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Critiques de Caroline Lamarche (102)
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L'Asturienne

L'Asturienne, ou plutôt la Compagnie Royale Asturienne des Mines, est une société belge fondée en 1853, qui, pendant cent cinquante ans, exploita les mines de charbon et de zinc de la province espagnole des Asturies. Pionnière de la métallurgie du zinc, également investie dans l'exploitation chimique des minerais, elle devint l'une des principales entreprises industrielles en Espagne et étendit ses activités à la France, la Norvège et l'Afrique du Nord. le père de Caroline Lamarche en fut le dernier héritier, au terme d'une transmission familiale initiée de longue date, puisqu'au XVIIIe siècle déjà, la famille possédait, entre autres, une manufacture de tabac et exploitait les houillères de Liège, en Belgique. Son père mort et la compagnie ruinée après l'épuisement des mines, l'auteur s'est attelée à l'exploration des archives familiales, retraçant une impressionnante saga courant sur plusieurs siècles, avec ses gloires et ses pans d'ombre.





Il aura fallu à Caroline Lamarche des années de travail pour rassembler et décrypter les documents conservés par ses parents, mais aussi pour les confronter à d'autres sources et, ainsi, restituer toutes ses nuances à la légende familiale. Pour elle autant que pour nous, c'est un monde inconnu et révolu qui se dessine peu à peu, au fur et à mesure de ces fouilles documentaires qui nous font partager la curiosité et la fascination de l'auteur pour des ancêtres à des années-lumière de nos points de référence. A travers eux et leurs entreprises, se déroulent deux siècles d'une passionnante histoire européenne, de la révolution industrielle à nos jours, au cours de ce qui parut longtemps une phase illimitée de progrès et qui, malgré les vicissitudes des guerres et de la dictature espagnole, leur permit le plus grand faste et la fréquentation des plus grands de leur époque.





Un tel lustre s'assortit de faces moins glorieuses. Et c'est avec une émotion troublée que l'auteur s'entend rappeler par des témoins extérieurs les impitoyables conditions de travail et la dure intransigeance de ses ascendants lors des grèves ouvrières, le lourd tribut payé par les employés quand le rendement primait sur la sécurité, les compromissions avec les puissances politiques les moins recommandables, et enfin l'impact environnemental d'activités dont on ne se souciait alors pas du tout qu'elles étaient extrêmement polluantes.





Porté par la magnifique plume pleine d'esprit de l’auteur, ce récit soigneusement documenté, qui sait honnêtement faire la part des choses entre réalité et mémoire familiale, est à la fois un témoignage intéressant sur l’histoire industrielle des deux derniers siècles en Europe, un aveu sincère et sensible du poids de l’héritage et de la filiation chez une femme « déchue » du milieu social de ses ascendants, et un superbe hommage d’une fille à son père.





Merci à Babelio et aux Impressions Nouvelles pour cette intéressante découverte, offerte dans le cadre de la Masse Critique.


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Le jour du chien

Le jour du chien, c'est un jour de révélation. Ou plutôt un jour où remontent à la surface des souvenirs anciens ou récents, plus ou moins enfouis, plus ou moins ignorés, et sur lesquels tout à coup on met le projecteur, et les mots pour les exprimer. le jour du chien, c'est donc ce jour où six personnes assistent à la course folle d'un chien au bord de l'autoroute, manifestement égaré, sans doute abandonné par son maître. Abandon, le mot est lâché. Car c'est ce sentiment, au sens large, qu'ont en commun les six personnages de ce roman et qui, brutalement, leur saute aux yeux. Six témoins pour six chapitres reliés par ce bizarre incident du chien. Un chauffeur routier qui n'a jamais connu ses parents et qui s'invente des vies en écrivant des lettres aux journaux et aux magazines; un prêtre qui avait cru rencontrer l'amour d'une femme jusqu'à ce que celle-ci se volatilise; une jeune femme prête à quitter son amant et qui comprend qu'en réalité c'est elle qui est larguée. Un jeune homme gay qui a lâché son travail et qui se retrouve délaissé par ses amis lorsqu'il cesse d'être l'oreille attentive à leurs états d'âme et se met à exprimer son ressenti(ment). Et qui roule à vélo comme un dératé sur l'autoroute, pédalant pour garder son équilibre mental. Une mère et sa fille, abandonnées par leur homme, c'est-à-dire veuve et orpheline, enfermées chacune dans leur désarroi depuis qu'elles ont perdu celui qui était un trait d'union entre elles et leur permettait de communiquer.



