Je suis peut-être, moi, la pauvre fille de ferme non instruite, celle qui va, à travers mon histoire, aider des gens comme moi, et, qui sait, leur éviter la peine de mort. Si je continue à vivre, cette loi contre le blasphème sera peut-être modifiée un jour.
Je ne suis pas instruite, mais je sais ce qui est bien et je sais ce qui est mal.
Dans mon pays, la marque du blasphème est indélébile. Être suspect est en soi un crime pour les fanatiques religieux, qui jugent, condamnent et tuent au nom de Dieu. Allah n’est pourtant qu’amour. Je ne comprends pas pourquoi les hommes utilisent la religion pour faire le mal.
Au Pakistan, quand on est chrétien, on se sent un peu orphelin dans son propre pays. Même si le gouvernement nous donne les mêmes droits que tout le monde, la société ne nous accepte pas toujours.
Je ne comprends pas la folie des hommes. Comment peut-on donner la mort à quelqu'un sans émotion et trouver ça bien? Comment peut-on laisser des enfants orphelins sans aucune pitié? Comment peut-on croire que Dieu se réjouit d'une telle cruauté? Du fond de ma prison, je m'étais rendu compte que nous étions des centaines à croupir entre ces murs pour un crime souvent imaginaire, en attendant la mort (p.65)
Je ne connais pas de mots assez forts pour vous exprimer ma reconnaissance. Vous m'avez permis de garder le cap, et de ne pas flancher. Vous m'avez donné la force et l'expérience et vous continuez aujourd'hui à m'honorer en me lisant.
À mes enfants… Mes chéris que je n’ai pas vus depuis si longtemps. L’idée qu’ils vivent toujours, malgré les menaces qui pèsent sur eux, me réchauffe le cœur. Je donnerais ma vie dix fois si j’avais la certitude que cela pourrait épargner la leur. Je veux qu’ils soient heureux, qu’ils trouvent une paix qui les a quittés depuis que je suis emprisonnée. Je veux que, quoi qu’il arrive, ils parviennent à construire leur vie et à transmettre tout l’amour que je ressens pour eux. Ils sont comme des graines d’espérance et d’amour, dont j’espère qu’elles vont donner un jardin florissant.
J’ai appris ici que pour survivre il ne suffit pas de tenir physiquement. Parler, avoir des relations humaines, même fortuites, m’empêche sans doute de sombrer dans la folie. Je n’avais jamais réfléchi à tout cela auparavant, mais j’ai remarqué que les choses les plus ordinaires en liberté prennent une importance considérable dans mon quotidien cafardeux ici. J’avais sous-estimé tous ces petits riens qui rythmaient mes journées, comme d’aller acheter la farine à l’épicerie du village pour fabriquer de bons chapatis à ma famille.
Je n'ai rien fait de mal, je respecte l'islam mais des femmes s'en sont prises à moi parce que j'ai bu dans le même puit qu'elles Je suis chrétienne, mais j'aime mon pays musulman, et maintenant la justice veut me tuer, alors que je suis innocente. Après la dispute, j'ai été battue par une foule déchaînée, et les policiers m'ont jetée en prison. Le juge du tribunal de Nankana Sahib m'a condamnée à mort, mais je suis innocente. (p.101)
Quand on est chrétien au Pakistan, il faut bien sûr un peu baisser les yeux. Certains nous considèrent comme des citoyens de seconde zone.