Citations de Amy Belding Brown (128)
Les rumeurs n'ont pas besoin de preuves pour enfler, lui rappelle-t-elle. Tout ce dont elles ont besoin, c'est d'une langue mauvaise et d'une oreille pour l'écouter.
Face à l'adversité, elle a choisi l'espoir, la curiosité et le courage :
la feuille assoiffée volant vers la pluie, le papillon de nuit guettant le monde à sa fenêtre, la fleur ne se refermant pas lorsque tombe le jour ....
« Le ciel est d’un bleu impie. Le vent a chassé les nuages lestés de neige, et le soleil levant flambe au- dessus du temple. L’odeur âcre de la poudre remplit l’air. Festonnée de neige fraîche, la palissade brisée est grande ouverte .. »
"Tu ne dois pas rendre visite à cette fille tant qu'elle n'a pas retrouvé son honneur."
[...]
"Tu as pris de grands risques en accouchant cette femme. Un contact supplémentaire te souillera. Nous souillera tous."
[...]
"N'y a-t-il donc en ce lieu aucune place pour la charité chrétienne ? demande-t-elle d'une voix basse et posée afin de ne pas menacer son autorité. La gentillesse n'est-elle pas un des fruits de l'esprit, après tout ?"
Le regard de son mari se durcit et sa mâchoire se raidit ; elle comprend qu'elle est allée trop loin. "Une femme n'a pas à décider de telles choses, déclare-t-il. Tu as une opinion bien trop élevée de toi-même. Ta fierté causera ta perte."
Elle sait que son mari a tous les droits de la corriger, mais cela lui déplaît, lui a toujours déplu.
La nature sauvage est devenue pour elle un lieu où règne la beauté, un lieu qui n'est plus seulement synonyme de danger, mais aussi de paix et de mystère.
Elle n'a jamais vu une femme s'occuper d'un enfant avec une telle tendresse. On lui a appris, alors qu'elle n'était elle-même encore qu'une enfant, qu'une femme doit se garder de se montrer trop affectueuse envers son bébé, au risque de mettre son âme en péril. Aussi a-t-elle toujours pris soin de limiter les marques de tendresse envers ses enfants en public.
Elle pense à son séjour dans la forêt non comme un calvaire, mais comme une aventure. Elle se voit comme l'occupante provisoire d'une terre étrange rentrée chez elle plus riche qu'elle ne l'était.
Elle est frappée par l'étrangeté de sa situation. Bien qu'elle soit captive, elle jouit d'une incroyable liberté de mouvement. Elle se souvient de l'époque où, à Lancaster, elle rêvait de franchir la porte de sa maison et traverser le champ toute seule. Rêvait de la liberté de se promener où et quand elle le souhaitait, affranchie des regards méprisants de ses voisins et des paroles réprobatrices de ses sœurs. Pourtant, elle s'était rarement aventurée seule au-delà de la cour, hormis lors de ses quelques visites secrètes à Bess Parker. Bien qu'aucune chaîne ni entrave ne la retînt prisonnière, elle avait tout d'une captive.
La servitude rend le coeur fielleux, le terrain de jeu favori du diable.
Jusqu'à présent, elle n'avait jamais observé que le désordre et la malveillance dans les terres sauvages. Comme sa mère et son père avant elle, elle a toujours cru que c'était un lieu abritant le mal et le danger. Pour la première fois, elle se sent captivée par sa beauté. Elle perçoit quelque chose de mystérieux et de saint tapi derrière le chaos apparent de la forêt.
Ainsi, vous voyez ce qu'il en est. Bien que les Nipmucs m'aient capturé, je peux marcher librement, car ils savent que l'esprit de l'homme est libre et qu'il se flétrira si on l'enferme. Mais les Anglais ne comprennent pas l'esprit, ils pensent qu'il peut être attaché et enfermé dans une cage.
"Les rumeurs n'ont pas besoin de preuves pour enfler, lui rappelle-t-elle. Tout ce dont elles ont besoin, c'est d'une langue mauvaise et d'une oreille pour l'écouter."
Elle n'a plus sa place parmi les Anglais. Ni un quelconque futur parmi les Indiens. (...) Elle est une femme sans peuple, sans réconfort ni refuge autre que celui de son propre coeur corrompu.
Chaque minute de plus que Mary passe dans cette ville nourrit les commérages. Elle sait - elle l'a toujours su - que le plus infime soupçon suffit à ternir la réputation d'une femme et qu'une fois celle-ci détruite, il est impossible de la reconstruire.
Elle se sent comme un oiseau qui se serait enfui de sa cage pour qu’aussitôt un chasseur l’attrape dans son filet et lui coupe les ailes.
Le mode de vie indien est en train de s’évaporer comme la brume matinale.
À présent, elle prend conscience que les arbres, les oiseaux, les nuages et les animaux possèdent un sens qui leur est propre, qui ne dépend en rien des activités humaines.
Chapitre 9
Une esclave. Le mot lui fait l’effet d’un coup de fouet. Elle pense immédiatement à Bess et à son amant, un esclave, à l’enfant qui lui a été arraché. Elle se souvient de Bess affirmant que l’esclavage était un mal terrible aux yeux de Dieu, ce à quoi elle avait répliqué que c’était au contraire la volonté divine. A présent, le jugement du Seigneur s’est abattu sur elle avec une punition taillée sur mesure. Elle-même réduite en esclavage, elle s’apprête à découvrir les rigueurs de cette vie.
Les Indiens lui semblent aussi inconstants que le vent, changeant impulsivement de comportement, pouvant passer de la violence à la charité en une seconde.
Depuis l'enfance, on lui a appris que l'amour appartient à Dieu, que l'amour des choses et des personnes est un des chemins les plus sûrs vers la damnation. C'est la raison pour laquelle Joseph l'a mise en garde contre la trop grande affection qu'elle pourrait ressentir envers ses enfants, la raison pour laquelle lui-même ne lui a jamais dit qu'il l'aimait. La raison pour laquelle il lui a interdit de jamais lui dire qu'elle l'aimait.