Maudites sirènes de la notoriété ! J'avais fui, il y a quelques années,
La familia grande de
Camille Kouchner, effrayée par le poids médiatique d'un sujet beaucoup trop intime, selon moi, pour être exposé sur la place publique.
Neige Sinno a mon respect et ma compassion. Nul doute que son drame personnel est de ceux dont on se remet peu ou mal.
Mais je m'interroge.
Qu'est-ce que la littérature si ce n'est l'art le plus à même de forger une esthétique, un savoir, un voyage à destination d'un patrimoine universel?
Lorsque le sujet n'est plus que le "Je" de l'auteur, il s'installe immanquablement un rapport au lecteur de l'ordre de l'intimité qui tend au voyeurisme lorsque ce "je" se dénude et s'offre dans ses tourments les plus sordides.
Il me semble évident que l'auteure a utilisé ces pages pour tenter un exorcisme. Cela a t'il apporté aux victimes? Je le souhaite.
Cela m'a t'il apporté quoi que ce soit ? Non, hormis un intense et désagréable malaise.
Ce texte peut et doit avoir sa place dans des travaux thérapeutiques, dans des sphères où ces mots panseront les plaies des petites victimes de pédophiles.
Décerner le prix Femina, ou le Goncourt des lycéens à ce livre n'est-il pas faire injure à son propos en faisant d'une confession un roman?
Ala page 55 (sur ma liseuse), l'auteure affirme ne souhaiter que très peu de lecteurs. Sans doute à t'elle dû être aussi effondrée que surprise tant son sujet collait à l'air du temps et emportait l'unanimité!
Je n'ai pas réussi à finir le livre, trop désarçonnée et par le style et par cette mise à nu, prise d'une nausée qui ne devait tien à
Sartre.
Je sais que je risque l'anathème par ces propos tant l'adhésion des lecteurs est quasi totale. J'espère mes mots doux et sans jugement sur le fond.
Mais de grâce, que les jurés des prix littéraires cessent de surfer sur les réseaux sociaux et les profils de vente pour enfin faire leur job et récompenser ces tâcherons de la Littérature qui oeuvrent sang et encre pour offrir des pages immortelles et universelles, gravant de nouvelles balises sur ce chemin magique, et ainsi corroborer cette merveilleuse phrase de
Pessoa: " La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas.".