Liz Jarrett ne pouvait pas y échapper. Ce n'était ni un chien ni un chat. C'était le petit garçon des voisins. Elle avait senti l'air s'échapper de ses poumons lorsqu'elle s'était jetée dans l'allée et qu'elle avait serré Charlie Franklin dans ses bras.
« Oh, mon Dieu », dit-elle dans un murmure contrôlé. « Charlie. Non. Non. Charlie. »
Chaque synapse de son système nerveux se mettait en branle. Un bombardement. Elle tenta de respirer, mais c'était comme si ses poumons étaient hermétiquement scellés. Elle n'avait pas poussé de sanglots audibles, mais des larmes coulaient sur ses joues. Liz fit doucement pivoter les épaules de Charlie, comme si elle pouvait ranimer le garçon pour qu'il ouvre les yeux, pour qu'il puisse parler.
[...]
Elle l'avait tué. Elle n'avait pas fait exprès. C'était un terrible accident. Vraiment.
Etre libre ne veut pas dire grand chose non plus .
Elle veut que je la prenne dans mes bras. Je me penche et attrape ma chienne. Elle est chaude comme une bouillotte, mais je n’en ai que faire. Cela ne me dérange pas le moins du monde. Avec Emma et Shelby à mes côtés, cet endroit n’est pas si horrible, après tout.
C’est fini. Liz n’était pas dupe. Elle savait que ce ne serait jamais vraiment fini. Ce serait comme Diamond Lake qui la hanterait pour le reste de sa vie. Le mensonge se transformerait en maladie. Un cancer, probablement. Il viendrait la cueillir au moment où elle s’y attendrait le moins, mais elle saurait pertinemment que cela arriverait un jour.
Internet est cet espace sombre qui permet aux gens de déverser leur haine quand ils le souhaitent. Il permnet à une femme de détruire ses voisins parce gqu'elle déteste la couleur de leur maison. Il donne à un amant délaissé l'opportunité de publier des sextapes vengeresses. A un pédophile de chercher des victimes dans des forums de discussion. Ces personnes passent devant nous tous les jours lorsque nous faisons le trajet entre la maison et le travail ou que nous nous rendons quelque part en vacances. Elles nous sourient, alors que si elles le pouvaient, si elles avaient la moindre petite raison, elles nous démoliraient. Nous humilieraient. Nous ruineraient.
S'il était en colère contre Liz à cause de quelque chose qu'elle avait fait, il le gardait de côté pour le ressortir au beau milieu d'un trajet en voiture, là où il pouvait la réprimander, la faire pleurer, et ensuite se reprendre, et lui dire que rien de tout cela n'était finalement de sa faute.
Son corps est son passe-temps. Son téléphone est rempli de selfies pris devant le miroir de son appartement de Bellevue. Il n’y a rien de pornographique dans ces images, mais il fait une fixation sur son apparence. C’est un narcissique et je me demande ce que ça dit de moi, qui suis prête à coucher avec un homme dont les yeux fouillent constamment par-dessus mon épaule à la recherche de son propre reflet.
Je n’y peux rien. Ce n’est pas logique. Ce n’est pas moral. Et pourtant, il y a une partie de moi qui espère que si un autre enfant meurt, alors peut-être que Charlie vivra. Pour faire jouer les statistiques, tu sais. Puisque sur tous les enfants kidnappés, seulement un ou deux rentrent chez eux vivants.
C’est un virus, ma sœur. Une maladie infectieuse. Toute ma vie d’adulte, j’ai prié Dieu qu’il me donne la force de me défaire d’elle. De notre lien effiloché, mais tristement élastique, pour lui dire au revoir une bonne fois pour toutes et ne plus croiser son chemin.
Est-ce que j’ai tort d’espérer que ce soit le petit garçon de quelqu’un d’autre qu’on a retrouvé ? demanda Carole. Que penserait Dieu de ça ? Souhaiter qu’une autre famille reçoive la pire nouvelle de sa vie.