Ce que je crois

A l'âge de 55 ans, à l'heure des bilans Maurice Clavel écrivain de sept romans(dont le tiers des étoiles prix Médicis 1972) dramaturge et polémiste exalté,chrétien fervent vient parler de ce qu'il croit, de sa conversion, de son ouverture à la spiritualité dont la flamme l'éclaire et le brule.
Enfant surdoué,normalien,agrégé de philosophie,gauliste médaillé de la Résistance et de la croix de guerre, journaliste à Combat et au Nouvel Observateur: que d'étiquettes pour ce philosophe témoin de l'absolu!
Suite à une descente aux enfers de cinq ans, neurasthénique et suicidaire, il ressent l'appel de Dieu dont il subit l'éclair, véritable coup de foudre qui le transcende et libére sa vie.
Kant(sujet par la suite de son doctorat) qui imposait à la religion les limites de la simple raison, réfutait les preuves de l'existence de Dieu. Maurice Clavel démontre,malgré les contradictions inhérentes à l'homme,l'impossibilité d' une telle doctrine, si l'on a la foi.
Cet état second suivi de ferveur lui a permis une métamorphose, un passage vers un statut d'homme vrai, mais limité tandis que Dieu est infini.
La lumière divine l'a bléssé de sa pointe de feu, mais cette blessure le réjouit car elle lui a fait mal pour son bien.
Un long récit autobiographique (émaillé de citations) de son combat contre sa propre souffrance, de sa victoire contre le mal qui le rongeait, de son retour à l'équilibre qui a aidé de nombreux lecteurs.
Et l'humour retrouvé d'un chrétien incurable qui publiera un an plus tard: Dieu est Dieu, nom de Dieu!

Mais à quoi croit il cet enfant surdoué,ce grand résistant,ce journaliste exalté,cet agrégé de philosophie,ce dramaturge passionné,ce fervent polémiste,ce brillant essayiste,ce neurasthénique en souffrance,ce converti métamorphosé?
Il croit au Divin, source de lumière qui le brûle de sa pointe de feu pour le transcender, il croit en Dieu et bien que l'homme soit limité, ce témoin de l'absolu veut nous prouver dans cet essai philosophique (à l'inverse de Kant) tous les bienfaits d'une ouverture spirituelle vers l'infinie dimension.
Maurice Clavel qui a marqué le XX° siècle de ses brillantes méditations,croyait (puisqu'il est à présent décédé), croit toujours et encore car la flamme de sa veilleuse s'est propagée chez bon nombre de ses lecteurs.

En 1983, je fréquentais assidûment une communauté nouvelle catholique "Béthania", disposant de locaux à Vézelay. L'une des membres de notre communauté avait, avant son décès, travaillé comme secrétaire de Maurice Clavel pour la rédaction de ses ouvrages.

20 ans plus tard, alors que nous avions quitté la région parisienne avec mon épouse pour nous installer en Vendée, je me souviens que, marqué par la condition précaire des ouvriers de la restauration, tenté par la révolte marxiste, je fus conduit par mon ange gardien vers la bibliothèque paroissiale des Sables d'Olonne, où mon regard s'orienta vers l'ouvrage que je devais lire : "Ce que je crois" de Maurice Clavel.

Ce qu'il m'était proposé, c'était de découvrir l'itinéraire qui avait conduit Maurice Clavel à la conversion. En particulier ce qui l'avait conduit dans l'impasse alors qu'il fréquentait les milieux maoïstes tentés par la violence. Il dénonçait alors les dangers de l'idéologie mortifère car athée qu'incarnait le communisme. Son ouvrage préfigurait le réquisitoire implacable et justifié du "Livre noir du communisme", recueil de contributions par Stéphane Courtois.

Voilà à quoi m'appelait mon ange gardien : choisir. Etre chrétien, c'était renoncer à la pulsion révolutionnaire.

L'ouverture spirituelle et la conversion religieuse à effets thérapeutiques de Maurice Clavel, philosophe neurasthénique de génie.