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Critiques de Cédric Sapin-Defour (285)
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Son odeur après la pluie

Pinpin tombe sous le coup de quelques mots d'une annonce de journal : des chiots bouviers bernois en vente. Comment résister ? La suite est une histoire d'amour entre un homme et un chien, une histoire un peu semblable à la mienne, celle avec ma chienne depuis un peu plus de trois ans.

Plus que l'histoire elle-même , c'est la prose singulière et enchanteresse saupoudrée d'humour de Sapin-Defour qui rend ce livre délicat et émouvant. Pourtant il n'est pas vraiment poète, ses réflexions et ses ressentis sont très terre à terre mais étrangement il a toujours les mots justes pour les exprimer , et la composition phrasée de ses mots est surprenante et plaisante. Une prose naturelle, singulière, imagée, qui rend une histoire au fond courante , la vie tout simplement d'un homme avec son chien, passionnante . Un texte pudique qu'accompagnent de très belles réflexions sur nos sensibilités perdues que notre cohabitation avec les animaux aident à raviver, “Ce chien me réapprend à lire le vivant autour, à écouter les musiques de la nature, ses amplitudes, ses respirations, à mesurer ses états, à déchiffrer ses codes.”

Très touchant aussi la solidarité du trio de chiens, Pinpin ajoutant au Bouvier bernois deux autres, dont un labrador et l'autre sa fille.

Un monde magique, magnifique, un amour illimité qu'on partage avec eux quand on les aime , le tout un texte bouleversant avec une fin d'une tristesse et beauté infinies. Sapin-Defour est un homme émouvant dont l'espèce sur cette terre est en voie de disparition , un écrivain à suivre dans ses pérégrinations à travers La Vie.





« …. à quoi bon la vie si ce n'est un peu la manoeuvrer. »



Merci infiniment aux Éditions Stock et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce livre magnifique !



#Sonodeuraprèslapluie #NetGalleyFrance
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Son odeur après la pluie

Stop, arrêtez tout. Vraiment.Faites comme moi, fermez « La chambre des merveilles » et ouvrez ce livre. Voilà le livre que je rêvais secrètement de lire. Un bijou, un pas comme les autres, fendant les codes des romans mièvres et sentimentaux. Ces textes embellis et naïfs. Comment cet ouvrage et son écrivain ne font-ils pas encore la Une? Ce n’est pas seulement le récit de ce lien si intense qui unit le chien à l’homme, ou inversement. C’est une poésie, une ode attendrissante, éloquente et poignante. Il y a d’abord la préface de Jean-Paul Dubois, de laquelle s’échappent déjà des émotions indicibles. Dès lors nous savons que nous danserons dans un festival où l’animal sera roi, où la douceur sera reine. Attention, ce livre s’adresse uniquement à ceux qui, comme moi, considèrent leur chien comme leur double. Il ne tombera certainement pas dans les mains des trop nombreux goujats aux corps gras, usant de leurs chiens comme de leur pauvre vie. L’histoire célèbre l’amour, pour une fois pas conjugal, ni marital, ni filial ni extra conjugal. Et que ça fait du bien de lire autre chose, que c’est jouissif de découvrir une plume si unique, intense et romantique. Je suis de ceux qui vouent aux chiens un amour véritable, préférant le règne animal aux faux-semblants de l’humanité. Tout dans ce texte est beau, noble, et aérien. Cédric Sapin-Defour fait partie des écrivains qui disent avec une facilité déconcertante ce qui unit deux cœurs, c’est fort et sans ambages ; c’est une histoire dont nous rêvons tous. Une histoire dans laquelle on ne vivrait pas la pesanteur de l’autre, mais on la rêverait nuit et jour. Cet autre c’est un chien, une truffe humide, une patte posée au creux de l’aine, un regard fixe qui vous ravit, une odeur après la pluie, la plus fidèle des compagnies.

C’est un des livres dans lesquels je surligne au moins un extrait par page, tant c’est merveilleusement bien écrit. Des formulations si percutantes et si précieuses.

On apprend toujours des chiens les secrets d’une vie apaisée.

« L’amour des chiens, improbable affinité qui dépasse et relie tous les incompatibles de cette terre ».

Bravo et merci pour ça, Cédric Sapin-Defour, c’est un chef d’œuvre.
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Son odeur après la pluie

Mon premier ,gros coup de cœur de ce début d'année, Un roman magistral époustouflant, à la limite d'un véritable chef d’œuvre. Chose rare de ma part, le récit m'a bouleversé du début jusqu'au final, qui nous prend aux tripes, j'ai pleuré , les larmes coulées toutes seules , on m'avait pourtant prévenue. C'est l’histoire d'Ubac qui rentre dans la vie du narrateur. Un amour fusionnel qui s'installe dés les premiers jours . Ils deviennent inséparables, ils savent détecter quand l’un des deux ne va pas bien,, une osmose touchante. Ayant un compagnon à 4 pattes j'ai ressenti les mêmes émotions , un être qui est entrée dans ma vie, cela a tout changé de mon quotidien, une véritable aide thérapeutique . Je n'ose imaginer le jour de sa disparition. L'auteur met bien avant sa joie, ses peines envers Ubac.

Il ne tombe pas dans le pathos, pour nous dépeindre cette relation, bien au contraire , c'est en toute sagesse, pudeur, tendresse, à travers une écriture poétique, et sensibilité. Ce roman est une ode à l'amour, à la vie. Un roman magistral, à lire de toute urgence.



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Son odeur après la pluie



Elle s'appelait Grisella. Je l'aimais comme un homme et son chien peuvent s'adorer, sans aucune logique, avec une complicité unique en son genre.

C'était un berger Shetland doux, joueur, magnifique, craintif, fidèle.

Grisella n'a jamais vieilli, elle ressemblait toujours à dix ans à un petit colley en bas âge. La question de sa mortalité ne se posait quasiment pas, d'autant que c'était une survivante.

Opérée d'une tumeur maligne, elle a déjoué les pronostics ne lui accordant au mieux que deux ans de sursis.

Mais l'anecdote que je préfère raconter remonte à l'une de ses toutes premières promenades. Ça ne faisait qu'une semaine qu'elle nous avait rejoint après être restée un an chez l'éleveur. En croisant des chasseurs et leurs molosses en forêt, elle a eu si peur qu'elle a réussi à s'extirper de sa laisse pour détaler plus vite que Bip-bip. Les jours puis les semaines vont passer, on commence à baisser les bras avec pour seule interrogation "Que lui est-il arrivé ?"

Elle ne nous le racontera jamais, mais elle a été retrouvée cinq semaines plus tard, en pleine forme quoique amaigrie, allongée dans la paille d'une grange située à plusieurs kilomètres.



Elle n'avait pas tout à fait douze ans quand elle est partie, le 03 avril de cette année. Quasiment du jour au lendemain. Estomac perforé apparemment, ou autre mystère. J'avais rarement été aussi affecté par une disparition.

