AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Dominique Manotti (175)


Il faut beaucoup de courage pour fuir.
Commenter  J’apprécie          433
... la stratégie d’expansion économique des Américains, qui jouent sur tous les tableaux. Ils gagnent en collaborant avec le crime et ils gagnent en le réprimant.
Commenter  J’apprécie          350
Ces gens-là nous haïssent, André. Les services de police officiels sont gangrénés par nos ennemis politiques. Et puis je suis, moi, directement dans le collimateur, car derrière moi, c’est la cellule de l’Elysée qui est visée, la cible de tous les services de police officiels parce qu’elle est la preuve vivante de leur inefficacité... Ce que nous vivons, André, c’est un véritable coup d’Etat policier, et je pèse mes mots.
Commenter  J’apprécie          200
- Vous voyez toute cette quincaillerie que Mado trimballe ? Eh bien, tout est en or véritable et en pierres précieuses. Même ses lunettes ne sont pas en toc : diamants et platine. Elle ne fait pas confiance aux banques et préfère porter sa fortune sur elle. Et elle garde tous ses bijoux quand elle baise, sauf ses lunettes.
(p. 220)
Commenter  J’apprécie          207
Les bons chasseurs sont ceux qui connaissent les mœurs de leur gibier, qui vivent sa vie, qui l’aiment. ... Et quand on n’aime pas le gibier, on perd le goût de la chasse.
Commenter  J’apprécie          191
Cette année, je m'intéresse à la stratégie d'expansion économique des Américains, qui jouent sur tous les tableaux. Ils gagnent en collaborant avec le crime et ils gagnent en le réprimant. Leur système judiciaire est fascinant.
Commenter  J’apprécie          160
[ 1980, grève des ouvriers turcs clandestins, dans le Sentier ]
Pas un flic à l'horizon. C'est l'ivresse. Les clandestins occupent la rue, et personne ne vient les en chasser. Les hommes hurlent 'Yasasin grevi', vive la grève. Carte de séjour, carte de travail. Les sonos circulent, tout le monde veut dire son mot. Soleiman tremble au soleil. Il l'avait voulu de toute sa force ce moment, mais il n'y croyait pas. Ce moment de vertige où les masses commencent à exister, hors de toute abstraction, où il devient possible, peut être... le monde va changer de base.
(p. 16)
Commenter  J’apprécie          160
[mars 1980, clandestins ouvriers du textile à Paris]
Soleiman commence à parler, en turc. Il raconte la clandestinité, se déguiser en touriste avec un appareil photo en bandoulière ; la peur qu'il faut surmonter quand on voit un flic dans la rue, continuer à marcher, les fouilles, les nuits dans les postes de police, les arrêtés d'expulsion. Terminé. Nous ne voulons plus. Nous sommes ici, nous travaillons, nous voulons carte de séjour, carte de travail. La dignité.
(p. 15-16)
Commenter  J’apprécie          160
- Je ne l'ai jamais su, et je ne cherche pas à le savoir. Elle joue son rôle d'innocente quoi qu'il arrive, moi, je joue le mien, celui de dupe consentante, ce jeu de rôle est une convention qui facilite la négociation.
Commenter  J’apprécie          150
[ au commissariat, témoin violée par un policier ]
- Vous désirez porter plainte, mademoiselle ? (Quelques secondes). Je ne suis pas franchement sûr que ce soit la meilleure solution. En jouant aux jeux dangereux qui sont les vôtres, vous ne vous attendiez sans doute pas à ne rencontrer que des petits marquis. Si vous portez plainte contre mon inspecteur, ce qui est votre droit, moi je vous coffre immédiatement pour trafic de drogue. Mon inspecteur sera muté, mais vous, vous en prendrez pour quatre ans, au bas mot.
(p. 60)
Commenter  J’apprécie          140
(...) nous tentons d’assurer, à un coût socialement acceptable, le confinement des problèmes et la stabilité de l’ensemble de la société française. Car, ne nous y trompons pas, aujourd’hui, c’est la peur de l’insécurité, fortement corrélée à la peur de l’étranger, la hantise du ghetto, à la fois hyper réel et fantasmé, qui sont les ferments de la cohésion sociale.