L'auteure utilise une tonalité différente pour ces six personnages et leur monologue intérieur, malgré une même mélancolie qui les étreint tous. Ce roman, prix Rossel 1996, est écrit avec une sensibilité à fleur de peau et sonne très juste, et pourtant il ne m'a pas convaincue. En dehors des récits de la mère et de sa fille (dans lesquels on réalise le gâchis en raison du gouffre d'incompréhension entre elles), je n'ai pas réussi à réellement m'intéresser au sort des six protagonistes. Des personnages qu'on abandonne là, le long de l'autoroute et dont on ne saura plus jamais rien. du chien perdu non plus, d'ailleurs...
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L'Asturienne

Quelques années après la mort de son père, Caroline Lamarche plonge dans les archives familiales, qui font largement corps avec celles de l'Asturienne, de son nom complet Royale Compagnie Asturienne des Mines. Cette société belge, fondée en 1853 en pleine révolution industrielle, fut pionnière dans la métallurgie du zinc et exploita pendant près de 150 ans des mines de zinc dans la région espagnole des Asturies. Elle est restée pendant longtemps l'une des entreprises les plus importantes de son secteur, active également en Belgique, en France, en Norvège et dans le nord de l'Afrique.

Le père de Caroline Lamarche, en digne héritier d'une longue tradition familiale, y travailla quasiment jusqu'à la liquidation de la société vers 1980, alors qu'elle était ruinée par le déclin de l'industrie métallurgique européenne et l'épuisement des mines.

Les familles Lamarche et Hauzeur, alliées de génération en génération et actives depuis longtemps notamment dans le tabac, la houille puis le zinc, appartiennent à la haute bourgeoisie liégeoise, et l'auteure est bien consciente d'être le produit de ce milieu privilégié. Au fil de ses recherches, elle a vite réalisé, notamment grâce à des témoignages ou échanges avec des acteurs issus en particulier de la classe ouvrière, que le paternalisme affiché par ses ancêtres à l'égard de leurs ouvriers cachait assez mal les conditions de travail difficiles dans les mines et la répression brutale des grèves. Lucide sur les compromissions nécessaires, elle rend également compte du fait que la prospérité économique de l'Asturienne a parfois dû composer sans trop d'états d'âme avec les contingences politiques, en particulier pendant le franquisme.

Caroline Lamarche ne prétend pas faire oeuvre d'historienne, et elle ne tend pas non plus à l'exhaustivité. Il lui manque des sources, notamment tout un pan de la correspondance entre ses parents. le livre est davantage une histoire familiale qu'une histoire de l'Asturienne, et je suis restée un peu sur ma faim quand elle parle, sans vraiment le développer, du fait que les ouvriers ont lutté pour la survie de la Compagnie. Son enquête n'en est pas moins fouillée et documentée, au vu des éléments qu'elle avait sous la main. le récit, pas toujours chronologique, et émaillé de ses réflexions et questionnements, est un compte-rendu lucide et honnête d'une légende familiale qui s'inscrit dans une histoire industrielle de près de deux siècles.

Servi par une belle écriture fluide et illustré de photos et documents d'archives, c'est aussi le témoignage d'une femme aux prises avec le poids de la filiation et de son milieu social auquel elle avait cherché à échapper, et un magnifique hommage à son père adoré.
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Nous sommes à la lisière

Dans ce recueil de neuf nouvelles, l'auteure met en scène des être humains à un moment de leur vie où ils sont fragilisés, dans le doute ou la souffrance, sur le fil entre avant et après, entre avec ou sans. Seuls avec eux-mêmes et leur questionnement existentiel, les humains, l'humanité au milieu desquels ils évoluent ne leur sont d'aucun secours. Alors ils se raccrochent chacun à un animal, plus ou moins domestiqué ou plus ou moins sauvage, mais libre, toujours, à ses risques et périls. Dans la relation qui se crée, l'humain veut voir un lien d'attachement, un message, une prémonition d'amour ou d'espoir. Dans notre civilisation où l'Homme est un danger pour la Nature, les personnages de ce recueil, humains et animaux, ont besoin de protection et de liberté, et toutes les espèces vivantes, coincées dans leur interdépendance les unes aux autres, ont besoin de respect.



