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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Libye, pays méditerranéen, pays d'Afrique, terre du Maghreb, trois provinces la composent : la Cyrénaïque, le Fezzan, et la Tripolitaine. Mais que savons nous vraiment de la Libye ?
Son désert, son pétrole, ses guerres, ses villes ? Connaissons nous son histoire, sa poésie, connaissons nous celles et ceux que Kadhafi a fait torturer, a fait enfermer, a massacrer ?
«  être libyen c'est vivre avec des questions » ( p 180). Hisham Matar pose la question : «  qu'avez vous fait de mon père ?». C'est l'histoire d'un fils qui réclame la vérité, qui demande que lui soit rendu si ce n'est le corps de son père au moins que ce soit son histoire.
A travers cette enquête c'est une partie de l'histoire de la Libye que nous découvrons également . Nous prenons contact avec la l'horreur Mussolinienne et la folie de Kadhafi.
C'est le livre d'une quête. Question d'exil, d'absence, de retour, de terre, d'héritage, d'enfance, de famille.
«  Que fait on lorsqu'on ne peut ni partir ni revenir » ?. Comment fait on lorsque les images vous manquent ? Pour ne pas s'y perdre ? Comment se mettre en marche avec son chagrin ? Comment revenir ? Comment repartir ? Peut on guérir de son pays ?
Un puissant témoignage qui nous permet de comprendre un peu mieux l'avant, pendant, et après dictature, jusqu'au Printemps arabe, ainsi que la place de la Libye sur le grand échiquier international.
traduction en français d'Agnès Desarthe.
Astrid Shriqui Garain
18.01.2017 : Babelio nous invite à rencontrer l'auteur dans les locaux des éditions Gallimard à Paris. Qu'ils en soient ici tous remerciés . Ce fut une très belle et riche rencontre. Hisham Matar est un être extrêmement chaleureux qui porte un regard bienveillant et apaisant, et très lucide, sur les turbulences du monde.
Anatomie d’une disparition (Une disparition) , sort aujourd'hui en livre de poche Collection Folio (n° 6238), Gallimard.

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2010, Londres, dans le salon d'un palace. Saïf al-Islam Kadhafi a accepté de rencontrer Hisham Matar pour évoquer le sort de son père. Jaballa Matar, un opposant de Kadhafi, a été enlevé par les services secrets égyptiens vingt ans plus tôt. L'homme a ensuite été remis aux autorités libyennes. Les premières années, il a pu faire secrètement passer quelques lettres de sa prison, mais depuis, plus rien. Sa famille ne sait ni où il se trouve, ni même s'il est encore en vie. le fils du bourreau et celui de la victime se font face. Mais l'entretien s'achève sur de vagues promesses, sans nouvelle information.

Le destin de la famille Matar est lié aux heures tragiques de la Libye. le récit de ces vies brisées permet à l'auteur de retracer l'histoire des cent dernières années de ce pays. le grand-père Hamed a combattu la domination coloniale italienne, le père a organisé la résistance à Kadhafi et Izzo, un cousin de l'auteur, a été abattu en 2011 à Tripoli pendant la guerre civile.

« La terre qui les sépare » est le récit de la quête d'un fils qui se bat pour connaître la vérité sur son père. L'absence de cet homme charismatique crée un vrai manque pour ses proches. Les possibilités de le retrouver en vie sont très minces mais ils gardent espoir et continuent de se battre. Et si sa mort est plus que probable, il leur faut connaître la date et les conditions de celle-ci pour pouvoir en faire le deuil. Mais si à la mort du dictateur, les portes des prisons vont s'ouvrir, le mystère demeure.

Hisham Matar témoigne aussi de la douleur de l'exil. Sa famille doit s'installer en Égypte alors qu'il n'a que huit ans. L'auteur exprime la mélancolie de la terre natale, de ses proches restés sur place et de tout un monde qu'il a laissé derrière lui en partant. Et le pays qu'il retrouve à son retour a non seulement énormément changé, mais il est en plein bouleversement post guerre civile. Au passé, irrémédiablement perdu, succède le présent et l'avenir, terriblement précaires.

Hisham Matar signe un récit touchant. Derrière l'écrivain, l'intellectuel engagé, le lecteur devine le portrait d'un enfant blessé, privé de l'amour d'un père et de l'insouciance d'une jeunesse. Et ce retour dans une Libye « libérée » marque aussi l'impossibilité de retrouver une patrie intime. Il n'y a pas de retour possible, l'exil perdure ; la plaie reste ouverte.

