Citations de Isabelle Bauthian (142)
L’anti-intellectualisme s’infiltre sans relâche dans notre vie politique et culturelle, il est nourri par une idée trompeuse : celle que la démocratie signifierait « Mon ignorance a autant de valeur que votre savoir ».
- Je ne comprends pas, tu perds une soirée pour faire le clown 5 minutes avec des inconnus. Tu ne discutes même pas avec eux et vous vous quittez comme ça. Quel intérêt ?
- L'intérêt, c'est... S'A-MU-SER !
- Moi, quand je m'amuse, je donne rendez-vous à mes amis pour aller au théâtre, pour voir un film, ou boire un verre, et là, j...
- "Pour", "pour", "pourpourpour"... Tout doit avoir un sens, c'est quand même malheureux... On ne pourrait pas faire de temps en temps des choses inutiles ? Sans rien revendiquer ou juste pour s'amuser ?
- Je n'ai jamais retrouvé de cadavres dans ma rue !
- C'est parce que d'autres gens les ramassent ! Vous ne voyez rien parce que vous ne quittez pas vos palais bourgeois ! Si vous preniez deux heures pour visiter les bas quartiers !
-Tu as vu ça ? L'étang des Dracs ! Une créature magique !
-A Capitale il y a une auberge appelée « Le repère des fées »... je n'y ai jamais rencontré que des putes.
Les femmes nées ici sont puissantes. Probablement parce que personne ne leur a jamais expliqué qu’elles étaient faibles.
La méthode scientifique consiste à utiliser des hypothèses et théories et à les améliorer. On dit parfois que c’est comme un ingénieur éternel perfectionnant sans cesse sa machine. Le résultat n’est jamais parfait, mais toujours meilleur.
Jean Genet a été arrêté. Il a volé un livre de Verlaine.
Maintenant, Maman habite avec moi. J’ai longtemps habité avec elle. C’est l’intervalle qui me gêne. Ar chance, elle n’est pas morte rue d’Anjou. Il aurait fallu revivre dans cet appartement, retrouver les ruines sous la poussière, ranger, dispenser, vendre. Elle est morte sans se rendre compte, faute d’huile, dans une chambre rue de l’Assomption où quelques meubles lui semblaient être tous ses souvenirs. C’est le passage d’un état à l’autre qui rend les morts insupportables. Les larmes jaillissent de cette rupture d’équilibre, comme le rire dont parle Bergson. Maman a changé de forme, s’est échevelée, évaporée avant de disparaître dans un ciel calme. Je suis libre de revoir à mon aise toutes les formes qu’a pris ce nuage avant de se dissoudre. C’est pourquoi je me couche vite ce soir.
Je suis gentil par intérêt. J’ai appris que c’était le meilleur moyen pour s’attirer des faveurs.
La fierté, votre excellence, est la seule chose dont votre administration n'a pas le pouvoir de me déposséder.
Le bouleversement opéré par Anaximandre ne relève pas de la connaissance du monde, mais de la pensée. Il n’a pas hésité à remettre en cause les hypothèses de Thalès, l’un des savants les plus respectés de son époque. Il n’a pas hésité à ignorer les dieux, préfigurant, avec près de deux siècles d’avance, la pensée socratique. Anaximandre a eu le courage de remettre en question à la fois les figures d’autorité et ses propres certitudes. Il a donné naissance à l’esprit critique, et presque personne ne l’a adopté.
Je finirai, nous finirons dans la peau d’acteurs dramatiques plus ou moins repentis. – Max Jacob à Jean Cocteau, le 27 octobre 1921
Et j’ai vu de beaux et braves jeunes gens sacrifiés aux ordres absurdes de ceux qui restaient sourds à nos demandes lorsque nous les alertions du sort des blessés. Et je me suis vu : tu sais pourquoi, j’ai finalement quitté le front ? La guerre m’amusait. Seule la curiosité m’attachait encore à ce drame futile et je m’en dégoûtais.
Il m'est revenu en mémoire votre discours sur le camouflage, notamment ce point rappelant que l'aplomb pèse autant, au moins, que le déguisement, dans la crédulité de notre public.
Il avait bien fallu admettre que le marchand gagnait à être connu. Il était franc et honnête. Ce qui n'était pas, à bien y réfléchir, les qualités premières d'un marchand.
Accepter de remodeler son image du monde est légitimement terrifiant. Il faut de la bravoure pour explorer un terrain miné, au-delà des certitudes confortables et des loyautés présumées. Pour accepter d’être blessé, rejeté… ou d’échouer.
Les meilleurs menteurs étaient bien ceux qui donnaient à leurs victimes ce qu'elles avaient envie de croire.
Notre esprit possède une soif de savoir inextinguible. Nous extrayons des connaissances de tout ce sur quoi nous posons les yeux. Et plus nous récoltons, plus nous désirons ; plus nous voyons, plus nous devenons capables de voir. – Maria Mitchell (1818-1889), astronome
Je déteste le scandale. On m’en invente sans cesse, et ensuite on m’accuse de les avoir instigués. Malheur à moi si je suis nuance, disait Nietzsche. Vous préférez Stendhal ? Si je ne suis pas mouton, je ne suis rien. Le poète est un homme libre, voilà une notion qui devrait vous parler. J’ai toujours pu compter sur l’amitié d’Arno. Il a été, je vous le rappelle, l’une des rares personnes à me soutenir quand la presse collaborationniste me conspuait. Mais peu importe : je me suis fait à l’idée d’être incompréhensible. Au moins, après ce salut, mes détracteurs ne pourront plus m’accuser de saper la morale de bons français.
Salut à Breker, par Jean Cocteau. Je vous salue Breker, Je vous salue de la haute patrie des poètes, patrie où les patries n’existent pas, sauf dans la mesure où chacun y apporte le trésor du travail national. Je vous salue. Parce que vous réhabilitez les mille reliefs dont un arbre compose sa grandeur. Parce que vous regardez vos modèles comme des arbres et que, loin de sacrifier aux volumes, vous dotez vos bronzes et vos plâtres d’une sève délicate qui tourmente le bouclier d’Achille de leurs genoux, qui fait battre le système fluvial de leurs veines, qui frise le chèvrefeuille de leurs cheveux. Parce que vous inventez un nouveau piège où se prendra l’esthétisme de nos jardins publics. Parce que sous le clair de Lune, véritable soleil des statues, j’imagine vos personnages arrivant une nuit de printemps, place de la Concorde. Avec le pas terrible de la Vénus d’Isle. Parce que la grande main du David de Michel-Ange vous a montré votre route. Parce que, dans la haute patrie où nous somme compatriotes, vous me parlez de la France.