La nécessité de se défendre nous concerne tous : une relation où l'on est agressé par un proche, des exigences professionnelles qui dépassent les limites, un réseau qui cherche à nous embrigader en distillant de fausses informations.
Or nous n'avons pas tous la même capacité à nous défendre.
Pourquoi certains restent-ils passifs alors que d'autres protestent et savent poser leurs limites ? Pourquoi d'autres encore retournent l'agression contre eux-mêmes ou bien réagissent de façon excessive ?
Prendre conscience de son fonctionnement psychologique, en élucider les motivations profondes est un préalable à un véritable travail de renforcement de l'immunité psychique, qui permettra d'en finir avec l'impuissance et la culpabilité et de se réconcilier avec soi-même.
L'immunité psychique : une nouvelle approche pour apprendre à se défendre, à se faire respecter et à empêcher la violence contre soi.
Christophe Massin est psychiatre. Il a notamment publié Souffrir ou aimer. Transformer l'émotion, qui a reçu le prix Psychologies-Fnac en 2014, et Une vie en confiance. Dialogues sur la peur et autres folies qui sont de grands succès.
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L'allergie se manifeste par une réaction disproportionnée du système immunitaire envers un élément provenant de l'extérieur, alors qu'il n'a pas nécessairement un pouvoir agressif en lui-même. Le pollen ou la poussière ne mettent personne en danger en dehors des asthmatiques.
On ne peut se défendre qu'en osant le risque de la perte.
Quand le Bouddha affirme que la souffrance prend son origine dans le désir, Swami Prajnanpad montre, sous un angle complémentaire, que la souffrance naît de la négation de ce qui est. Selon cette perspective, toute souffrance dérive du refus initial d’un aspect de la réalité, qu’il soit intérieur à la personne ou extérieur. Elle est produite par ce fonctionnement négatif de la pensée, le mental. « Le mental reçoit des coups et se sent blessé parce qu'il s’attend à ce que le monde extérieur se conforme à son désir. Tant qu’il n’est pas convaincu que tout ce qui est à l’extérieur est différent [de ce qu’il veut], le mental recevra des coups à chaque instant.
Rien ne nous autorise à revendiquer la possession de notre corps. Curieux propriétaire qui n'a la pouvoir de choisir ni la forme ni la qualité de son bien et dont il ne décide ni de l'acquisition ni de la cession finale ! Pas davantage du bail de location ... Il s'agirait plutôt d'une mise à disposition gracieuse, par la vie, d'un organisme conscient dont je peux jouir en "bon père de famille". En l'envisageant ainsi, il incombe seulement de recevoir ce don inestimable qui permet de faire l'expérience du monde, avec émerveillement et gratitude, et d'en prendre soin, aussi longtemps qu'il durera.
Le patient travail de réconciliation avec les émotions et la mise en cause des jugements transforment le paysage intérieur qui s'éclaire d'une plus grande bienveillance.
Dans la souffrance, on refuse non seulement la situation mais aussi l’état émotionnel pénible quelle déclenche. Ce point essentiel marque la différence avec l’émotion simple. On se débat à la fois contre l’extérieur et contre soi-même. On voudrait ne pas ressentir ce qu’on ressent. Le refus initial de la situation demeure rarement seul et entraîne avec lui le refus de l'émotion qui surgit, puis une cascade d’autres refus...
Les conditionnements inscrits par la peur font partie des plus tenaces.
Avoir n’a pas de pouvoir direct sur être : tant que je suis accaparé par les préoccupations de l’avoir, j’oublie la possibilité d’être qui s’offre pourtant constamment. J’aurai beau avoir plus, je ne serai jamais plus. Encore faut-il l’expérimenter pour en être convaincu..
Vouloir entraîne irrémédiablement vers le futur, ce qui fait échapper à l'instant présent.
La connaissance de soi ne s'accomplit que par touches successives au fil des ans ; on doit donc se contenter au départ d'informations très incomplètes sur nos désirs et nos peurs véritables. Il faut du temps pour apprendre à se connaître. Venir à bout des multiples attentes de l'ego est une œuvre de longue haleine.