Une déception qui soulage.
A lire les éloges sur le témoignage bouleversant de l'auteur, j'avais hâte de me plonger dans son récit et en même temps j'étais un peu réticent à l'idée de basculer inévitablement dans une crise lacrymale.
Suite au pathétique « mea-culpa » de
Houellebecq ((bien plus insupportable que la dernière crise existentielle de
Beigbeder) et à «
L'Adversaire » d'
Emmanuel Carrère dont la pénurie de ponctuations et surtout de virgules rend la lecture de l'ouvrage extrêmement pénible, j'étais vraiment enthousiaste d'inhaler enfin «
son odeur après la pluie* » et de retrouver, du moins j'en étais convaincu, une écriture aussi sincère que légère.
Dès les premiers mots, j'ai su que je n'y arriverai pas et je n'ai effectivement pas pu aller au-delà de la vingt-et-unième page.
J'avais encore une fois imaginé des phrases simples, fluides et peut-être un peu poétiques, et j'ai été giflé par une fatuité stylistique ainsi qu'un oubli fondamental : un désintérêt total pour la compréhension du lecteur lambda que je suis.
Ce ne sont pas forcément
les mots que je trouve inadaptés, mais leur utilisation et surtout cette volonté d'inventer une nouvelle texture aux phrases ou de les transformer en une succession de charades. Je dois ainsi les relire au moins trois fois sans forcément réussir à trouver la solution - Au point où je me suis mis à paniquer et à m'interroger sur ma santé mentale. Serais-je touché par un Alzheimer Précoce ? Un cancer du cerveau ?
Juste un exemple de mon ultime effort (p 21) - En exprimant son désir d'aller voir le chiot en question : « Si mon fourgon blanc prend la direction de là-bas, ce ne sera pas pour voir si ce n'est pourvoir un réel déjà bien garni de ses bonheurs et de ses manques. »
Bien évidemment, on arrive (peut-être) à comprendre la phrase, mais il y a toutes ces tentatives comme « voir/pourvoir » et ces « ses » à la place de « mes » qui rendent immédiatement le texte capricieux et ennuyeux (le « ses » appartient vraiment au chien ou à l'auteur qui s'exprimerait donc comme
Alain Delon ?)
Je ne prendrai donc pas le risque de poursuivre jusqu'à la réception du chiot et de me heurter à toutes ces fabrications inutiles, surtout lorsqu'elles aborderont ce lien merveilleux, cette complicité si extraordinaire, tellement irréelle qu'elle se passe de mots.
Peut-être que je me trompe, que l'auteur, dans un sursaut de vérité et d'humilité oubliera sa « transformation en écrivain » et qu'au fil des pages, les phrases s'éclairciront par la pureté de l'émotion…
Je crains trop que non - et en réalité cela m'arrange, car je ne veux ni qu'on « me vole » que l'on détruise, saccage cet amour universel dans un déluge égotique,
ni de devoir affronter cette réalité d'une fin qui annoncerait également la mienne. En fait, j'espérais que cet ouvrage allait pouvoir déjà m'aider à supporter le pire, mais c'est un échec dans les deux cas, celui de cette lecture et de mon incapacité encore à imaginer le départ de l'être qui me fait devenir meilleur et valide mon existence chaque jour. Remarquez… j'en ai encore de très beaux devant moi (il n'a que deux ans🐾) avant d'entamer une série de stages intensifs sur la
résilience.
J'ose écrire cet avis aussi par altruisme 😉 afin de déculpabiliser peut-être la deuxième (?) personne qui n'aurait également pas pu dépasser ces quelques pages pour les mêmes raisons, ou presque.
Et je me permets la requête suivante : Echanger ce livre pour le/la plus aguerri(e) d'entre vous, contre une auto-fiction sur la rédemption réussie d'un agnostique, d'une rencontre qui va changer une vie, sur un aveu etc… tout ceci rédigé d'une façon très simple, non maniérée - quelque chose entre une biographie d'
Ophélie Winter et celle de
Sartre… vous voyez ?
Cela peut être aussi un
Bukowski … je n'en ai jamais lu.
Merci beaucoup