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Invité : Matthieu Aron - Grand reporter & conseiller éditorial au magazine l'Obs
Les dossiers noirs de Total
Total en affaire avec la Russie de Poutine ?
À l'heure où nous terminons ce livre, alors que la campagne présidentielle bat son plein, les consultants sont déjà à la manœuvre.
Frédéric Lemoine - huit ans chez Capgemini puis chez McKinsey - s’est vu charger par Valérie Pécresse de penser son programme.
Et c'est à une autre ancienne de McKinsey, Marguerite Cazeneuve, qu'Emmanuel Macron a confié le soin de réfléchir à sa future réforme des retraites.
Cela pose une question cruciale : qui décide de notre avenir et du périmètre d'action de notre État ? Les candidats qui sollicitent le suffrage populaire ou les consultants qui nourrissent leurs programmes et les mettent ensuite en musique dans les ministères ? Jusqu'ici, aucun responsable politique n'a osé aborder ce sujet et on comprend pourquoi.
Ce silence n'a que trop duré. Arrêtons de donner autant de pouvoir et d'argent aux grandes sociétés de consulting.
La mode du « nudge »
Embourbé dans ses tentatives de délibération participative, le gouvernement se félicite en revanche de ses avancées dans le domaine du nudge. Une nouvelle philosophie de la communication issue des sciences comportementales.
Le nudge, littéralement « coup de coude » en anglais, est follement tendance dans la Macronie. Le principe est d'inciter sans contraindre. Tout un art. De manière plus triviale, on parle aussi de la « technique de l’urinoir », ou comment, en plaçant une petite marque - une mouche - en son milieu, les hommes sont incités à viser bien droit.
Cette science a été théorisée par un universitaire américain, Richard Thaler, Prix Nobel d'économie en 2017. D'abord utilisé dans le marketing, le nudge se caractérise par une série de messages envoyés au consommateur pour le pousser à consommer. La communication politique applique peu ou prou les mêmes recettes.
En France, l'institut EVA est pionnier en la matière, avec un service dédié la BVA Nudge Unit. Son responsable, Eric Singler, a apporté son expertise au gouvernement pendant la crise sanitaire.
Ainsi, l'expression « masque grand public » a été forgée en pleine pénurie des masques chirurgicaux, pour persuader les Français, furieux de l'impéritie gouvernementale, de se procurer des protections anti-Covid en tissu, ou mieux, de les fabriquer eux-mêmes.
Il semble qu'au début de la crise, la BVA Nudge Unit ait travaillé pro bono, c'est-à-dire gratuitement. Ensuite, à partir de septembre 2020, un contrat a bien été passé mais sans appel d'offres. Interrogé sur ce point en juin 2021, le SIG nous avait précisé qu'un acheteur a droit en cas « d'expérimentation » de passer des « marchés négociés sans publicité, ni mise en concurrence préalable, pour tout achat innovant d'un montant inférieur à 100 000 euros HT ».
Certes. Mais comment peut-on qualifier le nudge « d'achat innovant » ? Un an et demi plus tôt, le 24 mai 2019, l'État, par l'intermédiaire de la DITP, sa Direction de la transformation publique, avait en effet déjà signé un contrat en bonne et due forme de 10,4 millions - avec, entre autres, la société britannique Behavioural Insights Team - pour se faire assister dans la mise en œuvre de démarches de « sciences comportementales appliquées aux politiques publiques ».
Dès 2017 aussi, la SNCF, Pôle Emploi, ou la région Grand Est ont acheté cette « innovation » à des consultants. Même la Caisse d'allocatîons familiales du Var s'y est mise, souhaitant « identifier via la méthodologie nudge des leviers visant à inciter ses usagers à adopter un comportement vertueux ». Bref, le nudge n'est plus une « experimentation ». Il est déjà presque une vieille lune. Mais, en quelque années, il est devenu le nouvel eldorado des consultants qui travaillent pour les services publics.
Bercy a sélectionné deux grands cabinets américains pour tailler dans le budget de la fonction publique. Accenture et McKinsey ont pour mission de trouver 1 milliard d’économies dans les 24 milliards dépensés chaque année par les ministères et les opérateurs de l’État. Sont visés les loyers, les achats de fournitures, d’équipements informatiques et... de prestations intellectuelles. Accenture et McKinsey iront-ils jusqu’à proposer de rogner dans les dépenses de consultants ? Il est permis d’en douter. Mais il est quand même fascinant de voir un État déléguer au privé une mission par nature éminemment politique.
Au printemps 2021, de façon totalement inédite, de très hauts fonctionnaires, magistrats de la Cour des comptes, sous-préfets ou inspecteurs des finances, se regroupent au sein de deux collectifs : « Nos services publics » et « Sens du service public » pour lancer un SOS et alerter sur « une externalisation galopante » des fonctions assurées autrefois par l'Administration. « Nos services publics » calcule même que, depuis une trentaine d'années, l'État a délégué à des sociétés privée l'équivalent d'un quart de son budget ! Sans que les déficits aient été pour autant maîtrisés.
Recourir à un consultant coûte en effet en moyenne quatre fois plus cher que de s'appuyer sur un agent administratif. Les experts en coupes budgétaires coûtent cher, et notre dépense publique, même avant la crise du Covid, continuait de grimper. Dans un mouvement de balancier mortifère, plus l'État externalise, plus les Français sont insatisfaits, plus les fonctionnaires se sentent evinces, et plus la dette se creuse.
Les responsables de la santé publique parlent entre eux du « paradoxe du serpent ». Ou comment l'État paie deux fois. La première pour que des cabinets l'incitent à rogner les budgets, la seconde pour que ces mêmes cabinets l'aident à suppléer les carences qu'ils ont eux-mêmes contribué à organiser.
Dans un monde qui parait de plus en plus hors de contrôle, le procès semble le dernier lieu où l'humanité peut devenir lisible. Les avocats s'en font chaque jour les interprètes et leurs plaidoiries sont autant de modes d'emploi pour qui veut comprendre les multiples facettes de l'âme. Même les criminels ont à nous apprendre sur nous-mêmes. Les avocats le savent depuis longtemps. Quand je leur demandais quel était en définitive, pour eux, le sens profond de la plaidoirie, ils m'ont souvent fait des réponses presque identiques : " Ramener l'accusé dans la communauté des hommes, même si c'est un"monstre", même si c'est le pire des "salauds. "
Les plaidoiries sont toujours un pari sur l'humanité et donc l'une des formes les plus achevées d'humanisme.
[Pierre-Marie Vidal:] "J'ai réfléchi à un concept de magazine qui pouvait séduire des décideurs publics. La modernisation de l'Etat, c'est un cheval de Troie !"
Le procès de Bobigny, qui se tint en octobre et novembre 1972, est un procès politique par excellence. Au sens noble du terme puisqu'il a largement contribué à la depénalisation de l'interruption de grossesse, la loi Veil, votée trois ans plus tard. L'accusée n'était pourtant ni une féministe ni une militante. Juste une jeune fille de 16 ans, victime de viol.
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Entre le 5 mars et le 28 mai 2020, le gouvernement a commandé, pour plus 1 millions d'euros, trente trois études qualitatives et douze questions hebdomadaires pour mesurer la popularité de l'exécutif soit un sondage toutes les quarante-quatre heure !
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" Pour le covid, nous détaille la député Louwagie , 7 cabinets ont été sollicités 47 fois pour un montant de 24,6 millions d'euros." Une goutte d'eau comparée au milliard déboursés par pourvoir publics face à nouvelle pandémie mondiale ?