Immobile, elle était allongée dans son petit lit douillet, entourée de ses affaires : son timbre de la vue du port de Rio, son cochon en argent qui venait d'un bracelet à breloques, sa bague en turquoise qu'elle portait parfois en couronne pour s'amuser, et ce qu'elle chérissait le plus, les dames célestes et leurs trompettes en or, qui résonnaient au- dessus de la paisible ville. Elle ne voulait pas les perdre. Elle s'en rendit compte, tout à coup, allongée dans son lit, mais elle voulait avoir aussi tout le reste, l'aventure et la sécurité combinées, voilà ce qu'elle voulait.
Imagine, dit-il en regardant derrière elle le mur de la maison, que tu aies vu un petit homme, environ de la taille d'un crayon, avec une pièce de tissu bleu sur son pantalon, à mi-hauteur d'un rideau, transportant une tasse à thé de poupée... Tu dirais que c'est une fée?
– Non, je dirais que c'est mon père.
Les histoires ne se terminent jamais vraiment. Elles peuvent continuer à l'infini. C'est juste que parfois, à un certain moment, on arrête de les raconter.
Elle voyait les étincelantes dalles dorées de l'entrée se dérouler au loin; elle apercevait les bords des tapis, telles des îles richement colorées au milieu d'une mer d'airain, et, dans la lumière éclatante du soleil - comme l'entrée féérique d'un royaume enchanté -, la porte d'entrée ouverte. Au-delà, de l'herbe se découpait sur un grand ciel bleu, une ondoyante étendue de verdure.
Ils pensaient avoir leurs propres noms, très différents des noms des humains, mais même en n'écoutant d'une oreille, on se rendait compte qu'ils étaient empruntés.
Tout ce qu'ils possédaient avait été chapardé; rien de ce qu'ils avaient n'était vraiment à eux. Rien du tout.