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EAN : 9782809844177
208 pages
L'Archipel (25/05/2022)
4.01/5   174 notes
Résumé :
« Un récit à mi-chemin entre les Évangiles et "Psychose" d'Alfred Hitchcock. Une réussite ! »
— Amélie Nothomb


À 33 ans, Victor Sommer mène une vie discrète et monotone qui lui pèse. Secrètement, il aspire à devenir « quelqu’un » aux yeux du monde. Cette ambition est toutefois entravée par sa mère, une vieille infirme autoritaire et possessive qui l’empêche de proprement exister.

Mais voilà qu’un jour, cette dernière d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (97) Voir plus Ajouter une critique
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Comme dans la chanson d'Aznavour, Victor habite seul avec Maman, mais, lui, dans une vieille maison délabrée. Il a 33 ans et sa mère bientôt 68. Ils forment un couple improbable : la mère, infirme et obèse, est étouffante, elle ne laisse aucun espace à son fils qui doit entièrement lui consacrer sa vie ; il ne travaille pas, n'a pas de vie privée, pas de compagne, aucune relation à part sa mère à qui il se dévoue corps et âme, à la limite de l'inceste, et un psy qu'il va voir avec beaucoup de réticence. Mais le jour anniversaire de ses 68 ans, sa mère disparaît… ● C'est un magnifique roman sur l'emprise d'une mère sur son fils et les formidables dégâts qu'elle peut faire. ● le récit est mené de main de maître, car sur une trame assez mince il n'y a aucun temps mort, et les pages se tournent toutes seules. C'est que la tension psychologique est subtilement construite et subjugue le lecteur. ● le style est sobre, efficace et élégant. Il permet de comprendre les affres que vit Victor Sommer, sa difficulté extrême à exister, pris qu'il est dans les rets de cette femme épouvantable, qui fait bien sûr penser à la mère dans Psychose, comme le suggère le bandeau signé Amélie Nothomb (le roman de Vincent Delareux est bien meilleur que les siens, soit dit en passant !). ● Il est compréhensible que Victor éprouve un dégoût de la vie : « Je n'avais pas demandé à naître, loin de là. À la vérité, je m'en serais bien passé. […] Souvent, je me demande pourquoi je vis. — Tout simplement parce qu'on t'y a forcé. Combien d'entre nous seraient nés si on leur avait laissé le choix ? Très peu, je crois. […] On n'a des enfants que pour soi et non pour eux. Si on voulait leur bonheur, on ne les mettrait pas au monde, un point c'est tout. […] Mais en ce qui me concerne, j'ai décidé de ne pas avoir d'enfants, parce qu'ils ne seraient que le fruit d'une frustration. Ce choix, je le fais par amour pour eux : c'est parce que je les aime que je leur épargne la vie. » ● Il est incroyable qu'un tel roman ait été publié d'abord sur Librinova, ce qui signifie sans doute qu'aucun éditeur n'a accepté de le publier, avant Archipel qui fort judicieusement l'a repéré et édité à compte d'éditeur. ● Je recommande sans réserve ce superbe roman. Comme le dit Victor : « Les livres, à mon avis, sont bien plus intéressants que les gens. »
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Le résumé m'a tout de suite intriguée, mais je ne m'attendais pas à être autant subjuguée par cette lecture. Il faut dire que l'auteur nous propose ici un roman différent et original qui tient captif non pas par une profusion d'actions et d'effets, mais par une tension psychologique qui grandit insidieusement jusqu'à atteindre son point de rupture.

Déroutant et déstabilisant, ce roman l'est, tout comme son protagoniste, Victor, un trentenaire transformé en Tanguy par les caprices d'une mère étouffante, capricieuse, un peu reine du drama sur les bords, et un peu trop tactile au goût de son fils. Pas vraiment la mère idéale donc, d'autant qu'elle a veillé à isoler socialement son fils, construisant autour de lui une prison dont il a fini par s'accommoder.

