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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est beau, c'est bouleversant, c'est du Zweig dans tout son éclat. C'est un concentré d'humanité ce regard qui se pose sur un être d'exception, Jacob Mendel, petit homme juif de Galicie au physique ordinaire, mais si érudit, doté d'une mémoire prodigieuse, pour qui la vie commence et s'arrête au milieu des livres. Ses journées se passent, du soir au matin, au Café Gluck, à Vienne, juste avant la Première guerre mondiale, où il tient séance si quelque étudiant voire quelque spécialiste vient y chercher son expertise. Sa vie prend sens dès qu'une personne le sollicite que ce soit pour un livre, un récit, des recherches littéraires. Rien n'existe autour de lui, il vit dans son monde, plongé dans les bouquins, jusqu'au jour où la folie des hommes fait irruption dans sa vie.

Zweig nous offre une réflexion sur ces anonymes que nous oublions avec le temps malgré l'importance de leur présence qu'ils ont eue à nos yeux à un moment de notre existence. Mais le temps fait son oeuvre, les évènements s'enchaînent, et nous passons à autre chose sans nous soucier de ce qu'ils sont devenus.

Pacifiste, Zweig n'aura de cesse de montrer les ravages de la guerre qui détruit les êtres humains. On entre de plain-pied dans le tragique d'une destinée.

Cette nouvelle est extrêmement courte mais on retrouve l'écriture agréable, fluide, de l'auteur. Elle est à savourer même si elle nous rappelle la fragilité de nos vies.

J'y ai ressenti la même tendresse, la même sensibilité que chez Gary-Ajar dans « la Vie devant soi » bien que les récits soient totalement différents. L'un comme l'autre possède ce regard altruiste à l'égard de leur semblable, leur plume en est imprégnée et rejaillit sur le lecteur pour peu que ce dernier y soit réceptif.

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De toutes les nouvelles que j'ai lu de Stefan Zweig, celle-ci m'apparaît comme la plus touchante, la plus proche aussi de la sensibilité de Stefan Zweig qu'il révèle si bien dans : le monde d'hier.
D'abord, son univers, la Vienne pétillante, livresque, musicale de sa jeunesse. Avec le café, une institution viennoise si importante pour toute l'intelligentsia.
Le personnage de Mendel m'a immédiatement fait penser à un très grand ami de Zweig. Je veux parler de Josef Roth, qui hantera en dernier lieu le café Tournon à Paris, journaliste, écrivain, c'est un homme qui ressemble beaucoup à Mendel.
Un juif de Galicie, né aux confins de l'empire austro-hongrois, à quelques kilomètres de la Russie.
En tout cas, j'aime y voir un hommage à Josef Roth.
L'écriture de cette nouvelle est un pur délice mettant en avant une magie des mots et du verbe comme l'une de ces phrases:
" Car pour Mendel, tenir entre ses mains un ouvrage rare valait autant qu'un rendez-vous galant"
Stefan Zweig met beaucoup de lui-même, on le sent au détour d'une phrase come celle-ci
" tout ce que nos vies présentent d'original et de puissant est le fruit d'une concentration intérieure, d'une monomanie sublime apparentée par un lien sacré à la folie"
L'amour des livres chez Zweig était tellement puissant allié à sa passion de collectionneur d'autographes.
L'amour des livres mais aussi le message et la vocation des livres qu'il définit si bien dans la dernière phrase de la nouvelle
"on ne fait les livres que pour unir les hommes par-delà la mort et nous défendre ainsi contre les adversaires les plus implacables de toute vie : l'évanescense et l'oubli"

Tout est merveilleusement dit, je vous recommande la lecture de cette nouvelle pour tous les "amoureux" de Stefan Zweig et aux autres qui auront ainsi la chance de le connaître.
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"(...) les livres sont faits pour unir les hommes par-delà la mort et nous défendre contre l'ennemi le plus implacable de toute vie, l'oubli."

***

Surpris par une averse, un homme - le narrateur - se réfugie dans un café traditionnel viennois. 

L'extirpant de ses rêveries, une sensation étrange s'empare de lui. le décor a certes changé mais ce lieu ne lui est pas inconnu. 

"Quelque vestige de mon âme  d'autrefois gisait là,  caché comme une épingle dans la fente d'un parquet." 

*

Peu à peu, par réminiscence, le passé ressurgit. Il se souvient alors avoir rencontré ici même, dans le cadre de recherches estudiantines, un bouquiniste de renom à la mémoire faramineuse. 

Véritable encyclopédie humaine et "catalogue ambulant", Jakob Mendel abreuvait de son savoir bibliographique toute la capitale voire au-delà. 

Amoureux impénitent et monomaniaque des livres, nul autre objet ne trouvait grâce ou intérêt à ses yeux.

"Feuilleter un ouvrage rare procurait à Mendel  une jouissance délicieuse,  comparable à celle qu'éprouve l'amant qui caresse sa maîtresse. Ces instants étaient ses nuits d'amour platonique."

*

La table qu'il occupait chaque jour inlassablement est aujourd'hui vide. 

Qu'est-il devenu? 

