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Critiques de Dominique Manotti (323)
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Marseille 73

J'aime quand les polars s'immiscent dans les angles morts de notre histoire pour en révéler la moindre faille, qui grattent là où ça fait mal, implacablement, percutent et décillent, qui soulèvent les consciences tout en éclairant les dysfonctionnements de la société actuelle. Marseille 73 est de cette classe-là.



La guerre d'Algérie ne s'est pas arrêtée avec les accords d'Evian de 1962, elle s'est poursuivie à Marseille et alentours avec comme point culminant l'été 1973 qui a été émaillé de crimes racistes ciblés : onze morts, une vingtaine de blessés, tous algériens jusqu'à l'attentat de décembre visant le consulat d'Algérie. On leur tire à vue, on leur fracasse la tête, mais les enquêtes sont bâclées et étouffées, presque toutes classées sans suite.



Cette réalité historique terrible – qui, pour ma part, m'était totalement inconnue - Dominique Manotti a choisi de la faire découvrir de façon méthodique en immergeant totalement le lecteur dans un marigot phocéen en déployant tous les acteurs possibles : le SRPJ ( Service régional de police judiciaire ) du commissaire Daquin qui est celui qui cherche la vérité ; la Police urbaine minée par la corruption et le racisme ; l'UFRA ( Union des Français repliés d'Algérie ) aux relents d'OAS ; les syndicalistes du Mouvement des travailleurs arabes qui utilisent la grève pour dire leur colère face aux assassinats racistes ; les représentants de la justice ; les journalistes. Je me suis souvent perdue dans le foisonnement de personnages, mais l'auteure a eu la bonne idée de proposer un récapitulatif type «  qui est qui » qui m'a beaucoup servi.



Et ça pue dans ce polar bien noir, ces ratonnades oubliées soulèvent autant l'indignation que les collusions entre la police, la justice et les mouvements racistes qui regrettent le temps de la colonisation et de l'Algérie française. L'écriture sèche, sans fioritures, presque froide de l'auteure présente les faits de façon très claire, sans exagération, sans manichéisme pour permettre à la réflexion du lecteur de s'épanouir.



Faut dire que les en-têtes de chaque chapitre amplifie l'effet de réel, reproduisant des extraits de journaux ou magazines de l'époque, surtout le Quotidien de Marseille, suivant la chronologie jour après jour du récit. C'est tout simplement stupéfiant de lire que le Paris Match du 14 septembre 1973 titré «  les Bicots sont-ils dangereux ? » ou le Nouvel Observateur du même jour poser la question «  Peut-on vivre avec les Arabes » ? ».



Le roman distribue les gifles à tout va, tendu sur une crête incisive. Mais de cette flambée de violences, surnage une magnifique figure, celle du père d'un des jeunes algériens assassinés, Malek Khider. C'est par lui que l'émotion profonde arrive, ce qui fait du bien après toute la colère engendrée par les pages précédentes. Lui, le fellah pauvre de l'Oranais qui s'est enrôlé durant la Deuxième guerre mondiale aux côtés des Alliés pour fuir la misère , puis a migré définitivement à Marseille, trois garçons à élever après la mort «  d'exil » de son épouse. Dominique Manotti lui donne une dignité incroyable lorsqu'il arrive bardé de ses médailles de guerre face à un juge qui a collaboré, lui , empli de confiance car il sait qu'il va gagner et qu'on va retrouver l'assassin de son fils : «  la statue du Commandeur drapée dans les plus de l'histoire de France ».



Un excellent polar, très affuté et ostensiblement militant qui déplace avec intelligence le terrain de la critique politico-sociale vers le champ littéraire. Percutant.
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Marseille 73

" Pan, sur le nez " , bien fait pour moi ....J'ai voulu , au bout de 100 pages de lecture passionnante , aller consulter les critiques concernant ce roman et ...bon , celle de Kirzy puis celle d'Umezzu et là, je ferme mon clapet , comme on dit vulgairement et je poursuis mon parcours dans ce Marseille qu'en 1973 , je savais placer sur la carte de France , qui me faisait rêver par sa Canebiére , qui était le Marseille de Pagnol , qui m'évoquait Fernandel ...Oui , j'avais beau avoir 20 ans ( pas majeur à l'époque ) , pour moi , Marseille , c'était une sorte d'Eden , du soleil , un accent chantant , les cigales.....Bon , j'arrête, j'en connais un qui va encore dire que mes critiques sont nulles , mièvres , qu'on se fout de mes états d'ames ....si , si . Le pauvre . S'il savait à quel point je m'en moque , lui qui m' a empêché toute réponse en me bloquant . A ce sinistre courageux qui m'a insulté , et pour utiliser son langage , je dirai que je m'en" b.. les c....." ( ...que c'est laid ) de son avis . Désolé , la vulgarité ne " va pas à tout le monde " , je ne la pratique pas, contrairement ...Le Marseille de 73 , ce fut le théâtre d'atroces règlements de compte , vengeances , racisme . Et oui , la guerre d'Algérie trouvait là un terrain où toutes les rancoeurs accumulées s'abattaient sur les algériens, nourrissaient une haine sans limite .

