Mais pouvait-il faire confiance en Basim ?
Non. Pas plus que Basim n'était en mesure d'accorder toute sa confiance en Hytham. Le maître savait que Ceux qu'on ne voit pas avaient envoyé l'acolyte pour l'espionner. Sachant cela, il aurait pu agir différemment à son encontre. Il aurait pu se fermer entièrement face à Hytham, le laisser mourir dans cette cave aux mains d'Isaac ou l'exiler loin de la ville et de Ceux qu'on ne voi pas quand il avait désobéi aux ordres.
Mais Basim n'avait rien fait de tout cela. A la place, il s'était lié d'amitié avec Hytham, l'avait remis sur le droit chemin quand il s'était égaré et l'avait aidé alors qu'il n'y était pas tenu. Et peut-être que tout cela était aussi une façon pour Basim de comprendre la nature profonde d'Hytham et de savoir quoi faire pour le manipuler. Peut-être que rien dans cette relation n'était authentique, mais l'acolyte choisit d'y croire quand même. Il avait choisi de penser que Basim avait bien d'autres talents que la manipulation et les subterfuges. Dans le fond, c'était un homme compliqué, qui travaillait dans l'ombre et poursuivait ses propres démons.
Chacun avait sa petite voix dans le noir, qui se moquait de ses échecs.
Même Basim.
_ Pourquoi êtes-vous venu me chercher cette nuit-là ? demanda l'acolyte. Pourquoi ne m'avez-vous pas laissé subir les conséquences de mes erreurs ?
Basim lui adressa un regard surpris, comme si la réponse coulait de source.
__ Je ne voulais pas te voir sacrifier ta vie pour le garçon, répondit-il. Tu es précieux, Hytham, pour Ceux qu'on ne voit pas, mais aussi pour moi.
Il avait dit cela avec une telle simplicité. Mais l'acolyte remarqua surtout le ton qu'il avait employé. Ce n'était pas celui de quelqu'un qui décrit une marchandise ou un outil dont la seule valeur réside dans son utilité.
C'est alors que Basim s'écarta du mur, Hytham à son côté.
Ils s'étaient positionnés derrière leurs cibles. La pluie dissimulait le bruit que pourraient produire leur pas, et ils se mouvaient sous les gouttes de pluie avec aisance. Les ombres les maintenaient en sécurité, les dissimulant au reste du monde. Elles étaient leur foyer, un espace liminal où ils pouvaient se cacher et observer.
Ou chasser.