Faut-il en finir avec les contes de fées ?

Lisant la plupart des titres de la collection ALT, les mots clés captés au survol de la quatrième de couverture suffirent à me convaincre. Je dois avouer que je ne m'attendais pas à ce contenu !

Difficile pour moi d'adhérer pleinement à ce plaidoyer, passionné, pour les contes de fées, tant ces récits m'ennuient.
Jennifer Tamas invite à les redécouvrir en relisant ceux dont on pense le sens "verrouillé" d'une part, et en se penchant particulièrement sur les versions écrites par des femmes d'autre part.
À grand renfort d'exemples, elle met en avant l'actualité des thématiques et/ou des points de vue abordés dans ces histoires traversant les époques et les frontières. le consentement et le genre apparaissant comme les deux grands axes - mais pas les seuls.
Le format du livre oblige l'autrice à avancer à grandes enjambées et parfois la forme est un peu éclatée.
Au final, elle plaide pour une appropriation par chacun·e des contes de fées, pour mieux vivre-ensemble. Rien que ça !

Le petit tacle à l'interprétation psychanalytique fait toujours plaisir. Même si Bettelheim se trouve dans la bibliographie.

Le propos de Jennifer Tamas n'est pas inintéressant, certains exemples sont frappants, mais le pouvoir dont elle investit les contes me semble disproportionné.

À une interrogation totale, le questionné répond par oui ou par non. C'est un fait. À la question posée en manière de titre à « Faut-il en finir avec les contes de fées ? », la réponse est, assurément et instinctivement, non ! Ou… oui ! C'est selon ! Mais si l'on répond oui, alors on prend le risque de ne pas (ne plus !) considérer les richesses indéniables, le pouvoir fédérateur voire magique des contes ainsi que les discussions et interprétations infinies qu'ils permettent. « Parce que les contes de fées sont des récits matriciels qui déplient intimement les questionnements humains, leur structure profonde est riche et indispensable ». Ils sont une matière vivante dont on ne parvient jamais à épuiser le sens et dont la puissance tient à l'impossibilité de circonscrire une fois pour toutes leur sens. L'autrice s'appuie ainsi sur divers contes connus de beaucoup comme Cendrillon, La Belle et la Bête ou encore le petit Poucet, etc. pour nous inviter à y voir plus loin que le bout de notre nez. Elle précise notamment le fait que, malgré les interprétations patriarcales qui en sont faites, ces histoires sont souvent portées par des personnages féminins qui refusent les carcans de la société, (quand elles sont écrites par des femmes). Justement, les contes de fées nous aident à la penser, cette société. Et bien qu'ils soient souvent pleins de « cruauté et de noirceur », ils n'en demeurent pas moins bourrés de trésors d'humanité que nous portons en chacun de nous. Ainsi, au titre volontairement provocateur, l'autrice répond par un vibrant hommage et un éloge percutant et univoque de ces histoires jadis racontées au coin du feu, aujourd'hui encore contées de génération en génération avec un plaisir sans cesse renouvelé, qui nous invitent à réfléchir sur nous-mêmes.

Les contes sont morts !? Vive les contes !