Le bandeau du livre le note , c'est " une Histoire de la France " et , pour moi , bien plus qu'un polar , effectivement . Je ne repéterai pas ce qu'ont dit des amies et amis babeliotes , si brillamment exprimé . Tout y est . Un style sec qui s'imprime en vous , des personnages ambigus, déterminés mais pas facilement " identifiables " , pas forcément attachants , mais ...Qui aurions nous été, en ce lieu , à cette époque, dans ce contexte ? Personne ne nous le demande , personne ne nous le reproche , l'auteur nous ouvre une porte sur L Histoire , l'histoire de Marseille , l'Histoire de France , notre Histoire ...En admiration quelques années plus tard face au Vieux Port , j'ignorais naïvement qu'ici en 1973 ....

Mais je sortais de ma Creuse , proche de l'Auvergne , endroits bien " reculés " , pour certains qui aiment y situer des actions d'un autre temps ....odieuses , monstrueuses ...."Le trou du cul du monde" , quoi .... Un livre ( ? ) sur " les monstres " ..... Marseille , la presse n'en parlait pas trop non plus . Certains magazines cités n'étant pas si " diffusés " qu'on aimerait le croire aujourd'hui , les priorités financières , à l'époque et dans la région, se dirigeant plus vers la nourriture vivrière que vers la culture intellectuelle , hélas. Mais , je vous le répète, régions déshéritées mais ... fières et travailleuses .

Je remercie vraiment les auteurs de toutes ces critiques incroyablement étayées que ...Je n'aurais pas dû lire aussi vite ! Tant pis pour moi . Grand merci aussi à cette auteure qui a beaucoup travaillé et écrit un trés bon livre , et ce n'est pas que mon avis.

Amitiés ( ironiques , faut pas exagérer non plus .. ) à ce B........ qui m'a insulté( et les auvergnats dans son roman unaniment reconnu ... par une foule enthousiaste ) et m' a courageusement " bloqué " son compte . le mien lui est ouvert , comme à tous et toutes . Mais , si mes critiques lui " donnent toutes envie de vomir ( sic !) ", j'espère qu'il ne me lira pas , je ne voudrais pas lui ruiner la santé .

Je regrette mais assume mes propos .Babelio est un site de gens respectables et respectueux . On y parle de livres en toute franchise et respect et, d'accord ou pas d'accord , on y fait de belles découvertes, on y a de beaux échanges .J'aurais dû ne parler que du livre ......Mais , finalement ....S'exprimer de temps en temps et clore le bec à certains , ça fait pas de mal .....Excusez moi , et surtout , consultez les autres critiques des copains et copines ....vous ne passerez pas à côté d'un livre très bien mené.

J'avoue m'être laissé aller . Je vous prie de bien vouloir m'en excuser et , à bientôt peut - être. Je ne sais pas , on verra .
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Racket

Très librement inspiré de l'affaire du rachat de l'entreprise française Alstom Énergie par l'américain General Electric entre 2013 et 2015, ce roman nous plonge dans la réalité d'une grande entreprise française et ses démêlés avec la justice américaine.



Le procureur de New York a engagé une procédure contre Orstam (première entreprise française de turbines et de chaudières) pour corruption sur contrat en Indonésie. Les sommes incriminées seraient passées par la filiale française aux Etats-Unis pendant que Lamblin, un de ses cadres supérieurs, en était le directeur, raison pour laquelle la justice américaine le retient. Une pression de la justice utile à une entreprise américaine bien connue pour mettre la main sur Orstram. Au renseignement parisien le brillant commandant, Noria Ghozali, enquête sur l'affaire et sur l'assassinat d'un escroc français qui travaillait avec une banque canadienne blanchissant de l'argent aux îles Caïmans. À y regarder de plus près, il semblerait que les deux affaires soient liées.



Naviguant comme un poisson dans le maquis broussailleux et opaque du renseignement économique, la journaliste Dominique Manotti nous entraîne dans les méandres d'une affaire politique, économique et financière passionnante. Un rythme rapide et un style fluide, des personnages bien dans leur rôle, et des développements clairs ont fait que je ne me suis pas ennuyée une seconde. Ce roman se dévore d'une traite.



Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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Bien connu des services de police



J’attendais certainement trop de ce roman de Manotti, et ma déception est à la hauteur.

A travers deux novices d’un commissariat d’une banlieue parisienne, un tableau désenchanté ou la précarité, la corruption, l’arrivisme, la dérive des banlieues, les illusions perdues sont mis en avant. Sur des sujets brûlants le regard de Manotti se veut sans jugement, ce qui l’honore, les faits rien que les faits, mais hélas en tout cas pour moi, ces personnages sont bien trop caricaturaux pour rendre son roman passionnant. Flics ripoux (forcément violent, manipulateur, un QI d’huitres ou de skinhead), jeunes flics qui découvrent le terrain bien loin des cours de l’école de police (ha bon, c’est comme ça sur le terrain !!!), gradés et politiques manipulateurs ou carriéristes (les deux allant souvent de pair). Comme le chante « Ah que Johnny » noir c’est noir, dommage que Manotti n’est pas nuancée un peu plus ces portraits. J’ai eu le sentiment d’enfoncer des portes ouvertes. C’est pas douloureux mais ça lasse.

