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EAN : 9782021485974
336 pages
Seuil (02/09/2021)
4.33/5   84 notes
Résumé :
" Les questions économiques sont trop importantes pour être laissées à une petite classe de spécialistes et de dirigeants. La réappropriation citoyenne de ce savoir est une étape essentielle pour transformer les relations de pouvoir. "
T. P.

En présentant l'évolution en longue durée des inégalités entre classes sociales dans les sociétés humaines, Thomas Piketty propose une perspective nouvelle sur l'histoire de l'égalité. Il s'appuie sur une c... >Voir plus
Que lire après Une brève histoire de l'égalitéVoir plus
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ROUGE

Thomas Piketty nous entraine sur les pas de l'égalité... enfin sur ceux de l'inégalité. Selon lui, et franchement il n'a pas tort, l'humanité est en marche depuis des décennies vers plus d'égalité.
On pourrait voir cette histoire de l'inégalité dans plusieurs domaines, ici c'est l'économie qui prime... et vas-y balance-moi tes chiffres et tes graphiques (et à mon grand désespoir, je suis plus lettres que chiffres et j'aime pas les dessins en bâtonnets ni le poisson d'ailleurs).
Femmes, classes ouvrières, esclaves, pays du Sud, c'est pas la joie, mais ça commence à aller mieux pour nous.
Thomas Piketty va prendre plusieurs groupes sociaux, et plusieurs indicateurs économiques (PIB, richesses détenues, budget alloué à l'enseignement,...) pour nous démontrer qu'il y a une belle évolution. Souvent il va prendre comme référence 3 groupes "économiques" : les 50% les plus pauvres, les 40% suivants et les 10% les plus riches pour nous démontrer cette évolution.
L'évolution vers l'égalité au niveau mondial est une utopie qu'aimerait atteindre l'auteur qui se définit lui même comme socialiste démocrate (et qui définit la Chine comme une dictature socialiste). Il donne d'ailleurs des pistes pour redistribuer la richesse (façon rouge sang).
Maintenant, moi qui vit dans une contrée rouge depuis des décennies (la Walbanie ou Wallonie), et qui suis taxée sur mon revenu à plus de 50%, et qui suis plutôt du côté obscur (heuuu non) libéral de la force, je me dis que Thomas il fume quand même pas mal la moquette s'il pense que l'on va se laisser berner par le Communisme. Oui parce que voilà, lui, il rêve d'un bon vieux communisme (même s'il ne le dit pas). Mais il suffit de prendre l'histoire à témoin, l'URSS, la Chine, La Corée du Nord, Cuba, c'est loin d'être des paradis d'égalité !

Bref, l'égalité, c'est beau sur papier, et on tend vers plus d'égalité, c'est indéniable, mais l'humain est-il fait pour l'égalité ?

On lit ce livre si on n'est pas rebuté par les chiffres et l'économie,
On ne le lit pas si on a envie de passer un bon moment de détente (et là on prend plutôt le dernier Minier ou Perrin selon son humeur),
On lit ce livre si on est socialo-coco et à gauche toute,
On le lit aussi si on est de droite, certainement si on est comme moi sur la limite gauche de la droite avant d'atteindre le centre,
On lit ce livre si on a envie d'appréhender la marche du monde d'un point de vue économique,
On ne le lit pas si on en a rien à kicker de ce qui nous entoure et du jeu dans lequel on joue.

Parce que même si je ne suis d'accord avec les solutions proposées par l'auteur, c'est quand même une fameuse mine de connaissance qui permet de mieux voir le monde tel qu'il est.
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Thomas Piketty est un représentant typique de l'idée (ou de l'idéologie) du progrès. Il fait valoir dans sa « brève histoire » le schème d'un mouvement continu, ascendant de l'égalité, un schème qui certes donne un rôle aux crises et aux conflits mais sans qu'on sache ni la nature, ni l'importance, ni même la nécessité ou la contingence de ces derniers. Il existe pour lui un mouvement de long terme qui va vers plus d'égalité. La thèse du progrès social (de son inéluctabilité, de sa positivité) est une composante de la tradition socialiste toute entière que l'auteur fait ici sienne.


