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EAN : 9782841622887
112 pages
Editions de l'Eclat (19/08/2012)
4.21/5   12 notes
Résumé :

La nuit de Gethsémani, Pierre s'endormit et ne put prévenir le Christ de l'arrivée des soldats. Depuis, nous dit Pascal, "Jésus est à l'agonie jusqu'à la fin du monde : il ne faut pas dormir pendant ce temps-là". C'est le point de départ de l'essai de Chestov, qui, à son tour, nous enjoint de rester éveillés pour qu'une nouvelle nuit de Gethsémani, pour l'homme, ne se reproduise pas; pour que l'homme ne se voie pas condamné à l'agonie jusqu'à la fin du monde... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La nuit de Gethsémani, autrement dit, le monde actuel est plongé dans une nuit éternelle où les hommes ne font que dormir comme l'apôtre Pierre qui avait dormi la nuit de l'arrestation de Jésus en le niant trois fois. En ce qui concerne l'évolution de l'homme, Léon Chestov nous fait comprendre que Blaise Pascal en avait peur, qu'au lieu d'illuminer l'homme dans la vérité, elle ne fera qu'endormir l'homme dans le mensonge. Si bien que l'auteur réclame ici la vérité de l'histoire, celle de ne pas seulement connaitre certaines pensées de Pascal mais plutôt de restaurer sa philosophie. Laquelle philosophie prône l'éveil de l'homme, son sens de la pratique plutôt que de le placer sous le joug d'une force suprême ou de la raison, l'homme comme acteur fondamental de la vérité...
Un livre philosophique que je dirais abordable, et bien construit! L'auteur élabore ses arguments de façon précise, avec beaucoup plus d'énergie certes, et bien que les thèmes abordés soient un peu plus hermétiques mais le livre se lit facilement!
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La nuit de Gethsémani est la nuit précédant l'arrestation de Jésus, où l'apôtre Pierre, le proche renégat, le futur évêque de Rome, s'endormit et laissa son maître seul face à l'abîme.
Dans ce petit essai Chestov s'occupe de la pensée de Pascal qu'il considère singulière dans l'histoire de la philosophie. La plupart des philosophes s'accordent à dire que l'homme doit soumettre son « Moi » aux lois de la raison, que son bien réside dans une pensée raisonnable. de même, les catholiques se soumettent à la morale de l'Eglise. Pascal, dans ses Pensées, ne reconnait aucun maître, ni dans la Raison, ni dans l'Eglise. En cela, il est proche d'un Luther ou d'un Nietzsche et opposé à Descartes.
Pascal joue contre l'homme, contre son évolution raisonnable, son endormissement, il veut rester au contraire éveillé. Voilà pourquoi Chestov a intitulé son livre « La nuit de Gethsémani ». Alors que la plupart des philosophes et des catholiques prônent l'endormissement, comme Pierre, ne pas aller plus loin que les lois de la raison ou celle de l'Eglise, car le bonheur ne peut se trouver que dans ce sommeil, Pascal écrit : « Jésus sera en agonie jusqu'à la fin du monde : il ne faut pas dormir pendant ce temps-là. »
La foi de Pascal, en dernier ressort, n'admet pas d'être raisonnable. Chestov remarque que Pascal était un homme continuellement malade et que cette douleur perpétuelle a certainement eue un impact essentiel dans la construction de sa philosophie, tout comme Nietzsche. Des hommes proprement extraordinaires, qui n'ont jamais connu l'apaisement et ne l'ont jamais cherché.
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ce qu'il faut en retenir, selon moi, c'est la critique de la LOI, des lois établis, et surtout celles immatérielle!
Je peux donner tord à toute vérité qui s'énonce si celle-ci entre en contradiction avec la REALITE qui "est sous nos pieds"
Ce que ce petit ouvrage m'enseigne, c'est que la VERITE n'est qu'une jolie femme sortant du puits, elle a beau éclairé le monde moi JE ne la suis pas, seule existe la REALITE
VERITE=MENSONGE, un couple infernal, destructeur, il faut abattre les PRINCIPES pas les hommes, ceux qui suivent ce couple ont mis TRUMP au POUVOIR et sont responsables de la chute d'ALEP!
