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EAN : 9782070403448
333 pages
Gallimard (14/10/1997)
3.98/5   51 notes
Résumé :
Esclave importé d'Afrique, objet brusquement plongé dans une société puritaine et rationaliste, le Noir n'a pas d'âme aux yeux des meilleurs chrétiens. Il s'en fait une en la chantant. Les autres arts n'ont pas survécu à la déportation. Mais la musique renaît d'elle-même, infatigablement. Et, de la mélopée qui couvre les champs de coton aux trompettes les plus célèbres de Harlem, ses rythmes successifs racontent l'histoire du peuple noir aux États-Unis.
"Le P... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Une histoire du Blues mais aussi du Jazz avec en parallèle le récit de l'esclavage en Amérique du Nord. En effet, les deux sont indissociables, depuis les chants africains des premiers esclaves jusqu'aux différents blues tels ceux de Louisiane, de Chicago ou encore du Texas.

L'histoire de la musique blues accompagnera toutes les étapes qui participeront à l'affranchissement des esclaves depuis ces hommes que l'on ne considéraient même pas comme des humains en passant par la guerre de sécession et l'abolition de l'esclavage.

Nous ferons connaissance avec les différentes formes de blues, le primitif , le classique mais aussi celui d'un certaine tranche de population noire plus aisée qui avait tendance à renier le blues des origines.



C'est un livre passionnant, très instructif qui vous fera découvrir une multitude d'artistes souvent tombés dans l'anonymat parce très anciens et aussi parce que leur musique n'est pas toujours parvenue jusqu'à nous.




On peut regretter que cet ouvrage, parce qu'il fut écrit en 1963, ne puisse évoquer la nouvelle vague d'engouement que connut la musique blues grâce à toute une génération de musiciens souvent anglais tels que les Rolling Stones, Eric Clapton et consorts qui participèrent au renouveau du blues et permirent à des artistes tels que Muddy Watters, Robert Johnson et autre BB King de reconquérir une nouvelle notoriété.

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Début XVIIe siècle, des milliers d'africains sont arrachés à leur famille, à leur terre, à leurs biens, à leur culture et à leur religion pour être soumis à un esclavage qui durera près de trois siècles. Les « bien penseurs » catholiques considérés le noir comme une sous espèce dépourvue d'âme. Ces mêmes personnes aux valeurs morales élevées n'estimaient pas utiles d'évangéliser les esclaves et peu à peu les isolèrent de leur culture considérée comme « satanique », le noir se retrouvant ainsi sans identité, sans religion et sans musique. Qu'à cela ne tienne ! C'est mal connaître le peuple d'Afrique qui peu-à-peu, lentement, s'invente une nouvelle manière de s'exprimer et une nouvelle « religion » : le blues.
En 1963, celui qui s'appelait encore LeRoi Jones rédigea un essai : Blues People, le Peuple du Blues. Intellectuel né en 1934, LeRoi Jones est alors un fervent militant de la cause noire aux Etats-Unis et offre par cet essai, une vision révolutionnaire pour l'époque – rappelons que la ségrégation raciale est « légale » depuis 1892 et que, malgré quelques lois comme la loi de 1954 interdisant la ségrégation scolaire, il existe encore des écriteaux à l'entrée des bars, des cinémas ou des lieux publics : « white only ».
Au travers ce livre, LeRoi Jones s'interroge sur la place du noir aux Etats-Unis : comment l'africain du début du XVII siècle est devenu d'esclave, un afro-américain. Sa théorie : le nouvel affranchi a su trouver sa place aux Etats-Unis grâce à la musique et plus particulièrement grâce au descendant du Blues : le Jazz. Des grands champs de coton rythmé alors par les chants de travail, LeRoi Jones retrace le parcours du Blues, passant par le blues primitif, et de ses différentes déclinaisons : le Spiritual, le Jazz, le Dixieland, le Rythm & Blues, et j'en passe. On y retrouve des grands noms comme Bessie Smith, Ma Rainey, Dizzy Gillespie, Louis Armstrong, Miles Davis, et bien d'autres encore. LeRoi Jones nous propose un parallèle entre le Blues et le Ragtime, genre de musique très populaire depuis sa naissance vers 1890 et jusque dans les années 1920, s'inspirant des Marches du vieux continent.
Au-delà de la musique, le Peuple du Blues relate nombre de faits sociologiques. Là où l'esclave n'avait pas besoin d'argent, l'affranchi se retrouve sans argent et se rend compte qu'il doit gagner sa vie. L'émergence d'une classe moyenne afro-américaine imitant le blanc, dénigrant ses racines et rejetant le Blues.
40 ans après sa première édition, Gallimard nous offre en 2006 un format poche. Parsemé de textes de blues et de citations, le Peuple du Blues est un livre à lire et à relire sous différents angles qui – et cela n'engage que moi - démontre, encore une fois, l'influence positive de la musique et qui malgré les cataclysmes humains, renaît toujours de ses cendres.
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Militant infatigable de la cause noire, le romancier, poète et dramaturge afro-américain Leroy Jones (qui se faisait aussi appeler Amiri Baraka après sa conversion à l'Islam) publie en 1963 cet essai qui analyse l'évolution des Noirs dans la société américaine à travers leur musique, de l'esclavage jusqu'aux années soixante…

Et retrace ainsi l'accession des Noirs à la classe moyenne, à travers les luttes et les souffrances qui se sont retransmises dans la musique, du chant des esclaves dans les champs de coton (les fameuses Work songs sur lesquelles Nat Adderley se basa pour écrire son fameux standard du même titre) jusqu'au be-bop et au free-jazz qui reflètent l'intellectualisation du jazz et donc de ses musiciens, qui s'éloignent du blues, synonyme de souffrance, pour créer une sorte de « musique classique américaine » dont d'ailleurs les Afro-Américains de pauvre condition s'éloignent rapidement pour retrouver leurs racines dans la soul music, puis le funk.

