Biographie simple et efficace sur personnage souvent évoqué mais rarement étudié (en France). Pourtant
Charles Quint vaut le détour.
La partie sur sa généalogie n'est pas la plus plaisante à lire, mais elle a ébranlé une de mes fausses croyances : l'empilement de couronnes (Bourgogne, Pays-Bas, Autriche, Castille,
Aragon etc...) sur la tête de
Charles Quint n'est pas le fruit d'une politique matrimoniale délibérée mais plutôt un accident. D'ailleurs le jeune Charles ne parle pas un mot d'Espagnol lorsqu'il arrive sur le trône de ce pays et les tensions avec des groupes "nationalistes" ne tardent pas.
Vient ensuite la gestion d'un empire européen qu'il n'a jamais considéré comme tel. Loin de chercher à gouverner d'une manière uniformisé "ses" différents territoires, il a toujours veillé à respecter les particularité locales de chaque province. Malgré cette forme de conciliation,
Charles Quint a affronté des crises multiples : réforme protestante, sac de Rome par ses propres troupes, guerres incessantes contre la France et peu d'action d'éclat face à son grand ennemi : Soliman. Il ressort de cette biographie que l'empereur espagnol était pétri d'idéaux chevaleresques et rêvait d'une unification chrétienne, européenne, face aux armées ottomanes. de ce point de vue, ce qui m'a le plus étonné est sa tentative de conciliation entre catholiques et protestants. Son échec aboutit, au contraire, au concile de Latran qui, au lieu de réunir les évêques de toute l'Europe, se contente de ceux d'Espagne et d'Italie (même pas ceux de France, sans parler, bien sûr de l'absence des clergés des pays protestants que sont l'Angleterre et les Etats allemands et scandinaves...).
Dans ce contexte, on peut comprendre la frustration d'un homme qui semblait avoir les moyens de réaliser ses rêves. Des rêves simples et grandioses, des rêves de croisades, bref des rêves d'une époque révolue.
Charles Quint va alors jusqu'au bout de sa nostalgie médiévale et entame une retraite romantique dans un monastère. Son étonnante abdication confirme alors l'impossibilité de réaliser son projet politique, l'impossibilité de revenir au Moyen-Age alors que les temps sont devenus modernes.