Victor semble ainsi accepter cette vie en autarcie à deux avec un détachement incroyable, jusqu'à ce qu'il décide soudainement, à trente-trois ans, de chercher un travail et, comble de l'ingratitude, d'accepter de sortir avec une fille. Deux grains de sable dans le rouage d'une vie rythmée par une femme qui a l'habitude d'être obéie sans délai par un fils, pas vraiment aimant, mais incroyablement docile et patient. La sanction du coup d'éclat de Victor ne se fait pas attendre, sa mère se volatilise !

Est-ce que, contrariée par la situation et les velléités d'indépendance de son fils, elle a décidé de lui infliger une petite leçon en lui montrant que sans elle et son argent, il n'est rien et ne peut pas vivre ? Ou la raison de sa disparition est-elle plus obscure et dramatique ? L'auteur introduit un certain suspense et une belle tension autour de cette question, même si, pour ma part, par le jeu des allusions, je me suis assez vite fait une opinion qui s'est révélée être la bonne.

Malgré une ambiance parfois psychologiquement pesante, Victor se montre drôle sans le chercher, son détachement au monde et à lui-même lui permettant d'avoir une approche très particulière de la vie et des événements. N'ayant jamais vraiment vécu sa vie d'adolescent et d'adulte, il se révèle souvent assez naïf, mais sans jamais être enfantin. Victor n'est pas attachant, il n'est pas non plus franchement antipathique, il est juste déroutant, d'autant que certaines de ses pensées et de ses réactions se révèlent imprévisibles et témoignent de son degré d'immaturité émotionnelle et affective. Ce personnage est définitivement à part, peut-être parce qu'il est le résultat d'une vie en liberté sous captivité.

Pour ma part, j'ai apprécié la manière dont Vincent Delareux nous permet de suivre l'évolution de son état d'esprit grâce à un découpage en plusieurs parties. On le voit se rebeller symboliquement contre l'autorité et l'autoritarisme de sa mère, se désespérer de la disparition de cette figure maternelle omnisciente, entrer dans une phase de déni, avant d'entamer une sorte de renaissance où il réalise qu'en sortant de sa caverne et des murs de sa maison/prison, c'est tout un monde qui lui ouvre les bras. Mais après tant d'années en cage, est-il en mesure d'accueillir l'infini des possibles d'une vie dépourvue de barrières ? Comment trouver du sens à sa vie quand depuis trois décennies, elle est régentée de A à Z et du soir au matin, par une seule et même personne ? Créatrice, bourreau et messie réunis en une seule figure qui inspire une réelle ambivalence des sentiments…

Il y a dans ce roman, une sorte de désespérance et de violence latente qui, étrangement, n'assombrit pas la lecture, elle aurait même tendance à l'ancrer dans un questionnement global où l'histoire de Victor dépasse le cadre individuel pour amorcer des questions quasi philosophiques. Il est question, entre autres, des présents et des absents, des absents encore bien trop présents, du sens et du fardeau de la vie et de la nécessité de la mort, de relations familiales étouffantes et profondément malsaines, de la difficulté à s'approprier la liberté et donner une orientation et un but à sa destinée, des fantasmes provoqués par le vide…

Au fil des pages, j'ai noté un certain nombre de phrases parce que je les ai trouvées particulièrement fines ou bien tournées. En plus de nous plonger dans une histoire plus profonde qu'il n'y paraît, l'auteur nous offre, en effet, un exercice de style parfaitement maîtrisé grâce à une plume incisive qui touche au plus près et frappe très fort. Sans envolée lyrique, il vise juste et alterne entre allusions et force des non-dits, et implacabilité d'une vérité dénuée de toute volonté de plaire. Car Victor ne cherche pas à plaire, il est déjà bien trop occupé à tenter d'exister ! Pas une mince affaire quand on a passé trente-trois ans à se contenter de (sur)vivre à chaque journée…

En conclusion, le cas Victor Sommer est un texte à part, un roman noir qui brille par le travail effectué sur la psychologie d'un personnage qui semble se réveiller d'un long sommeil de trois décennies. Un réveil qui alternera entre cauchemar et espoir, et qui conduira les lecteurs dans une sorte d'entre-deux où ils ne savent pas s'ils peuvent croire au meilleur ou s'attendre au pire. Un roman court et intense, à l'écriture libérée des contraintes de l'émotion où la tension se mêle à l'angoisse de l'absence, à moins que ce ne soit d'une liberté inattendue, mais chèrement payée !
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Ça ne commençait déjà pas très bien avec cet inutile bandeau de 4e de couverture : « Une réussite ! » nous dit Amélie N. le genre d'accroche promotionnelle qui fait plutôt office de répulsif chez moi (qui n'ait toutefois rien contre la dame au chapeau). Une fois pour toutes : arrêtez avec ces bandeaux !