Nous vivons pourtant aujourd'hui, pour reprendre une expression de Georges Canguilhem, « la décadence de l'idée de progrès » . Antonio Gramsci et Walter Benjamin ont impitoyablement critiqué l'idée de l'histoire, à l'oeuvre dans les phases de régression du mouvement social, comme une téléologie, qui pose le temps comme linéaire, irréversible et positif. Dans les « Cahiers de prison », le premier décrivait l'économisme comme un fatalisme au moyen duquel les socialistes se forgent une vision du monde subalterne qui fait de l'émancipation la conséquence inévitable du développement des techniques ; le second, dans ses thèses de 1940, « Sur le concept d'histoire » , parlait d'un historicisme qui est la tentative vaine de reprendre au compte des opprimés la vision continue et cumulative, caractéristique des dominants ou des vainqueurs assurés de « nager dans le sens du courant ». Ces descriptions touchent incontestablement juste en ce qui concerne la « brève histoire ».


Les progrès historiques en matière de santé, d'éducation et de revenu mis en avant au début de l'ouvrage ne sauraient masquer la durable persistance des inégalités. C'est en effet un leurre. La progression d'ensemble naturellement n'implique rien de systématique en ce qui concerne les rapports entre les groupes sociaux, les pays. L'égalité suppose évidemment la comparaison entre plusieurs termes et ne serait concerner le tout. L'espérance de vie dans le monde, passée de 26 ans au début du XIXe siècle à 73 ans aujourd'hui, ne dit ainsi rien sur la disparité entre pays et entre classes sociales (notamment de l'espérance de vie en bonne santé). L'alphabétisation des plus de 15 ans, passée de 10% au début du XIXe siècle à 85% aujourd'hui, pas plus que le nombre d'années de scolarisation, passé d'à peine une année il y a deux siècle à plus de 8 ans actuellement (12 ans et accès de 50% de la jeune génération à l'université dans les seuls pays riches) ne disent d'avantage sur le maintien durable ou l'accentuation des inégalités. « La société des « trente glorieuses » n'avait pas grand-chose à voir avec une société égalitaire, elle avait cependant amélioré le sort de nombre de personnes peu ou pas diplômées en France. Sans entrer dans la compétition scolaire, on pouvait raisonnablement envisager d'apprendre un métier, percevoir un salaire décent, avoir de bonne conditions d'emploi, obtenir une promotion interne. le vrai changement, à cet égard, réside dans l'irrésistible diminution, depuis cinquante ans, des chances d'ascension professionnelle pour les peu ou pas diplômés. Conséquence directe de l'allongement des scolarités et de la massification des premiers cycles universitaires, les simples bacheliers et nombre de titulaires d'un bac plus deux n'ont guère de chances de monter en cours de carrière. Alors qu'en 1970 61 % des fils d'ouvrier âgés de 30 ans titulaires du seul bac ou du brevet (fin de collège) accédaient à un emploi de cadre moyen ou supérieur, ce n'était plus le cas que de 27 % d'entre eux à la fin des années 1990 . Pour les filles d'ouvrier trentenaires, les proportions étaient respectivement de 20 % et 12 %. Si la hausse des taux de bacheliers (65 % d'une génération en 2010, 80 % en 2019, contre 5 % en 1945) témoigne d'incontestables progrès, elle a aussi eu pour effet de condamner les moins diplômés à faire le deuil de leurs espoirs de « s'en sortir » (P. Pasquali, LMD novembre 2020). le revenu moyen dans le monde quant à lui a été multiplié par dix depuis le XIXe siècle (en € 2020, < 100 € /homme.mois contre ~1000 € /homme.mois au XXIe siècle). Les 50% les plus riches détiennent pourtant en France encore 78% des revenus (au début du XIXe siècle 86%) ; les 50% les plus pauvres en France en revanche ne détiennent que 22% des revenus (au début du XIXe siècle 14%). La part en effet des revenus du capital atteignait 45% du revenu national en France au XIXe siècle ; actuellement elle peut atteindre 50%. Les inégalités de revenu se trouvent donc, au mieux, inchangées. Les progrès historiques en matière de santé, d'éducation et de revenu semblent bien s'accompagner, non de la progression de l'égalité, mais tout au contraire de l'accentuation d'un certain nombre d'inégalités.


