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Critique de Plumeetencre




"(...) les livres sont faits pour unir les hommes par-delà la mort et nous défendre contre l'ennemi le plus implacable de toute vie, l'oubli."

***

Surpris par une averse, un homme - le narrateur - se réfugie dans un café traditionnel viennois. 

L'extirpant de ses rêveries, une sensation étrange s'empare de lui. le décor a certes changé mais ce lieu ne lui est pas inconnu. 

"Quelque vestige de mon âme  d'autrefois gisait là,  caché comme une épingle dans la fente d'un parquet." 

*

Peu à peu, par réminiscence, le passé ressurgit. Il se souvient alors avoir rencontré ici même, dans le cadre de recherches estudiantines, un bouquiniste de renom à la mémoire faramineuse. 

Véritable encyclopédie humaine et "catalogue ambulant", Jakob Mendel abreuvait de son savoir bibliographique toute la capitale voire au-delà. 

Amoureux impénitent et monomaniaque des livres, nul autre objet ne trouvait grâce ou intérêt à ses yeux.

"Feuilleter un ouvrage rare procurait à Mendel  une jouissance délicieuse,  comparable à celle qu'éprouve l'amant qui caresse sa maîtresse. Ces instants étaient ses nuits d'amour platonique."

*

La table qu'il occupait chaque jour inlassablement est aujourd'hui vide. 

Qu'est-il devenu? 

Pour le savoir, rendez vous au café Gluck, Mme Chocolat vous contera non sans émotion le destin tragique de cette personnalité hors du commun.

"Mendel n'était plus Mendel, comme le monde n'était plus le monde."

*

Poète, dramaturge, romancier, nouvelliste, biographe, essayiste ou encore traducteur, Stéphan Zweig était sans conteste un homme de lettres accompli doté d'un talent aussi protéiforme que remarquable. 

Encore aujourd'hui, ses oeuvres interpellent, séduisent et rallient générations après générations de nouveaux lecteurs dont je fais partie. 

Style inimitable, écriture magnifique, psychologie des personnages finement ciselée,  cet auteur me fascine davantage à chaque lecture. 

Dans cette nouvelle parue en 1929, il explore avec acuité des thèmes multiples tels que la mémoire,  l'oubli, les ravages de la Grande guerre et l'amour dévorant des livres. 

La courte biographie présente en début d'ouvrage, constitue un apport des plus judicieux permettant de saisir avec force toute la portée de ce récit.

Entre les lignes transparaissent, le profond attachement de Stefan Zweig à Vienne, l'adoration de la littérature, la nostalgie du temps qui passe et efface, l'incompréhension, les meurtrissures de l'âme... L Histoire qui broie les Hommes. 

Grandiose et terriblement émouvant!

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"A quoi bon vivre, si le vent emporte derrière nos talons la dernière trace de notre passage?"
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