Pour le savoir, rendez vous au café Gluck, Mme Chocolat vous contera non sans émotion le destin tragique de cette personnalité hors du commun.

"Mendel n'était plus Mendel, comme le monde n'était plus le monde."

*

Poète, dramaturge, romancier, nouvelliste, biographe, essayiste ou encore traducteur, Stéphan Zweig était sans conteste un homme de lettres accompli doté d'un talent aussi protéiforme que remarquable. 

Encore aujourd'hui, ses oeuvres interpellent, séduisent et rallient générations après générations de nouveaux lecteurs dont je fais partie. 

Style inimitable, écriture magnifique, psychologie des personnages finement ciselée,  cet auteur me fascine davantage à chaque lecture. 

Dans cette nouvelle parue en 1929, il explore avec acuité des thèmes multiples tels que la mémoire,  l'oubli, les ravages de la Grande guerre et l'amour dévorant des livres. 

La courte biographie présente en début d'ouvrage, constitue un apport des plus judicieux permettant de saisir avec force toute la portée de ce récit.

Entre les lignes transparaissent, le profond attachement de Stefan Zweig à Vienne, l'adoration de la littérature, la nostalgie du temps qui passe et efface, l'incompréhension, les meurtrissures de l'âme... L Histoire qui broie les Hommes. 

Grandiose et terriblement émouvant!

***

"A quoi bon vivre, si le vent emporte derrière nos talons la dernière trace de notre passage?"
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Magnifique texte !
Zweig pour l'instant ne m'a jamais déçue. Ce texte est un chef d'oeuvre. Court, magistral. Un lieu : un café de Vienne. Une époque : un peu avant et un peu après la première guerre mondiale. Et un personnage exceptionnel : Mendel, un bouquiniste capable de vous trouver n'importe quel livre, un bouquiniste à la mémoire fabuleuse, un bouquiniste qui ne vit que pour et par ses livres.... au point de ne pas voir la réalité du monde qui l'entoure, réalité qui va l'entraîner, réalité qui va le détruire...
On suit ce personnage attachant, on sent que l'histoire ne sera pas gaie et pourtant on espère....
Zweig est impressionnant : en quelques pages, il brosse un lieu, une époque, un personnage et on est complétement immergé. Il aurait pu faire un roman, il en a fait une nouvelle. Mais quelle nouvelle ! Pas un instant on a l'impression que c'est trop court. On est complètement pris par l'histoire, ses personnages, ce monde...
Vraiment un texte qui réussit à être poignant en quelques pages. Quel exploit ! Quel réussite !
Je ne peux que vous conseiller de rencontrer ce bouquiniste Mendel....
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Le Bouquiniste Mendel aux Éditions Sillage (est-ce que le B majuscule suggère qu'il pourrait s'agir d'un nom propre et non pas d'un nom commun ? .....) est une fable dont le personnage principal, Jakob Mendel, est un amoureux des livres, étranger à son temps et à son unité de lieu. Découvrez sa vie en 44 pages, je ne vous en dirai pas davantage !

Les thèmes de prédilection de Stefan Zweig sont au coeur de cette nouvelle : l'amour des livres, le temps qui passe, l'oubli, le comportement humain et l'injustice.

L'écriture est d'une telle pureté que l'on aimerait tourner les pages encore et encore.
Voici l'excellence littéraire !
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Vienne, fin de la Première Guerre Mondiale.
Un homme, surpris par une averse, entre dans un café du vieux Vienne. Cet endroit lui est bien connu, il sait qu'il est déjà venu mais n'arrive pas à se souvenir. Cela fait plus de vingt ans. Puis, comme un éclair, la mémoire lui revient. Il s'agit du café Gluck, quartier général de Jakob Mendel, un bouquiniste du coin qui y passait beaucoup de temps. Il aimait s'y attabler et délivrer des conseils sur les livres avec toute personne partageant sa passion.
Mais, aujourd'hui, Jakob Mendel ne vient plus. Qu'est-il devenu ?
"Jakob Mendel ! Comment avais-je pu l'oublier si longtemps, cet homme extraordinaire, ce phénomène, ce prodige insensé, célèbre à l'université et parmi un petit cercle de gens qui le respectaient fort - comment ne plus se rappeler ce magicien, ce prestigieux bouquiniste qui, continuellement assis là, tous les jours, du matin au soir, tel l'emblème de la connaissance, avait fait la gloire et la renommée du café Gluck !
Il me suffit de fermer les yeux une seconde pour regarder en moi-même, et aussitôt il apparut, éclairé nettement sur l'écran rose de mes paupières."
Jakob Mendel était homme passionné par ses livres, une bibliothèque vivante et tout le monde le connaissait. Il était tellement absorbé par ses ouvrages qu'il ne s'intéressait à rien d'autre. Les actualités, les journaux lui étaient complétement étrangers. Puis, en 1914, c'est la guerre.

Convoqué par la police, on lui a reproché des correspondances qu'il entretenait avec les pays ennemis. Arrêté puis envoyé dans un camp de concentration, il a basculé dans l'horreur, enfermé, maltraité, loin de ses livres, de ses repères et de son univers.