"C'est juste un chien" m'a-t-on dit quand la peine était toujours palpable vingt jours plus tard. Est-il nécessaire de classer ses proches en fonction de leur statut, de leur nature ? Notre société semble nous accorder le droit de souffrir bien plus longtemps pour un ami ou un parent. Parce que le chien est soit-disant remplaçable ou parce que nous étions les seuls à lui accorder réellement une quelconque valeur.

Désormais le plus dur est passé mais la nostalgie n'est pas encore de mise et l'absence demeure cruelle. Toutes ces fois où pendant un instant, on pense qu'on va l'apercevoir ou l'entendre. Ces heures où il faut la nourrir, la promener, la sortir avant la nuit. Et aussitôt être rattrapé par la triste réalité.

"Il y aura ces rites disparus et qui, les uns sur les autres, édifiaient notre vie."



Considéré trop sensible pour si peu, j'ai vite du intérioriser mon chagrin. Pas ma colère.

Quand j'ai entendu parler de ce roman, j'ai espéré lire quelqu'un qui m'aurait compris, mettant des mots sur ce que je ressentais. Et ça a bien été le cas.

En racontant son lien unique avec son bouvier bernois Ubac - alors que 2023 est une nouvelle année canine pour les U - j'ai pu constater que ma réaction n'avait rien de disproportionnée comparé à celle de Cédric Sapin-Defour, que mes pensées pouvaient être partagées. Hommes, animaux, chaque relation aura beau se ressembler, elle n'en demeurera pas moins unique.

Ubac ou Grisella ont mis en nous toute leur confiance, ils nous ont permis de nous sentir utiles, aimés sans condition. Qui que l'on soit le chien ne juge pas. Le regretter quand il meurt est la moindre des réactions.



Autobiographie parsemée de nombreuses réflexions, Son odeur après la pluie m'aura permis de me retrouver parfois mot pour mot, et surtout de retrouver les habitudes que nous avions avec Grisella. Sa façon d'aboyer comme une damnée quand le téléphone sonnait ou que quelqu'un sonnait à la porte, sa façon de réclamer des promenades à heures fixes chaque jour, quel que soit le temps, ou de mendier la moindre miette de nourriture alors qu'il était rarissime qu'elle ait gain de cause.

J'ai apprécié aussi les réflexions de l'auteur autour de de tout ce qu'on pensait savoir du chien, alors que personne n'en n'avait été un pour vérifier. Bon, penser que le chien pouvait avoir conscience de sa mort à venir parce que d'autres animaux se déplaçaient bien pour mourir n'était pas adroit ( l'imagerie populaire du cimetière d'éléphants a été mise à mal depuis longtemps ), mais si comme on le prétend le chien n'a aucune notion du temps, comment expliquer qu'il ait une horloge interne aussi mystérieusement précise ? Un chien sait indubitablement se repérer dans une journée, il sait quand c'est l'heure de manger, l'heure de sortir, le moment où son maître va revenir. Il comprend deux minutes avant la fin du film que celui-ci va se terminer et avec lui vient le moment de gratter à la porte pour faire le dernier pipi du jour dans le jardin.



En revanche je n'ai pas ressenti d'autre affinité avec l'auteur que son précieux lien avec Ubac. Je n'ai pas eu d'empathie pour Cédric Sapin-Defour auquel je n'ai pas pu m'identifier malgré nos points communs évidents. Disons-le, il m'a beaucoup agacé par moments. Je vais garder un souvenir très nombriliste de ce journaliste plus apte à médire sur ses contemporains qu'à se remettre parfois en cause. Quand on vit en montagne, en retrait de la société, c'est facile d'avoir la langue bien pendue et le jugement hâtif sur son prochain.

L'auteur est toujours d'une morale bien pensante et beaucoup trop politiquement correcte, il déborde souvent du cadre qu'il aurait du fixer dans un témoignage de vie et d'amour, dans un livre hommage à son son bouvier bernois. La puissance du lien entre l'homme et sa bête ne fait aucun doute, juger de la façon dont il convient d'élever et éduquer son chien ça ne passe pas, surtout venant de quelqu'un qui s'est orienté vers une bête de 50 kilos adulte tout en vivant en appartement. Personnellement, je suis convaincu qu'il y a un minimum d'éducation à donner à son chien et que l'instinct ne fera pas tout. Ou que leur donner un nom n'a rien à voir avec une appropriation.

"Donner un nom, n'est-ce pas la première des emprises ?"

Si identifier et accueillir est un acte de manipulation il faut que les parents déclarant les naissances de leurs enfants en mairie se remettent en cause.

Et en parlant d'enfants, j'ai à plusieurs reprises ressenti une forme de mépris pour ces derniers : Une préférence assumée pour les animaux certes mais son plaidoyer demandant d'accepter aussi une compréhension qu'on soit en deuil quand on perd un compagnon, un complice de tous les jours, fusse-t-il à quatre pattes, prend complètement l'eau quand il le compare à la perte d'un enfant.

- Coucou Anty. Hier il est arrivé quelques chose de très grave : Mon fils a été renversé par un poids-lourd sur l'autoroute. Il n'a pas survécu.

- Hello Bérénice. Je suis vraiment désolé mais ça n'est quand même pas si grave. Grisella s'est éteinte il y a cinq mois et c'est autrement plus important. C'est une plaie purulente qui jamais ne se refermera.

Si j'aimerais que les douleurs ne soient pas toujours comparées, que l'affect de quelqu'un soit davantage pris en compte avant de s'autoriser à penser ou dire quoi que ce soit, il y a tout de même des parallèles qui ne se font pas.



Pour parfaire le tout, la personnalité de l'auteur s'est aussi manifestée dans son écriture. Je l'ai trouvée extrêmement pompeuse et parfois alambiquée. Comme si pour être plus littéraire, un livre ne devait plus être accessible qu'à une élite. Les mots inconnus sont trop bien trop nombreux pour vérifier la signification de chacun ( emphythéotique, empour, struklji ... ) et les phrases ont parfois été torturées pour que leur sens, pourtant parfois théâtre de réflexions intéressantes, soit d'abord caché.

"Il n'y a rien, joyeuse ou embarrassante, qui vous date avec autant de précision que la nostalgie et, sans s'annoncer, il arrive qu'elle surgisse au plus inattendu des moments."

"L'âge et son compère l'expérience ne charrient pas que leurs régressions."

"La gentillesse, raillée de toute part, réclame beaucoup plus d'épaisseur que l'éréthisme maussade."



De nombreux lecteurs ont beaucoup apprécié Son odeur après la pluie et ont été sensibles d'un bout à l'autre à cette histoire d'amour inconditionnel, sincère et bouleversante entre Cédric Sapin-Defour et son berger Ubac. Moi-même j'ai souri parfois tant je me reconnaissais dans cette complicité unique, et tant il y avait de points communs dans les façons d'être de nos chiens respectifs.

