec la merde qu’il me fait avaler. Et s’il passait à exécution ? S’il ne voulait plus de moi et qu’il cessait de venir me voir, comme il me l’avait dit ? Je ferme les yeux. C’est donc la fin ? Est-ce douloureux de mourir de faim et de soif ? Ou a-t-on simplement un malaise et part-on sans s’en apercevoir ? Je suis nerveuse, mes jambes tremblent. Je ne veux pas mourir.
On prend conscience des choses que lorsqu'elles nous arrivent. On n'imagine pas un seul instant qu'une existence peut changer comme ça, d'un claquement de doigt. On pense que ce monde est beau, on a envie d'y croire. Ça nous aide à nous lever le matin. Et puis plus rien.
Je voulais trouver un coupable, alors que parfois, ce n'est la faute de personne.
Être mise en avant n’est pas ce que j’aime le plus, je préfère la discrétion. Hugo arrive quelques minutes plus tard et après de nouvelles présentations, nous nous asseyons tous autour de la table. Je me demande, en regardant mon verre à vin, si ce n’est pas du cristal. De ce fait, je me redresse et me tiens la plus droite possible, puis parcours le menu en essayant de ne pas regarder les prix assez élevés. Je finis par opter pour un plat de poisson et tente de suivre les conversations qui portent sur la politique, les finances et le sport. Trois domaines qui ne me parlent pas du tout.
-Vous savez que vous avez du talent ?
-On en a tous. Il faut juste l'explorer.
J’ai demandé une nuit parfaite et je l’ai eu. J’essaie de sentir une différence en moi mais ne la distingue pas. Je me sens normale, plus femme peut-être. On dit que la première fois n’est pas souvent mémorable, la mienne l’a été. Je défie les statistiques.
Ne pars pas. Je me fou de ce que tu es, de ce que tu fais. Peu m’importe du moment que tu es avec moi. Aucun garçon, ni même aucun homme n’a su prendre soin de moi comme tu le fais. Tu n’as pas le droit de me laisser maintenant tout bonnement parce que tu crois que tu n’es pas bien pour moi. Le tabac n’est pas bon pour toi. Pourtant tu fumes. La drogue est dangereuse. Tu en as déjà pris. Laisse-moi faire de toi ma drogue. Tu m’as fait naître, ne me fais pas mourir.
Tout le monde peut commettre des erreurs, c’est ce que je me répète, alors je suis restée. Je suis persuadée qu’il me trompe encore, et je ne parviens pas à mettre un terme à cette histoire. Je me dis que s’il ne me quitte pas, c’est qu’il m’aime quand même. J’ai un peu perdu ma joie de vivre, notre complicité n’est plus semblable à celle d’auparavant. Tout le monde me dit de le quitter, mais j’ai toujours sa bague de fiançailles au doigt.