Une seule question demeure : qu'est-il devenu ? Où est-il ?

Cette courte nouvelle est publiée une première fois en 1929 sous le titre "Buchmendel". Stefan Zweig y évoque les conséquences de la guerre sur l'humain, un thème qui le touche profondément. A cette date, Zweig vit encore en Autriche, le nazisme ne s'est encore pas imposé dans le pays. Mais il arrive. Ce n'est qu'une question de temps. Il sera à son apogée quelques années plus tard d'où les années d'errance et l'exil de Zweig en Angleterre puis au Brésil où il finira sa vie prématurément.

J'ai beaucoup aimé l'écriture rythmée de cette nouvelle notamment grâce aux mots justes utilisés par le narrateur à l'évocation de ses souvenirs. Un beau texte, empreint de poésie.
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Quelle triste histoire que celle de Jakob Mendel...
Ce vieil homme, dont le narrateur se souvient soudain en entrant dans le même café que 20 ans plus tôt, avait pour habitude de venir s'y asseoir chaque jour.
Le café était devenu son bureau, son restaurant, sa poste, et il y recevait les étudiants qui avaient des livres à vendre ou une bibliographie à alimenter.
Le reste du temps, il lisait, se balançant doucement pour s'immerger totalement dans sa lecture.
Personnage à la mémoire fabuleuse lorsqu'il s'agissait de livres, il n'avait absolument aucune conscience du monde qui l'entourait.. et c'est ainsi que la police allemande l'embarqua un jour, surpris de ces cartes qu'il envoyait sans sourciller à des librairies en France et Angleterre, au plus fort de la première Guerre Mondiale.
Il fut envoyé au camp de concentration des civils russes car il était russe et clandestin, n'ayant jamais pris la peine de légaliser sa situation, et il en revint deux ans plus tard, profondément changé.

Comment un homme si inoffensif a-t-il bien pu se retrouver au coeur de cette brutalité? Zweig démontre ici toute l'absurdité, la violence et le despotisme de la guerre à laquelle il était farouchement opposé.
En parallèle, le portrait de cet homme hors de son temps, totalement absorbé par la littérature, est un bel hommage au livre. une belle elcture, courte, directe, et qui va droit au coeur.
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Un si petit livre (60 pages) mais tellement précieux.
Stefan Zweig nous donne encore ici, dans cette nouvelle, tout le talent de l'écriture, toute la profondeur des sentiments, toute la poésie de la narration.
Chaque phrase pourrait être reprise en citation tellement c'est bien écrit !

C'est l'histoire d'un être hors du commun, Jakob Mendel, véritable encyclopédie vivante, à la mémoire prodigieuse, qui n'a d'ambition que d'apprendre toujours plus sur les livres au point de devenir une référence pour les plus grands, savants, médecins, théologiens, étudiants. Ils viennent tous le voir.
et comment et pourquoi il finit sa vie si misérablement.

Ce petit livre est magnifique !
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le Bouquiniste Mendel est d'abord paru dans une revue en 1929, et la traduction française a été éditée dans le recueil de six nouvelles La Peur en 1935.

le narrateur, pour s'abriter de la pluie, entre dans un café de Vienne et quelque chose lui dit qu'il y est déjà venu. En voyant une petite table en marbre dans le coin d'une salle de jeu, il se remémore alors sa rencontre avec l'exceptionnel bouquiniste Mendel.Il apprendra par Madame Chocolat ce qu'il est advenu de lui.

Cette courte nouvelle de 42 pages est magnifiquement écrite par Stefan Sweig.
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Le narrateur se réfugie dans un café pour échapper à la pluie.
Saisi d'une impression de déjà vu, il est obligé de fouiller dans les tréfonds de sa mémoire pour faire resurgir le souvenir d'un homme qui a marqué les lieux autrefois.
Jakob Mendel, vieux Juif de Galicie, est un érudit en matière de bibliophilie. Grâce à sa prodigieuse mémoire, il est capable de vous proposer les titres, auteurs, maisons d'éditions et même le prix d'ouvrages traitant de tel ou tel sujet.
Dès 7h30 du matin, il est à son poste au café Gluck à Vienne et, sans être troublé le moins du monde par l'agitation ambiante, il lit, il lit, il lit avec une concentration exceptionnelle n'acceptant d'être interrompu que lorsqu'un étudiant comme le narrateur alors, ou un autre amateur vient solliciter ses connaissances avisées.
Mais la 1ère guerre mondiale survient et la vie de Mendel s'en trouve bouleversée.
Ce court récit tourne autour de l'amour des livres mais pas que. Il évoque aussi avec finesse les tours et détours de la mémoire : celle défaillante du narrateur, celle remarquable de Mendel, et la mémoire retrouvée autour de ce personnage hors du commun du bouquiniste. Enfin, Stefan Zweig évoque avec lucidité les dégâts collatéraux commis par la guerre qui va briser Mendel. Rédigé en 1929, j'y ai même vu une certaine clairvoyance quant aux années noires à venir en Europe de l'Est.
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