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Brigitte Pérol (Traducteur)Tristan Macé (Traducteur)
EAN : 9782070748891
480 pages
Gallimard (13/01/1999)
4/5   16 notes
Résumé :

Les auteurs de l'Antiquité parlent souvent de la lumière étincelante et très rapide qui illumine notre âme quand, dans un éclair, nous avons l'impression de toucher du regard les choses divines. C'est précisément cette "lumière de la nuit", projetée en nous par les grands mythes de l'humanité, qui fait l'objet de ce livre. D'autres époques et d'autres civilisations ont également fait resple... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je l'ai lu en V.O.;_italien_et je devais être attentive.Il y a plus de 12ans
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Vers la fin de juillet, La flûte enchantée était presque achevée. Malgré sa solitude et sa neurasthénie, Mozart n'avait jamais cessé, pendant qu'il composait son opéra, de cultiver cet esprit bouffon qui l'aidait à relâcher la trop forte tension de ses esprits vitaux. Lorsqu'il était au piano, il s'abandonnait volontiers à son extraordinaire naire talent parodique. Il traitait un thème tantôt de façon grave, tantôt de façon burlesque; tantôt il courait à perdre haleine sur le clavier, tantôt il traînait, suppliant et misérable, parmi la foule mendiante des sons. Si le champagne excitait encore davantage son ardeur, Mozart commençait à exécuter une scène d'opéra à l'italienne.
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Il me semble que le seul lieu où l'on puisse lire Montaigne est une bibliothèque : si possible l'une de ces grandes bibliothèques du XVIe ou du XVIIe siècle, qui ornent les palais aristocratiques et les abbayes de toute I'Europe. Les rayonnages montent jusqu'au plafond vertigineux ; tout autour, des galeries serpentent, s'élèvent, se faufilent, menant aux différents rayons ; et le bois, poli et attendri par le temps, conserve la clarté et l'obscurité, la matière compacte et noueuse des arbres - noyer, olivier, chêne ou orme, de sorte que le lecteur, assis, son livre à la main, se croit entouré d'une forêt luxuriante, dont les livres aussi feraient partie.
Montaigne avait sa bibliothèque au troisième étage d'une tour. Assis à sa table, il embrassait d'un regard les livres, rangés sur cinq files, prêts à être feuilletés si un caprice ou une inquiétude le prenaient. Il en avait presque mille, dont soixante-dix-sept nous sont parvenus, avec son nom et parfois ses annotations.
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Quand les voyageurs du XVe et du XVIIe siècle traversaient, au printemps, l'immense steppe qui d'Ukraine menait jusqu'en Sibérie, ils apercevaient près de la route des tumulus, tantôt isolés tantôt par groupes, parfois petits ou hauts de plus de vingt mètres. Leur voyage s'interrompait pour quelques minutes ou quelques heures. Autour d'eux s'étendait un tapis de fleurs: tulipes sauvages, iris jaunes et violets, coquelicots, renoncules, jacinthes de couleur pourpre, noyés dans une herbe blanche et duveteuse comme une mer d'ar gent ; tandis qu'au fond, dans l'air transparent et bleuté, passaient les rapides silhouettes des cerfs, des loups gris et bleus, des aigles et des outardes. Les voyageurs ignoraient que sous ces tumulus gisaient les corps de ces princes scythes dont ils avaient lu avec passion, chez Hérodote, les coutumes et les entreprises.

