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3.23/5 (sur 151 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Bordeaux , 1982
Biographie :

Maylis Besserie est une romancière et productrice de documentaires sur France Culture. Elle a collaboré à diverses émissions sur la chaîne depuis 2003 (Fabrique de l’Histoire, Travaux publics, Surpris par la nuit, séries d’été, Sur les docks…).

En 2020, elle publie son premier roman "Le tiers temps" sur la fin de vie de Samuel Beckett.

En 2020, elle remporte le prix Goncourt du premier roman avec "Le Tiers Temps".

Source : France culture
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LA NOURRICE DE FRANCIS BACON - MAYLIS BESSERIE

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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Pourquoi faut-il que même dans ses vieux jours, à l’hiver de son existence –hiver de son déplaisir –, l’homme qui n’aspire pourtant plus à grand-chose, si ce n’est à un peu de paix, soit confronté, bien malgré lui, à tant de bêtise ? Je veux dire : comment se fait-il que le vieux –dès lors qu’il se voit contraint de fréquenter une population qu’il tentait de fuir jusqu’alors : personnel médical, garçon coiffeur, etc. –devienne un animal de compagnie devant lequel on déblatère ? Pas tellement différent du caniche ballot, le vieux auquel on confie ses petites opinions sur les choses. Réceptacle des déchets du langage et de la pensée. Victime des niaiseries de tous, et en prime, devant témoin. Un privilège de plus.
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Like a fish out of water. Ne mélange pas tout, tu as choisi ta langue. Seul comme un poisson hors de l’eau. Fin inexorable. Et te voilà, asphyxiant loin de la mer d’Irlande, loin de la mer éternelle qui me racontait toujours la vieille histoire au fond du jardin. La mer au bord de laquelle, enfant, tu rôdais déjà comme un fantôme. Enfant déjà mort. Presque pas né. Vieillard, pas encore mort.
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Oui, d’accord sur ce point, le veston suffit. C’est peut-être même trop, eu égard aux circonstances pénibles, au calvaire conjugal – le pléonasme – qui les guette. Qui nous guette tous. Raison pour laquelle je n’en portais pas, le jour du mien. Mon mariage. Jamais pu me résoudre à employer ce mot pour qualifier ma liaison – en l’occurrence il n’y en a pas, hasard de la phrase – avec Suzanne. Tant il me semble impropre. Je veux dire le mariage. Enfin, impropre, disons que ce qui me chiffonne, c’est le fossé – décidément -, le fossé qu’il y a entre le mariage tel qu’on l’entend d’ordinaire et le mariage tel qu’il nous phagocyte. Tel qu’il nous digère et finalement nous rejette. Se rejette lui-même, comme une mauvaise greffe. Jamais aucune information à ce sujet dans les actualités. Aucune alerte sur ce fléau qui depuis des millénaires fait pourtant d’innombrables victimes. Pas un seul mot avant d’y être soi-même confronté.
Avant qu’il soit trop tard. Alors même qu’on nous bassine chaque jour avec le prix du baril – autour de dix-neuf dollars, me semble-t-il ? Passons. Toujours est-il que le jour de mon mariage, je ne portais pas de veston.
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L’Editeur, ami fidèle parmi les fidèles, s’approcha le plus naturellement du monde, feignant de n’être en rien décontenancé par ma position qui, au moment précis de son entrée dans la chambre, était la suivante : tête en arrière, abandonnée comme sur l’échafaud aux mains du figaro, regard au plafond et reste du corps drapé dans une blouse noire tel le grand prêtre de Tullow Church pendant l’office.
Me vient alors une formule complètement désuète, qui me sembla adaptée sur le moment :
- Finissez d’entrer.
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I bury my head in books as the ostrich does in the sand.

J'enterre ma tête dans les livres comme l'autruche dans le sable.