Et s'il y a plusieurs avis que j'ai partagés, je pense cependant que le rôle d'un tel essai autobiographique, au-delà de se remémorer et de restituer des souvenirs magiques, est de faire réfléchir et sûrement pas d'imposer son point de vue et de condamner sans appel les lecteurs qui auraient un avis différent, ou qui ont parfois privilégié une autre approche dans leur relation avec leur animal. Il y a autant de chiens que de solutions plus opportunes, qui pourront toujours s'opposer les unes aux autres.

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Son odeur après la pluie

Une idée de livre épatante doublée d'un succès de librairie inattendu. Hélas, ce fut pour ma part une lecture laborieuse, gâchée par un style bien ampoulé. J'avoue avoir eu du mal à terminer l'ouvrage, qui m'a forcé à opérer des retours en arrière pour tenter de comprendre certains propos de l'auteur. Un peu plus de simplicité et de fluidité n'auraient pas nui au récit et à la cause canine...
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Son odeur après la pluie

C'est tout d'abord la magnifique couverture en noir et blanc qui m'a séduite, puis ce beau titre qui laisse deviner la douceur et la beauté du texte.

Mais je suis bien embêtée à l'heure d'écrire ce billet, c'est souvent le cas lorsque je suis particulièrement touchée et émue par un livre. J'ai reculé ce moment pour prendre de la distance et pouvoir poser mes mots sur les émotions qui m'ont submergée à cette lecture. C'est sûrement parce que j'ai eu des animaux de compagnie, parce que j'ai aujourd'hui Maya, un chat qui réapprend à refaire confiance aux hommes après avoir été maltraité.



Lorsque l'on choisit de faire un bout de chemin avec un animal qui a une espérance de vie moindre que la notre, on accepte aussi bien les bons côtés que la fin de cette relation, inéluctable et douloureuse. Je sais qu'un jour je pleurerai à nouveau, que je mettrai du temps à m'en remettre, qu'il restera toujours en moi un petit pincement douloureux, mais ma vie ne peut se passer de la tendresse et de la proximité d'un animal.



« Prendre un chien, c'est accueillir un amour immarcescible, on ne se sépare jamais, la vie s'en charge, les déclins sont illusoires et les fins insoutenables. Prendre un chien, c'est se saisir d'un être de passage, s'engager pour une vie ample, certainement heureuse, irrémédiablement triste, économe en rien. L'issue de cette union ne fait aucun mystère, s'abandonner à la refuser ou n'entreprendre que de l'envisager, dans les deux cas, la tristesse rôde, rudoie et c'est une drôle de danse, roulis de chaque jour, pour que la joie prenne le pas, relègue cette évidence et l'étouffe. »



Beaucoup ne comprendront pas que l'on puisse pleurer un animal de compagnie, que sa mort puisse être un déchirement, qu'il faille du temps pour calmer sa peine, faire son deuil. D'autres, tout aussi nombreux je l'espère, comprendront mes mots, ceux de l'auteur.

Son amour pour son chien se ressent dans chaque ligne. Cédric Sapin-Defour a trouvé les mots pour parler de l'amour que l'on peut ressentir pour son chien. Il a trouvé la sensibilité et la justesse du ton pour évoquer la perte et le deuil.



*

C'est une belle histoire que l'auteur nous raconte. Une histoire de rencontre, d'amitié, de liens indéfectibles, d'amour.

Cette histoire commence par un rencontre un peu magique, magnifiquement décrite. Ubac est arrivé dans sa vie avec déjà la franchise et l'attention fixées au fond de ses yeux. Lorsque leurs deux regards se sont croisés, il n'a fait aucun doute que cette petite boule de poils était le compagnon qu'il recherchait. C'est un amour immédiat, inconditionnel, et puissant.



« Ce chien ne me lâchera jamais de son oeil attentif et je sais que par ces lucarnes de l'âme, au-delà de voir, il regardait et savait tout de moi dont ce que je m'efforçais à rendre invisible. »



Le sourire aux lèvres, j'y ai vu un miroir de ma propre rencontre avec Maya car je suis persuadée qu'elle m'a choisie, et non l'inverse. Les mots de l'auteur sont entrés en résonnance avec ma vie, mes pensées et ma conception de la vie.

L'auteur dresse un portrait d'Ubac rempli d'émotions, tout en respectant son animalité et en ne tombant jamais dans l'anthropomorphisme. Je me suis sentie proche d'Ubac et si cet attachement est unique et ne me concerne en rien, je l'ai aimé à travers les mots de l'auteur.



*

La vie, avec ses sacs et ses ressacs, est mouvante, versatile. Elle navigue entre quiétude et douleur, gaieté et inquiétude, joies et silences, présence chaleureuse et vide profond.



« .. il semblerait qu'il n'y ait pas de droit durable au bonheur sans s'acquitter de quelques rançons. »



Ainsi, ce roman, parsemé d'anecdotes, s'articule autour de moments partagés, de souvenirs heureux, de joie, d'insouciance et d'intermèdes tristes, douloureux où l'on prend conscience que la vie à deux a une finitude... Jusqu'au moment tant redouté où il est temps de faire ses adieux.



J'ai aimé l'intimité et la franchise de ces pages, le lien subtil et profond entre l'homme et son chien, sa vision du monde dans laquelle l'animal est respecté. C'est un récit qui ne ment pas.

L'écriture est magnifique, sensible, sertie de phrases poétiques d'une incroyable douceur. Combien de phrases j'ai surlignées !



« Je t'exprime cela du bout des lèvres mon chien, ne pense pas appesantir ma vie, tu l'as tellement délestée, la balance est indéfiniment en ta faveur. »



*

Par ses moments de partage où l'homme apprend de l'animal, l'auteur questionne sur notre rapport au temps et à la nature, sur ce lien que nous tissons avec les êtres vivants, sur la quête de sens et bien sûr sur l'amour, le deuil et la résilience.



« … aimer sans certitude de l'être en retour… je me demande si l'on ne tient pas ici la définition de l'amour véritable. »



Ubac est un guide, un éclaireur. Il redessine la vie avec de nouveaux angles, de nouveaux chemins, de nouvelles priorités. Il apaise la solitude et saisit l'instant présent.



« Ne rêvez plus votre vie, vivez vos rêves. »



*

Pour conclure, "Son Odeur après la Pluie" est un récit généreux, poignant, sensible et profond.

Il décrit avec poésie la relation étroite et unique qui peut nous unir à un animal. Certains passages m'ont fait venir les larmes aux yeux.

C'est un roman profondément humain et lumineux, un baume pour le coeur en ces moments d'une tristesse infinie où les hommes s'entredéchirent et s'entretuent.



« … je n'avais pas tout à fait fini de t'aimer. »
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Son odeur après la pluie

D'ores et déjà, un grand merci aux éditions Stock et à Netgalley pour cette très belle lecture.



