Initialement publié en 1998 et réédité plusieurs fois depuis, "
Presque" est un album écrit et mis en images par
Manu Larcenet, notamment connu pour ses séries "Blast" et "Le combat ordinaire".
Un soir de mars 1998, l'auteur décide de revenir sur une période très sombre de sa vie qui l'a particulièrement marqué : le service militaire.
En juin 1991,
Manu Larcenet intègre l'armée française où il est affecté à la section disciplinaire.
Embarqué dans ce système déstabilisant et lourdement sévère, principalement axé sur les récriminations et les sanctions, le jeune soldat n'a d'autre choix que de marcher au pas, impuissant dans cet interminable enfer.
Au bout de deux mois d'instruction, les jeunes recrues sont envoyées sur une base américaine désaffectée pour une simulation de 6 jours en conditions de guerre.
C'est le dernier jour, alors qu'il patrouille avec son seul ami Marco, que
Manu Larcenet va assister à un événement qu'il n'oubliera sans doute jamais.
Dans la "note explicative à l'usage des jeunes lecteurs" qui tient lieu de postface, l'auteur confesse qu'une fois cet album terminé, il ne l'a plus jamais relu.
Je n'ai pas vraiment été étonnée de cette révélation qui pour le coup m'a fourni une explication au malaise ressenti durant la lecture de cet album.
Tout du long, j'ai connu cette impression désagréable d'arracher des confidences à un ami qui n'aurait pas forcément envie de me parler.
Les dessins en noir et blanc de "
Presque", toutes ces apparitions fantomatiques et cauchemardesques m'ont davantage fait penser à un premier jet fait d'esquisses, de croquis balancés sur le papier, qu'à des dessins "finis".
C'est comme si l'auteur s'adressait à moi en ces termes : "Je te le montre une fois en vitesse mais après on y revient plus ok ?"
Autant vous dire que cet album, vu ses thèmes (solitude, peur, perte de repères, violence, injustice), est dépourvu de l'humour que l'on connaît habituellement à l'auteur.
J'ai particulièrement été marquée par les passages où exténué, il tente de faire comprendre à sa mère à quel point il est mal alors qu'elle fait la sourde oreille.
"
Presque", en dépit de son sujet, est un témoignage dénué de jugement ou de colère et qui s'achève sur une note des plus amères.
A la fin de l'ouvrage, l'auteur se déprécie en qualifiant son album de médiocre.
Je n'irais pas jusque là, même si je dois avouer que si il m'a émue, cet album ne m'a pas non plus bouleversée comme je m'y attendais, principalement à cause de ce malaise ressenti du début à la fin.
Une question subsiste dans mon esprit :
Manu Larcenet a-t-il réalisé cet album pour se libérer de ses démons ? Y est-il "
presque" parvenu ?
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