William Butler Yeats
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Au Tiers- Temps ---30 juillet 1989

Je rassemble les dernières cellules valides de mon esprit rabougri. Travail laborieux : deux lignes, tout au plus, les jours de grand vent. J'avance si lentement que j'ai le sentiment d'avoir arrêté. D'ailleurs, conformément aux règles de la physique, il est probable qu'à force de ralentir je m'arrête. Que j'en finisse avec les mots ou eux avec moi. (p. 32)
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« Tu as fait le tour de la violence. L’as traversée. T’en est guéri. C’en est fini désormais. Fin des tragédies. Il ne te reste qu’à leur rendre hommage – à tous ceux qui t’ont hanté – jusqu’à ce que ta peinture se tarisse, que tes os craquent à leur tour, à ta peinture encore humide. Vivante. »
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Notre pays n’était pas encore lui-même, c’était une pâte à pétrir, un fruit vert que nous, membres du mouvement révolutionnaire de la Jeune Irlande, espérions faire mûrir et goûter. Dans la revue The Nation était née une littérature gaélique de combat, nous mettions la Jeune Irlande au-dessus de tout, au-dessus de Dieu et des dogmes qui avaient scindé notre île, qui lui avaient coupé les bras et fait plier les genoux. Maud devint catholique, baptisée en France comme une reine. Moi j’étais protestant comme Synge, néanmoins comme lui, le dramaturge je me retrouvais chez les catholiques d’Irlande, ceux qui connaissaient les secrets de la terre, les racines vivantes et dures des bouleaux, des noisetiers et des ifs ; ceux pour qui les arbres formaient un alphabet oghamique dont jadis les druides de Silgo extrayaient des bâtonnets divinatoires. Ils les jetaient sur le sol, en tombant les bâtons effectuaient une danse prémonitoire, disait-on – par eux les sages savaient de quel bois serait fait l’avenir
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Pour l'amour de Dieu, mon petit ! Oh, mon chéri, quelle horreur, non mais quelle horreur ! Regarde-moi dans quel état tu es ! Ton œil, Francis, on croirait un œuf d'autruche, tu ne peux même plus l'ouvrir, est-ce que tu y vois quelque chose au moins ? Et ta joue en sang, criblée de bouts de verre, doux Jésus, on jurerait que tu as été attaqué par une bête sauvage ou que tu as croisé l'Eventreur en personne.

Tu es devenu son chien, tu es devenu l'ombre qui s'accroche à ses chevilles. Ton attirance pour lui est ta maladie honteuse, ton obsession, ton calvaire. Tu le peins inlassablement. C'est ton œil qui a commencé, qui a travaillé le premier, a tout fait à l'avance. Ton œil s'est promené sur la nudité de Peter, a découpé ses contours, tiré sur la nappe de l'image et tout emporté.
Ton œil à demi-clos a tout consigné : les ténèbres du canapé, la lumière bleutée du décor qui l'enferme, la marbrure de la chair de ton amant quand il te menace - la seconde avant qu'il ne bascule.
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Tu croyais peindre un gorille dans un champ de maïs, à côté d'oiseaux de proie. Tu te prenais pour un fauve, voyais déjà la lumière safranée enflammer ta toile, les mailles se tendre sous le fouet brûlant des épis.

Pauvre folle. Tes doigts n'ont pas voulu. Ton pinceau impuissant n'a rien donné. Images coincées dans la cage de tes pupilles opaques, piégées par ton esprit que tes mains en panne ont trahi. Figures avortées sur la toile. Menace de rejet. Envie de meurtre.

Il n'y a que la chance pour sauver tes créatures - le gorille droit comme un i, le couple d'oiseaux à longue queue -, la chance pour te sortir de l'impasse, faire tressaillir ta toile, la faire trembler. Tu jettes des pigments en vrac sur le fatras de ton esquisse. Tu mises tout sur le prochain coup de pinceau : rouge, faites vos jeux, numéro 12 (pinceau blaireau souple en poils d'écureuil). Tu le frottes contre ton meilleur pull, ton torse de cachemire, coules le noir bleuté dans les plis du tissu, l'enduis de fibres. Tu prépares ton lancer, la touche fruste que tu t'apprêtes à faire à l'aveugle. Tu fermes les yeux, laisses ton bras partir tout seul, ta main fesser la toile, la frapper comme une peau de tambour - spank. Excité, sur le point de desserrer tes paupières, tu te demandes ce que le sort te réserve : l'échec ou la victoire, un sauvetage miraculeux ?
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