Ce sont avec des mots d'une constante délicatesse que Cédric Sapin-Defour raconte l'amour profond qui le lie à son compagnon, un bouvier bernois, dénommé Ubac. Un nom qui laisse transparaître la passion de l'auteur pour la montagne.

Car s'il est enseignant d'EPS, je découvre aussi par le biais de ses précédents ouvrages que Cédric Sapin-Defour est un mordu de montagnes, tombé en amour, jeune garçon, des Alpes. D'où des publications de chroniques dans différentes revues, et différents ouvrages mais toujours autour du monde de la montagne.

Mais dans "Son odeur après la pluie", si la montagne est bien présente, elle sert de cadre au récit autobiographique du lien entre un homme et son chien,... à moins que ce ne soit entre un chien et son homme ? Car la réciprocité du lien est entière et l'amour complet.



Nous sommes nombreux à connaître ce sentiment d'amour infini pour un animal et il n'y a pas lieu de se tromper : comment un attachement entre deux espèces différentes pourrait-il être d'une autre nature que l'amour ? Cédric Sapin-Defour en déroulant son quotidien avec Ubac, montre toute l'étendue de cet amour entre deux êtres qui appartiennent à deux mondes différents, n'ont pas le même mode de communication, les mêmes espérances de vie, et pourtant, se portent une affection sincère, naturelle et sans faux-semblants durant le court laps de temps de leur cohabitation.



Il y a dans les mots de ce grand baroudeur, qui aime à se coltiner avec l'apreté de la montagne, une immense douceur et la prévenance d'un être conscient du vivant autour de lui.



Une annonce, dans un journal, d'une éleveuse de bouviers, créé un véritable déclic. Pourtant l'auteur a déjà eu un chien, il a donc déjà vécu la tristesse de sa perte, mais le besoin de cette rencontre est irrépressible.



La première visite est un moment d'une délicate tendresse, toute en émotion fébrile. On sait bien ce qui se joue alors : parmi tous ces petits êtres, boules de poils à aimer, un seul sera lié à nous et deviendra un vrai compagnon de vie. Le coup de foudre de l'auteur pour son chien, mais aussi sa culpabilité de l'arracher à la chaleur de sa portée, sont particulièrement émouvants.



À travers son lien avec son chien, l'auteur examine sa propre existence. Il comprend que son animal et lui ne peuvent avoir le même regard et n'hésite pas à remettre en cause sa façon de voir. Ce sont parfois des détails mais le "maître humain- propriétaire" perçoit son chien comme un "maître-enseignant" dispensant des leçons de retour à la simplicité et au pragmatisme :

"Un chien réinvente vos lieux. Il fait peu de cas de vos usages, de votre sens de circulation et de votre place préférée. Ubac ne va pas du tout où je pensais qu’il irait, il redéfinit l’endroit vu de ses yeux et de son importance des choses. Je n’aurai de cesse d’observer sa vision du monde pour me souvenir comme la mienne n’en est qu’une parmi d’autres. La vue lac qui me coûte un bras chaque mois, il s’en fiche. C'est en plein milieu de l'étroit couloir qu'il décide que ces horizons sont à ce jour le plus larges. Il s'y affale".



En réalité , c'est tout le rapport de l'homme à l'animal que l'auteur met en lumière et réinvente, ou plutôt, vit selon sa propre sensibilité. Car Cédric Sapin-Defour ne se perçoit pas comme "le maître", être supérieur et dominant, de son compagnon chien. Il ne se situe pas dans une relation inféodante basée sur le rapport de force. Ils sont juste dans le partage. La relation entre Cédric et Ubac n'est pas celle d'un dominant- dominé, leur amour est partagé et réciproque : "Alors nous allons nous promener, j’y tiens, aucun ne promène l’autre, il s’agit d’une chose équilibrée."



À observer son chien et partager son quotidien, l'auteur en retire des leçons. L'espérance de vie d'un chien est plus courte que celle de l'humain. Peut-être est-ce pour cela que l'animal profite de tout, ancré dans l'instant qu'il vit : "Sa faculté à s’émerveiller est un antidote au désenchantement ".

Leur passion commune pour les grandes balades dans leurs merveilleuses montagnes sont autant d'occasions pour emprunter à l'instinct de liberté et de lâcher-prise de son chien :

"Je m’essaie du mieux possible à sa liberté [...] C’est aussi cela marcher avec un chien, c’est s’éloigner, se rendre aux scènes immuables, les cascades, les forêts et les mares".



Ubac, tout chien qu'il est, n'en illustre pas moins l'élan de vie qu'il apporte au quotidien. "Un chien a vocation à protéger de l’immobilité, il est un antidote à la fossilisation. Méfions-nous, ça tue des vieux cette histoire ; un jour, leur chien meurt, sortir devient triste, inutile et pénible."



À travers les mots de l'auteur se tisse une ode à son chien, mais pas seulement. Cédric Sapin-Defour célèbre la plénitude d'une telle équipe, et encore bien au-delà, parce que son chien lui "fait ouvrir les yeux" sur la vie, le monde, la beauté qui l'entoure, ce récit devient une éloge de l'amour, des êtres aimés. Mais aussi de la vie elle-même, car c'est bien l'amour qui nous révèle les beautés fugaces de cette existence. Celui qui n'est pas heureux ne regardera pas autour de lui. Celui qui partage une véritable relation d'affection a les yeux ouverts et le cœur grand.

"Une couche de hardiesse, voilà ce que ce chien a de plus à son péricarde, une anomalie du cœur et qui luit jusqu’à moi. Car lorsque l’on croit en un être qui croit à ce point en vous, lorsqu’une vie si estimable semble vous estimer, alors on glane, ébahi, de précieux motifs pour s’envisager comme quelqu’un d’à peu près valable. Le jour où ce cœur culotté décidera qu’il est temps de flancher, j’ignore dans quel autre être d’os et de chair je pourrai retrouver le centième de cet éloge et le millième de cet élan, ce dont je suis certain, c’est qu’il faudra un second miracle."



L'auteur est constamment ébahi par l'instinct de son compagnon, sa connexion en tant qu'être vivant à la nature. Étonné de voir son chien dormir inhabituellement dehors, son maître comprend le lendemain matin lorsque les journaux titrent sur une secousse tellurique. La présence de son chien dans sa vie le ramène sans cesse à se reconnecter à ses propres sens, à ouvrir les yeux de façon plus attentive lors de ses randonnées et plus largement, à être plus présent à lui-même.