La lente déconcentration de la propriété serait un marqueur de ce mouvement de long terme qui va vers plus d'égalité. A partir d'une prémisse : « le mouvement continu, ascendant de l'égalité », il nous semble que Thomas Piketty tire des conclusions absolument forcées de ses recherches. Pour sa démonstration, il compare les 1% les plus riches aux 50% les plus pauvres en France. Les premiers, au début du XXe siècle détiennent 55% de la totalité de la propriété, en 1980 : 18% et en 2020 : 24,5% ; les seconds, au début du XXe siècle détiennent 1,3%, en 1980 : 8% et en 2020 : 5%. Piketty observe une très forte déconcentration des fortunes au cours du XXe siècle jusqu'au début de 1980 et une lente remontée jusqu'à aujourd'hui. Une très forte déconcentration des fortunes et une lente remontée alors que les pentes sont sensiblement identiques, voire même légèrement supérieure pour la redescente ? L'économiste insiste, « Les résultats produits […] illustrent la thèse générale présentée dans ce livre : […] il existe dans le long terme un mouvement vers l'égalité, et en l'occurrence une moindre concentration de la propriété et donc du pouvoir social et économique ». Il constate pourtant que l'inégalité continue de se situer à un niveau extrêmement élevé. En 1780, les 50% des plus pauvres détiennent 2% de la totalité de la propriété ; en 2020, ils détiennent 5% alors que la population a été multipliée par 10. Il est vrai qu'il ne semble pas apercevoir l'inexorable redescente d'aujourd'hui du patrimoine des plus pauvres qui suit la très faible montée du siècle dernier. La propriété des laissés-pour-compte, à ce rythme, devrait pourtant retrouver son niveau du XVIIIe siècle dans seulement une petite vingtaine d'années.


La lente déconcentration du pouvoir entrevue par Thomas Piketty, marqueur du soit disant mouvement de long terme qui va vers plus d'égalité, est lui aussi un leurre absolu. le patrimoine moyen détenu dans la France de 2020 par les 50% les plus pauvres est de 23 mille € par adulte . Les pauvres n'ont aucun patrimoine efficient car, en termes de pouvoir et de poids social, c'est en régime capitaliste interminablement la nature des biens possédés qui décide. Les 10% les plus fortunés séquestrent dans la France de 2020 plus de 55% de la totalité de la propriété. Pour cette fraction de la population, les biens professionnels et les actifs financiers, qui ne cessent de croître lorsque l'on s'élève dans la hiérarchie des fortunes, sont les instruments d'un pouvoir exclusif. Elle possède encore, toujours et sans partage, n'en déplaise au directeur d'étude, à l'universitaire et au patron de labo, le monde, la totalité des moyens de productions et l'État (actifs financiers, titres de la dette, médias, think tanks, etc.).