Cet ouvrage passionnant dont le sous-titre est La musique noire dans l'Amérique blanche qui est un essai se lit pourtant comme un roman, un voyage à travers trois siècles de musique, cette musique qui est la plus importante du vingtième siècle, et certainement l'apport majeur de l'Amérique au patrimoine de l'humanité. Leroy Jones, décédé en 2014, était certainement avec James Baldwin l'un des plus importants écrivains de la communauté afro-américaine, et a fait partie intégrante de toutes les révolutions artistiques, politiques et intellectuelles qui ont traversé son pays depuis les années cinquante, et son ami Archie Shepp recommandait la lecture de cet ouvrage séminal à qui veut l'entendre. Une lecture indispensable.
Lien : https://www.lejazzophone.com..
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Livre essentiel mais à compléter par "Free jazz Black Power" (nouvelle édition, 2000) de Philippe Carles et Jean-Pierre Comolli qui en font une critique et vont au delà.
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Un essai engagé et solide sur les racines et le développement de la musique noire dans une Amérique blanche.
Dommage pour moi d'avoir mis tant d'année à découvrir ce témoignage.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
On demande au Noir américain de défendre avec la même énergie que son compatriote blanc le système américain. Il n'y a pas de doute que le Noir de classe moyenne contribue et continuera à contribuer à cette défense.

Mais il y a peut-être un point d'interrogation dans l'esprit des nombreux pauvres Noirs et aussi dans celui de beaucoup de jeunes intellectuels noirs.

Que leur demande-t-on de sauver ? C'est une question intéressante et l'Amérique ferait bien d'y fournir une réponse.


Ecrit en 1963....
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Les premières tentatives faites par les Noirs pour embrasser la religion du Christ blanc furent repoussées cruellement parce que les théologiens chrétiens étaient convaincus qu'ils n'étaient que des bêtes :

" Vous ne donneriez pas les Saintes Ecritures à des boeufs ".

En outre, les chrétiens blancs pensaient que si les Africains se convertissaient et cessaient donc d'être des païens ou des sauvages, leur maintien en esclavage perdrait toute justification.
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A ses débuts, l'église était tout de même le seul lieu où le Noir pouvait extérioriser des sentiments que l'esclavage tendait naturellement à réprimer. Il y allait, littéralement, pour être libre, et pour se préparer à la liberté qui lui serait donnée dans la Terre promise. Mais à mesure que l’Église noire prenait de l'assise, elle se mit à se conformer de plus en plus à l'image qu'elle se faisait de l’Église des Blancs et ses objectifs changèrent. Elle commença à produire des positions sociales. Les ministres, les diacres, les doyens, les administrateurs et même les bedeaux des églises baptistes et méthodistes constituèrent une hiérarchie, et cette hiérarchie domina toute la société noire. Les "rechuteurs" ou relaps (les fidèles qui commettaient des péchés) et les "païens" furent relégués au plus bas de l'échelle sociale. Et à l'époque de l'esclavage, les églises dominées par des nègres de maison ou par des affranchis établirent des distinctions plus strictes encore que les autres entre les catégories sociales. Au bout d'un certain temps l’Église en arriva à s'intéresser autant aux questions sociales qu'aux questions religieuses, bien qu'elle exprimât encore cet intérêt en des termes religieux. Ainsi ce qui fut présenté à un nombre croissant de fidèles de bonne volonté sous le nom de "progrès" ou "d'avance" finit par ne plus signifier qu'imitation du Blanc - en pratique sinon en théorie.
[...]
Mais la fin de l'esclavage allait saper, de bien des façons, la culture qui s'était ainsi développer sous l'égide de l’Église. A partir de ce moment les masses noires purent trouver EN DEHORS de l’Église des moyens de mieux remplir leur vie. Il se mit à y avoir de plus en plus de "rechuteurs" et de plus en plus de musique du diable.
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Il y a toujours eu une frontière que le Noir n'a pu dépasser, que ce soit musicalement ou socialement. Il y a toujours une limite à toute dilution ou excès de références culturelles ou spirituelles.

Le Noir ne pouvait pas devenir blanc et c'était sa force. C'est à l'existence de cette frontière, de ce no man's land que sont dues la logique et la beauté de sa musique.
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Si le bebop était outrancier, c'est qu'il le fallait pour restituer au jazz sa fièvre et sa beauté.

Le bebop était un festin pour les jeunes Noirs encore capable de ressentir une émotion en dehors de la culture populaire américaine, cette corne d'abondance pleine de pacotille.
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