"Avant Ubac, je m’estimais seul dans les forêts et les montagnes, à mon retour, n’ayant pas vu d’homme, à qui voulait l’entendre je claironnais cette solitude. Seul au monde ! En réalité, m’a-t-il appris, des milliers d’êtres m’ont aperçu, examiné, laissé passer, et il s’est joué autour de moi bien des scènes entre résidents, à plume, à poil, à chlorophylle : des diplomaties, des luttes, des séductions, des retrouvailles, des assemblées, des cours d’école, des cérémonies, des tours de garde, des peurs et des joies, des naissances et des massacres, des fins et des débuts. J’étais indifférent à ces silences habités, Ubac m’a délivré quelques clefs pour les saisir un peu, promu d’un être inconscient à celui qui regarde puis voit. Il m’aide à lire ces histoires, il parle cette langue et m’indique comment m’y prendre pour que s’avive ce que je réduisais à un décor. Il suffit de s’immobiliser, de s’effacer, de réveiller ses sens et d’accepter la porosité ; c’est si simple d’être disponible que nous ne savons plus faire."



Aborder le récit d'une fraction de vie sous l'angle de la relation avec son chien, c'est aussi forcément effleurer une forme de gravité de la vie, dont nous prenons conscience, un jour ou l'autre, que nous ayons, ou pas, un chien à nos côtés. La vie, heureusement ce sont les grands bonheurs, les joies plus simples et non moins profondes, mais aussi les tracas, l'inquiétude, l'âge avançant la conscience de notre fin et celle des êtres aimés ; la conscience que les moments partagés sont précieux, car le tic-tac de l'horloge se fait de plus en plus pressant. Mais il n'empêche pas l'intensité des bonheurs, même quand l'âge de raison nous fait prendre conscience qu'en effet, ils ne sont pas éternels.

"Plus aucun vétérinaire ne nous dit qu’Ubac grandit, il vieillit. Heureusement, la vie comme un fleuve est une oscillation, et entre les peurs il y a ces zones où l’on va mieux, où l’on va bien, jusqu’à oublier et ne plus craindre. Heureusement, autour des affolements et qui s’acharnent à les taire, il y a les joies tranquilles, sublimées par ce que l’on sait désormais trop d’elles : leur fugacité."



Ceux qui auront déjà connu la tristesse de perdre un compagnon animal savent que ce chagrin ne se mesure pas au caractère humain de l'être perdu. L'auteur souligne très justement le chagrin de la perte, quelque soit l'être vivant qui nous manque : "Qui classe les raisons d'être en peine ?"



Je ne m'étendrai pas sur ce que nous, qui partageons nos vies avec un animal, redoutons tous. J'ai perdu comme tout à chacun des êtres chers, humains ou animaux. La peine de se quitter après des années de vie commune est infinie. Nos habitudes partagées à deux, vécues soudain seul, les bruits de cette présence constante soudain réduits au silence. Je n'ai jamais autant pleuré que pour un compagnon animal. Pourquoi ? Je ne saurais le dire. J'ai pourtant eu des deuils. Et les raisons de pleurer en regardant les informations sont nombreuses et graves.

Et pourtant je pleure mon animal comme je pleurais enfant, avec un cœur pur. Il n'y a pas de facheries avec un animal. On ne s'en veut pas pour des bêtises. Il n'y a pas de ressentiment. On s'aime tous deux inconditionnellement.



J'ai lu les dernières pages en pleurant, sans pouvoir me retenir. Il n'y a pas d'injonction à retenir ou cacher son chagrin pour son animal. Chaque fois que j'ai perdu un chat ou un chien, j'ai perdu un véritable ami. Les mots de Cédric Sapin-Defour m'ont touchée au cœur, se posant exactement sur ma peine. Mots qui, loin de jouer facilement sur une corde sensible, sont des bijoux d'amour ciselé. Dans sa peine apaisée, celle qui permet de sentir la présence de ceux qui nous ont quittés, l'auteur parvient à trouver cette image:

"L’enluminure, cet art d’orner les récits. D’un matériau moins clinquant que l’or, c’est cela que tu as fait et fais encore, par touches élégantes, tu embellis ma petite histoire. Notre vie commune mérite mieux que de lui trouver des mots qui font joli mais enlumineur te va si bien."



Il y a une grande justesse dans les mots qui peuplent ce récit. Parfois le style très poétique m'a pesé mais il a pris tout son sens et déployé toute sa finesse dans ces dernières pages qui touchent au cœur.



Et je garde au fond du mien ce magnifique passage: "Comment te dire… Si je ne le pouvais pas plus, je n’avais pas tout à fait fini de t’aimer".



#Sonodeuraprèslapluie #NetGalleyFrance
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Son odeur après la pluie

Je ne suis pas particulièrement attirée par la gent canine mais le succès de Son odeur après la pluie m'a intriguée et c'est ainsi que j'ai suivi les treize années d'un bouvier bernois nommé Ubac.

On se demande comment garder son lecteur rien qu'en racontant sa vie en compagnie de son chien. Eh bien, Cédric Sapin-Defour réussit cet exploit et moi qui suis plutôt chat chat, j'ai dansé un pas de deux avec ces deux-là. Ubac est, sans conteste, le héros de ce livre, et peu lui en chaut. Ce qui l'intéresse, c'est d'être avec son maître, l'accompagner partout et lui donner sa tendresse sans arrière-pensée. L'auteur et heureux maitre d'Ubac va adapter sa vie à celle de son chien plutôt collant, n'hésitant pas, parfois, à l'emmener en cours avec lui. Il est professeur d'EPS, s'il avait enseigné les maths, s'aurait été une autre paire de manches.

Dès les premiers instants de l'adoption, un véritable amour nait entre le maitre et son chien, une complicité et un dialogue permanents.



« -Tu sais, de toute façon, quelqu'un t'aurait pris. Ce n‘est peut-être pas si mal que ce soit moi, non ? »

J'ignore pourquoi nous nous évertuons à parler aux chiens. Sans doute chacun de nous rêve-t-il en secret d'être le premier homme sur terre à qui le sien réponde. »



Cédric Sapin-Defour vit seul en osmose avec Ubac. Jusqu'au jour où il rencontre Mathilde. Sa rencontre avec Ubac est éloquente, ils vont désormais vivre à trois.



« Ils se donnent de la patte, de l'accolade et des petits hurlements. Puis ils courent beaucoup et bondissent longtemps sur un terrain de football tout proche. Ils s'en fichent de moi, c'est parfait. C'est leur rencontre. »



On traverse ainsi des moments merveilleux, de plus dramatiques lorsque la maladie s'invite, mais c'est toujours raconté avec simplicité et empathie. On envierait presque cette vie en montagne auprès de ses chiens. Car deux femelles viendront rejoindre la famille sans remettre en question la place prépondérante du premier arrivé qui se montrera fidèle protecteur et joyeux compagnon de jeu après de ces demoiselles.

Ce bonheur, hélas, à une fin tragique le jour où Ubac meurt de vieillesse. Et le deuil, long chemin plein d'épines, commence.



« « Et la suite, mon Ubac ? Je n'en sais rien mais je la pressens rude, extrême, pourquoi notre douleur se distinguerait-elle d e l'universelle ?