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L'honorable société

Voilà un polar français de belle facture. Il faut dire qu'ils s'y sont mis à quatre mains, les nominés sont Dominique Manotti et Doa. On y trouve pêle-mêle des écolos terroristes, une élection présidentielle, des flics sur les dents (certains sur les rotules) après le meurtre de l'un des leur, un père qui revient à ces premiers amours, pour retrouver sa fille. Ajoutez-y une pincée de politiques véreux, de chefs d'entreprises du CAC imbuvables de policiers ripoux (pour ces trois catégories rayez les mentions inutiles).Et vous voilà aux mains d'un bolide qui tient plutôt bien la route. Des personnages détestables, d'autres border line, des évènements qui s'enchainent sur un bon tempo. Certes, les auteurs cèdent parfois à la facilité, aux raccourcis téléphonés. Mais le roman montre la collusion entre politique, médias et différents services de l'état.

Ce n'est guère réjouissant et apporte un semblant de réponse à la défiance des français envers nos institutions? comme on dit dans ces cas-là, toute ressemblance avec des personnes ... Un bon moment de lecture.
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Or Noir

Mars 1973 - Le jeune commissaire Théodore Daquin arrive à Marseille pour sa première affectation en France.

Quelques jours plus tard, Maxime Piéri, un ancien caïd marseillais reconverti dans les affaires, est assassiné sur les marches d'un casino à Nice. Puis c'est le tour de Simon, son adjoint, tué par balle sur le parking de l'aéroport. Des règlements de compte ?

Le procureur niçois confie l'enquête en flagrance à la PJ marseillaise. Daquin et sa petite équipe ont deux semaines pour résoudre l'énigme, ou collecter suffisamment d'informations pour justifier l'ouverture d'une instruction. Une enquête que certains vont s'ingénier à contrarier ; personne ne semble avoir envie que la vérité soit établie...



Il y a du Donna Leon dans l'écriture de Dominique Manotti !

Certes, on cherchera en vain les liens entre les commissaires Brunetti (très dépendant de son épouse et de leurs enfants) et Daquin (solitaire et homosexuel assumé, sauf à Marseille) ; encore que, leur façon de travailler avec une petite équipe de proches...

Les liens principaux sont à chercher du côté de l'intrique, qui, pour les deux auteurs, mêle au milieu policier des mondes politiques et financiers pas toujours très propres, et du côté de la narration, avec un découpage en scènes qui entretient l'intérêt sans nécessairement s'appuyer sur de nombreux rebondissements, ou dans une conclusion qui laisse découvrir les coupables sans qu'on puisse toujours les sanctionner...

L'écriture de Dominique Manotti est simple et fluide, sans prise de tête. L'intrigue est intelligemment positionnée au début des années 1970, ce qui lui donne du corps, mais surtout interpelle le lecteur sur les ressorts d'une époque déjà ancienne (près d'un demi-siècle !)

Un polar historico-politico-financier que j'ai lu avec beaucoup de plaisir !
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Sombre sentier

Exploitation d'ouvriers clandestins dans des ateliers de confection, trafic de drogue et d'armes, proxénétisme, réseaux pédophiles, blanchiment d'argent - entre Français et Turcs essentiellement. Et les dommages collatéraux de toute cette économie souterraine aux enjeux financiers monstrueux : règlements de comptes sanglants et dérapages meurtriers...

Dominique Manotti, historienne et économiste née en 1942, évoque tous ces sujets dans son premier roman, publié en 1995. L'intrigue se situe en 1980, dans le Sentier. Quand on a entendu l'auteur parler de son expérience de militante CFDT aux côtés des grévistes turcs à cette époque, on sait que ce sujet lui tient à coeur et que ce roman est parfaitement documenté.



Chez Manotti, les flics sont pourris, de la b!te au portefeuille en passant par l'ego, et en plus, ils sont violents. Ça ne les empêche pas d'avoir de temps en temps une conscience professionnelle et un petit coeur qui palpite, mais ça peut interférer avec le boulot, quand même.

Chez Manotti, les politiques sont véreux, et les symptômes sont placés aux mêmes endroits - sexe, compte en banque, soif de pouvoir.

Dominique Manotti est bien informée ; son parcours, ses bagages culturels et son acuité sont impressionnants. Avec ce 'Sombre Sentier', elle tisse une intrigue dense qui balance, dont les ramifications complexes m'ont parfois égarée - mais peu importe, le contexte socio-politique est passionnant !



Un grand merci à Diablotin0 😊 qui a attiré mon attention à Rennes sur cette auteur que je ne connaissais pas. Le polar engagé, je crois à son pouvoir, moi, contrairement à quelques 'jeunes' écrivains entendus récemment au festival de Mauves. En tout cas, j'aime ; ça défoule !
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Marseille 73

C'est l'histoire d'une rencontre ratée, entre ce roman et moi. Et pourtant, je l'avais repéré dès sa sortie, je me réjouissais de le lire, et je me préparais à l'aimer. Las, ça n'a pas pris.