***je remercie les éditions Gallimard et Babelio pour cette lecture***
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En 1990, Jaballa Matar, opposant politique au régime de Kadhafi, est arrêté par les services secrets égyptiens et remis à la police libyenne.
Sa famille ne le reverra jamais.

Son fils Hisham, expatrié depuis l'enfance, enraciné londonien par son métier et sa vie personnelle, n'en reste pas moins extrêmement proche de ses racines, dans un rapport fusionnel avec le pays d'origine.
Un attachement, doublé de la culpabilité du survivant, qui le porte dans une quête sans relâche, avec courage et obstination, pour ce père évaporé, renouant avec sa famille libyenne, stigmatisant le calvaire d'un pays sous 40 années de dictature, accompagnant le printemps arabe et les espoirs suscités.

Une vie personnelle qui se lit comme un roman, avec la narration fluide de l'auteur. La plume est légère, ample et délicate, en constante opposition avec les faits tragiques évoqués. Plusieurs époques s'entremêlent entre les souvenirs et les voyages, mettant en perspective l'histoire politique du pays et le parcours familial sur plusieurs générations.

C'est un récit vivant, haletant, effrayant, d'une famille ballottée par le déracinement, l'incertitude du quotidien, la crainte de l'attentat ou de l'enlèvement, d'un fils d'une loyauté sans faille pour communiquer en actes et pensées avec le disparu, au-delà de l'absence et du silence.

C'est aussi une touchante réflexion sur le rapport au père, la douleur de l'absence, le deuil et la résilience.

Une bien belle lecture qui évoque en filigrane l'amour de la littérature, indispensable espace de liberté.
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"Le pays qui sépare les pères des fils a désorienté plus d'un voyageur. Il est très facile de s'y perdre. Télémaque, Edgar, Hamlet et d'autres fils innombrables, dont le drame intime égrène les heures de silence, ont vogué si loin et parcouru de si longues distances entre le passé et le présent qu'ils semblent pour toujours à la dérive".

Que dire alors de celui qui sépare Hisham Matar de son père, disparu sans laisser de trace dans les geôles libyennes de Kadhafi ? C'est sur cette route entre passé et présent que l'auteur nous invite à cheminer à ses côtés à travers ce récit qui mêle enquête, observation et méditation. Auteur de deux romans, Hisham Matar se présente lui-même comme un auteur de fiction. Mais la nécessité de ce récit s'est imposée alors qu'il faisait pour la première fois en trente ans le voyage vers sa terre d'origine, la Libye. C'était en 2011 après la chute de la dictature. L'auteur a tenu un journal de bord afin de tenter de garder ses sentiments à distance et ce n'est que plusieurs mois après son retour à Londres que ce journal a servi de déclencheur à l'écriture de ce livre.

Fil conducteur du récit, la figure de ce père "à la fois vivant et mort. Je ne possède pas de grammaire pour lui. Il est dans le passé, le présent et le futur". Opposant politique au régime de Kadhafi, réfugié en Egypte avec sa famille, Jaballa Matar est enlevé avec la complicité du gouvernement égyptien et jeté en prison en Libye. Très vite, les nouvelles se font rares puis cessent. Après la révolution et la libération de milliers de prisonniers, la famille Matar se trouve confrontée au vide. Jaballa n'est sur aucune liste, de morts ou de rescapés. le chemin que choisit Hisham Matar, cette quête autour du père passe par une plongée dans l'histoire d'un pays aux nombreux silences (dont la période de colonisation italienne) qui sont autant de traumatismes intimement liés à l'histoire de sa famille.

Hisham Matar est un fantastique écrivain qui livre ici un récit à la fois émouvant, percutant et poétique. Il ne cherche ni à convaincre ni à figer des faits dans le marbre. Il observe et tente de restituer au mieux les sensations et les sentiments par lesquels il passe, de rendre compte de la réalité d'un pays, avec ses failles et ses blessures. Il s'aide pour cela des références littéraires qui ont guidé sa vie, et de son oeil d'architecte habitué à regarder vraiment, ce qui nous vaut de très belles pages sur les paysages et les habitations qu'il traverse en Libye. Quant à l'émotion, elle vous surprend régulièrement au détour d'une page, sans crier gare.

La terre qui les sépare est de ces livres qui vous enrichissent en s'emparant autant de votre intellect que de vos sens. Utile et beau. Intelligent et sensible.

