La Vie d'une femme (Cavedweller, 2004), un film américain réalisé par Lisa Cholodenko avec Kyra Sedgwick. Trailer.
Comment pardonner à quelqu'un quand on ne peut même pas prononcer son nom, quand on ne supporte pas de fermer les yeux et de voir son visage ? Je ne comprenais pas.
C'est pas vous qui avez d'la religion. C'est la religion qui vous a et qui finit par vous presser comme un citron. Elle vous empêche de boire une goutte de whisky. Elle vous empêche de faire sourire et rigoler des filles au gros cul. Elle vous laisse rien faire du tout sauf travailler pour c'que vous aurez dans l'au-delà.
Tu devras être heureuse pour elle, Bone. Tu montreras à ta maman que tu es heureuse pour que son coeur puisse guérir.
Tout au long de ma vie, il y a toujours eu quelqu'un pour essayer de fixer les limites de qui et de ce que j'allais être autorisée à être : en tant que personne issue de la classe ouvrière, une intellectuelle, qui connaît une ascension sociale mais qui sait où est sa place ; en tant que lesbienne, une lesbienne acceptable, ne mettant pas trop en avant les détails de sa pratique sexuelle ; en tant qu'écrivaine, une auteure humble, consciente d'être une femme, consciente de sa relation aux « vrais » écrivains et qui écoute ses éditeurs. Ce qu'il y a de commun entre toutes ces limites, c'est que leur pouvoir le plus destructeur réside dans ce que je peux être persuadée de me faire à moi-même – les murs de la peur, de la honte et de la culpabilité que je peux être encouragée à construire dans mon esprit.
Certaines choses ne changent jamais. Il y a toujours un moment où nous sommes face à notre propre mort, où nous devons simplement nous accrocher à quelque chose de plus grand que nous – Dieu, l'histoire, la politique, la littérature ou la croyance dans le pouvoir apaisant de l'amour, ou bien encore une juste colère. Parfois je pense que tout cela est pareil. Une raison de croire, une façon de prendre le monde à la gorge et de réaffirmer que cette vie vaut mieux que ce que nous avons toujours imaginé.
J'ai appris à travers de grands chagrins que tous les systèmes d'oppression se nourrissent du silence public et de la terrorisation privée. Mais peu le font avec plus de force que les systèmes d'oppression sexuelle, et chacun·e d'entre nous subit une énorme pression à céder à leurs exigences.
Le genre de femmes qui m'attire est invariablement celui qui embarrasse les lesbiennes féministes des classes moyennes, respectables et politiquement averties. Mon idéal sexuel est la butch, exhibitionniste, dotée d'un physique agressif, c'est une femme plus intelligente qu'elle ne veut le faire croire, et fière d'être traitée de perverse. Le plus souvent elle fait partie de la classe ouvrière, le plus souvent elle se pare d'une aura de danger et fait preuve d'un humour moqueur. Beaucoup de nos contemporain·e·s prétendent faire preuve d'une grande tolérance sexuelle, mais le fait que ma sexualité soit basée sur le fétichisme cuir et les relations butch/fem est largement considéré avec dégoût ou franche hostilité.
Mon groupe de femmes et moi avons décidé que la déclaration de Charlotte Bunch « Aucune femme n'est libre tant qu'elle n'est pas libre d'être lesbienne » était la meilleure manière de définir la lutte des femmes pour leur autonomie. Cela importait peu dans ces conditions de savoir qui était homosexuelle. Seul importait que nous contestâmes les limites de ce qui était un comportement acceptable et de ce qui était pervers.
On fait pas le bien parce qu'on craint Dieu ou qu'on aime Dieu. On fait le bien parce que sinon le monde n'a aucun sens.
Les personnages de fiction dont nous nous souvenons sont celles et ceux autour desquel·le·s nous avons bâti nos idées sur le monde. Aucune analyse politique ne peut forcer une personne à croire à une idée qu'elle ne peut concevoir ou à un personnage qu'elle ne peut rapprocher ni d'elle-même ni de quelqu'un·e qu'elle aime.