Quelle ne fut la surprise des premiers explorateurs qui franchirent les portes des grands tumulus ! Là, au fond des chambres funéraires souvent bâties d'énormes blocs de pierre et tapissées de feutre, gisaient ces Scythes dont ils avaient tant rêvé à travers les livres. ll y avait là les princes, leurs épouses, leurs cuisiniers, leurs palefreniers, leurs serviteurs, leurs courriers ; dix ou douze chevaux, le mufle couvert d'un masque ; des vases d'or, des boucles d'oreilles et des bagues en or des bracelets d'or et de perles, des ceintures décorées de plaques d'or, des amphores, des colliers de bronze des carquois pleins de pointes de flèches, des miroirs de bronze, des épées, des tapis persans, des coupes grecques, des soies chinoises, des chars de combat, des fourrures; et les jouets des enfants. Certains avaient disposé, au fond, des amas de terre noire, humide et grasse, apportée de loin : car chaque tombe était, symboliquement, un pâturage céleste, où le mort menait ses troupeaux, ainsi que ses chevaux et les êtres qu'il aimait. Quelle surprise, surtout, quand un explorateur découvrit une tombe emplie de glace !
Pendant quelques minutes, il contempla les princes et les chevaux, comme en vie, préservés par la glace; tout semblait vivant, immobile, fixé à jamais : les tapis persans, les soieries chinoises, les cygnes de feutre étaient miraculeusement conservés ; puis la glace fondit, les choses se défirent et ce bref instant d'immortalité s'évanouit comme un songe.

(INCIPIT)
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Devant Moctezuma, par-delà les côtes et les montagnes inconnues du Mexique, se tenait Hernán Cortés, l'élégant et ironique gentilhomme vêtu de noir, fils de la très vieille et toute jeune Europe. Bien qu'il fot pauvre, il s'était sans attendre coulé dans le personnage théâtral du grand guerrier. Il s'était fait prêter quatre mille pesos pour acheter un uniforme de « capitaine » — un panache de plumes, un collier à chaîne d'or avec sa médaille, un habit de velours brodé d'or — et des bannières et des oriflammes ornées des armes royales et d'une croix.
Nul ne possédait autant que lui le talent d'Ulysse. Il avait l'oeil rapide, l'esprit sinueux, la capacité de s'adapter à n'importe quelle situation, l'art de se sentir à son aise dans un monde totalement étranger : il parvenait à improviser à chaque fois la décision voulue, alors que les Aztèques étaient, eux, paralysés par la conscience de lutter avec les dieux. Excellent causeur et fin diplomate, il connaissait l'art du mensonge, de la parole masquée, évasive et trompeuse, et vainquit d'abord par ses paroles ce seigneur de la parole qu'aurait dû être l'empereur aztèque.
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La fascination qui avait enveloppé les viracochas venus d'orient se dissipa comme une nuée. Le halo sacré, la révérence, la vénération s'évanouirent dans l'esprit des Incas, qui ne virent plus dans les Espagnols que des hommes comme eux — pires qu'eux. Alors qu'eux-mêmes avaient tant cherché à exorciser la violence, les Espagnols étaient l'incarnation de la violence déchaînée, qui triomphe et s'enivre d'elle-même. IIs étaient la force pure, inexorable: celle que le feu du soleil ne peut brûler, que le froid ne transperce pas, que la montagne n'écrase pas sous ses éboulis, que les abimes des océans n'engloutissent pas; la force sauvage et chaotique de l'Histoire, qui était parvenue à bouleverser les géométries délicates des esprits indiens, les connexions entre les choses innombrables et les extases du temps sacré. Si leurs artisans décoraient d'or les façades et les murs des temples, les Espagnols voulaient posséder cet or que personne, en réalité, ne peut posséder car il n'est qu'une étincelle pétrifiée du soleil.
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Pietro Citati : Portraits de femmes
Entre Paris et Venise, à bord du Venice Simplon Orient Express, Olivier BARROT présente le livre de Pietro CITATI "Portraits de femmes" publié dans la collection Folio. L'écrivain italien y fait le portrait de femmes célèbres comme Jane Austen, Lou Andréa Salomé, Virginia Woolf ou Katherine Mansfield.Ce sujet est illustré par des photographies de Pietro CITATI et de ses héroïnes.
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Que signifie ce ciel si haut et si serein qui soudain emplit l'esprit du prince André ? Que veut dire ce calme profond qui brusquement interrompt le tumulte de l'histoire et la marche du roman ? Que nous confie cette vision extatique d'un mystérieux au-delà ? Nous sommes en face de la plus grande des révélations religieuses qui illumine l'esprit du prince André : la seule à laquelle il puisse atteindre à travers son rationalisme mathématique exacerbé.

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