La lente « […] émergence d'une classe moyenne patrimoniale constitue, pour Thomas Piketty, en terme de réduction des inégalités, une transformation majeure, à la fois sur le plan social, économique et politique. » La réduction des inégalités pour lui s'est faite là, au détriment du pourcent le plus riche. Elle s'est faite au bénéfice de la classe moyenne patrimoniale, classe qui marque la césure entre la moitié la plus pauvres et le décile fortuné. C'est l'antienne d'un mouvement continu, ascendant de l'égalité, de la Classe sociale qui fait oublier toutes les autres. Les classes semblent pourtant aujourd'hui irréconciliables. La classe dominante insatiable qui possède les moyens de production, accapare la survaleur et défend avec une inouïe violence ses intérêts, n'est ni progressiste, ni morale, ni championne des libertés et surtout pas représentante de l'intérêt universellement humain. Les classes ne peuvent être malheureusement fondues en une seule énorme classe moyenne, sinon comme ici de manière incantatoire. La classe moyenne patrimoniale a connu en effet une progression spectaculaire de ses avoirs qui sont passés de 13% au début du XXe siècle à, pour ne plus bouger, 40% en 1980. le patrimoine moyen détenu dans la France de 2020 par la classe moyenne patrimoniale est de 230 mille € par adulte (s'étalant entre 100 mille et 400 mille €) . Mais ce patrimoine est constitué principalement par le logement et quelques autres choses insignifiantes, une propriété qui en terme de pouvoir est sans aucun poids. Sans doute la force de désir, la puissance d'agir appartient elle entièrement à cet individu néolibéral idéal-typique. Mais c'est l'exploitation passionnelle en revanche qui fixe sa puissance à un nombre extraordinairement restreint et néfaste d'objets – ceux du désir-maître. le capitalisme s'est approprié toute l'énergie du désir qui oriente la force d'exister du petit bourgeois, cet être à l'esprit empêché, rempli par trop peu de chose mais entièrement . La classe moyenne conservatrice, incapable de résister au statut de pure marchandise que lui prescrit la logique du capitalisme, n'est évidemment pas la solution mais le verrou qui empêche tous les changements nécessaires.


Une formulation de la question du progrès par Karl Marx permet d'interpréter autrement toute cette soporifique lenteur, comme d'ailleurs nous y invite Thomas Piketty lui-même : « L'histoire avance par le mauvais côté. […] c'est toujours le mauvais côté qui finit par l'emporter sur le côté beau. C'est le mauvais côté qui produit le mouvement qui fait l'histoire en constituant la lutte. » Il semble, à travers les siècles, s'adresser à l'économiste d'aujourd'hui qui, avec l'État social, l'impôt progressif sur le revenu et l'héritage, cherche à retenir de chaque catégorie ou forme sociale le « bon côté » qui ferait progresser l'égalité. Sa conception repose sur la conviction toute idéaliste que, modulo « les rapports de force [qui] ne doivent être ni négligés ni sanctifiés », les valeurs de solidarité et de liberté s'imposent en raison même de l'universalité qu'elles représentent. L'inégalité est avant tout pour Thomas Piketty une construction sociale et politique historique : « Il faut prendre en compte la question des institutions justes et de la délibération égalitaire. » Pour un même développement économique, il existe pour lui toujours de multiples façons d'organiser un régime de propriété et de frontières, un système social et politique, un système fiscal et éducatif. Mais malheureusement l'histoire ne se fait pas « par le bon côté », c'est-à-dire en raison de la force intrinsèque et de l'excellence des idéaux humaniste, moins encore par la force de conviction et l'éducation morale seulement par « la douleur du négatif », l'affrontement des intérêts, la violence des crises et des révolutions. de plus, une dialectique du mauvais côté n'est nullement la garantie de la transformation de la société capitaliste par son propre travail en son contraire, nullement la garantie de convertir circulairement la guerre, la souffrance et l'injustice en facteurs de paix, de prospérité et d'égalité. L'histoire, à contrario de ce qu'affirme Thomas Piketty dans son livre, semble avancer, pas seulement par le mauvais côté, mais aussi du mauvais côté, celui de la domination et de la ruine. Aussi longtemps que le système économique n'est pas changé en ses structures, le discours que tient l'économie politique en place, aussi généreux soit-il, ne saurait être en effet qu'illusion et mystification. L'égalité n'est pas donnée, elle n'est pas programmée, elle ne peut durablement résulter de l'atténuation passagère des contradictions du système capitaliste ; elle dépend de la « subsomption » réelle de la force de travail qui permet ou pas de porter à maturité et de supprimer les contradictions du capitalisme.
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Une brève histoire de l'égalité de thomas Piketty, seuil 351 pages, (2021)