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Notre raison, par ses vérités propres, fait de notre monde le royaume enchanté du mensonge. Nous vivons tous comme des ensorcelés, et nous le sentons. Mais ce que nous craignons surtout, c’est le réveil, et les efforts que nous faisons pour rester dans notre engourdissement, aveuglés par Dieu ou, pour mieux dire, par les « vérités » que cueillit notre aïeul sur l’arbre défendu, nous les considérons comme l’activité naturelle de notre âme.
Nous considérons comme nos amis et bienfaiteurs ceux qui nous aident à dormir, qui nous bercent, qui glorifient notre sommeil, tandis que dans ceux qui essaient de nous réveiller nous voyons nos pires ennemis et une sorte de malfaiteurs. Nous ne voulons pas penser, nous ne voulons pas étudier nous-mêmes, pour ne pas voir la vraie réalité. C’est pourquoi l’homme préfère tout à la solitude.
Il recherche ses pareils, les hommes qui rêvent, dans l’espoir que les « rêves en commun » (Pascal n’a pas craint de parler de « rêves en commun ») l’affermiront encore en ses illusions. Par conséquent, l’homme hait surtout la Révélation, car la Révélation c’est le « réveil », la libération des chaînes imposées par les vérités « immatérielles », auxquelles les descendants d’Adam déchu se sont tellement habitués qu’en dehors d’elles, la vie même leur paraît inconcevable. La philosophie voit le bien suprême dans un repos que rien ne trouble, c’est-à-dire dans un sommeil profond sans visions inquiétantes.
C’est pourquoi elle écarte d’elle avec tant de soin l’incompréhensible, l’énigmatique et le mystérieux, et évite tellement les questions pour lesquelles elle n’a pas de réponses toutes prêtes.
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Les « Moi » humains sont infiniment nombreux ; chacun se considère comme le centre de l’univers et exige qu’on se comporte envers lui comme s’il existait seul. Il n’y a évidemment aucune possibilité de concilier et de satisfaire toutes ces exigences. Tant que le « Moi » n’est pas tué, il y aura toujours, au lieu de l’unité et de l’harmonie, un chaos et une « ineptie » incroyables.
La tâche de la raison est justement d’introduire l’ordre dans la création, et c’est pour cela qu’elle a reçu le pouvoir d’exiger l’obéissance. C’est elle qui a créé — toujours pour qu’il y ait de l’ordre dans le monde — la morale, et elle a partagé avec elle ses prérogatives suprêmes. La destination ultime de l’homme est de s’humilier devant les exigences de la raison et de la morale, de se soumettre à leurs principes autonomes. Et en même temps cette obéissance contient en elle notre bien suprême, Summum bonum.
Tout cela, je le souligne, les philosophes l’ont enseigné, Pascal après eux le répète. Mais sa manière de les suivre est étrange : tout en répétant les paroles des philosophes, il dit exactement le contraire de ce qu’ils enseignent. Cette tranquillité, que la raison et la morale promettent aux hommes, n’intéresse aucunement Pascal. Elle ne signifie pour lui que la fin, le non-être, la mort. De là vient son énigmatique règle « méthodologique » : Chercher en gémissant…
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Qui a raison, Pascal ou Descartes ? Voici de nouveau la maudite question qui nous a déjà embarrassés tant de fois : comment décider et qui décidera où est la vérité ? On ne peut plus s’adresser à la raison ; on ne peut davantage s’adresser, comme Descartes, à la morale : la morale nous dit qu’il serait indigne de Dieu de tromper les hommes ; or Pascal vient nous dire que la place de la morale est à l’étable. Nous sommes au désespoir, et Pascal triomphe. Il attendait cet instant. Il peut s’écrier, enivré de joie : « Humiliez-vous, raison impuissante ; taisez-vous, nature imbécile : apprenez que l’homme passe infiniment l’homme et entendez de votre maître votre condition véritable que vous ignorez. »
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Le mensonge ne reste jamais fidèle à lui-même : il est tantôt ceci, tantôt cela.