Il y aura le manque. Féroce, organique, comme des coups d'estoc dans le ventre. »



C'est d'une écriture élégante, subtile, que Cédric Sapin-Defour raconte avec sincérité et humour ce compagnonnage particulier et fort durant treize années et c'est magnifique.









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Son odeur après la pluie

Elle aurait pu être jolie et simple cette histoire si son auteur ne s’était pas embourbé dans des phrases alambiquées. Je me suis posé la question : pourquoi ce choix ? Sans doute parce que cette histoire d’amour entre un homme et son chien, est trop universelle. Il n’est qu’à lire le nombre de témoignages qu’a suscités la lecture de ce livre, pour constater combien cette relation est profonde, marquante et riche.

Alors sans doute pour narrer cette histoire simple, l’auteur s’est-il senti obligé de l’enrober de fioritures pour la rendre différente. Mais au final, elle est comme toutes les autres histoires-témoignages que j’ai lus ici : une belle relation certes, mais d’une grande banalité.



Alors j’aurais pu l’aimer cette histoire simple, ce lien indéfectible entre un homme et son chien, mais ce début pompeux m’a agacée et j’ai perdu beaucoup de temps à le décortiquer pour en tirer la substantifique moelle. Un os à ronger !

Je n’ai pas compris ce besoin de surenchère dans l’expression. Le confort de lecture n’était pas là. Et même si après l’auteur retrouve son allant naturel et s’est débarrassé de ses atours pseudo-philosophiques, l’envie n’était plus là et j’ai eu du mal à m’accrocher à ce récit. Même si je reconnais ça et là des passages marquants comme la découverte du monde à travers la truffe de ce compagnon à quatre pattes, capable de sentir et de percevoir bien plus qu’un humain.

« J’étais indifférent à ces silences habités, Ubac m’a délivré quelques clefs pour les saisir un peu, promu d’un être inconscient à celui qui regarde, puis voit. Il m’aide à lire ces histoires, il parle cette langue et m’indique comment m’y prendre pour que s’avive ce que je réduisais à un décor. »



J’aurais aimé partager totalement cette complicité entre deux êtres aussi différents qu’attentifs l’un à l’autre. J’aurais aimé m’associer totalement à la reconnaissance de dignité de chaque être vivant. Mais le style ampoulé de l’auteur m’a, hélas, éloignée de l’authenticité de ce témoignage.

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Son odeur après la pluie

Ubac, c’est la partie nord de la montagne, versant à l’ombre en opposition à l’adret, partie ensoleillée côté sud. Ce n’est pas la seule assertion que nous communiquera ce livre. L’auteur possède en effet un style très riche qui se déploie en oscillant sur plusieurs expositions, et comme une vie entière, entre le chaud et le froid.

Cédric Sapin-Defour est un lettré qui possède un style très dynamique avec des phrases qui obligent et ravissent.

Son odeur après la pluie, est une histoire d’amour et c’est pourquoi à mon avis l’écriture revêt ce caractère unique. C’est une histoire qui nous dit l’ascendant d’un autre sur nous ; qui nous révèle l’apprentissage de notre élan vers lui en même temps que cet amour nous prédit sa finitude inéluctable, à moins de n’aimer plus. Ce qui m’émerveille dans ce récit et qui me conforte à la fois c’est le constat d’une vie dans une complète intensité dès lors que l'on s’éloigne des bips et des réseaux sociaux, et qu’avec cet autre on parcourt les chemins, le monde.

Mais qui est-il cet autre ?

C’est Ubac, Ubac le chien. Je ne m’étonne pas d’en compter de si nombreux, amis des hommes et fidèles compagnons. Aimants, ce sont eux qui nous ramènent vers l’altruisme et nous conduisent, en dehors et au dehors de nos enclaves, vers le contact et le réel, vers la découverte et la redécouverte de nos espaces, ici la mer, là la montagne, les campagnes et bien souvent, trop souvent, ce que nous avons désappris à voir. Ce fut un honneur pour moi d’avoir côtoyé ce bouvier bernois, un majestueux animal et les siens.

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Son odeur après la pluie

Voici une magnifique histoire d'amour entre deux beaux spécimens du monde animal, un chien et un humain. Ubac, pour le côté nature du canidé et le goût prononcé pour la montagne de son maître, Pinpin, l'humain ainsi surnommé par ses potes. Il ne faut s'attendre à rien d'extraordinaire si ce n'est la vie en duo parsemée de profondes réflexions sur leur périple amoureux, auquel se grefferont d'autres liens, humains ou chiens. Il faut juste se laisser aller à la douce tension de bonheur que les amoureux des bêtes ne manqueront pas de ressentir, tout comme l'autre tension, de malheur inéluctable celle-là, si injuste et cruelle mais pourtant naturelle, due à l'espérance de vie d'une espèce dérisoire par rapport à l'autre.

J'ai beaucoup aimé, j'ai adoré par moments la prose un brin rebelle et malicieuse de son auteur, une prose pas si facile que ça, alambiquée parfois. J'ai eu du mal à m'y plonger au début, souvent à m'y reprendre dans des phrases complexes et des mots peu courants, quand ça a commencé à se délier vers la moitié. L'habitude sans doute, ou le relâchement du style.

Les animaux de compagnie reprennent de la place dans notre société, peut-être la place que nos vies urbanisées ont laissée en s'éloignant du monde sauvage. le monde de l'édition quant à lui s'en est emparé, et ce livre mérite largement son succès. Même si à titre personnel je place bien au-dessus celui d'Audrey Joucla de même nature mais passé inaperçu, « Montaigne, Kant et mon chien », empreint de références philosophiques pas forcément moins digestes que certains passages de celui-ci.



« La seule scission du temps dont j'étais déjà conscient est qu'il y avait eu avant Ubac et désormais Ubac ; l'amour, ça coupe la vie en deux. »
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Son odeur après la pluie

Je n’avais pas été à ce point bouleversée par un récit depuis bien longtemps. Pourtant je n’ai pas de chien, mais un chat ! Cependant, dans ma famille il y a eu et il y a encore des chiens, et le lien à leur maître est fort, très fort. Comme dans ce récit.


Je ne connaissais pas l’auteur, qui nous fait partage l’histoire vécue avec son chien treize ans durant, depuis la rencontre jusqu’à la fin. Que c’est beau ! Que c’est fort, puissant, étonnant, et en même temps je ne suis pas surprise ! Le lien à un chien peut être cet amour.



Son style racé n’est pas particulièrement fluide, il m’a fallu relire parfois des phrases, mais quel style ! Un style qui marque, qui envoûte, qui émeut aussi. Un style riche, corsé, qui surprend vraiment. Profusions de mots à l’inverse du commun, et d’images colorées, poétiques, vitales, créant en moi des émotions fortes… si fortes que j’étais en larmes à la fin, exsangue et comblée.