Thomas Piketty est un économiste de gauche ayant acquis une réputation internationale dont témoignent les nombreux prix et récompenses obtenus pour ses travaux relatifs notamment aux inégalités et aux problèmes de redistribution. Il a été le conseiller économique de Benoît Hamon en défendant l'idée d'un revenu universel. Dans le contexte politique actuel caractérisé par une certaine indigence dans les propositions et un manque de cohérence dans les programmes proposés par les candidats à l'élection présidentielle, Thomas Piketty propose un plan d'ensemble pour réformer la société.
Dans son livre « Une brève histoire de l'égalité », qui est une synthèse de ses précédents ouvrages, il défend la thèse selon laquelle on observe une évolution allant vers davantage d'égalité de statut, de propriété, de revenu, de genre et de race dans la plupart des régions et sociétés de la planète. Cette marche vers l'égalité est la conséquence des luttes et des révoltes face à l'injustice, qui ont permis de transformer le rapport de force et de renverser les institutions soutenues par les classes dominantes. Mais, les luttes et les rapports de force ne sont pas suffisants, ils ne garantissent aucunement que les nouvelles institutions et les nouveaux pouvoirs qui les remplaceront soient meilleurs que les précédents, car il est aisé de dénoncer les travers, mais plus difficile d'y remédier. L'expérience du communisme soviétique (1917-1991) illustre cela à la perfection. Son livre est illustré par de nombreux graphiques très clairs et explicites et par quelques statistiques pertinentes. Pour démontrer les progrès réalisés, ils donnent les chiffres suivants :

En 1820 20 % des nouveau-nés décédaient au cours de leur 1re année, aujourd'hui on est à moins de 1 %. Concernant l'alphabétisation, au début du XIXe siècle 10 % de la population mondiale de plus de 15 ans était alphabétisé contre 85 % aujourd'hui. le revenu moyen est passé au 18e siècle de 100 euros par mois par habitant de la planète à 1000 euros aujourd'hui. Est-ce à dire que tout est bien dans le meilleur des mondes ? Bien sûr que non. Un graphique montre clairement l'écart entre les plus riches et les plus pauvres qui a tendance à se creuser après un mouvement vers l'égalité au cours du XXe siècle. Il est à la fois souhaitable et possible de poursuivre la marche vers l'égalité et pour cela il faut aller beaucoup plus loin dans la mise en place de l'État social et de l'impôt progressif. Thomas Piketty dénonce le colonialisme et la domination militaire qui ont permis aux pays occidentaux d'organiser l'économie du monde à leur profit et de placer le reste de la planète dans une position périphérique durable. Il préconise le remboursement à l'État d'Haïti des sommes qu'il nous a versé pour indemniser les propriétaires esclavagistes français. Cette somme pourrait s'élever à 30 milliards d'euros qui permettraient à cet état plongé dans la misère à cause du colonialisme esclavagiste de prendre un nouveau départ. Thomas Piketty retrace toute l'histoire économique mondiale en dénonçant les injustices et les inégalités et les modes d'élections au suffrage censitaire qui ont permis à la classe dominante de conserver leurs avantages et leur fortune.

Il fait aussi un constat radical : toutes les données dont nous disposons aujourd'hui suggèrent que les taux quasi confiscatoires (impôt progressif) ont été un immense succès historique. Ils ont permis de réduire fortement les écarts de fortunes et de revenus, tout en permettant d'améliorer la situation des classes moyennes et populaires, de développer l'État social et de stimuler une meilleure performance économique et sociale.
Pour réduire les inégalités, il propose également le versement d'un héritage minimal versé à tous à l'âge de 25 ans financé par l'impôt progressif sur la fortune et la suppression des grosses successions.