Comme souvent dans les recueils de nouvelles, les textes sont inégaux, et j'ai été davantage touchée par ceux dans lesquels le lien humain-animal est le plus fort (Frou-Frou la cane, et le cheval Mensonge). Malgré tout, ces textes, à la lisière de la perte et de la mélancolie, sont portés par la belle et simple écriture de Caroline Lamarche.
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Le jour du chien

Aaaah, les Editions de Minuit, cette prestigieuse maison d'édition qui compte un lot incalculable de grands auteurs depuis 1941, cette maison d'édition « hostile à la littérature bourgeoise et réconfortante » que mes profs d'unif m'ont fait découvrir avec Robbe-Grillet, Butor, Beckett… !

Toujours en quête d'auteurs belges, je suis tombée par hasard sur Caroline Lamarche, et me suis rendu compte que son « Jour du chien » non seulement avait obtenu le prestigieux prix Rossel, équivalant au Goncourt en Belgique, mais était paru aux éditions de Minuit.

Mon sang n'a donc fait qu'un tour, et c'est tout émue que j'ai commencé la lecture de ce curieux ouvrage, qui ne dément nullement la philosophie des éditions de Minuit.



En effet, c'est autour d'un chien, un chien qui court sur l'autoroute, que s'articule le roman.

Six chapitres. Six solitudes.

Six personnages en quête de sens, hommes et des femmes abandonnés, mal dans leur peau, s'accrochent à cette image du chien pour plonger en eux-mêmes : un camionneur, un curé, une amoureuse, un cycliste, une jeune veuve et sa fille boulimique.

Six personnages qui, à la faveur de cette rencontre fortuite, verront leur moi bouleversé et trouveront leur voie.



Ces six récits introspectifs m'ont emmenée loin en moi-même de façon inégale mais toujours juste. le style vif aux méandres très sinueux entraine, casse les codes, touche à l'essentiel.



Je terminerai par une citation de Pierre Mertens, chroniqueur littéraire au Soir et lui-même auteur : « On est heureux de lire un pareil livre si sobrement compassionnel, aussi généreux que cruel, et dépourvu de toute sensiblerie ».

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La fin des abeilles

Récit des derniers moments de la vie de la maman de l’auteure, une maman qui fut toute sa vie distante, mal à l’aise avec les émotions et qui ne montrait de la tendresse, de la douceur qu’envers ses abeilles…



Epreuve pour la fille que de voir sa maman vieillir et disparaitre peu à peu. Les bons et les mauvais souvenirs remontent à la surface, comme ces phrases si délétères : « l’éducation c’est facile : les enfants, il suffit de les éduquer comme des chiens » ou encore « quand tu seras mariée, tu seras enfin heureuse », ou bien « un jour tu devras… avec ton mari… Ce sera désagréable, mais ne t’inquiète pas, ce n’est qu’un petit moment ennuyeux, qu’on oublie très vite, et surtout, surtout, tu ne devras jamais, jamais, lui dire non ».



Une maman qui abandonne peu à peu sa place, d’abord de façon volontaire, qui range, nettoie et vide les armoires, et qui jette la plupart des traces de sa vie. Une maman qui « s’excuse de ne pas être plus loin », comme chantait Brel dans « les vieux ». Une maman dont ensuite la seule activité sera de « médire, de quoi exorciser la tristesse de vieillir ».



Et puis une maman placée en maison de retraite, où elle est privée peu à peu de son autonomie, de sa dignité, pour être infantilisée puis chosifiée. Portrait sans concession de la façon dont on traite nos aînés et aînées aujourd’hui.



Et pourtant un dernier moment de tendresse, le seul peut-être de toute une relation, un moment de grâce, sur le banc dans le jardin, sous un soleil printanier, une paix « non pas retrouvée, mais une paix trouvée ». Tout simplement.

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Hors voies et chemins

Avec son titre et sa couverture intrigants, Hors voies et chemins m’a tout de suite donné envie. J’ai grâce à mon papa été sensibilisée à la nature toute petite et j’ai gardé cette amour pour la vie animale. J’avais donc hâte de découvrir ce magnifique beau livre.



J’ai tout de suite apprécié son originalité. Sortant des sentiers battus Hors voies et chemins se veut militantisme, pousse à la réflexion, est agrémenté de magnifiques photos, donne des informations sur certaines espèces mis en avant, est peuplé de poèmes qui sont le reflet de l’œuvre dont les pages défilent sous nos doigts. Un petit ovni qui nous permet de découvrir une région de Belgique, ou du moins sa faune sauvage.