L'intrigue avait tout pour me plaire : sous la forme d'un polar, Dominique Manotti raconte les assassinats d'Arabes survenus d'Août à Novembre 1973 à Marseille. J'ignorais tout de ces événements, et ce roman m'a permis de mesurer combien la Guerre d'Algérie continuait de ronger le cerveau des Pieds-Noirs rapatriés à Marseille, et de découvrir comment les politiciens de l'époque (de Defferre à Pasqua) soufflaient sur les braises pour servir leurs intérêts et ceux de leurs amis. Dans ce contexte, s'inspirant de faits réels, l'auteur brode une enquête policière autour de la mort d'un adolescent d'origine algérienne.

Cependant, la multiplicité des personnages, et les rivalités entre les différents services policiers, les nombreux clans, les associations en tous genres, se sont heurtées aux limites de mes capacités de concentration. Surtout, je n'ai pas réussi à adhérer au style de Manotti, beaucoup trop sec et journalistique à mon goût. J'ai donc eu du mal à terminer ce livre, et j'en suis vraiment déçue, d'autant que l'indignation de l'auteur face à cette page arrachée des livres d'Histoire est palpable, et que je la partage.



Mais ceci n'est que mon ressenti ; surtout, qu'il ne vous empêche pas de vous faire vous-même votre opinion, car ce roman mérite d'être lu pour qui aime gratter où ça fait un peu mal.
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Sombre sentier

Roman, polar, docu fiction, Sombre sentier est un recit a part, haletant, prenant, dont on ne sort pas indemne.

Des personnages border-line, Dacquin le commissaire bi-sexuel, ses adjoins, Attali et Romero, Thomas et Santoni des ripoux « malgre eux » qui se payent sur la bete « Romero s'appuie contre elle de tout son poids, defait sa braguette d'une main, releve la jupe. Grognements de plaisir. »

« Attends, autant en profiter. Fais moi jouir entre tes seins. Et Santoni defait son pantalon debout devant la porte. »

L'histoire est credible. le Sentier a Paris dans les annees 1980, la revolte des clandestins turcs dans les ateliers de confection. Les citations de Liberation sur ces evenements, comme le mentionne l'avertissement en debut de roman, sont reelles.

L'imagination de Manotti fait le reste.

Imagination ou clairvoyance, le lecteur hesite tout au long de la lecture.

Le recit prend la forme d'un agenda qui deroule les evenements jour apres jour heure apres heure.

Trafics en tous genres, drogue, prostitution, vente de certificats de sejour, passe-droits, complaisance.

Le fil rouge qui traverse le roman repose sur l'analyse que nous livre Bourdieu dans son essai La misere du monde.

En resume : Lorsque l'Etat abandonne la gestion des dispositifs de controle social a l'initiative des agents qu'il est cense encadrer, conseiller, diriger ; reduit leurs moyens de facon drastique, ces agents confrontes a des situations qu'ils ne maitrisent plus, sont capables du meilleur comme du pire.

Les personnages du roman se debattent dans cette problematique, en tentant d'imposer une logique que sous tend leur conception personnelle du bien et du mal.

Guerre des personnages, guerre des services, guerre des polices, conflits de generations, entre Meillant l'ancien resistant entre dans la police pour faire valoir les ideaux du CNR mais, qui peu a peu s'en eloigne en considerant qu'il detient toujours la verite et Dacquin devenu commissaire a 26 ans apres avoir brillamment passe le concours lui delivrant ce titre.

Experience contre titre universitaire, tradition contre iconoclastie. Il n'y aura ni vainqueur ni vaincu.

La raison d'Etat avec un grand R et un grand E s'impose.

Une logique de cercles concentriques. Au milieu le noyau dur, noir comme l'enfer, dans lequel s'agitent les flics, et plus on s'eloigne plus la couleur palit sans jamais donner autre chose qu'un blanc sale qui satisfait politiciens, entrerpeneurs et opportunistes de tous bords.

Dacquin lui, continue de voir le noir qui pervertit l'ensemble du coprs social. Escorts de haut vol, clubs echangistes, consommation assumee de cocaine, et autres substances, contrats mirifiques arraches de facon douteuse, diplomates complices...sont a l'extreme peripherie de ce contre quoi il combat tous les jours.

Un catalogue qui ressemble a s'y meprendre a notre actualite.

« Ce matin, j'ai eu un coup de telephone du directeur du cabinet du ministre. Hier, un de vos inspecteurs a contacte deux deputes, pour leur demander un entretien...

- Oui, l'inspecteur Attali sur mes ordres.

- Bien. Mais les ordres du ministre, eux, sont clairs : on laisse tomber les deputes. Vous n'avez rien de solide contre eux...Et ca liberera des forces que vous pourrez concentrer sur la filiere turque. »



A lire absolument.

Au passage, un clin d'oeil a Simenon : page 103, « le juge d'instruction, un denomme Parent, aujourd'hui a la retraite a Meung-sur-Loire, a prononce un non-lieu... »


Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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L'honorable société

Je suis fan des romans économico-policiers de Dominique Manotti, et pourtant je n'avais toujours pas retranscrit ma critique de L'honorable société. Erreur... De plus, un ouvrage écrit à quatre mains, c'est suffisamment rare pour le mettre en exergue.



