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Jean-Charles Khalifa (Traducteur)
EAN : 9782381961156
512 pages
Monsieur Toussaint Louverture (20/01/2023)
4.05/5   28 notes
Résumé :
Il a appris la vie à la dure, son passé brûlerait les doigts de n'importe qui. Entre sa mère qui finit ses jours en taule, et ces saletés de guerres qui lui ont balancé au visage toute l'insoutenable dureté de l'être, le retour à la normale est impossible. Il fait partie de ceux qui portent en eux la malédiction de leurs origines. Mais loin d'abandonner, il va se battre pour préserver un petit noyau de fierté qui palpite en lui. Peu importe ce que cela coûte, les jo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Trois ans, putain trois ans !

Trois ans qu'on attendait la suite et la fin de la vie épique de Jarl Catlin Carlson. Et quand on sait le choc de lecture que fut pour moi Un jardin de sable puis Tatoo de Earl Thompson, le temps fut très long avant la sortie de Comprendre sa douleur, toujours traduit par Jean-Charles Khalifa.

Ce 3e tome est celui d'une certaine maturité pour Carlson, jeune divorcé de 23 ans de retour de Corée. Après avoir végété encore quelques temps dans l'armée puis tenté une reprise d'études universitaires, la voie de l'écriture s'impose à lui. Par le journalisme d'abord. Puis par la conviction de sa destinée d'écrivain.

Une maturité relative, toujours marquée d'instabilité chronique. Mais consciente : « Je suis passé de la peur et du ressentiment au bonheur d'un seul coup d'un seul. Mais il faut que tu comprennes une chose : il y aura toujours quelque chose qui me tourmentera régulièrement, quel que soit mon bonheur ».

S'il est un peu moins furieux – mais pas apaisé - que les deux précédents, ce dernier opus nous replonge quasi instantanément dans l'envoûtante atmosphère de l'univers de Thompson, faite de chaos, de violence, de sexualité déchaînée pour autant de tourments irrésolus.

« Je suis une espèce de salopard congénital. Je le sais, et j'essaie de travailler là-dessus (…) Mais je passe mon temps à me rappeler d'où je viens, où je suis passé, ce que j'ai fait, et j'ai l'impression d'être un nègre blanc qui trompe une société qui ne soupçonne rien ».

Si Carlson trouve avec Caroline une forme d'apaisement, ce n'est que pour mieux le fracasser délibérément dans la foulée, inapte à toute forme de confort, courant vers son destin d'écrivain qui se dessine. Non sans mal…

Car se voulant désormais écrivain, il va jusqu'à imaginer qu'il sait naturellement écrire. Sauf que « ce qu'il avait écrit, c'était à chier, et la douleur de cette découverte le grignotait de l'intérieur ».

C'est à New-York, toujours auprès d'une femme, que le tournant s'opèrera : « C'est alors que Carlson comprit ce qu'était l'écriture : un individu qui appréhende la vie au prisme de ses propres points de vue, de ses sentiments, de ses idées et de ses pensées, et ce aussi honnêtement que possible ».

Avec ce dernier tome, Thompson clôture une trilogie de grande tenue et fait de Carlson un grand personnage de la littérature américaine, aussi inoubliable que le Bandini de Fante. C'est dire l'hommage de ma part ! On se précipite, bien sûr !
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Après Un Jardin de Sable et Tatoo, (même éditeur) ce roman achève la trilogie posthume largement autobiographique d'un des auteurs les plus originaux de la littérature américaine.
Malmené durant sa jeunesse, Jarl Carlson s'était engagé dans l'armée au début des années cinquante, direction la Corée pour une drôle de guerre. Démobilisé après un coup de gueule salutaire, Jarl devient étudiant et travaille dans un hôpital psychiatrique. Viré de l'université il part pour Chicago, reprend des études de lettres tout en besognant comme aide-soignant, séduit une jolie divorcée et finit par obtenir un emploi de reporter dans un petit journal. Jarl a enfin trouvé sa voie professionnelle même si rien n'est facile dans cette époque un peu trouble de la fin des années cinquante.
Foncièrement indépendant, taraudé par des émotions contradictoires, sentimentalement instable (mais sexuellement très actif), Jarl impressionne par sa capacité à rebondir tout en conservant ses propres principes, par son insatisfaction permanente qui le conduit à quitter une femme qu'il aime et par sa volonté inaltérable d'écrire.
Moins misérabiliste et moins marqué par la violence et le désespoir qu'Un jardin de sable et Tatoo, ce dernier opus est tout entier tourné sur l'objectif ultime de Jarl : devenir écrivain ! Adepte de l'écriture qui vous coupe le souffle et des phrases qui décoiffent, Earl Thompson reste un ovni littéraire à découvrir absolument !
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Jarl Carlson a fait son trou confortable, trop confortable, dans l'armée, et il s'y ennuie, devenu secrétaire d'un général dans une base militaire. Il parvient, avec toute sa bonne volonté, à se faire remercier, va enchaîner les petits boulots – dans un hôpital psychiatrique, quelques premières armes dans le journalisme –, en même temps que des études universitaires, qui ne se termineront pas pour le mieux, avant de s'arrêter, enfin, plus longtemps, à Chicago. Il y rencontrera ce qui ressemble le plus à de l'amour pour lui en Caroline, médecin qui travaille dans l'hôpital où il est lui-même aide-soignant, et trouvera enfin sa vocation, après avoir perduré dans le journalisme, avec la littérature. La bougeotte, et l'instabilité émotionnelle, professionnelle, revenant, l'apprenti écrivain aura bien, encore, du mal à trouver sa place dans un monde qui ne lui a que rarement fait de cadeaux.

