L'espoir n'a pas besoin de joie pour germer - il préfère le terreau amer de l'échec.
C'était un spécimen unique en son genre. Contrairement à tant d'autres acteurs de l'aquaculture, il n'avait jamais essayé d'en tirer profit. Il préférait les gars comme moi, les gens qui veulent simplement rester vivants sur une planète vivante. C'est peut_être d'avoir grandi à Brooklyn, mais Charlie voit la science de la façon la plus bénéfique qui soit : en gardant un oeil sur les avancées de la recherche et un autre sur les besoins de la société.
J'entends encore le grognement de la morue qu'on assomme à la batte. p50
Dès que vous arrivez avec une idée neuve, elle attire les cinglés. Car ils sont plus ouverts que les autres. Le problème, c'est qu'ils sont cinglés.
(p. 224)
Les spécimens de qualité supérieure [...] étaient expédiés au Japon [...]. Le reste était infesté de parasites et de vers, un amas rouge et blanc qui se tortillait dans les chairs. Hiroto balançait ces déchets dans des boîtes sur lesquelles il collait un macaron "D" qui expliquait-il avec un sourire en coin, signifiait "degueu". McDonald's les rachetait à bas prix pour confectionner ses Filets-O-Fish. p61
Mais qui déclarer coupable d'un tel effondrement ? Et bien, commençons par blâmer les multinationales qui exploitent des chalutiers démesurés, dont chaque prise laisse derrière elle des tonnes de victimes collatérales. Les chaines et les amarres, qui permettent de racler le fond des océans et d'en faire un désert. p67
Il y a des secteurs qui relient l'homme à sa planète : la mine, l'agriculture, la pêche. Nous alimentons le pays en énergie et en nourriture. Il n'y a pas une seule chanson sur les comptables ou les avocats. Sur nous, il y en a des centaines. p64
Pour satisfaire les envies voraces de junk food, on broyait des écosystèmes entiers à coups de chalut. À chaque remontée de filet, on rejetait les prises mortes par milliers [...]. Notre navire était cerné par un océan de mort. p62
Pendant ce temps, dans le monde, un poisson pêché sur trois n'atteint jamais nos assiettes. Soit il pourrit avant d'arriver, soit on l'a jeté mort par-dessus bord juste après l'avoir pêché. p69
C'est l ’océan qui donne un sens à ma vie. Bien sûr, il y a longtemps que je ne suis plus un chasseur, mais en tant que fermier des océans, je garde un goût de sel sur les lèvres et un bout de crevettes accroché à ma barbe. Ce qui me rend heureux, c'est de casser la glace sur le pont de Mookie, de surveiller mes lignes de laminaires et mes filets de Saint-Jacques quand le vent et les vagues viennent à se lever. Un cœur de pêcheur, une âme de fermier. Bientôt, ce sera à mon tour de me fondre dans le grand bleu. Tout ce que je souhaite c'est vieillir sur mon petit lopin de mer et puis, un jour, me laisser tranquillement dériver dans son étreinte. Alors, avec la permission des pêcheurs qui m’ont précédé, je pourrai dire que moi aussi j'ai vécu une bonne vie.