"La porte n'existait que pour moi" constate, effaré, François Laplante, un "vieux garçon" jadis interné, qui trop curieux,lors d'une visite d'un musée de Montréal, tel un passe-muraille passe par le trou d'un mur (d'où le titre:
le trou dans le mur), suit un corridor et se retrouve face à un tableau (style Toulouse Lautrec) dont les personnages du bar vont, à tour de rôle, confesser leur mort violente,leurs dérives ou leurs crimes.
"Hallucinations d'alcoolique"ou quatrième dimension?
A moins que nous ne soyons au purgatoire entre enfer du passé et paradis de l'avenir? Car ces fantômes, sortis d'un noir polar américain des années 50,tirent vers le blanc héroïne ou le gris pègre que vers la pureté d'une âme immaculée!Galerie de portraits hauts en couleurs avec accent canadien à couper au couteau: Gloria-Star chanteuse "nymphomane, fanfaronne,impulsive et ambitieuse dont le manque de jugement a été fatal; Willy Ouellette homme grassouillet qui a été étouffé par son harmonica; Valentin Dumas un "vieux beau" professeur de conservatoire grand amateur de poker dont le zozotement provoqué a interdit les rôles; Jean-le-décollé moine défroqué, travesti prostitué au grand coeur y a laissé sa tête; Tooth-Pick le sadique bras-droit de Maurice (le maître absolu de la petite pègre") haineux et haï a eu un diabolique cadeau d'anniversaire pour ses 50 ans.
L'irrationnel,l'absurde et la distorsion du temps sont au rendez-vous comme dans
Alice au pays des merveilles de
Lewis Caroll. La vengeance rappelle celle de
le crime de l'Orient-Express d'
Agatha Christie.Les confessions où chaque mort relate ses gros pêchés m'a évoqué
Huis-clos de
Jean Paul Sartre, car
Michel Tremblay s'interroge sur le sens de la vie et les suites de la mort.
Mais le style polar noir, avec psychopathe, a une pâte unique signée
Michel Tremblay dont l'écriture imagée donne du relief au récit (ex:la mort fait son "job de tueuse" en riant).
Le côté fantastique est omniprésent, puisque François Laplante, se croyant dans
La Peau de chagrinDe Balzac ou dans le portrait de Dorian Gray, voit le monde changer de couleurs autour de lui.
Malgré le trop plein de violence de certaines tortures et la cruauté d'un certain tortionnaire supplicié,
l'imagination fantastique de
Michel Tremblay (auteur prolifique) est à souligner!