Depuis le déferlement de témoignages initié par la vague #metoo, le « monde de la fiction » a engendré de nombreux films ou romans sur le sujet.
MAIS qu'il s'agisse de réalité ou de fiction (la seconde étant un triste reflet de la première), le point de vue est souvent celui des « victimes », à savoir les femmes.
Mathieu Palain est journaliste et écrivain.
Un jour, il reçoit un texto « Les violences faites aux femmes, c'est un truc qui t'intéresse ? »
La question n'appelant pas autre chose qu'un « oui »,
Mathieu a pendant quatre ans recueilli la parole de victimes, mais aussi de bourreaux, afin d'essayer de comprendre les mécanismes de cette violence.
Dans ce compte-rendu, l'auteur s'efface et nous permet d'écouter ce qui se dit lors d'auditions judiciaires, dans les groupes de parole ou les associations d'aide.
La plupart de ces hommes sont dans une attitude de déni, voire de victimisation. Certains ont des arguments « imparables » pour justifier les coups portés.
Par identification inconsciente à des modèles familiaux ou sociétaux qui valorisent la « virilité » et la « masculinité hégémonique », certains hommes se sentent légitimes à violenter leur compagne, qui leur « doit » soumission, obéissance et respect.
Cette attitude consistant à asseoir une forme de domination par la peur et la violence, témoigne souvent d'un manque de confiance en soi (davantage encore que dans l'autre ?), d'une grande immaturité affective, de la peur d'être quitté.
L'enquête démontre que le phénomène ne concerne pas seulement les classes sociales les plus modestes, même si les situations de précarité et l'alcoolisme sont deux ressorts importants.
La violence prend souvent racine dans l'enfance, quand le cerveau est malléable et apprend par imitation. L'éducation, dès le plus jeune âge, serait donc une clé pour endiguer ce grave phénomène de société.
Nos pères, nos frères, nos amis est un ouvrage édifiant, indispensable, qui montre une mécanique aux engrenages implacables.
Les mots, les phrases claquent comme des coups et marquent les esprits.
Montrer, dire, décortiquer apparaît comme une étape nécessaire au changement.
Merci,
Mathieu Palain.