La théorie selon laquelle l'univers ne cesse s'étendre a dû être l'idée d'un scientifique en proie à un chagrin d'amour.
L'existence est poétique.
Chaque instant est composé comme un vers.
Lorsque Kristín et moi étions en vacances ensemble, nos jours devenaient nos nuits avant de redevenir nos jours, qui redevenaient nos nuits. En tout cas, Kristín rendait régulièrement visite au fuseau horaire sinueux que j'avais forgé. La fin de semaine, nous passions parfois la nuit éveillés dans la maison-rêve. Nous étions aussi proches l'un de l'autre que deux individus peuvent l'être. Certains soirs, nous nous serrions si fort que le seul moyen de contraception à disposition était les recueils de nouvelles de Gyrdir Elíasson. Je lisais les histoires les plus tragiques à Kristín et leur inventais de nouvelles fins, le plus souvent pour trouver un amour soudain aux narrateurs esseulés.
Arrêtons de nous rappeler les événements tragiques, ce qui est allé de travers. Vivre, ce n'est pas réviser pour un examen en enfer.
Tous les artistes ne sont pas des bons amants, mais tous les bons amants sont des artistes.
- Où est le mal de voter à droite ? Où est le mal de vouloir que tout le monde ait la liberté d'entreprendre ?
- On ne peut pas être libre dans une société qui mesure la liberté avec de l'argent et laisse à l'argent toute liberté.
J'ai souri à mon tour, puis je l'ai observé tandis qu'elle arrangeait ses cheveux. J'ai plus tard eu l'honneur de la voir se recoiffer ainsi à de nombreuses reprises, pourtant je n'ai jamais pu trouver les mots pour exprimer ce que ce simple geste remuait en moi. Ces petits riens du quotidien, personne n'a réussi à en tirer profit. On peut s'acheter une vie sexuelle, mais peu importe notre richesse: regarder l'amour de sa vie arranger ses cheveux dans le vent n'est pas donné à tout le monde.
Je voudrais parler du temps qui passe comme un météorologue parle du temps qu'il fait, d'une dépression qui s'approche et s'intensifie.
Cela faisait maintenant tout-le-temps-qu'il-faut-à-deux-êtres-pour-apprendre-le-corps-l'un-de-l'autre que nous étions ensemble.