Il dénonce toutes les discriminations et notamment celles dont sont victimes les femmes, il propose un impôt mondial de 2 % sur les fortunes supérieures à 10 millions d'euros, ce qui rapporterait environ 1000 milliards soit 1 % du PIB mondial, et d'investir cette somme dans la santé, l'éducation et les infrastructures des pays les plus pauvres.
Thomas Piketty résume sa pensée en fin d'ouvrage :

« J'ai défendu dans ce livre la possibilité d'un socialisme démocratique et fédéral, décentralisé et participatif, écologique et métissé, reposant sur l'extension de l'État social et de l'impôt progressif, le partage du pouvoir dans les entreprises, les réparations postcoloniales et la lutte contre les discriminations, l'égalité éducative et la carte carbone, la démarchandisation graduelle de l'économie, la réduction drastique des inégalités monétaires et un système électoral et médiatique enfin hors de portée des puissances d'argent. »

Bien sûr Piketty à des détracteurs, bien sûr il peut se tromper sur quelques chiffres, bien sûr comme tout être humain il peut être amené à interpréter certain fait dans le sens de sa philosophie personnelle, mais on sent à la lecture de cet ouvrage la volonté de prendre en compte les opinions contraires à la sienne et de tenter une synthèse afin de ne pas sombrer dans l'utopie. À un moment ou l'on voit une montée en puissance de l'extrême droite et du repli sur soi qui se manifeste notamment en désignant comme coupable de tous nos malheurs l'étranger, j'ai reçu l'ouvrage de Thomas Piketty comme une bouffée d'oxygène, son message est empreint d'humanisme de souci d'égalité, de fraternité et de partage. C'est d'autant plus agréable que l'auteur sait de quoi il parle et ne s'improvise pas économiste comme beaucoup de nos hommes et femmes politiques à quelques mois des élections. Tout n'est pas perdu.

Un ouvrage très dense (il est la synthèse de plusieurs ouvrages de plus de 1000 pages) mais en même temps parfaitement clair, argumenté et documenté.

On peut légitimement se demander pourquoi un tel livre n'a pas la même audience que le récent ouvrage d'un certain Z qui utilise la campagne électorale pour promouvoir sa production littéraire et dont la doctrine politique est toute entière basée sur la fermeture des frontières et le rejet de tout ce qui n'est pas français, reprochant même aux parents le choix de certains prénoms et leur contestant le droit de décider du lieu de sépulture de leurs enfants.
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Merci à Thomas Piketty pour avoir écrir cet essai.
Merci à lui pour son travaille de collecte d'informations.
Merci aux libraires indépendants, aux Fnac et autres vendeurs de livres qui ont mis son livre en avant.

Dans la première partie de l'ouvrage qui est questions de constat qui commence dés la révolutions.
On parle de la France mais aussi du reste du monde.
Je vous prie d'accepter mes excuses sur les thèmes que je vais peu être oublié de faire mention.
Les questions de la démographie, l'espérance de vie, l'éducation, l'accès à la propriété, la colonisation hier et aujourd'hui, l'héritage, le rapport à la monnaie, les quotas, les rapports entre les pays du Sud et du Nord, socialisme, racisme, l'état social ect..

Il prend des exemples avec des pays comme Indes, Finlande et la Chine.

Dans la fin du livre, il y a des propositions notamment sur l'héritage, sur la taxation des revenus plus importants.

A plusieurs reprises, il indique qu'il faut qu'il est éveille du peuples pour que certains soient réalisables.
Même si le sujet peut paraitre âpre, le ton est toujours bien bienveillant.

Il nous montre que c'est dans les 80 que les inégalités dans les pays du nord vont refaire surface de manière exponentielle et explique pourquoi?

Une lecture pour moi, qui a été très riche d'enseignement.



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J'achève cette lecture avec intérêt. Thomas Piketty m'a transportée vers une alternative aux politiques actuelles accroissant les inégalités même si depuis la fin du XVIII ème siècle il existe "un mouvement historique vers l'égalité".
J'ai apprécié les solutions proposées par Thomas Piketty qui me semblent pertinentes. "Toutes les transformations évoquées dans ce livre, qu'il s'agisse de l'Etat social, de l'impôt progressif, du socialisme participatif, de l'égalité électorale et éducative ou de la sortie du néocolonialisme, ne pourront avoir lieu que si elles impliquent de fortes mobilisations et des rapports de force." Tout un programme ! le socialisme doit être démocratique, écologique et métissé.