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Son odeur après la pluie

Gros coup de cœur pour ce roman de Cédric Sapin-Defour que j’avais lu suite aux chroniques sur Babelio : merci notamment à Bookyccoky d’avoir dès sa sortie attiré mon attention sur ce « Son odeur après la pluie ».



Véritable succès en librairie, un succès de bouche à oreille comme on les apprécie, parce qu’un livre très touchant qu’on referme le cœur gros avec l’impression d’avoir passé du temps avec ... des amis.



Cédric Sapin Dufour renouvelle en effet très élégamment le thème d’un chien et de son maître, thème qu’il n’utilisera d’ailleurs pas du tout, pour décrire la relation exceptionnelle qu’il a eu avec un bouvier bernois baptisé Ubac. Il faut dire que nous sommes en Savoie, que l’auteur est « prof de gym » pour subvenir à ses besoins, alpiniste à ses heures de détente, et profond ami de la nature.



Mais avant sa « rencontre » avec Ubac il vit seul et pratique le sport pour les endomorphines qu’il provoque, jusqu’à ce fameux jour où, suite à une annonce qui a attirée son attention, il est choisi par une toute petite chose que lui présente la femme qui fait de l’élevage de chiens.



Qui n’est jamais allé ni à la SPA ni chez un éleveur ne peut comprendre tout à fait ce qu’il veut dire : j’ai vécu la même expérience et me suis totalement reconnue dans ce moment, où un chien (pour moi une chienne) vous attribue le qualificatif de maître en remettant son destin entre vos mains. Cela m’est arrivé personnellement, j’étais « par hasard » dans un refuge pour chiens, je n’avais pas l’intention du moins consciente d’en adopter un, mais cette chienne baptisée Cadix m’a « choisie » et il n’était plus question ensuite de repartir sans elle.



Pour notre auteur c’est une nouvelle vie qui commence, et il ne le sait pas encore. Très vite c’est une relation exceptionnelle qui se tisse entre les deux êtres.

Car Ubac lui-même est exceptionnel.



Ce n’est pas une peluche.

Pas une chose non plus. Qu’on transporte d’un endroit à un autre et à qui on met un petit manteau en cas de pluie.

Pas un petit d’homme à quatre pattes non plus. Le chien est à sa place, meilleur ami de l’homme comme le dit la formule.



Et Cédric Sapin-Dufour réussit le tour de force de nous faire pénétrer dans cette relation comme si on y était. Avec son chien, l’auteur découvre le miracle de l’instant présent. Celui qui fait sentir tous les moments égaux, et dont il faut profiter. Qu’ils soient dans la nature (beaucoup), dans la maison, ou dans le van, la complicité entre ses deux êtres est remarquable.

Et oui, fait envie.



Et bientôt le cercle va s’agrandir. Il y a d’abord Mathilde, qui, comme une évidence, va entrer dans la vie de l’auteur plus d’Ubac. Car il serait impossible qu’elle ne participe pas à cette fête.

Et puis il y aura Cordée et Frison, en quelque sorte sœur et fille d’Ubac, un trio qui compose avec l’auteur et sa compagne une réelle famille.



Et c’est bien à une histoire d’amour qu’on assiste, parce qu’il faut le dire, c’est d’amour dont il s’agit, et qui se multiplie sans jamais que quelqu’un se trouve privé de quoi que ce soit.



Mais comme toutes les meilleures histoires ont une fin, il faudra bien qu’Ubac s’en aille un jour pour le paradis des chiens. Et je défie quiconque de lire ce passage bouleversant sans être soi-même bouleversé.

Je l’ai été, en tout cas, mais l’histoire ne s’arrête pas là : les pages consolantes que nous livre l’auteur en fin de récit sont tout simplement d’un grand réconfort. Elles témoignent de la puissance de la relation que l’auteur a eu avec Ubac, et de ce qu’il conservera de tout cela par-delà la mort.



Livre remarquable de sensibilité et de réceptivité à un autre être - qu’on range dans la catégorie animal -, sans jamais tomber dans la mièvrerie, Cédric Sapin-Dufour réhabilite la relation au meilleur ami de l’homme dans ce témoignage d’une grande authenticité.



Servi par une langue plaine d’élégance : le succès en librairie est décidément très réconfortant, pour indiquer qu’un bon livre finit toujours par émerger puisqu’il y aura toujours de bons lecteurs qui sauront les dénicher.

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Son odeur après la pluie

Un titre et un bandeau qui vous accroche pour peu que vous soyez sensible à nos amis les chiens.

D'abord un titre Son odeur après la pluie qui sent bon le retour de balade avec son chien. L'odeur d'un temps de connivence, de dépense, de moments partagés .

Et puis la photo de profil d'un bouvier bernois. La tendresse,la délicatesse, la gentillesse.

Ce gentil bouvier bernois s'appelle Ubac. Il est né en 2003 et va partager la vie de Cédric puis de Mathilde et Cédric.

Partager la vie n'est pas le verbe juste. Ce sera plus que cela. Une osmose, une fusion entre l'homme l'animal.

Cédric Sapin-Defour nous entraîne dans tes torrents d'émotions d'humanité ou comment une relation avec un animal nous dit le vivant.

Bien évidemment ce livre touche au plus profond et nous invite sur les routes de la différence, de la tolérance, de la vie mais aussi de la séparation et de la mort.

L'auteur nous parle de tout cela avec délicatesse mais aussi avec force.

Ubac est une vie qui fait irruption et devient indispensable. Un lien essentiel entre l'homme et l'animal .

Un compagnonnage intense qui touche au coeur.

Jean Paul Dubois qui préface le livre de Cédric Sapin Dufour a obtenu le Prix Goncourt pour son roman :Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même facon .

C'est bien le cas de Cédric. Avec Ubac il habite le monde au plus près de son regard, au plus près du sol, de la nature et de cette relation partagée.

Ce livre nous touche car il parle d'un compagnonnage respectueux qui grandit les uns et les autres.

Pour toute personne ayant compagnonner avec un chien, ce livre est un baume apaisant qui nous rappelle tout ce que pous nous apporter une présence animale.

Plus que touché par cette histoire car elle emprunte quelques chemins que nous avons vécu avec notre chien Fjord.

Fjord était un berger australien avec lequel nous avons comme Ubac et Cédric marchés sur les chemins du Beaufortain.

Comme Ubac, Fjord a respiré le grand air du Beaufortain et s'est extasié de la vue allant du Mont- Blanc au Lac de Roselend.

Comme pour Ubac, nous avons du descendre Fjord à la clinique des Quatre vallées à Albertville.Pas pour des tiques mais pour un épilé.

Fjord nous a quitté il y a 3 ans.

En reprenant les termes de Cédric Sapin Defour, Fjord a du rejoindre Ubac d'arbres en âmes et que le plus de vous persiste.
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Son odeur après la pluie

J'étais très impatiente de lire ce livre plutôt encensé par la critique !

