"Aux pieds de Serge, une petite foule est en liesse. Des habitants des environs sont venus le rencontrer, des personnes qu'il ne connaît pas l'interpellent. Des inconnus aux traits asiatiques qui ne parlent même pas sa langue l'adulent et lui crient des encouragements. Certains même dans un incroyable élan de reconnaissance, l'acclament avec ferveur et s'emportent. Ils lui disent :" Notre prince est revenu""
Ce prince, c'est Serge, un ingénieur de la côte basque qui veut construire des maisons à bas prix. Un jour, il reçoit un message qu'il récupère dans ses spams. Il apprend que des kalmouks, descendants de Russes blancs comme lui, héritiers des cavaliers mongols le recherchent.
A travers son histoire,
Marine Dumeurger nous emmène en Kalmoukie, petit pays bouddhiste, que je découvre ici.
Cette petite république se situe en Russie, entre le Caucase et la mer Caspienne.
Avec ce livre, j'apprends que pendant 17 ans, après la chute de l'URSS, ce pays a été dirigé par un "fou des échecs" Kirsan Ilioumjinov, un "despote qui veut à tout prix imposer sa région comme la nouvelle capitale des échecs". Il devient plus tard le président de la Fédération internationale des échecs
Avec un ami photographe, Anton,
Marine Dumeurger décide de faire un reportage sur ce personnage qui s'avère très fantasque mais du jour au lendemain celui-ci démissionne.
Reste à la journaliste le sujet de Serge et la Kalmoukie proposé par Anton.
Marine Dumeurger est donc journaliste. Très attirée par la Russie après l'avoir traversée en train à la fin de ses études, elle décide d'y tenter l'aventure d'un séjour et obtient un visa pour travailler dans un journal qu'elle quittera 3 semaines après. Elle s'associera avec Anton pour faire des reportages et reviendra en France. C'est en octobre 2021 qu'elle repart en Russie, et à Elista, capitale de la Kalmoukie. Elle travaille entre autre pour Libération et le magasine Géo.
Au travers de ses reportages, elle nous présente une région, avec ses paysages de désert et de steppes, sa faune, notamment les antilopes saïgas, et son histoire. Elle nous parle de l'arrivée des mongols Oïrats au 17ème siècle, de la révolution bolchevique qui a entraîné la fuite des kalmouks, Russes blancs qui vont s'exiler en Europe et aux Etats-Unis. On suit ainsi l'histoire politique du pays jusqu'à la guerre en Ukraine.
Mais revenons à notre prince ! C'est lui qui fut le déclencheur de cette découverte insolite de la Kalmoukie par l'autrice.
Héritier des princes mongols, du côté de sa mère et de
Pouchkine du côté de son père, il décide de partir s'installer dans ce pays où il trouve ses racines. Il a l'air de penser que là-bas, rajouté au prestige de sa famille, son affaire de construction de maisons à bas coût a de l'avenir... Il part avec son père, qui semble au bout d'un moment un peu plus lucide que lui, et s'acharne à obtenir un passeport des mains de Poutine...
Curieuse de ce personnage que j'ai trouvé proche de moi, géographiquement parlant (seulement) puisqu'il habitait en Aquitaine, curieuse aussi de découvrir ce profil atypique et surtout un pays dont je n'avais jamais entendu parler, attirée par la couverture aux couleurs qui flashent et par le titre romantique, je n'ai pas hésité à cocher ce livre lors de la Masse critique de février et je suis ravie de l'avoir reçu.
Ceci dit, j'avoue avoir beaucoup de mal à comprendre l'acharnement de Serge à vouloir à tout prix devenir un citoyen russe, encore plus depuis l'invasion de l'Ukraine. Lors d'un voyage ponctuel en France, paressant devant la plage à Biarritz, allant voir une amie à Ibiza, etc., il attend ses papiers et son prochain retour en Kalmoukie.
Pourquoi ? Parce qu'il est adulé là-bas, comme le montre ma citation du début ? Parce qu'il y a retrouvé ses racines ? Parce que sa vie en France était « pâlotte » ? Il était quand-même ingénieur à Biarritz ! Parce qu'il pense que ses affaires vont être plus florissantes ? Il a des relations en Russie. J'essaie de trouver une réponse qui est peut-être tout autre d'ailleurs.
Enfin bon, j'ai été à 2 doigts de m'énerver;)
Il n'empêche que j'ai beaucoup aimé ce livre, à la fois documentaire mais qui se lit comme un roman.
J'apprends que ces reportages, enquêtes, histoires vraies aux limites des romans d'aventure sont le domaine des éditions Marchialy, que je découvre aussi. En regardant leur catalogue, je m'aperçois que c'est l'éditeur d'Elixir, un superbe livre présenté par Chrystèle (Hordeducontrevent).
Je suivrai donc avec un grand plaisir ces éditions que je remercie ainsi que Babelio pour l'envoi de ce livre très intéressant et bien écrit.