Un énorme merci aux Editions Gallimard et à Babelio pour cette opération qui m'a permis de découvrir un bel écrivain et une belle personne. Je suis encore sous le charme de la rencontre d'hier soir, passée bien trop vite par rapport à la densité du propos et aux multiples questions que nous aurions tous aimé pouvoir poser. Un moment rare.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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C'est dans la liste de la lectrice Fanfanouche " dictature , gangrène des gouvernances " que j'ai pioché pour choisir ce livre .
Les dictatures ont des fonctionements similaires : élimination ou emprisonnement des intellectuels , journalistes ou écrivains et ce fut donc le cas sous le règne de Kadhafi comme le raconte ce livre .
Je savais bien peu de choses concernant l'histoire de la Lybie en dehors du fait que le tyran fut invité en grande pompe par Nicolas Sarkozy .
L'écriture est vraiment plaisante et atténue quelque peu la violence des faits . L'emprisonnement durant une vingtaine d'années du père de l'auteur et l'ignorance de ce qu'il a pu devenir est la trame même du livre
C'est désormais un auteur dont j'essaierai de me procurer les autres écrits tant j'ai appréciée la lecture de ce titre .
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Lorsqu'en 1969, le jeune colonel Mouammar Kadhafi renverse le vieux roi Idriss 1er, Jaballa Matar diplomate libyen à New-York et père d'Hisham Matar "avait regagné la maison aussi vite que possible [...] par enthousiasme pour cette nouvelle ère de modernité républicaine." Trés vite Jaballa Matar entra en opposition avec le dictateur et son régime et, devenu dangereux aux yeux du dictateur, dut s'exiler en Égypte. Condamné à mort par contumace, il fut enlevé, en 1990, avec l'aide probable du gouvernement égyptien, et emprisonné ainsi que plusieurs autres membres de sa famille dans les prisons du dictateur libyen, "Guide de la Révolution"
Jaballa Matar put faire sortir clandestinement quelques lettres pour sa famille qui n'eut, par la suite, plus aucune nouvelle de lui.
En 2011, quand le pays fut libéré et que le dictateur renversé, la famille de Jaballa Matar et ses amis ne le retrouvèrent pas dans les cellules d'Abou Salim. Seul un vieil homme portait sur lui la photo du père d'Hisham. Revenu en Libye depuis les Etats-Unis, quelques mois plus tard, l'auteur, rencontrera des prisonniers libérés, des personnalités et même Saïf Al-Islam Kadhafi, fils du dictateur considéré par beaucoup comme l'héritier politique et successeur vraisemblable de son père. Saïf Al-Islam Kadhafi, homme trouble et louvoyant, lui fera miroiter la vérité au fil des mois et de leurs rencontres, une vérité qui ne viendra jamais.
Hisham Matar,n'arrive pas à se séparer du sentiment oppressant qui occupe son esprit depuis des années : son père a été vraisemblablement sorti de sa cellule le 29 juin 1996 et a été l'un de ces 1270 prisonniers exécutés à la mitrailleuse dans les cours de la prison d'Abou Salim.
Ce livre est articulé autour de deux thématiques.
Tout d'abord celle de la recherche du père, ce "père à la fois mort et vivant [...] dans le passé, le prèsent, le futur", un père cultivé, une recherche incessante, qui mènera le lecteur depuis les États Unis à la Libye en passant par Paris, le Caire, Londres, etc...une recherche faite de coïncidences et de hasards parfois troublants, une recherche portée par l'admiration et l'amour qu'il lui portait..et le manque impossible à combler. Une recherche qui se heurte à la diplomatie, au mensonge et à la compromission avec le régime libyen de certains gouvernements occidentaux.
Le deuxième aspect du livre est historique. Au fil des pages, nous en apprenons plus sur l'histoire de la Libye, son occupation par les italiens et le régime de Mussolini, les conditions d'arrivée et de maintien au pouvoir de Khadafi, l'atrocité de son régime, les relations avec les autres gouvernements, les conditions de sa chute.
Ce n'est pas un roman. C'est bien plus troublant et bien pire...c'est l'Amour et L Histoire.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Jaballa Matar fut un des grands opposant de Kadhafi. Fuyant l'Egypte au début de années 80, il est enlevé par les services secrets égyptiens et remis à Lybie qui l'enferme en prison, à l'isolement.
Son fils Hisham avait 20 ans à la disparition de son père. Dans La terre qui les sépare, il nous raconte sa relation à son père disparu, la quête pour retrouver ses traces, mais aussi des souvenirs d'enfance, les liens avec son frère et sa mère.