L'intrigue part de l'assassinat d'un employé du CEA (Commissariat à l'énergie atomique), à la suite d'une tentative de pompage des données de son ordinateur qui a mal tourné. On est entre les deux tours de la présidentielle, et la victime est un rouage important du complexe nucléaire. L'enquête va vite soulever plusieurs lièvres. Groupe Ecolos – terroristes, manipulations propres aux grands groupes financiers, et policiers aux ordres (et pas uniquement de leur hiérarchie…).

Évidemment, le fond évoque plusieurs scandales qui ont surgi autour du nucléaire français. Toujours cette impression, propre aux romans de Manotti, de se dire que la réalité de notre société n'est pas bien loin.



Le rythme est vif, les deux co-auteurs savent mener un thriller en gardant un rythme constant. Difficile dans le style adopté de déceler qui a écrit quoi. La forme a du être lissée. Par contre-coup, ce n'est pas aussi dense que d'habitude avec ces deux pointures.



Dominique Manotti se dit pas totalement satisfaite de cette collaboration. De fait, rétrospectivement quelque chose manque à ce polar. Les personnages déroulent des caractères liés à leurs fonction, sans âme, ni surprise. L'intrigue avance comme les rouages d'une horloge, mais le lecteur ne reste pas scotché aux chapitres qui se succèdent. Du bel ouvrage, mais sans la profondeur humaine qui aurait fait totalement adhérer au livre.
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Marseille 73

Le nouveau Dominique Manotti renoue avec son personnage habituel, le commissaire Daquin, dans sa période marseillaise. du point de vue temporel, Marseille 73 s'inscrit entre l'avant-dernier Manotti, Racket (les débuts de Daquin à Marseille), et Sombre sentier (Daquin à Paris), le tout premier Manotti.



Marseille en 1973 connaît une résurgence des combats de la guerre d'Algérie. Des groupes de pieds noirs extrémistes estiment le temps venu de se montrer de nouveau, après les années de De Gaulle et du SAC. L'après 68 leur paraît plus porteur, les anciens du SAC ont bénéficié d'amnisties. Le pouvoir a tourné la page. Mais pas ces quelques radicaux qui veulent désormais lutter contre la présence d'immigrés nord africains en France. Ces derniers sont employés le plus souvent au noir, et risquent l'expulsion s'ils ne sont pas régularisés. Leurs employeurs en profitent.

Des Algériens finissent noyés dans le port de Marseille ou visés par des tirs, dont les auteurs ne sont pas identifiés. Le climat se fait tendu, lorsque survient le meurtre en plein jour d'un jeune Algérien dans le XV éme arrondissement de Marseille. La Sûreté vite arrivée sur place veut rapidement clore ce dossier, imputé à des règlements de compte au sein de la population immigrée. Daquin et son équipe, de permanence à la PJ, voient les choses autrement, mais ils ne sont pas saisis. Par contre, ils sont chargés de suivre de loin les activités d'un nouveau groupuscule de rapatriés d'Algérie, qui semble se préparer à des actions violentes. Il est demandé à Daquin de marcher sur des œufs. Pas de vagues, pas de problèmes…



La Police urbaine et la sûreté urbaine, basées à l'Evêché, tout comme la PJ, comprennent des rapatriés d'Algérie prêts à tourner la tête lors d'une action violente, ou même d'aider les auteurs de ce type de délits. Les tenants de la place veulent maintenir l'équilibre entre toutes les forces autour du Vieux Port : criminalité corse en déclin, gros bras rapatriés d'Afrique du Nord qui ne se cachent plus, politiques qui veulent absolument nier tout racisme en ville…



Pendant que la violence monte, les travailleurs immigrés commencent à s'organiser, avec le concours des organisations de gauche, pour se faire entendre. La presse locale, elle, évite de parler des meurtres qui visent la communauté nord-africaine, et des manifestations et grèves qui s'en suivent. Seuls un journaliste engagé et un avocat idéaliste vont chercher à faire progresser les enquêtes en cours.



Le roman de Manotti est une plongée dans ces eaux troubles. Les idéaux de justice et d'action de Daquin ne conviennent pas à ce marigot. Il va encore une fois devoir avancer malgré les obstacles hiérarchiques et judiciaires.



Chaque roman de Manotti est un régal quant à la forme. Phrases ciselées, simples mais efficaces. Pensées des acteurs qui surviennent au milieu du texte. Basculements impromptus entre le « il » et le « je ». La fluidité du texte contribue grandement à l'avancée de l'action.

Le fond est un coup d'éclairage total sur une période passée sous silence, mais qui, quand on la redécouvre, constitue les prémices de beaucoup de problèmes actuels. Travailleurs immigrés qui peinent à trouver leur place. Leurs enfants qui se débrouillent comme ils peuvent. Oppositions de la guerre d'Algérie qui se renouvellent sur le territoire national.

Le récit est par moments moins vif qu'à l'accoutumée. Mais la reconstitution historique est impressionnante. Marseille 73 est un petit cours d'histoire sociale marseillaise.
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Racket

Les ouvrages de Dominique Manotti sont une plongée dans les turpitudes économiques ou sociales de notre société. Ici, elle a bâti une fiction ressemblant fort (et de façon avouée dés l'entame) à la prise de contrôle d'Alstom Énergie par General Electric en 2014-2015. L'occasion de rappeler le rôle souterrain des agences d'état US (CIA, NSA…) et de la justice américaine dans la promotion des intérêts économiques américains de part le monde.