Les photographies sont sublimes, même si c’est un adjectif subjectif, je trouve qu’elles sont le reflet de la vie de ces animaux qui parfois nous offrent la chance de les apercevoir. Nous découvrons un microcosme tout à fait semblable à nos régions de France, donc pas vraiment de dépaysement, mais on sent ce côté « chez soi » que les auteurs voulaient nous faire découvrir, du moins, je le pense.



Les textes, très variés, donnent une vision onirique, scientifique mais surtout pleine de passion, et parfois de colère. C’est assez déroutant, et en même temps, je trouve le parti pris très intéressant. J’aime cette vision de la nature en danger qu’il faut protéger, de cette nature belle et indomptable, de cette nature qui se passerait bien de l’Homme.



Une superbe découverte qui donne envie d’éplucher le catalogue de la maison d’édition et qui m’a fait, l’espace de quelques heures, voyager dans un univers original et sauvage.

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Nous sommes à la lisière

Nous sommes à la lisière, au bord de la forêt, cette cathédrale où tout célèbre notre déesse Mère et ce formidable élan que l’on appelle Vie, dans une symphonie grandiose et tragique faite de chants, de cris et de mises à mort. Peut-être même portons-nous déjà une part de cette forêt en nous. Une part sombre, secrète. Une part de sauvagerie et d’instinct qu’on essaie d’enfouir sous le vernis de la civilisation et la culture, et qui parfois nous revient en pleine figure, à travers nos rêves impurs ou nos pulsions maitrisées tant bien que mal.



Caroline Lamarche célèbre ici les animaux, les hommes et leurs interactions. Il est question d’hommes simples, palefrenier combattant des « particules fines » qui n’ont de poétique que leur nom, musicien devenu gardien de nuit, garde forestier amoureux des arbres. Des hommes sages qui montrent que l’inquiétude pour l’état de notre vieux caillou ne se cantonne pas à quelques bobos habitants les quartiers aérés de nos villes.



Le livre s’ouvre sur une nouvelle très juste avec des soigneurs en refuge, pour se terminer toujours dans cette même optique d’entraide et de partage entre espèces, mais où ce ne sont plus les humains qui prennent soin des animaux. Cette dernière nouvelle, celle de la mère endeuillée, est particulièrement touchante. Car souvent les animaux prennent soin de nous, de notre solitude, de notre besoin essentiel de beauté et d’émerveillement, de nos pertes, car parfois « il suffit d’être complice de quelques vies sauvages » pour croire de nouveau en l’avenir.



Je terminerai par la citation qui figure en début de recueil, en forme de clin d’œil : « Jusqu’à ce qu’il étende le cercle de sa compassion à toutes les créatures vivantes, l’homme lui-même ne trouvera pas la paix. (Yourcenar)».



La boucle est bouclée ….

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Hors voies et chemins

En tout premier mille Mercis aux éditions belges, Weyrich et à la Masse Critique Graphique de Babelio pour ce très beau livre fort réussi...reçu avec une gentille carte, il y déjà près d'un mois !



Car ce n'est pas seulement un bel album, c'est aussi un recueil de poésies ; à cela s'ajoute , à un autre niveau de lecture, un ouvrage engagé, de réflexions, de questionnements du " Devenir" de notre monde, malade, abîmé, la place de l'Homme au sein de Dame Nature...

Quelques pages de documentation pure, ainsi qu'une bibliographie à la fin de chaque partie ( sur les renards, les chevêches, les grands cerfs...)



En ligne principale, les photographies animalières, mettant en valeur la défense des animaux et la beauté de la nature...



Cette magnifique publication m'a fait , " cerise sur le gâteau "découvrir un poète britannique: John Clare...dont j'ignorais jusqu'au nom !



"La raison perdue de John Clare



" Qu'on laisse à chacun l'allée

forestière "- John Clare



Parce que " par nature, elles n'appartiennent pas", les forêts ne peuvent être que dévastées par le droit de propriété. Né en 1793 au coeur de l'Angleterre, John Clare est considéré comme l'un des grands poètes britanniques. Chantre simple de la nature, pauvre, peu instruit, il évitait toute ponctuation. Il meurt à septante ans Il en a passé vingt-sept ans dans un asile, autorisé toutefois à se promener dans les bois. Son oeuvre lumineuse est également saluée pour sa cohérence.



