Julia Chapman

"Crise cardiaque", avaient-ils dit.
Tu parles. Cœur brisé, oui.

La ferme Twistleton allait être vendue aux enchères.
La douleur, vive, comme un éclat de verre planté dans le cœur. Un sentiment de perte pour quelque chose qu'il ne pouvait même pas rêver de récupérer. Une vie qu'il avait laissée derrière lui avec l'arrogance de la jeunesse, pendant qu'elle serait toujours là.
Il s'était trompé.

L'un des leurs, poussé par des pressions financières, avait commis un acte de violence aux conséquences dévastatrices pour les personnes impliquées. C'était une situation que la plupart des agriculteurs présents pouvaient comprendre, cette lutte perpétuelle pour garder la tête hors de l'eau, le stress qui accompagnait la nature précaire de leur gagne pain, un métier qu'ils aimaient tant en dépit de tout.

Ida ne s'était jamais prise pour une grande experte dans les affaires du cœur, mais le temps qu'elle avait passé aux côtés de Delilah à l'agence de rencontre lui avait permis d'acquérir un certain nombre de notions. Notamment qu'il n'y avait pas plus stupide qu'un homme amoureux.

Hello à toutes et tous,
Suite et fin (je crois?) des aventures de Samson et Delilah et je trouve que c'est une bien jolie fin, rythmée, qui conclue de nombreux sujets/enjeux/pistes/chemins (ok j'arrête) entrouverts au cours des différents tomes.
Je ne vais pas m'étendre sur l'histoire, qui suit une trame assez classique (meurtre puis enquête) mais Julia Chapman évoque un sujet assez noir et peu habituel dans Les Détectives du Yorkshire (celui des agressions sexuelles).
J'ai à nouveau ressenti, au cours de ma lecture, cette sensation de retrouver des personnages familiers, que j'ai appris à connaitre et à aimer, un peu comme une famille. Et Bruncliff....
Alors quelques bémols tout de même, à commencer par le côté "il faut conclure" qui balaie très rapidement de nombreux personnages ou intrigues, avec une certaine précipitation, voir superficialité. Et certains personnages ou situations m'ont manqués (mais où sont passés les pintes bues à la toison d'or????)!
J'ai tout de même passé un excellent moment avec mes détectives préférés, j'aurai bien signé pour un 10ème tome ;)

Appuyant sa bicyclette contre le mur de la maison, elle s'accorda un dernier petit plaisir et baissa les yeux sur ses jambes. Parce que, pour être sincère, c'était ce pantalon de treillis qui était à l'origine de son contentement. Non seulement il était confortable et pratique, mais surtout, ces poches ! Comment avait-elle pu avancer dans la vie sans le miracle de disposer de compartiments multiples dans le même vêtement, se demandait-elle en se tournant vers la porte de derrière.

Elle racrocha. Décidant de s'en remettre à l'individu aux cheveux noirs et aux yeux brillants. Percé qu'un homme capable de gagner la confiance de son frère en récitant des données sur les tracteurs était un homme à qui on pouvait se fier. Criminel en cavale ou pas.

Delilah laissa échapper un éclat de rire, le masque qu'elle portait glissant pour la première fois ce jour-là pour révéler la femme qu'il aimait. Et Samson se prit à regretter de ne pas pouvoir revenir en arrière, pour remonter le temps. L'empêcher de sortir du bureau, l'autre soir, l'attirer à lui et donner le temps à ce qui avait germé entre eux d'éclore. Tout plutôt que de perdre la chance d'une histoire d'amour avec cette femme qui avait capturé son cœur.

Samson avala la boule qu'il avait dans la gorge en entendant le conseil qu'il savait depuis le début être le bon, tout en rechignant à le suivre. Ouvrir son cœur à Delilah le terrifiait plus que tous les dangers qu'il avait pu affronter au cours de sa vie à Londres.

Ce baiser. De sa vie, elle n'avait jamais fait le premier pas, et voilà qu'elle l'avait fait deux fois en une semaine. Et les deux fois avaient été merveilleuses.

Femme réservée, l’idée d’être l’objet de commérages, bien intentionnés ou pas, lui répugnait, et elle avait insisté pour qu’il n’en parle à personne.

Alors, c’est vrai ce qu’on dit, les anglais sont toujours polis !

Une tasse du thé d'Ida Capstick, voilà ce qu'il lui fallait. Sûr que ça dissiperait la brume qui lui engluait les idées. Et attaquerait l'émail de ses dents par la même occasion, mais bon...

- Alice faisait du Alice, c'est tout. Ces derniers temps, elle avait tendance à tout monter en épingle. Surtout parce qu'elle commençait à oublier.
- Oublier quoi ?
-- Tout mon garçon. Tout. Alice savait qu'elle commençait à perdre la tête, et quand ça se produit, que reste-t-il ? C'est ce qui nous fait peur à tous, bien plus que de mourir.

She took another sip of tea, even though it was rather on the weak side for her, young Mr O’Brien having lost the art of making a true Yorkshire brew in the years he was down south, and came to her conclusion.

- Tu as mêlé George Capstick à l'affaire?
La voix de Delilah monta dangereusement, faisant se retourner des têtes vers eux.
- Et à qui d'autre as-tu raconté ça ? poursuivit-elle d'un ton plus bas mais toujours accusateur.
- Personne.
Il y avait bien le constable Bradley, les résidents de Fellside Court et Matty Thistlethwaite, qui étaient tous au courant de son enquête. Mais le moment était probablement mal choisi pour l'avouer à Delilah.

Tandis qu'elle composait son message, Samson examina la sinistre carrière qui les entourait et la vieille grange à l'horrible passé. Les nuages qui se refermaient sur eux, mornes et glauques, peut-être porteurs de neige, ne faisaient qu'ajouter à la malignité du paysage. Il frissonnant, éprouvant la sensation d'être espionné aussi forte que la première fois.
Quel endroit. Quel terrible endroit.

Ça paraissait insoluble. Pourtant, il devait bien y avoir des réponses. Le problème était juste qu'ils n'abordaient pas les choses sous le bon angle.

Delilah s'assit à côté de celui qui avait été absent de sa vie pendant quatorze ans, et qui, en l'espace de quatorze jours, avait bouleversé son existence ainsi que la ville tout entière. Et elle se laissa bercer par les rires.

Samson eut l'audace de demander : "Même moi?" tandis que Peggy Metcalfe accompagnait les deux anciens vers la ferme.
Will lui lança un regard dans lequel dansait une petite lueur joyeuse.
- Toi aussi, oui. La rumeur dit que tu as guéri le bélier de Clive Knowles de son impuissance. Un fermier serait fou de bannir de sa table un homme doté d'un tel pouvoir.