Annie Lyons

Quand quelqu'un piétine tes rêves à coups de talons aiguilles de créateur, il n'y a pas grand monde qui soit capable de t'aider à te relever. Susie m'a quasiment sauvé contre mon gré, alors que j'étais au bord du gouffre. Il n'y a qu'une sœur qui puisse faire ça.

En fait, ma mère et Susie ensemble, c'est l'enfer, une espèce de reconstitution de notre adolescence: le croisement entre âge ingrat et ménopause. Genre quand Harry rencontre Sally, mais en pas drôle du tout et avec beaucoup plus de hurlements et d'engueulades.

J'ai accompli beaucoup de choses dans ma vie : je suis parvenue au sommet de ma carrière, j'ai gagné le respect de mes pairs, j'ai donné des conférences réputées dans le monde entier et j'ai participé à de nombreux dossiers d'envergure, mais tout ça ne signifie rien pour un gosse. Pour lui, tu es celle qui nettoie, qui joue, qui crie, qui aime et qui forme son univers, mais, en retour, nos enfants nous construisent, ils nous façonnent. Grâce à eux, on prend conscience de tas de trucs qu'on ignorait dur soi : de ses qualités comme de ses plus horribles defauts, mais en tout cas de vérités qu'il faut connaître et assumer.

j’ai toujours regardé la vie en face, mais quand on se retrouve confronté à la mort c’est une autre paire de manches. Parfois, je me sens étrangement calme. Au fond, on va tous mourir un jour. Mon heure va sonner plus tôt que prévu, c’est tout. A d’autres moments, je panique complètement et je ressens un chagrin immense à la pensée de toutes ces choses que je vais manquer. Tu vas peut-être te marier et avoir des enfants que je ne connaîtrai jamais ; mon cher Joe, si courageux, va devoir continuer la route tout seul et, pire que tout, mon merveilleux Sam, mon petit garçon si beau et si drôle, va grandir sans moi. Il deviendra un jeune homme bien, j’en suis persuadée, mais quand je prends conscience que je ne serai plus là pour le voir c’est comme si mon cœur se brisait en mille morceaux.

Parfois, la vie ressemblait à un long marathon où vous preniez le départ en même temps que tout le monde et couriez jusqu’à ce que, un à un, les autres concurrents se mettent à vous lâcher.

C’est terriblement fastidieux de mourir : on passe par d’innombrables crises de larmes, alors qu’on devrait profiter à fond des moments qui nous restent à vivre.

Dans ce monde où l’on n’a d’autre choix que de lutter ou de fuir, Lizzie avait toujours choisi cette dernière solution, par réflexe, mais on ne peut pas fuir la mort. On peut l’ignorer, la nier, la chasser de son esprit, mais on ne peut combattre son caractère inéluctable.

Leurs rapports sexuels à la va-vite devaient cadrer avec le retour des parents d’Alex : tout ça n’avait pas vraiment le parfum d’une romance érotique, mais pour Lizzie ç’avait été une expérience excitante et audacieuse. Comme un premier pas vers son statut de femme.

Avec les enfants on ne pouvait pas se contenter de rester dans le vague comme avec les adultes. Ils voulaient des réponses précises. Dans un sens, ça simplifiait les choses, mais ça l’obligeait aussi à quitter sa zone de confort.

Eh, faut tout essayer, dans la vie !