De l'histoire de l'égalité et des inégalités vers un nouveau contrat social, y compris transnational. voilà ce que propose ce grand économiste.

J'adhère à fond !

Cette entrée en matière me permettra peut-être de lire les plus gros pavés de Piketty. Ce livre est très compréhensible.

Vive la sociale 😀
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Page 345_346

A l'inverse si l'inflation repart durablement, alors cela signifie que les limites de la création monétaires ont été atteientes et qu'il est temps de s'appuyer sur d'autres outils pour mobiliser des ressources (à commencer par l'impôt).
Il faut insister sur le fait qu'en cas d'effondrement rapide de l'économie lié à une crise fiancière ou pandémique ou une catastrophe naturelle ou climatique les banques centrales constituent les seules institutions publiques capables de réagir suffisamment vite pour éviter les faillites en cascade ou l'explosion de la pauvreté.
Ce rôle de prêteur en dernier ressort, qui avait été refusé au non de l'orthodoxie fiancière lors de la crise de 1929, ce qui avait conduit le monde au bord du gouffre, fait heureusement consensus aujourd'hui ce qui montre que l'on peut apprendre de l'histoire.
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Toutes les richesses sont collectives dans leur origine. La propriété privée n'est instituée (ou ne devrait être instituée) que dans la mesure où elle sert l'intérêt général, dans le cadre d'un ensemble équilibré d'institutions et de droits permettant de limiter les accumulations individuelles, de faire circuler le pouvoir et de mieux répartir les richesses.
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p31
à peine 10% de la population mondiale âgée de plus de 15 ans était alphabétisée au début du xx siècle, contre plus de 85% aujourd'hui. [ ...] Le nombre moyen d'années de scolarisation est ainsi passé d'à peine une année il y a deux siècles à plus de huit années dans le monde aujourd'hui, et plus de douze années dans les pays les plus avancés. En 1820, moins de 10 % de la population mondiale accédait à l'école primaire ; en 2020, plus de la moitié des jeunes générations des pays riches accèdent à l'université.
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p29
l'espérance de vie à la naissance est passée d'environ 26 ans dans le monde en moyenne en 1820 à 72 ans en 2020. [] la mortalité infantile frappait autour de 20 % des nouveaux nés de la planète au cours de leur première année, contre moins de 1 % aujourd'hui. Si on se concentre sur les personnes atteignant l'âge de 1 an, l'espérance de vie à la naissance est passée d'environ 32 ans en 1820 à 73 ans en 2020.
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En France, un électeur aisé donnant 7500 euros à son parti politique préféré (le plafond annuel autorisé) a droit s'il est imposable à une réduction d'impôt de 5000 euros financée par le reste des contribuables.
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Vidéo de Thomas Piketty
Intervenants: Julia CAGÉ, professeure d'économie à Sciences Po Paris et Thomas PIKETTY, directeur d'études à l'EHESS et professeur à l'école d'économie de Paris Modération: Philippe ESCANDE, journaliste au Monde
Qui vote pour qui et pourquoi ? Comment la structure sociale des électorats des différents courants politiques en France a-t-elle évolué de 1789 à 2022 ? Dans quelle mesure les coalitions au pouvoir et dans l'opposition ont-elles su rassembler les classes populaires, moyennes ou aisées et fédérer des intérêts divergents, et comment cela a-t-il participé au processus de développement social, économique et politique du pays ? En s'appuyant sur un travail inédit de numérisation des données électorales et socio-économiques couvrant plus de deux siècles, cet ouvrage propose une histoire des comportements électoraux et des inégalités socio-spatiales en France de 1789 à 2022.
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