Dans un très bel essai sur l'imaginaire de la forêt en Occident, Robert Harrison consacre un chapitre à cet auteur qui " prenait le parti de tout ce qui était en définitive libre et vulnérable ", le hérisson, le renard, le blaireau, les oiseaux, plus largement les animaux et végétaux sans défense devant l'homme"...



Un mot très bref sur les auteurs :



-Textes de Patruck LEBECQUE, pédiatre ; sa passion de la Forêt est restée pour lui un " coin de ciel bleu" vital ...



- Photographies d' Étienne BAUVIR, enseignant, fils et petit-fils d'agriculteurs ardennais. Vers 20 ans, il découvre sa vocation naturaliste ; puis il s'initie au fil d'une rencontre à la photographie animalière...



Je ne rédige que maintenant ma chronique: trois semaines depuis sa réception , car , comme dans une belle balade en forêt ou dans la nature, j'ai pris mon temps, j'ai choisi les chemins buissonniers, savouré chaque cliché, chaque texte poétique ou citations soigneusement choisies...Un vrai " régal " pour les yeux et la lecture !



Désirant partager cette très belle découverte, j'ai prêté hier ce beau livre à une amie, très sensible aux thèmes

abordés ! Elle pourra, en plus, en apprécier la mise en page des photographies, le papier glacé et le format différent ( entre le classique et celui à l'italienne)



Je n'aime guère ce genre de qualificatif " élitiste" ; toutefois

comme je l'écrivais au début de cette chronique, c'est à la fois un très beau livre à " regarder "et un ouvrage "intelligent " qui questionne, fait réfléchir le lecteur !



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Carnets d'une soumise de province

écrit sous forme de correspondance ce récit plonge les lecteurs dans le monde secret des relations sadomasochistes et plus précisément dans l, intimité d'un couple maitre soumise.Salomé et une jeune femme animée par des fantasmes de soumission et d,humiliation.après avoir goûté à toutes sortes d,

expériences sexuelles, elle a rencontré jean pierre qui est devenu son mari et son maître.loin de l univers d,

histoire d o . elle nous raconte ses expériences

sadomasochiste mais sans en éluder la dimension amoureuse, les doutes, les hésitations, les troubles qu'un tel engagement suppose.👍 pour adultes.

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Le jour du chien

Tel un tenace indien sioux sur la trace d'un grizzly, je poursuis inlassablement mes pérégrinations en quête de quelques pépites d'auteurs de chez moi.

Il m'arrive ainsi de tomber sur de véritables joyaux littéraires tel ce premier roman : Le jour du chien (prix Victor-Rossel 1996).

La liégeoise Caroline Lamarche, en cette succession de six récits différents, nous propose, au départ du vécu d'un même incident tout compte fait assez banal (un chien apparemment abandonné errant le long d'une autoroute) d'appréhender les réactions de quelques humains amenés par le fait du hasard à croiser la route de ce pauvre animal.

Initialement assez sceptique, je me dois de vous avouer avoir pris un réel plaisir et intérêt à suivre les pensées, préoccupations, angoisses existentielles de tous ces personnages qui ont quelque chose à nous dire, ont aussi grand besoin d'être écoutés et pour qui, cette bien improbable rencontre servira, à tout le moins, de catalyseur et pourra peut-être, peu ou prou, influencer les décisions qu'ils ont à prendre quant à certains choix de vie.

C'est parfois jubilatoire, toujours pertinent, finement ciselé, grave et pathétique (mais sans aucun pathos), profondément juste, humain et généreux.



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Nous sommes à la lisière

Frou-Frou, la canne en revalidation recueillie par un bénévole va-t-elle quand même le quitter? Chevauchée nocturne du cheval Mensonge par une gamine, Ignace enlève le jeu de piste dans son bois privé, lire l'Ulysse de Joyce parmi des naturistes méditerranéens, le comédien dérangé qui cite Prométhée en menaçant les clients d'un rat mort, nourrir le chat Tish de deux squatteuses de Uccle, le musicien réparateur d'alarmes qui souffre d'acouphènes, l'écureuil consolateur près de la tombe...



Neuf nouvelles à la lisière de la tristesse, du monde animal, de notre planète.



Une prose gentille mais qui ne m'a pas souvent fait décoller.