Le livre, très personnel, relève autant de la méditation que du récit. Il traite de séparation, mais j'ai surtout été frappé par tout ce qui unit les hommes, malgré les différences de culture, d'origine et d'histoire. Peu de lecteurs ont vécu ce qu'Hisham Matar a vécu, et pourtant tous pourront se reconnaitre dans son humanité.
Un très beau livre, même si son caractère méditatif et peu linéaire en casse le rythme.
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Tout d'abord je souhaite complimenter la qualité d'écriture.
Ce livre bien que le sujet ne soit pas facile, est vraiment émouvant, clair et bien écrit.
Livre autobiographie, Hisham nous raconte son voyage en Libye après son exil familial en Egypte puis à Londres pour retrouver ce qui est arrivé à son père disparu car emprisonné 30 ans plus tôt.
Ce livre aborde de nombreux sujets : le deuil impossible de ce père qui n'est jamais officiellement mort, l'exil, la recherche des racines, et bien entendu la dictature Khadafiste, ses exactions, sa répression, et les conséquences sur la Libye d'aujourd'hui.
J'ai été transporté et je l'ai lu d'une traite même si le sujet est douloureux.
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La terre qui les sépare n'est pas un roman et pourtant il se lit comme un roman. On vit avec l'auteur, au rythme des terreurs, des recherches, des absences, du silence et de la peur. On est porté par une écriture fluide et évocatrice, et d'ailleurs il faut féliciter la traductrice qui a su rendre ce livre émouvant et vivant, sans doute autant que dans la langue d'origine.
Et le lecteur de découvrir aussi les prisons , celle d'Abou Salim en particulier, les exécutions, la peur, l'absence, le doute, l'espoir, les lacunes de l'éducation, le silence des intellectuel pour ne pas être arrêtés, la toute-puissance d'une famille de despotes qui n'hésite pas à exécuter le moindre opposant où qu'il se trouve partout dans le monde, et la tourmente de la révolution, celle qui met à terre le pouvoir en place, mais qui peine tant à faire émerger un régime stable. La terre qui les sépare est un récit indispensable pour mieux comprendre le silence, la corruption, la terreur, la mort. Et mieux appréhender e temps qu'il faut pour renaître de ses cendres, quand on a vécu si longtemps sous une telle chape de plomb, celle de la dictature.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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La terre qui les sépare, c'est l'abîme qui se creuse entre père et fils quand l'absence de l'un se traduit en un vide impossible à combler dans la vie de l'autre.
Le père d'Hisham Mattar a lutté contre le régime instauré en Lybie par le Colonel Khadafi ce qui lui a valu d'être enlevé et détenu pendant de longues années avant de disparaître. Sa famille n'a jamais su ce qui lui était arrivé et son fils Hisham a mené un inlassable combat pour que la vérité éclate enfin.
C'est cela qu'il raconte dans ce beau récit grave et poignant, cette lutte incessante pour obtenir des informations, et cet espoir tenu, mais vivace de retrouver un jour son père vivant.
Comment ne pas être atterré à la lecture des exactions que le régime a fait subir à ses ressortissants, emprisonnements arbitraires, tortures, désinformation.
Le silence opposé aux demandes légitimes des familles n'est qu'une douleur supplémentaire puisqu'il interdit tout travail de deuil.
Hisham Mattar mettra à profit sa notoriété en tant qu'écrivain pour que les mots soient mis sur les souffrances endurées par les Lybiens et il parviendra à faire libérer des membres de sa famille.
Ce magnifique essai, écrit à partir des carnets tenus par l'auteur lors de son voyage en Lybie après la chute du régime de Khadafi, est avant tout un hymne d'amour à la personne de ce père disparu, qu'il admire et même vénére parce qu'il a su jusqu'au bout relever la tête et témoigner de la dignité de la condition humaine .
La langue d'origine du récit admirablement adaptée par Agnès Desarthe nous emporte vers un Orient rêvé qui reste beau malgré tout et on se prend à évoquer avec tendresse ces grandes réunions familiales orientales si riches en échanges bienveillants que l'on se dit que l'espoir n'est pas perdu et que la Lybie pourra un jour redevenir la terre où père et fils pourront se retrouver.
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