L'Oncle Sam est pragmatique. L'intérêt de son gouvernement se confond avec celui de ses entreprises. Peu importent les moyens. Espionnage massif des mails (l'affaire Snowden a montré comment la NSA espionne même les pays « amis »), manipulation de l'information (la moindre annonce financière secoue les cours de bourse), utilisation de la justice pour affaiblir les concurrents au nom d'un supposé « universalisme » judiciaire, même lorsque ni les Américains, ni leurs intérêts, ne sont en jeu…



Noria Ghozali, commandante de police, a du quitter la DCRI, poussée dehors. La voilà à diriger une petite équipe de flics de la préfecture de police en charge de la surveillance économique. Parmi les entreprises suivies au long cours figure Orstam, un fabriquant de chaudière, dont un cadre dirigeant vient d'être arrêté à New-York, accusé d'avoir participé à un processus de corruption en Indonésie. La justice américaine met la pression sur l'entreprise. Ce qui ne semble pas gêner outre-mesure le PDG, qui délègue à son âme damnée Nicolas Barot des mesures semblant s'écarter de l'intérêt de la société.

Le cadavre d'un jeune homme d'affaire français, ayant fricoté avec la mafia entre Montréal et les îles Cayman, va générer un lien inattendu avec ce qui se passe autour d'Orstam.



Corruption, chantage, manipulations… Derrière les complets-veston et les manières policées, les enjeux économiques autorisent les plus puissants à utiliser de tous les moyens pour parvenir à consolider leur hégémonie.

Au-delà d'un processus, Manotti décrit aussi le fonctionnement interne du siège d'une multinationale et dénonce l'aveuglement des pouvoirs publics français en matière d'intelligence économique. Les conseillers des ministres ont pour anciens condisciples les dirigeants des principales entreprises et iront y pantoufler dés que possible. Les intérêts individuels passent avant celui de l'État.

L'écriture est comme toujours avec Manotti d'une totale efficacité. Voilà un polar redoutable sur un milieu qui l'est tout autant...

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Marseille 73

" (...) Ce roman est une belle reconstitution du Marseille complexe des années 1970, il nous rappelle des événements tragiques et la complicité de l’État français, le rôle de la justice et de la police où les Daquin existent peut-être mais ne sont manifestement pas assez nombreux. Dominique Manotti nous raconte avec talent comment s’organisent les assassinats racistes et la protection des meurtriers, comment se construit le déni, bien commode pour ceux qui ne veulent rien voir, bien pratique pour aveugler les autres, et comment ce déni entraîne l’oubli.

Marseille 73 est un roman efficace et utile, passionnant et sans pitié, avec une écriture sèche qui va droit au but, des personnages marquants auxquels on s’attache ou qu’on déteste. C’est une fiction qui révèle une vérité dérangeante qui fait écho au mouvement Black Lives Matter.

Un roman de combat contre l’oubli, à lire bien évidemment."

François Muratet in DM (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/mars..
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Nos fantastiques années fric

Dans le Paris des années Mitterrand, un conseiller spécial du président, au centre de toutes les intrigues, ne connaît pas de limites à son influence et à ses dérives. Suite à un meurtre d'une call-girl, l'enquête de la beurette Noria Ghozali et du curieux Bonfils va les mener à un réseau au service de hautes personnalités politiques et de personnalités françaises. Pour rappel ce roman a été écrit en 2001, toute ressemblance avec des faits plus récents ne peut être qu'un hasard...



Derrière les excès se cachent les manœuvres pour faire libérer des otages, un trafic d'armes, et la raison d'état qui sert de paravent à toutes les ambitions.



Dominique Manotti met son style très efficace au service de la dénonciation des dérives de notre société et de ses politiques. Il n'y a pas grand chose à garder quand on s'intéresse à l'arrière cuisine de la République. Un livre complexe, très documenté, brillant.



L'adaptation cinématographique d’Eric Valette sous le titre « Une affaire d'Etat » avec André Dussolier et Rachida Brakni met l’accent sur une suite de scènes d’action et ne rend pas compte de la complexité du livre.
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Or Noir

Jusqu' à présent je n’avais pas eu l’occasion d’ouvrir un polar de Dominique Manotti, pourtant une grande spécialiste du genre, reconnue pour sa capacité à mettre en lumière de façon documentée et claire des événements méconnus et souvent complexes liés généralement aux réseaux souvent opaques de l’économie, de la finance et de la politique,



C’est encore le cas pour cet "or noir", son dernier roman à ce jour paru chez série noir aussi dont l’intrigue se déroule au printemps 1973, à quelques mois du premier grand choc pétrolier.



Des industriels sont assassinés dont les crimes sont reliés à une entreprise maritime étroitement liée aux réseaux mafieux. Le commissaire Daquin est le seul à penser qu’il ne s’agit pas d’un simple règlement de compte mais comment le prouver ?