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La philosophie voit le bien suprême dans un repos que rien ne trouble, c'est-à-dire dans un sommeil profond sans visions inquiétantes. C'est pourquoi elle écarte d'elle avec tant de soin l'incompréhensible, l'énigmatique et le mystérieux et évite tellement les questions pour lesquelles elle n'a pas de réponses toutes prêtes.
Pascal, au contraire, voit dans les choses incompréhensibles et énigmatiques qui nous entourent le gage d'une existence meilleure, et toute tentative faite pour simplifier la vie, pour ramener l'inconnu au connu, lui semble blasphématoire.
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Video de Léon Chestov (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Léon Chestov
« […] Chestov (1866-1938) de son côté, tout le long d'une oeuvre à l'admirable monotonie, tendu sans cesse vers les mêmes vérités, démontre sans trêve que le système le plus serré, le rationalisme le plus universel finit toujours par buter sur l'irrationnel de la pensée humaine. Aucune des évidences ironiques, des contradictions dérisoires qui déprécient la raison ne lui échappe. Une seule chose l'intéresse et c'est l'exception, qu'elle soit de l'histoire du coeur ou de l'esprit. […] il dépiste, éclaire et magnifie la révolte humaine contre l'irrémédiable. Il refuse ses raisons à la raison et ne commence à diriger ses pas avec quelque décision qu'au milieu de ce désert sans couleurs où toutes les certitudes sont devenues pierres. […] »  […] pour Chestov l'acceptation de l'absurde est contemporaine de l'absurde lui-même. le constater, c'est l'accepter et tout l'effort logique de sa pensée est de le mettre à jour pour faire jaillir du même coup l'espoir immense qu'il entraîne. […] » (Albert Camus, le mythe de Sisyphe, Editions Gallimard, 1985)
« […] On trouve ainsi dans sa [Emil Cioran] correspondance : « Léon Chestov m'a rendu un service considérable : il m'a délivré de l'idolâtrie de la “philosophie”. Je devrais ajouter : de toutes les idolâtries. » (Lettre du 2 avril 1989 à Mme Alice L., in Les cahiers de l'Herne, Emil Cioran, Champs classiques, Éditions Flammartion, 2015)
« Les philosophes aspirent à expliquer le monde, de façon à ce que tout devienne clair et transparent et que la vie ne recèle plus rien (ou le moins possible) de problématique, de mystérieux. Ne faudrait-il pas au contraire s'attacher à montrer que cela même qui paraît aux hommes clair et compréhensible est étrange, énigmatique et mystérieux ? Ne faudrait-il pas s'efforcer de se délivrer et de délivrer les autres du pouvoir des concepts dont la netteté tue le mystère ? Les sources de l'être sont en effet dans ce qui est caché et non dans ce qui est découvert. » (Léon Chestov, Athènes et Jérusalem, in Marc-Alain Ouaknin, Les Mystères de la kabbale, Assouline, 2003)
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Référence bibliographique : Léon Chestov, Les grandes veilles, préface : 10 aphorismes, traduction anonyme, texte établi par la Bibliothèque russe et slave, 2012.
https://bibliotheque-russe-et-slave.com/Livres/Chestov%20-%2010%20aphorismes.htm
Image d'illustration : https://www.amazon.com/Le%CC%81on-Chestov-philosophe-Cultures-socie%CC%81te%CC%81s/dp/2720403229
Bande sonore originale : The OO-Ray - The Warm Before The Storm The Warm Before the Storm by The OO-Ray is licensed under an Attribution-NonCommercial 3.0 International License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/The_OO-Ray/The_Force_of_Water/The_OO-Ray_-_The_Force_of_Water_-_05_The_Warm_Before_the_Storm
#LéonChestov #LesGrandesVeilles #PhilosophieRusse
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