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La fin des abeilles

Comme le titre ne l'indique en rien, Caroline Lamarche nous offre le récit des dernières années de la vie de sa mère, qui s'est achevée pendant la période si troublée des confinements. Ce faisant, elle élargit sa réflexion aux sujets finalement aussi intimes qu'universaux qui concernent toute condition humaine. Des pages touchantes et vraiment intéressantes.
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Le jour du chien

Un chien court le long de l'autoroute. D'où vient-il ? On ne sait pas. Où va-t-il ? Il ne sait pas. Comment s'appelle-t-il, ce chien ? Drôle de chien, drôle de jour, le jour du chien. Ils en parlent, mais parlent-ils seulement du chien ? On ne sait pas. Comme dans l'expression "Quel temps de chien !" ou dans "C'est un temps à ne pas mettre un chien dehors !" ou ... Et pourtant, le chien poursuit sa course folle. Jusqu' où ? Pourquoi ?



Lorsque l'on s'embarque avec ce camionneur, l'on ne sait pas jusqu'où l'on va. Le sait-il seulement pourquoi il arrête sa course folle, ce jour-là ? Il est le premier à nous raconter. Ils seront six à s'arrêter là, à cause du chien, mais pourquoi ces six-là ? Six, comme les six faces d'un cube, un Rubik cube. Six témoignages, six récits de couleurs différentes. Ils nous racontent pourquoi ils se sont arrêtés, mais parlent-ils seulement du chien ?



Bizarre, c'est donc lorsqu'ils arrêtent que le voyage commence. Finalement, chacun est là au bord de l'autoroute, comme un chien qui lècherait discrètement ses plaies et que beaucoup ne verraient même pas.



Caroline Lamarche nous invite le temps de 126 pages à suspendre notre course folle. C'est court, c'est juste. Juste assez de dit pour tellement de non-dits.

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L'ours

Récit d’une relation entre une femme écrivain et un prêtre passionné de lecture. La femme joue au chat et à la souris avec ses propres sentiments envers cette homme, qui lui, joue au chat et à la souris avec ses voeux de chasteté. Le texte est intime et profond. Avec beaucoup de respect, il illustre toute la difficulté d’une relation d’amour-amitié entre un homme et une femme. Je vous le recommande très chaleureusement.



« J’ai quarante ans. Je veux des enfants-livres. Et dans ce but, devenir chaste. » Tel est le programme que se fixe la narratrice, une écrivaine, mariée et mère de famille, inspirée par Thérèse d’Avila, Karen Blixen et Virginia Woolf. Elle décide de rencontrer un de ses lecteurs, qui lui avait adressé une lettre remplie d’acuité à propos de son premier roman. Cet homme est prêtre. Elle lui pose la question de savoir comment on devient chaste. « Sa réponse est réfléchie, objective en apparence. Mais je sens qu’elle contient un profond dégoût du corps, justifié par une argumentation imparable et une citation biblique: ‘La lampe du corps, c’est l’oeil. Si donc ton oeil est sain, ton corps tout entier sera dans la lumière. Vois donc si la lumière qui est en toi n’est pas ténèbres.’ Bizarrement, un peu plus tard, il s’étonne que les femmes ne soient pas coupables d’assiduités à son égard. […] Comme si une chose lui manquait, à laquelle ses collègues, avertis, échappent à grand peine. »



Le prêtre est érudit. Son presbytère comporte quelques chambres, occupées par des étudiants. Il propose à l’écrivaine d’en occuper une, dans laquelle elle pourra écrire en toute tranquillité, ce qu’elle accepte.



Pour elle, il est très inspirant. Peu à peu, ils deviennent proches. Elle devient amoureuse, mais respecte cette sorte de froideur que s’impose le prêtre; par ailleurs, dans ce climat, leurs promenades ramène à son esprit le souvenir d’un amour de jeunesse qu’elle avait éprouvé pour un guide de montagne. Le prêtre, quant à lui, se prend d’affection pour l’écrivaine et on le sent troublé dans ses convictions.



« L’ours » n’est pas un livre à l’eau de rose, loin de là ! L’écriture est douce et fluide. Sa qualité se maintient de la première à la dernière page ce qui, pensez-y, elle loin d’être toujours le cas : combien de beaux textes ne déçoivent-ils pas par une fin bâclée ! J’ai beaucoup apprécié la finesse avec laquelle Caroline Lamarche décrit les difficultés intérieures d’un homme et d’une femme lorsqu’ils doivent concilier des valeurs ou des sentiments contradictoires.