Dernier roman de l'apaisement, somme toute relatif, dans tous les cas de la maturité, tant pour le protagoniste que pour le romancier, Comprendre sa douleur est beaucoup plus doux et posé que les deux précédents, bien que les doutes, les envies de fuite qui ont toujours étreint Carlson, perdurent, pour le meilleur comme pour le pire. du fait de son enfance chaotique, de son adolescence et de son début de la vie d'adulte sous des drapeaux pas les plus adaptés, il reste dans l'incapacité de se contenter de ce qu'il a, ayant toujours le besoin de saborder, à un moment ou un autre, ce qui lui arrive de bien, jusqu'à ce que la littérature devienne, envers et contre tout, sa planche de salut, son point de stabilité existentielle.

Une conclusion que j'attendais avec impatience, que j'ai appréciée autant que les deux tomes précédents, mais pas pour les mêmes raisons : l'on entre en effet dans un roman peut-être plus académique, moins brut de décoffrage – l'existence d'Earl Thompson lui-même, et de son personnage alter-ego, étant elle-même plus moralement convenable –, mais qui n'en reste pas moins écrit avec les tripes et la sincérité habituelles, qui ne peuvent qu'être, encore et toujours, foncièrement touchantes. L'on sent à la lecture ce qu'a demandé comme introspection, comme abnégation, comme questionnement sur soi et sur la création littéraire, l'écriture de cette trilogie en partie autobiographique, et l'on se le prend, vraiment, en pleine poire.