Fidèle à une écriture pointue documentée, assez minimaliste, Manotti nous entraine dans une intrigue policière qui nous amène de Nice à Marseille, entre mafia et OPEP, bénéficie d’une écriture remarquable, sèche, sans fioriture, qui parvient à nous rendre intelligibles, des mécanismes complexes, sans jamais sacrifier le sens du récit et de la tension…



Un excellent roman qui nous prouve que contrairement à ce qu’on peut parfois entendre, il y a d’excellents auteurs de polars français qui se conjuguent au féminin, celles-ci ne se réservant pas uniquement pour le genre du thriller, auquel on a parfois tendance à les cantonner




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'honorable société

Un polar politique français. Suffisamment rare et alléchant pour s'y frotter.

L'écriture, bien qu'à quatre mains, est nerveuse, sèche et facile d'accès. Le plaisir de lecture est donc renforcée. L'intrigue est palpitante, brillamment construite et fait saliver. Le style en revanche est un peu monocorde, sans aspérités où se raccrocher. Cela ne nuit en rien au plaisir de lecture mais ne crée pas d'émotions particulières qui font les grands bouquins. On se sentira nourri mais pas rassasié.



On a d'ailleurs parfois plus l'impression de lire un livre politique romancé écrit par des journalistes que de romanciers écrivant un polar politique. C'est peut-être la faiblesse du bouquin. La force évocatrice d'un roman convoquant l'imaginaire du lecteur se dilue dedans.

Et le final arrivera, implacable, nihiliste mais sans surprises (petite déception même si c'est évidemment très réaliste et inévitable).



Les personnages sont intéressants et crédibles, peu attachants car peu incarnés. Trop nombreux pour être fouillés. On sent le désespoir poindre sur la majorité d'entre eux, essentiellement dû à de mauvais choix ou de mauvaises raisons. La culture de l'ego faisant des ravages, les couples sont mis à rude épreuve et les familles désagrégés voire dynamités de l'intérieur. Une explosion des liens amoureux parasités par cette soif vaine de l'absolu ou du pouvoir qui détricote le tissu fragile des sentiments.



Magouilles, corruption, lutte de pouvoirs, malversation, délits d'initiés, mensonges, duperies, meurtres... Pfiouuu ça fait froid dans le dos. Pas parce que ça pourrait exister mais parce que cela existe justement... 3,5/5
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Marseille 73

j'ai hésité à lire ce polar qui présente l'histoire sociale et raciale de Marseille dans les années 1973 !

Certes, Dominique Manotti s'est servi d'un acte raciste fictionnel pour l'intérêt du récit policier mais, j'habitais encore à Marseille durant cette période car j'en suis partie l'été 83 et, même si mon quartier était résidentiel et même si j'évitais les endroits chauds de la ville phocéenne : je peux témoigner du climat délétère, de la déclaration du maire Defferre à propos des pieds-noirs qu'il " voulait rejeter à la mer" et de la main-mise de la mafia des "Guérini "..

Bref, le jeune Malek Khider est tué dans le XV ° de Marseille suite à la mort d'un traminot tombé sur la ligne 72 sous les coups d'un maghrébin, ce qui va relancer la haine des anciens de l'OAS qui n'arrivent pas admettre leur échec, de la CDM ( comité de défense des Marseillais ), de l'UFRA (union des repliés d'Algérie ).

Tout va être mis en place pour faire payer aux travailleurs arabes leur nouvelle clandestinité suite à la circulaire Marcellin-Fontanet qui fait d'eux 86 % de " sans-papiers " expulsables ( ou liquidables ) ! La chasse à l'immigré est ouverte mais la famille Khider aidée par Me Berger et par l'équipe du commissaire Daquin ( le héros de Manotti ) vont tenter d'amasser des preuves parmi les policiers du SRPJ et ceux de la la PU (police urbaine ) sise à l'Evéché qui est supervisée par le Gros Marcel et quelques flics pourris !

Le commissaire Daquin a été nommé récemment à Marseille comme le jeune inspecteur parisien Delmas, et ils sont mis " au parfum" par l'inspecteur Grimbert, plus âgé et bien introduit dans les milieux marseillais...c'est à dire dans la " bouillabaisse " des loubards, des " nervis ", des éventuels auteurs de" ratonnades " !

Les arabes vont faire grève pour paralyser l'économie de la ville, des environs et, ils vont êtres suivis à Toulon, à Paris dans leurs actions ! En 1973 : quelque chose de grave vient de naître : le racisme...qui n'est toujours pas réglé !

Un polar explosif sur l'histoire de France après les accords d'Evian de mars1962, l'arrivée des pieds-noirs en masse et le sort des travailleurs algériens !
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Kop

Je ne relis jamais les livres que j'ai lu – il y a tant d'autres ouvrages à découvrir. A de (très) rares exceptions...

J'étais parti en déplacement avec un sac allégé au maximum, et avec un seul livre. Évidemment vite fini. Je me suis précipité chez un libraire, ait été tenté par une nouveauté, avant de laisser traîner mon regard sur les rayonnages à la lettre M. Je suis depuis longtemps addict à la qualité des intrigues et à la précision d'écriture de Dominique Manotti, et Kop est de tous ses romans celui dont je me rappelais le moins les détails. C'était parti pour une deuxième lecture à presque vingt ans d'intervalle. Et même après relecture, je n'ai rien à modifier à ma critique initiale, que je reprends texto dans les deux paragraphes ci-dessous.



