Foise Cosson

Par la fenêtre, le ciel s’étire en strates brumeuses d’un blanc chiffonné, j’aspire aux chaleurs lourdes de l’été, aux bains miraculeux de la fraicheur de l’océan, aux longues soirées à deux sous les frondaisons des arbres ou sur le pont d’un voilier sur la mer immense.
Je me sens légère, j’aspire à vivre, je sais qu’à l’instant où j’ai prononcé le prénom de mon défunt mari, le sablier de ma vie s’est retourné sur un nouveau devenir.

Surgissent les toits de Paris éclaboussés de lumière (…) ils jaillissent sur l’écran et me sortent doucement des abysses ou je me suis enfoncée. Je me découvre loin de ce passé ébréché que je suis seule à discerner et qui a déchiqueté mon cœur, curieuse et impatiente. Fluides comme de l’eau mes pensées m’entraînent vers de possibles épiphanies.
…elle est partie, je l’ai regardée de ma fenêtre dans l’allée, elle s’est retournée, elle n’avait plus rien à voir avec la femme qui avait franchi la grille quelques heures auparavant. Dan son imper beige ceinturé sur sa jupe droite et son chemisier griffé, ses talons noir impeccables, elle ressemblait à une célèbre princesse monégasque…

Le sentiment aigu d'être à ma place pour la première fois éclaira ma vie sous un projecteur puissant, faisant sauter les verrous de cette prison où nous nous étions enfermées.