Lecture débutée il y a trois ans avec Un jardin de sable, je garderai longtemps le souvenir de cette trilogie, du petit Jacky qui, en s'émancipant de la misère familiale et des déterminismes sociaux qui en incombent, par pugnacité, malgré les coups du sort, subis ou provoqués , deviendra un brillant écrivain, qui ne prend pas de gants pour raconter l'irracontable.
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Devenue une inconditionnelle d'Earl Thompson grâce à Un jardin de sable, qui est l'un des plus beaux romans que j'ai lus, ce troisième volet paru dans cette magnifique édition Monsieur Toussaint Louverture, me maintient attachée à cette écriture. J'aime le style sans fards d'Earl Thompson, la brutalité de son ton et des émotions qu'il décrit.
Le héros de Comprendre sa douleur est plus apaisé que dans les 2 romans précédents, bien que ses démons restent entiers. Mais comment ne pourrait-il être habité, après l'enfance et l'adolescence qu'il a vécues ?
J'ai trouvé ce dernier volet nettement moins noir que les précédents, ce qui me le rend d'autant plus précieux qu'il retrouve une forme de normalité si tant y est qu'il existe une ligne de vie. Il m'a bien moins heurtée mais forme une admirable clôture.
Je m'étonne des critiques portant sur l'inaction de ce livre, parce qu'il ne m'a jamais semblé qu'il s'agissait de romans d'aventure ou d'action mais bien au contraire d'un récit de vie, qui prend sa réalité dans la manière dont elle nous est racontée, plutôt que dans ses faits.
Earl Thomson nous a dépeint les meurtrissures de l'enfance dans Un jardin de sable, la quête d'échappatoire de l'adolescent dans Tattoo et la rencontre de soi de l'adulte dans Comprendre sa douleur.
Il est difficile d'aimer plus lorsqu'on aime passionément comme ce fut mon cas avec Un jardin de sable.
Je n'attendais pas d'être davantage transcendée, au risque d'être dans une surenchère irréaliste. En revanche, j'avais besoin de "quitter" proprement ce personnage si marquant. A cet égard, c'est un très beau roman, admirablement traduit.
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Et de trois !
Après le jardin de sable et Tattoo, la trilogie d'Earl Thomson s'achève sur une vision positive, celle de l'homme achevé, enfin réalisé, s'il ne remet pas tout en question après le mot fin. L'adulte qu'est devenu Carlson ne trouve pas vraiment l'équilibre. Il est sorti de ses vieux démons mais garde une instabilité profonde. Il cherche qui il est vraiment, il construit petit à petit un itinéraire intellectuel, s'aperçoit que l'écriture lui plaît, que son exigence est grande, au delà des jobs qu'il trouve et...abandonne. "Où que je sois, j'ai toujours l'impression que je devrais être ailleurs. "
La phrase lui correspond, nomade éternel jusqu'à la fin. Les femmes l'aiment et lui, l'amoureux, les gâte, les déçoit, les rend malheureuses. Il ne peut se fixer, il les quitte, l'une après l'autre. Il se torture, crée les conditions de ses propres galères, à un moment où l'on croit qu'il est "casé". Lui, jamais satisfait, d'un égoïsme fondamental, celui de la survie à tout prix, face à un tourment existentiel. Ce tome est plus calme que les précédents, moins violent. L'écriture n'en reste pas moins très imagée et crue. L'homme Carlson fait sa mue dans la douleur, sans concession, d'une sincérité jamais prise en défaut dont on pardonne volontiers les maladresses.
Le personnage de Carlson est rentré au Panthéon de ces anti-héros dont la littérature américaine nous a gratifié depuis deux siècles.
Le loser magnifique prend sa revanche et croque la vie...en attendant d'autres questionnements.
"Tout ça pour ça" pourrait-il dire après avoir fait le tour de son triomphe au bras de sa belle.
Lisez les trois tomes et encore merci à Monsieur Toussaint Louverture pour ses ouvrages soignés et ses choix judicieux.
A lire
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critiques presse (1)
LeFigaro
16 juin 2023
Le point final d’une trilogie autobiographique sur les pas de Kerouac.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
- Dehors? Très chère, il y a des chats... et des rats d'hôtel qui rentrent dormir, des flics qui essaient de voler quelques instants de sommeil dans une voiture à un coin de rue, toutes sortes de créatures errantes ou perdues, des ivrognes, des laitiers. Et des petits livreurs de journaux, si ça se fait encore, qui planifient leur itinéraire. Des violeurs et des assassins qui rentrent épuisés de leur nuit de boulot. Des voyageurs de commerce qui arrivent en ville, en se disant que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, et qui cherchent qui un petit remontant, qui un bain, un petit coup de rasoir, un grand coup d'after-shave sur les joues, et à nous deux Chicago!
-On y va quand même. J'ai envie qu'on fasse des trucs dingues, toi et moi, des trucs amoureux, romantiques.
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Il y a une phrase dans l'autobiographie de Woody Guthrie, En Route vers la gloire, qui dit à peu près: « Où que je sois, j'ai toujours l'impression que je devrais être ailleurs. »> C'est exactement ce que ressentait Carlson. Le pourquoi de cet état de fait, en revanche, était un mystère.
...
-Non. Franchement, je ne comprends pas du tout, sanglota-t-elle à son tour. T'as quelqu'un d'autre?
-Bon Dieu, non! Je t'aime. Y a personne qui a jamais compté comme toi, personne qui m'a donné envie, dans ma tête, dans mon cœur, vraiment envie d'être comme les autres, droit et sincère... même dans l'hypocrisie...
-Arrête, merde! hurla-t-elle en le giflant très fort. J'en ai marre, de ces conneries! J'en ai marre, d'entendre ça! Toi et moi ! C'est de ça qu'il s'agit! Toi et moi.
- Mais on vit pas sur une île déserte, expliqua-t-il. C'est jamais juste toi et moi.
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On peut toujours battre des ailes contre les barreaux de sa cage, se cogner la tête au mur invisible de sa prison, se débattre à l'aveugle, de toutes ses forces, jusqu'à être couvert de sang, jusqu'à ce que chacune de vos armes soit brisée, ou bien on peut livrer sa bataille calmement et méthodiquement, en choisissant son chemin.
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Vidéo de Earl Thompson
Dans les années 70, Earl Thompson a vécu en France.
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