Au final, j'ai un peu traversé le cas Victor Sommer, de Vincent Delareux, en spectateur de ma lecture : appliqué mais pas emballé.

Victor, 33 ans, vit seul avec sa mère, possessive et castratrice. Elle subvient à ses maigres besoins si bien que ses seules distractions sont l'achat du journal du jour et ses rendez-vous hebdomadaires chez son psychiatre. Jusqu'à ce que sa mère disparaisse et qu'un semblant d'émancipation débute.

Il va alors découvrir le travail, les femmes et son passé, ce qui va lui permettre de tenter de répondre à des questions (à nouveau présentées dès la 4e de couverture) d'une intensité folle : Faut-il détruire son passé pour se bâtir un avenir ? Renier père et mère pour pouvoir exister ? Se révolter pour être enfin libre ? On dirait les sujets d'une dissert de bac…

Les réponses sont malheureusement à l'avenant et malgré un style distancié et agréablement minimaliste, ni l'intrigue, ni l'ambiance à la Ravey n'ont suffi à effacer un sentiment de déjà lu. Mais comme toujours pour les premiers romans, je tenterai le deuxième pour me faire un avis plus forgé.
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Un roman entre Les Évangiles et Psychose, annonce Amélie Nothomb sur le bandeau qui entoure ce livre.
Belle accroche laudadive qui met la barre haute !.
Pari tenu cependant par ce jeune auteur Vincent Delareux qui signe là un roman à l'ambiance étouffée et glauque. Des le début, on est immergé dans le quotidien de ce Victor Sommer, un jeune homme, pas si jeune que cela d'ailleurs, qui vit encore chez sa mère. le quotidien étriqué de ces deux introvertis, c'est peu de le dire, se résume aux gestes du quotidien : pas de relations sociales, peu de chaleur. On pressent le petit déclic qui va faire basculer Victor lorsque celui-ci essaie de s'ouvrir au monde extérieur. Si le dénouement n'est pas inattendu, peu importe, car le cas de Victor Sommer est avant tout un roman de genre, de tension psychologique, de non-dits étouffés et certainement traumatiques. Belle réussite ! Auteur à suivre.
Merci à la Masse Critique de Babelio et aux éditions L'Archipel pour m' avoir fait découvrir ce jeune auteur.
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Je remercie Vincent Delareux qui a eu la gentillesse de m'envoyer, en service presse, son roman : le cas VictorSommer.
À 33 ans, VictorSommer mène une vie discrète et monotone qui lui pèse. Il aimerait devenir « quelqu'un » aux yeux du monde mais cette ambition est toutefois entravée par sa mère, une vieille infirme autoritaire et possessive qui l'empêche de proprement exister.
Mais voilà qu'un jour, cette dernière disparaît sans laisser de traces.
Livré à lui-même, son fils va devoir faire face à ce monde qu'il n'a jamais appris à connaître... à ses risques et périls.
Car sa mère, sans doute, n'est pas aussi loin qu'il le pense…
Le cas VictorSommer est un très bon roman noir.
J'avais compris certains éléments assez rapidement mais cela n'a pas dérangé ma lecture car j'ai pris plaisir à découvrir le personnage de Victor. Je ne vais pas aller jusqu'à dire que je me suis attachée à lui toutefois il est intrigant cet homme.
Et oui, il est très étrange ce trentenaire qui vit avec sa mère depuis toujours. Il ne travaille pas, elle l'entretient. Cette femme est possessive, ne veut pas que son enfant trouve un emploi, elle le nomme mon enfant, l'infantilise.. Elle boude quand il trouve un travail, s'intéresse à une jeune fille. Victor est docile en apparence mais parfois, il se rebiffe et en a un peu marre de passer toute sa vie en compagnie de sa maman. Il aimerait vivre, être quelqu'un..
Quand sa mère disparaît, Victor le prend mal, il souffre.. Avant de vivre les choses beaucoup mieux...
