Faits divers : l'obsession Troadec - L'Instant M par Sonia Devillers (9h40 - 11 Mai 2021 - François Rousseau)
■ Dans 'L’amour est dans le pré', un baiser lesbien qui fait du bien !
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22h55, lundi soir, sur M6.
Soudain, les plus de quatre millions de téléspectateurs de 'L’amour est dans le pré' assistent au baiser entre Delphine et Ghyslaine, assises sur un banc au milieu des champs. « Mon plus beau projet, c’est toi », lui glisse la première. Les deux femmes s’enlacent avec tendresse. Un moment de télé rare. Une première, surtout, après quinze saisons de l’émission de rencontres entre célibataires lancée en 2005.
Lundi soir, comme chaque semaine, le programme s’est d’ailleurs hissé en tête des audiences télé.
Ce n’est qu’un baiser, mais en termes de visibilité des lesbiennes et de banalisation de l’homosexualité, c’est un grand pas. En 2015, l’émission avait accueilli son premier candidat gay. La saison passée, un couple, Alexandre et Mathieu, s’est marié. Mais Delphine, 48 ans, arboricultrice bio du Tarn-et-Garonne, est la première candidate lesbienne.
« Si je pouvais donner du courage à n’importe qui, ce serait super », avait-elle espéré dans une interview à '20 Minutes'.
Huit ans après la loi sur le mariage pour tous, les lesbiennes ont gagné en représentation à l’écran, mais trop souvent en pointillés. Depuis des années, dans les fictions françaises, les rôles se sont multipliés, des feuilletons 'Plus belle la vie', sur France 3, à 'Demain nous appartient', sur TF1, des séries 'Candice Renoir' à 'Dix pour cent', sur France Télévisions. Mais côté divertissements – un genre pourtant omniprésent –, elles restaient encore souvent dans l’ombre.
Cette avancée s’accompagne d’une autre évolution dans une émission grand public. Depuis la rentrée, Danse avec les stars, sur TF1, accueille son premier duo d’hommes, le chanteur Bilal Hassani et le danseur professionnel Jordan Mouillerac. Une première en dix ans. Samedi soir dernier, juste avant leur performance, la chaîne a diffusé des témoignages d’adolescents remerciant Bilal Hassani de les aider à assumer leur différence.
Les choses bougent.
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✒️ François Rousseaux - #DansLOeilDeTélérama
« Dans les histoires d’héritage, souvent, on se bat pour une petite cuillère en argent. Mais ce qu’on regarde en réalité, c’est la main de celui qui tenait la cuillère, c’est : papa avait plus d’affection pour toi que pour moi », analyse un psychiatre renommé
Cachez cet or que je ne saurais voir... Il brille, mais ne connaît qu'un mode : le conditionnel, son péché originel. [...] Combien sont-ils, de 1940 à aujourd'hui, à l'avoir évoqué, à propager son histoire, sans jamais l'avoir vu, et à lui octroyer une telle place dans leur vie, jusque dans la mort ? Dans cette longue odyssée du mystère, un homme a tranché. Hubert Caouissin a embrassé le présent de l'indicatif.
« Pour les Ligonnès, il y a eu énormément de fleurs, de peluches, de bougies devant la maison. Eux… très peu. » Entre les lignes, l’impression gênante qu’ils avaient mérité leur sort me parcourt. Étrange sensation. Les Troadec menaient la vie qu’ils s’étaient choisie. Dans l’ombre, sans fard ni artifices, simple et manifestement pas malheureuse, probablement comme des millions de familles.
Internet est une mémoire vivante où toute trace est enregistrée, tout passage indélébile. La seule preuve tangible à ce jour d'une vie après la mort. Le clic vaut ADN : il vous authentifie après coup, et vous confond.
Dans leurs conversations, le récit s'écrit dans tous les sens, se rature, se réécrit, les dates varient, les détails changent, la chute, elle, est invariablement la même : pour eux, Pascal et Brigitte ont sciemment volé l'or familial et se pavanent, ingrats et provocants, forts de leur fortune nouvelle. Dans ce roman à tiroirs, délicat de démêler le vrai du faux, les faits des interprétations, les intuitions et la réalité, le délire du rationnel.
Les mots sortent comme ils viennent, les paroles se chevauchent. S’il avait eu de l’or, Pascal aurait une « belle » et « grande » maison. Brigitte, elle, « n’en a rien à faire de gagner quelque chose ». Qu’Hubert aille voir ses comptes bancaires s’il veut en avoir le cœur net.
Pudiquement, ils les qualifient d'abord de gens "discrets", puis, à mesure que les souvenirs rejaillissent, que le temps du deuil file, la sémantique glisse, et, la langue déliée, dans certaines bouches, les "discrets" deviennent des "asociaux".
Charlotte est athée mais s'est forgé sa propre religion, qu'elle a solennisée d'un post sur Facebook, le 10 avril 2016 : "Ne laisse jamais les ombres d'hier obscurcir la lumière de demain."
Hubert dépense peu, il se dépense : c'est un sportif accompli qui pratique le vélo, le judo, la natation et la course à pied. Le meilleur salaire est celui de la sueur.