Dès les premières pages, j'ai été conquise par les dessins au trait limpide et aux couleurs lumineuses qui restituent si bien la fluidité des tissus, la souplesse des mouvements, etc.
J'ai trouvé très touchante l'histoire de cet enfant rejeté par les siens parce qu'il porte malheur, alors qu'il est juste différent à cause de son albinisme. On retrouve de grands thèmes des récits sur le Moyen-Age : l'obscurantisme religieux, les superstitions, la peur des sorcières et de tout ce qui peut être différent.
J'ai moins aimé la façon dont les autrices opposent hommes et femmes sans la moindre nuance. C'est peut-être ce qui explique que Martino, alors qu'il grandit, semble oublier sa virilité pour privilégier sa féminité....
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Alors que l'on brûle deux sorcières sur la place centrale, un bébé albinos vient au monde. Moqué et malmené, l'enfant trouve refuge dans la forêt, auprès des insectes qui le fascinent, mais surtout auprès de Viviana, femme solitaire. « Il y a longtemps, j'habitais dans le même village que toi. / Ah bon ? Pourquoi tu es partie, alors ? / On ne voulait plus de moi… Mais moi, je veux bien de toi, Martino… Alors tu es ici chez toi. » (p. 77) Enfin libre et libéré des moqueries, le petit s'affirme et grandit. Auprès d'autres femmes qui ont choisi de s'écarter du monde, il prend confiance et décide qu'il sera lui, aussi, une sorcière. « Aux yeux des hommes, nous ne sommes que des erreurs de la nature. / Moi, je veux être comme vous. » (p. 113)
Cette très belle bande dessinée chante la sororité sincère et totale, celle qui accepte l'autre tel·le qu'iel est et tel·le qu'iel se définit. Puisqu'il a été rejeté pour ce qu'il n'a pas choisi d'être, Martino décide qui il sera, et il n'est plus seul. « Je suis là pour toi. Pour t'aider. Pour te soutenir. Ensemble, on peut y arriver. On peut s'aider à vivre. » (p.166) Sans réinventer les procès pour sorcellerie, l'oeuvre pointe une évidence : la sorcière est celle qui dérange, et l'on peut déranger pour bien des choses. « C'est avant tout un mot : beaucoup de gens l'utilisent, mais chacun y va de son sens. » (p. 111) Il me semble que la conclusion de la BD appelle une suite, ce que j'espère ardemment !
Ce beau livre prend place sur mon étagère de lectures féministes, mais je sais déjà qui me l'empruntera en premier !
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Malgré la dureté du propos et une paire de séquences un peu brutales, l’ambiance reste positive, poussant l’ouvrage à être destiné plutôt aux jeunes lecteurs qu’aux adultes. Finalement, même s’il demeure un peu léger sur le fond, Rebis pourrait être un vecteur intéressant pour parler aux ados d’exclusion, de violences faites aux femmes, de genre, de transidentité ou d’amour.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Conte cruel, réflexion sur l'exclusion, hymne à la différence et la sororité, Rebis est un peu tout cela à la fois. Un récit au décor médiéval et pourtant totalement moderne, tant par ses thèmes, que par son traitement et sa mise en image. C'est aussi l'occasion de découvrir deux autrices au talent indéniable dont il faudra suivre les prochaines sorties.
Lire la critique sur le site : BDGest
Ensemble, on peut y arriver.
On peut s'aider à vivre.
Ils voyaient le mal en elle, comme dans tant d’autres femmes. Il leur suffit de si peu. Une fille sans mari, une vieille qui soigne ses douleurs grâce aux plantes… parfois juste une enfant éveillée et perspicace… toutes ces femmes que j’ai toujours considérées comme mes semblables, mes amies, mes sœurs.
- Il y a très longtemps, j'avais une compagne. Elle s'appelait Beldie... Drôle. Belle. J'aimais tant le son de sa voix. Nous vivions ensemble, cachées mais heureuses. Jusqu'à ce que le village... se mette à la traiter de sorcière. Ils voyaient le mal en elle, comme dans tant d'autres femmes. Il leur suffit de si peu. Une fille sans mari, une vieille qui soigne ses douleurs grâce aux plantes... Parfois, juste une enfant éveillée et perspicace. Toutes ces femmes que j'ai toujours considérées comme mes semblables. Mes amies. Mes sœurs.
Rebis, je ne peux pas réparer ce que tu crois avoir brisé.
Et je ne peux pas non plus souffrir à ta place.
Mais je suis là pour toi.
Pour t'aider.
Pour te soutenir.
Ensemble, on peut y arriver.
On peut s'aider à vivre.
Tu dois vivre.
Magique, addictif, beauté
Hormis la fin que je trouve un tantinet rapide, je trouve que cette BD est une pure merveille. J'aurais aimé avoir quelques pages supplémentaires pour découvrir l'avenir de Rebis. Une fin un peu facile à mon sens.
Mais les messages qui en découlent sont splendides. Une recherche d'identité, de place dans un monde où la différence est rejetée. De la sorcellerie, des notes LGBT+, de l'amour familiale... J'ai été happé par les dessins, l'histoire, la qualité des couleurs.
Une pépite !