Deuxième enquête du commissaire Daquin, flic homosexuel aux méthodes efficaces à défaut d'être reprises au code de procédure pénal. Un de ses équipiers, l'inspecteur Romero, vient de faire descendre par des tueurs en moto, alors qu'il était avec une revendeuse de drogue. Les tueurs sont retrouvés. Ils ignorent tout de leur donneur d'ordre. Mais rapidement l'enquête s'oriente vers le club de foot local et ses supporters, l'argent qui y circule, les plaisirs des joueurs et les magouilles des agents.

Dominique Manotti excelle à dérouler une intrigue à toute vitesse, par courtes phrases sans fioritures. Ici c'est le milieu malsain autour du sport roi qu'est le foot qui passe à sa moulinette. Écrit en 1998, le livre évidemment renvoyait aux turpitudes de l'OM version Tapie. Est-il aujourd'hui hors-jeu ? Pas si sûr...



Cette relecture apporte quelques réponses à ma question finale. Oui, il y a quelques détails qui datent le livre : l'usage de francs au lieu des euros, des pratiques policières très limites, des appels téléphoniques rares depuis des postes fixes dans des cafés ou des cabines téléphoniques, et évidemment la gouaille et le culot de Reynaud, le chef d'entreprise / président de club de foot, qui à l'époque était très évocateur de feu Bernard Tapie.

Pour le reste, le livre reste très actuel, voire même moderne dans sa présentation. Cette deuxième lecture met en exergue le côté ramassé de l'ouvrage, qui, en peu de pages, part du milieu du foot pour aller vers des combines financières. Les méthodes de blanchiment décrites doivent sans doute avoir encore cours, d'une autre façon. L'efficacité Manotti est à son maximum et demande un peu d'effort au lecteur pour suivre les méandres du récit. C'est dense et passionnant. Brillant même.

Les années passent et je reste un aficionado de Dominique Manotti, qui, en plus, est une auteure accessible, très agréable à rencontrer lors des festivals de polars. Elle disait en juin dernier avoir trouvé l'inspiration d'un prochain livre. Je l'attends. Impatiemment.
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Le rêve de Madoff

Fan de Dominique Manotti depuis… Sombre Sentier (1995), j’avais depuis longtemps remarqué dans sa biographie ce Rêve de Madoff, datant de 2013, sans jamais l’avoir vu en librairie. J’ai pu me le procurer à l’occasion d’une rencontre avec l’auteur, toujours aussi disponible et sympathique. Il s’agit d’un tout petit livre, une nouvelle de 47 pages au format d’un carnet de notes.



Le titre en dit tout. Bernard Madoff avait bâti sa fortune en proposant des services de courtage financier, acquérant par là une (bonne) réputation, qui lui a servi à créer un fonds qui a fait naufrage avec la crise des subprimes. Manotti refait son parcours, déconstruit les résumés journalistiques le limitant à l’auteur d’une pyramide de Ponzi, et rappelle que pendant des années ses riches clients se sont considérablement enrichis grâce à lui. Des victimes bien consentantes en quelque sorte.

Au-delà du seul Madoff, l’auteur rappelle le climat qui a permis l’éclosion de cette finance décomplexée, sûre d’incarner le rêve américain, même si c’est le Trésor US, donc les contribuables qui ont au final payé leurs errements.

Bernard Madoff a fini sa vie en prison en avril de cette année.



J’attends désormais avec impatience le prochain ouvrage de Dominique Manotti, ce qui devrait venir désormais selon l'auteure.
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Or Noir

Heureusement qu'il y a les bibliothèques. Ainsi, on n'a pas déboursé pour de moins bonnes lectures...Oh lallala je ne me ferai pas d'amis ici vous qui avez particulièrement aimé ce titre. Premier rendez-vous pour moi avec Dominique Manotti et le commissaire adjoint Daquin. Pas certaine du tout du tout qu'il y en ait d'autres. Pourtant, Manotti et Doa c'était bien. Ici, je n'ai pas aimé ce genre de narration. Un narrateur externe et soudain , pour le personnage de Daquin, ses pensées nous sont révélées au "je". Le ton, le rythme, tout m'a agacée. Pourtant, un meurtre qui semble être un règlement de compte et qui nous amène chez les traders, chez les marchands de pétrole, chez les mafieux. Une intrigue qui nous dévoile les enjeux à venir de ce marché immense que deviendra celui du pétrole aurait pu être des plus intéressantes. Mais là, c'est tièdasse, ça manque de profondeur. Des personnages secondaires mais importants à moitié développés, mal exploités. Et puis, ce commissaire parisien qui débarque à Marseille et qui après plus ou moins 17 jours dans cette ville, n'en peut déjà plus... ( de vivre ainsi, des réseaux, de se faire discret, des clans , pfff) de tout ce qu'il ne connait pas encore. Zéro crédible ce commissaire. Il est vrai que ce titre est un préquel, alors peut être que ...Ha mais je ne devais pas être d'humeur à lire Or noir.
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