Je l'aimais assez pour ne vouloir que son bonheur, même si cela devait signifier la fin du mien.
Instantanément, Elena reconnut la mélodie et se détourna vivement de Caleb pour sortir de la piste.
Fuir. Fuir rapidement.
Voilà ce que lui criait son instinct, et il n’avait encore jamais failli. Mais Ethan fondait déjà sur elle, tel un prédateur. Elle se statufia sous la puissance de sa présence, ses traits figés et son regard braqué sur Elena. En moins d’une seconde, il fut près d’elle, sa main sur ses reins, joue contre joue.
Oh mon dieu !
Comme une biche prise dans les phares d’une voiture, elle ne pouvait plus bouger. Elle sentait chaque muscle de son corps contre le sien, son souffle chaud contre sa tempe et son odeur épicée typiquement masculine qui emplissait ses narines. C’était trop pour elle, trop d’émotions, trop de souvenirs, trop de lui. Elle pouvait encore sentir la sensation de ses doigts sur sa peau, de ses dents au creux de son cou et des mots doux qui lui susurraient jadis à l’oreille.
— Mon ange.
Sa respiration se fit irrégulière. La voix de la chanteuse démarra et leurs corps se murent naturellement et livrèrent leur histoire au fil des paroles.
"Tu n’es déjà plus à côté de moi, mon cœur,
Et dans mon âme j’ai seulement de la solitude,
Que si je ne peux te voir,
Pourquoi dieu m’a fait t’aimer,
Pour me faire souffrir plus.
Tu as été toute la raison de mon existence.
T’adorer était pour moi ma religion.
Dans tes baisers j’attendais,
La chaleur que tu m’offrais,
L’amour et la passion.
C’est l’histoire d’un amour,
Comme il n’y en a pas d’autre égal,
Qui m’a fait comprendre,
Tout le bien, tout le mal,
Qui m’a donné de la lumière dans ma vie,
En l’éteignant après.
Oh quelle vie si obscure.
Sans ton amour je ne vivrais pas."
On est une famille. Et une famille se protège. Envers et contre tout.
La mort est depuis longtemps une ombre quotidienne dans ces pays que je visite, et j’ai appris au fil du temps et à travers mon objectif, à m’en détacher. Je ne pleure plus ces enfants, dommages collatéraux de guerres qu’ils ne comprennent même pas, ces hommes qui croient défendre une idéologie ou une religion, ces soldats protégeant ardemment leur pays et leurs valeurs. Non, je ne les pleure plus. Je leur rends hommage à ma manière.
Les regrets te bouffent, mais les remords te briseront.
Un jour, quelqu’un m’a dit qu’il ne fallait jamais oublier qu’en musique le silence était partie intégrante de la mélodie, et que, bien souvent, il permettait de lui donner tout son sens, toute sa splendeur. Cette mélodie sublimée par le silence, c’est toi. Je peux accepter ces silences et ta colère, mais je ne veux plus être la cause de ta souffrance.
On dit que l'amour est passager, composé de courts moments renouvelables à l'infini. Pourtant, ce lien invisible qui nous unit n'a jamais disparu avec le temps, ne s'est jamais étiolé face aux épreuves de la vie. Il s'est simplement distendu, recroquevillé, dissimulé au fond de moi dans une partie à l'abri des regards.
« Dans l’océan de ses iris, je ne vois plus qu’une mer déchaînée, une tempête prête à éclater. Sa fureur me frappe, m’immobilise. Et sans que ça n’ait aucun sens, mon angoisse s’évapore, ma peur disparaît, mon agonie se tait, pour laisser place à un sentiment dérangeant, foudroyant. Le désir. »
On m’a dit une fois que les rencontres façonnent la personne que l’on est, laissent une trace plus ou moins importante sur notre cœur. Certaines restent dans votre vie, d’autres dans votre esprit. Puis, il y a celles qui disparaissent, tout simplement, mais leurs traces ne s’effacent jamais.
Au cours de ma vie, notamment lors de mes reportages, je pensais avoir tout vu de la noirceur du genre humain. Je me trompais lourdement. J'avais été la spectatrice des conséquences, jamais encore le témoin direct, la victime de ce fléau, du mal à l'était pur.