Commenter  J’apprécie          122
[ 1980 ]
- Vous connaissez un peu le milieu professionnel du Sentier ?
- Absolument pas. Depuis trois ans, je suis à la Financière, et je travaille sur les délits d'initiés à la Bourse. Ma présence ici, si j'ai bien compris, est le résultat d'un compromis dans les hautes sphères. Les uns veulent absolument qu'on assainisse le Sentier, pour ne pas laisser le terrain complètement libre à ceux qui revendiquant la régularisation des clandestins. Les autres pensent que c'est de la foutaise, et qu'il faut laisser tourner un secteur qui marche bien, et qui ne pourrait pas le faire sans clandestins. Alors ils se sont mis d'accord pour désigner quelqu'un, mais ils ont pris un jeunot naïf, qui n'y connaît rien, et qui a donc toute chance de se noyer. Voilà. C'est moi.
- Et vous, vous pensez quoi de cette affaire ?
- Moi, je suis là pour trouver, c'est la façon dont je considère mon métier de flic, et je peux vous dire que je vais me déchirer la gueule pour sortir quelque chose de ce merdier.
- Vous parlez curieusement, pour un costard-cravate.
- Je n'ai pas toujours été costard-cravate.
- Ah bon ? Et que faisiez-vous avant la Financière ?
- J'étais loubard.
Un temps de silence.
- Je voulais dire : que faisiez-vous dans la police avant la Financière ?
- C'est mon premier poste.
- C'est très indiscret de vous demander pourquoi vous êtes à la Financière ?
- Non, ce n'est pas indiscret. J'ai toujours eu la haine de ceux que vous appelez les costard-cravate. Et je ne veux pas taper sur les petits voyous de banlieue.
(p. 54-55)
Commenter  J’apprécie          110
Un flic en civil, pas grand, épais, la cinquantaine bien sonnée, semble commander les opérations. Soleiman s'adresse à lui :
- Je suis là pour le comité de défense [des grévistes turcs]...
- Toi, ta gueule. Je ne t'ai pas causé.
Et il [le commissaire] prend le patron [de l'atelier clandestin] par le bras, l'entraîne dans l'appartement d'en face, de l'autre côté du palier.
Soleiman demande aux Turcs de l'atelier de lui expliquer ce qui se passe. Des rires. En face, c'est l'appartement du patron. Le commissaire le connaît bien parce qu'il vient, tous les vendredis à midi, baiser la femme du patron, une blonde française, justement dans l'appartement d'en face. Le patron et le commissaire sont très copains. Le patron paie, et en plus le commissaire baise sa femme, jamais un contrôle dans l'atelier, une affaire prospère...
(p. 286-288)
Commenter  J’apprécie          100
- Patron, la combine est géniale. Moreira déclare vingt-deux travailleurs qu'il n'emploie pas, les Turcs. Et il en fait travailler vingt-deux, qu'il ne déclare pas, mais qu'il ne paie pas non plus, les Marocains.
[...]
- Comment ça, il ne les paie pas ?
- Non, je suis sûr que non. Il les loge, faut voir comment, il les nourrit, mais il ne les paie pas. Ils sont tous originaires du même village. Moreira doit être de mèche avec un grand propriétaire marocain qui a probablement organisé leur passage, en leur faisant payer le prix fort. Les familles sont toutes restées au village. Comme ça, si un travailleur avait l'idée de protester, ce qui arriverait à sa famille là-bas lui en ferait vite passer l'envie. Son entreprise a l'air en règle, personne ne l'emmerde, ni le fisc ni l'inspection du travail. Les Turcs de la filière ont l'air de travailleurs innocents, et le patron fait un énorme bénéfice sur des travailleurs pour lesquels il ne paie que les charges sociales, mais pas les salaires. Ce qui nous change du Sentier, notez bien, où les patrons paient plutôt les salaires, mais pas les charges...
(p. 148-149)