Caroline Lamarche m’avait déjà régalé il y a longtemps avec « Le jour du chien », qui avait été récompensé de notre prestigieux Prix Rossel. Je m’étonne que ses livres n’aient pas été honorés d’un plus grand nombre de critiques sur Babelio. En particulier, à l’heure où j’écris, une seule autre critique avait été consacrée à « L’Ours ». À chacun ses goûts et sa sensibilité, elle était moins enthousiaste que la mienne. Je suis curieux de lire les avis d’autres lecteurs, ce qui permettrait à attribuer à ce livre une note plus représentative.



C’est bon, puisque c’est belge ! Lisez donc !
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Carnets d'une soumise de province

Un couple sado maso parcourt l'Europe. La chienne, la renarde, la soumise raconte trivialement ses humiliations, ses punitions, son amour peu crédible pour le maniaco-dépressif qui la construit... en objet sexuel.

J'ai autant détesté le sadisme de l'un que la soumission de l'autre, y retrouvant le côté chiant de 'Belle du Seigneur'



J'ai bien aimé l'extrait du catalogue sur le musée d'art brut de Lausane.
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Carnets d'une soumise de province

On m'a conseillé récemment, mais intensivement, de lire Caroline Lamarche, auteure belge, qui défendait des thèmes emplis de valeurs humaines et, dernièrement, les victimes liégeoises (vous savez ce pays d'Outre-Meuse, situé dans ce plat pays qui est le mien) des inondations catastrophiques dont un gouvernement majoritairement flamand, n'a que faire. Bref.

Me voilà à la recherche d'un livre de cet auteur, et le seul qui soit publié en format poche, oui oui je ne réserve l'achat de plein formats qu'aux auteurs qui m'ont déjà séduite, et bien c'est celui-ci.

Et surprise, c'est un "remake" du manoir d'Emma Chevalier, ou non, bien sûr que non, cela sent l'expérience particulière, mais, avant tout, c'est très bien écrit. Rien de cru, le sujet mis à part, c'est non pas élégamment dit, mais dit tout simplement. Cela se lit sans désemparer, tant on voudrait savoir quelle sort va être réserver à la Renarde.

PS : je ne comprends pas les notes frigides ou négatives, le sujet est clairement annoncé par l'éditeur en quatrième de couverture.
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Lettres du pays froid

Il ne s’agit pas d’un roman épistolaire mais l’intrigue de ce roman est basée sur les lettres que reçoit la narratrice d’un jeune homme suicidaire, Alexis, un être à qui la vie souriait mais que des amours malheureuses ont précipité dans une dépression profonde. La narratrice (dont nous ne connaîtrons pas le nom) est écrivain, elle vient de gagner un prix de poésie et est engagée pour écrire le scénario d’un téléfilm, grâce auquel elle croit qu’elle obtiendra enfin un statut d’écrivain reconnu. Coachée par Edith, une femme hautaine, elle se dépense sans compter dans ce travail mais la rencontre avec Alexis va bouleverser ses plans (et son scénario). Tiraillée entre Loup, son compagnon et mentor et Alexis, hypersensible mais totalement velléitaire, l’auteure ne cesse aussi de faire des liens entre sa vie, ses relations amoureuses avec celles de l’artiste Frida Kahlo et de l’actrice Dorothy Hale.



C’est difficile de parler de ce roman, il peut paraître froid comme son titre, mais j’ai eu du mal à le lâcher. Je dois avouer que cela m’a même paru bizarre de l’apprécier autant car en d’autres temps, je pense que le personnage d’Alexis m’aurait franchement insupporté. Mais ici, non, sans doute parce que tout le roman mêle création littéraire et mort dans une ambiance hypnotique, mystérieuse. Je suis contente d’avoir découvert un autre titre de Caroline Lamarche, dont j’avais lu il y a trois ans Le Jour du chien : ici les émotions sont également tenues à distance mais l’effet de la lecture n’a pas été le même. J’ai noté plusieurs extraits, car j’ai de nouveau apprécié l’élégance du style de Caroline Lamarche et j’ai particulièrement savouré la description de la librairie Tropismes à Bruxelles…
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Le jour du chien

En triant l’étagère de la bibliothèque où s’entassent (un peu) pèle-mêle les livres de ma Pile A Lire, je suis tombée, tout au fond, sur ce court roman de Caroline Lamarche. Acheté il y a bien longtemps dans le cadre d’une formation « Atelier d’écriture », il a été enfermé dans mon armoire au Lycée, en vue de l’utiliser pour travailler avec les élèves sur les différents points de vue qu’un ou plusieurs narrateurs peuvent avoir un même événement. Ce que je n’ai jamais eu le temps de faire… Quand j’ai vidé mon armoire en quittant mon emploi de prof, il a atterri dans ma PAL et, en l’exhumant ce soir, je me suis dit que si je ne lisais pas tout de suite, je ne le lirais jamais.



