Avortement, un appel de 343 femmes. Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples. On fait le silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté. De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l’avortement libre.
[Gisèle Halimi]
J'ai décidé que mes mots, cette arme absolue pour défendre, expliquer, convaincre, se prononceraient toujours dans la plus absolue des libertés et dans l'irrespect de toute institution.
Tract pour Marie-Claire – Une jeune fille de 17 ans va être jugée pour avoir avorté. Comme un million d’autres femmes en France chaque année, Marie-Claire a vécu le drame de l’avortement clandestin. Parce qu’elle n’avait pas 3.000 francs pour aller avorter confortablement dans une clinique de Genève, Londres ou même Paris, parce qu’elle est fille naturelle d’une mère célibataire, employée de métro, qui a élevé toute seule ses trois filles, parce qu’il n’y a aucune éducation sexuelle à l’école et que la contraception est sabotée en France (comme le reconnaît le député UDR Neuwirth, auteur de la loi sur la contraception), parce que, comme toujours dans ces cas-là, elle s’est trouvée seule pour s’en sortir, elle doit, aujourd’hui, revivre ce drame et subir le jugement à huis clos d’une société qui est le véritable responsable de cette situation. Nous les femmes qui avons vécu cette situation, qui pouvons la vivre chaque mois, nous sommes solidaires de Marie-Claire.
C’est un choix personnel. Je n’ai demandé l’avis de personne ni pour avoir un enfant, ni pour ne pas en avoir.
J’estime que le choix en revient à moi-même puisque c’est moi qui le porte et qui l’élève.
Je sais que j'ai enfreint la loi. mais sur le plan humain, je n'ai pas conscience d'avoir mal agi.
(page 94)
La société aurait pu décider de poursuivre le principal intéressé. Mais elle a choisi de mettre en accusation des femmes dans le besoin !
Tout est à nous, rien n’est à eux, nos corps, nos vies nous appartiennent
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Regardez-vous messieurs. Et regardez-nous. Quatre femmes comparaissent devant quatre hommes. Pour parler de quoi ? De leur utérus, de leurs maternités, de leurs avortements, de leur exigence d’être physiquement libres. Est-ce que l’injustice ne commence pas là ?
Monsieur le président, c’est toujours la même classe qui est frappée ! Celle des femmes pauvres, vulnérables économiquement et socialement. Cette classe des sans-argent et des sans-relations. Voilà vingt ans que je plaide, messieurs, et je pose chaque fois la question et j’autorise le tribunal à m’interrompre s’il peut me contredire. Je n’ai encore jamais plaidé pour la femme d’un haut commis de l’État, ou pour la femme d’un médecin célèbre, ou d’un grand avocat, ou d’un PDG de société. Ou pour la maîtresse de ces messieurs. Cela est-il déjà arrivé dans ce tribunal, ou dans n’importe quel autre en France ? Voyez, vous condamnez toujours les mêmes, les Me Chevalier.