[ c'était en 1980... bien sûr, ce genre de combine négrière n'existe plus en 2017... 😣]
Commenter  J’apprécie          100
Daquin finit la deuxième bouteille de champagne, puis se décide à parler.
— Je suis ici depuis trois jours, et j’ai l’impression de vivre au milieu de sables mouvants. Un inspecteur de mon équipe me tient par la main, et m’explique où je peux mettre les pieds et où je ne peux pas, à qui je peux parler, et à qui je ne peux pas, et je ne sais pas encore si je peux lui faire confiance ou non. D’après lui, les Stups de Marseille sont aux mains des Américains. Et d’après toi ?
— Oui, la pression américaine sur le gouvernement français est très forte et, aux Stups de Marseille, ils sont omniprésents.
— Pourquoi ?
— Raisons multiples. Pendant vingt ans, l’héroïne française aux États-Unis a été une "success story". Les Américains pensaient que c’était un excellent sédatif à faire circuler dans les prisons. Quand la jeunesse de la bonne société a commencé à en consommer en quantité, ils ont trouvé cela moins drôle. Et puis les Américains sont foncièrement protectionnistes. Nixon a quelques amis dans la mafia de Floride qui font dans la cocaïne, une drogue produite aux portes des États-Unis. Il a entrepris de leur déblayer le terrain en liquidant l’héroïne française.
Commenter  J’apprécie          100
-Marseille est une ville terrifiante. Tout le monde se connaît, tout le monde se surveille, tout se sait et rien ne sort.
-Je vais le dire d’une autre façon : c’est une ville remarquable par la densité de son tissu de relations sociales.
Commenter  J’apprécie          100
En ce qui concerne la vie des entreprises, le gouvernement américain considère qu'il est de son devoir de soutenir l'expansion des entreprises américaines, avec des moyens et dans des proportions qu'ici, en France, nous ne soupçonnons même pas. Depuis une quarantaine d'années, il leur a défini des objectifs. Il s'agit des domaines de l'énergie et des technologies nouvelles. Les Américains sont capables d'une constance étonnante dans leurs choix de stratégie économique. Depuis plus d'un demi-siècle, ils perdent toutes leurs guerres et gagnent tous leurs marchés.
Commenter  J’apprécie          90
Vous connaissez ce commissaire Daquin ? Il est raisonnable ? Il peut être sensible à vos arguments ?
- Personne ne le connaît. Il vient de débarquer. Un Parisien semble t-il.
- Un de plus !
Le procureur réfléchit pendant quelques secondes, puis :
- Espérons qu'il soit capable de comprendre qu'ici, sur la Côte d'Azur, nous aimons l'ordre et le calme, pas la guerre.
Commenter  J’apprécie          90
Quand un flic cherche du renseignement, et comment pourrait-il faire son travail sans renseignement, c’est son oxygène, il est amené à fréquenter ceux qui le détiennent et qui sont par définition des truands. Et quand il fréquente des truands, il est amené à entendre des choses qu’il préférerait ne pas entendre. Après, ce qu’il en fait, question d’arbitrage…
Commenter  J’apprécie          80
Moi, de mon côté, je veux sortir le dossier de son enfermement dans le bourbier marseillais, avec ses connivences, ses arrangements, sa consanguinité. Si je n'y parviens pas, nous nous enfoncerons lentement et sûrement dans la stratégie habituelle la justice marseillaise, les délais, les reports, les recours, les contre-rapports, pour finir dans dix ans, enlisés dans un non-lieu, faute de preuve. Les juges et les flics d'ici sont les champions en la matière.
Commenter  J’apprécie          70



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Dominique Manotti (1272)Voir plus

Quiz Voir plus

Connaissez-vous La Peau de Chagrin de Balzac ?

Comment se comme le personnage principal du roman ?

Valentin de Lavallière
Raphaël de Valentin
Raphaël de Vautrin
Ferdinand de Lesseps

10 questions
1319 lecteurs ont répondu
Thème : La Peau de chagrin de Honoré de BalzacCréer un quiz sur cet auteur

{* *}