Ce court roman s’articule autour d'un fait somme toute anodin : un chien court, le long du terre-plein central de l’autoroute. Il court, sans prêter attention aux voitures, au danger et sa route croise celle de six personnes. Ce jour-là, « Le jour du chien », comme un déclencheur, sera pour chacune d’elles l’occasion de réfléchir sur le drame qui remplit leur quotidien. Il n’y a pas vraiment d’intrigue, la course de ce chien abandonné sert de prétexte à l’auteur pour proposer une réflexion aux multiples facettes sur un thème central : l’abandon.



Il y a ce camionneur qui s’invente une famille pour tenter d’oublier que sa femme l'a quitté et que, justement, il n’a pas de famille…

Il y a ce prêtre qui se sent abandonné par Dieu, en crise de foi après avoir rencontré une mystérieuse jeune femme…

Il y a cette jeune femme en rouge, en route vers une rupture par peur de l’immensité de l’amour et qui, abandonnée autrefois, abandonne tout le monde depuis…

Il y a ce jeune homme, homosexuel que son père a jeté dehors, qui vient une fois de plus de plaquer son boulot et ses amis et qui roule à vélo sur l’autoroute, comme un défi à la vie…

Et il y a cette mère et sa fille : l’une vient de perdre son mari, emporté par un cance, et remplit le vide en aidant tout le monde sauf sa fille qu’elle ne parvient pas à aimer comme elle le voudrait ; l’autre a perdu son père, remplit le vide en mangeant et souffre de n’exister pour personne, même pas pour sa mère…



Six histoires différentes qui laissent peu de place à l’espoir et qui ne m’ont pas touchée avec la même intensité. On plonge au coeur des réflexions des personnages, ils dévoilent une partie de leurs sentiments, de leur mal-être, de leurs envies mais c’est somme toute assez froid, sauf peut-être pour le chapitre consacré à la femme en rouge et à la jeune fille. C’est elle qui donne le plus d’importance au chien dans son récit et qui y voit enfin une raison de redresser la tête.



C’est un livre intéressant du point de vue narratif et pour pousser assez loin une réflexion sur la thématique qu’il propose, je ne regrette pas de l’avoir finalement découvert mais je n’ai pas non plus de regrets de ne pas l’avoir utilisé en classe. Il n’aurait pas réconcilié mes élèves de l’enseignement technique et professionnel avec la lecture...
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Nous sommes à la lisière

Cheval, fourmis, hérisson, écureuil, chat ou oiseaux, entre autres,  peuplent les nouvelles de Caroline Lamarche.

En effet, ce sont eux  les héros, dûment prénommés, donc dotés d'une identité propre, avec lesquels au moins un humain entre en interaction .

Cette dernière peut être brève, peut être en apparence anecdotique,  mais elle fait résonner de manière un peu différente les existences en tous points ordinaires qui nous sont ici relatées en quelques pages poétiques et d'une précision extrême.

Qu'elle s'arrête pour aider un hérisson à traverser la route et l’amoureuse de la nouvelle Ulysse, reliera par des liens éclectiques, mais toujours pertinents, cette rencontre fugitive avec ses propres interrogations lors d'un repas où se révèleront des enjeux qu'elle n'était peut être pas prête à admettre.

La plus longue et la plus émouvante nouvelle, Frou-Frou, évoque une histoire d'amour hors-normes, à bien des égards et témoigne de l'art de l'auteure pour évoquer avec délicatesse et sensibilité des émotions intenses mais sourdes.

La nature est souvent en danger dans ces textes, mais ses habitants, aux vies parfois éphémères, témoignent d'une volonté de vie et de liberté qui émeuvent au plus haut point.



Un grand coup de cœur! Et zou sur l'étagère des indispensables !
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