J'ai aimé découvrir la vie de cet homme, la relation très particulière avec sa mère, ses confessions à son psy, sa relation naissante avec une jeune femme..
Il y a de très bonnes choses dans ce roman noir, qui est glaçant.
Vincent Delareux a une plume acérée, qui fait mouche. J'ai aimé l'histoire, les personnages même si Victor est un peu... déroutant, dirais-je.
Le dénouement quand à lui est très réussi.
Vous l'aurez compris, je trouve que le cas VictorSommer est une réussite.
Je vous invite à le découvrir ; ma note : 4,5 étoiles.
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Citations et extraits (60) Voir plus Ajouter une citation
Il n'existe pas de frustration plus intense que celle qui nous assaille au sortir d'un beau rêve. Dès que l'on entrouve les yeux, la réalité reprend le dessus. Elle nous arrache cruellement à notre rêverie. De cette dernière, on conserve quelquefois, au réveil, des souvenirs épars. On s' accroche alors à ces reliquats dans l'espoir de prolonger l'illusion un peu plus longtemps, mais à chaque clignement de paupière, le mirage s'éloigne. Une fois qu'il s'est complètement dissipé, il ne reste plus rien d'autre que ce corps physique qui nous pèse, et l'on regrette amèrement la légèreté vécue le temps d'un songe.
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"Et toi que deviens-tu ?".
Cette question m'a heurté de plein fouet. Je ne pouvais pas lui avouer que je ne devenais rien. Je serais passé pour un idiot, voire un marginal. J'ai cherché une histoire intéressante à raconter : un destin palpitant, une vie trépidante, n'importe quoi, tant que c'était quelque chose plutôt que rien. Au bout du compte, je me suis ravisé, car je n'aurais pas été crédible dans mon mensonge. Honteusement, j'ai déclaré :
" J'habite seul avec Maman".
Eugénie a ri.
" Dans un très vieil appartement, rue Sarasate...",a-t-elle chantonné.
Je n'ai pas tout de suite compris la référence. Sans doute a-t-elle pensé que je manquais de culture musicale, ou bien d'humour, ou des deux.
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Je lui ai expliqué qu'il y a, selon moi, deux façons d'habiter le monde : on peut vivre, ou l'on peut exister. Vivre, c'est tirer le minimum de notre présence sur terre, s'agiter inutilement pour des broutilles, courir à droite et à gauche sans but précis. C'est, en somme, le sort de la plupart des gens. Exister, c'est au contraire apposer son empreinte sur le monde, changer sa face et être quelqu'un aux yeux d'autrui. C'est aux "existants" que l'on consacre des livres. Les "vivants", quant à eux, se contentent de les lire.
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Je lui ai expliqué qu'il y a, selon moi, deux façons d'habiter le monde : on peut vivre, ou l'on peut exister. Vivre c'est tirer le minimum de notre présence sur terre, s'agiter inutilement pour des broutilles, courir à droite et à gauche sans but précis. C'est, en somme, le sort de la plupart des gens. Exister c'est au contraire apposer son empreinte sur le monde, changer sa face et être quelqu'un aux yeux d'autrui. C'est aux "existants" que l'on consacre des livres. Les "vivants", quant à eux, se contentent de les lire.
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J’ai en horreur cette propension qu’ont les animaux à s’accoupler de manière irraisonnée. Ceux-là n’obéissent qu’à des pulsions primaires dont ils sont les esclaves. Il en va de même pour l’être humain qui, paraît-il, est lui aussi un animal. Des milliers d’entre eux s’adonnent en ce moment à des parades dégoûtantes et à des pratiques que je n’ose pas me figurer tant elles me mettent mal à l’aise. Voilà une vérité que je dois énoncer avec regret : l’Homme ne mérite pas sa majuscule pompeuse, car il n’est rien d’autre qu’une bête.
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