J'avoue que j'ai été plutôt déçue !



Le début du livre est certes très touchant : le choix du chien (qui choisit qui d'ailleurs ?), l'attente de son arrivée, la recherche de son nom, ses premiers pas dans la maison, les premières promenades etc...



Mais ensuite... ça se gâte ! A partir de la 2nde partie du livre, la description de ce que j'ai vite considéré comme la vie rêvée de 2 bobos à chiens (oui oui au pluriel) m'a vite lassée !

C'est dommage car certains passages liés au comportement chien lui même étaient intéressants mais la description des N visites chez le vétérinaire, voyages en van et autres paquets de croquettes... pitié non !



Désolée, je n'ai pas non plus été bouleversée par la fin ! Trop c'est trop ! je trouve même que l'emprunt de la citation de Victor Hugo (qui, lui, pleurait sa fille !) insupportable !!!



J'ajoute que le livre est écrit dans un style très ampoulé voire même pompeux avec des constructions de phrases complexes qui freinent la lecture ! j'ai dû m'arrêter plusieurs fois pour retrouver le verbe , le sujet, les divers compléments et ainsi retrouver le sens de phrases au premier abord incompréhensibles.



Quant aux divers mots "pseudo-savants" qui émaillent le texte j'ai vite abandonné l'idée dans chercher le sens au fil du texte. Tant pis !!!

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Son odeur après la pluie

Une déception qui soulage.

A lire les éloges sur le témoignage bouleversant de l’auteur, j’avais hâte de me plonger dans son récit et en même temps j’étais un peu réticent à l’idée de basculer inévitablement dans une crise lacrymale.

Suite au pathétique « mea-culpa » de Houellebecq ((bien plus insupportable que la dernière crise existentielle de Beigbeder) et à « L’Adversaire » d’Emmanuel Carrère dont la pénurie de ponctuations et surtout de virgules rend la lecture de l’ouvrage extrêmement pénible, j’étais vraiment enthousiaste d’inhaler enfin « son odeur après la pluie* » et de retrouver, du moins j’en étais convaincu, une écriture aussi sincère que légère.

Dès les premiers mots, j’ai su que je n’y arriverai pas et je n’ai effectivement pas pu aller au-delà de la vingt-et-unième page.

J’avais encore une fois imaginé des phrases simples, fluides et peut-être un peu poétiques, et j’ai été giflé par une fatuité stylistique ainsi qu’un oubli fondamental : un désintérêt total pour la compréhension du lecteur lambda que je suis.

Ce ne sont pas forcément les mots que je trouve inadaptés, mais leur utilisation et surtout cette volonté d’inventer une nouvelle texture aux phrases ou de les transformer en une succession de charades. Je dois ainsi les relire au moins trois fois sans forcément réussir à trouver la solution - Au point où je me suis mis à paniquer et à m’interroger sur ma santé mentale. Serais-je touché par un Alzheimer Précoce ? Un cancer du cerveau ?

Juste un exemple de mon ultime effort (p 21) - En exprimant son désir d’aller voir le chiot en question : « Si mon fourgon blanc prend la direction de là-bas, ce ne sera pas pour voir si ce n’est pourvoir un réel déjà bien garni de ses bonheurs et de ses manques. »

Bien évidemment, on arrive (peut-être) à comprendre la phrase, mais il y a toutes ces tentatives comme « voir/pourvoir » et ces « ses » à la place de « mes » qui rendent immédiatement le texte capricieux et ennuyeux (le « ses » appartient vraiment au chien ou à l’auteur qui s’exprimerait donc comme Alain Delon ?)

Je ne prendrai donc pas le risque de poursuivre jusqu’à la réception du chiot et de me heurter à toutes ces fabrications inutiles, surtout lorsqu’elles aborderont ce lien merveilleux, cette complicité si extraordinaire, tellement irréelle qu’elle se passe de mots.

Peut-être que je me trompe, que l’auteur, dans un sursaut de vérité et d’humilité oubliera sa « transformation en écrivain » et qu’au fil des pages, les phrases s’éclairciront par la pureté de l’émotion…

Je crains trop que non - et en réalité cela m’arrange, car je ne veux ni qu’on « me vole » que l’on détruise, saccage cet amour universel dans un déluge égotique,

ni de devoir affronter cette réalité d’une fin qui annoncerait également la mienne. En fait, j’espérais que cet ouvrage allait pouvoir déjà m’aider à supporter le pire, mais c’est un échec dans les deux cas, celui de cette lecture et de mon incapacité encore à imaginer le départ de l’être qui me fait devenir meilleur et valide mon existence chaque jour. Remarquez… j’en ai encore de très beaux devant moi (il n’a que deux ans🐾) avant d'entamer une série de stages intensifs sur la résilience.

J’ose écrire cet avis aussi par altruisme 😉 afin de déculpabiliser peut-être la deuxième (?) personne qui n’aurait également pas pu dépasser ces quelques pages pour les mêmes raisons, ou presque.

Et je me permets la requête suivante : Echanger ce livre pour le/la plus aguerri(e) d’entre vous, contre une auto-fiction sur la rédemption réussie d’un agnostique, d’une rencontre qui va changer une vie, sur un aveu etc… tout ceci rédigé d’une façon très simple, non maniérée - quelque chose entre une biographie d’Ophélie Winter et celle de Sartre… vous voyez ?

Cela peut être aussi un Bukowski … je n’en ai jamais lu.

Merci beaucoup
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Son odeur après la pluie

Ubac était un bouvier bernois, une race de chien malheureusement promise à une longévité trop brève. Cédric Sapin-Defour revient dans ce beau livre grave sur le déchirement qu'a été pour lui, pour sa compagne Mathilde et leurs entourages, la perte de cette part essentielle de leur vie.



Une annonce parue dans un journal gratuit local, à moins que ce ne soit le destin, guide l'auteur vers ce chiot, dernier disponible d'une vaste portée de douze Et ce sera dès le départ un coup de foudre partagé.



Les moments heureux ne manquent pas, d'autant plus que Cédric est un passionné d'alpinisme et que les occasions de partir en balade sont fréquentes. Quelques mois après avoir accueilli Ubac, il fait la rencontre de Mathilde, qui deviendra sa compagne. La « famille » s'agrandit encore avec Cordée, une chienne labrador et Frison, qui est fille d'Ubac.



Ce récit est donc avant tout un essai sur la place que tiennent les deuils dans nos vies. Qu'il s'agisse d'un animal ou d'un humain chaque être vivant peut nous manquer terriblement lorsque la mort survient… J'ai aimé le style relevé de Cédric Sapin-Defour, qui abonde en références bienvenues et éclairantes. Et la superbe préface de Jean-Paul Dubois est un plus certain !



#Sonodeuraprèslapluie #NetGalleyFrance

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Son odeur après la pluie

L’odeur d’un chien mouillé est unique au monde… Assez forte, incommodante et pourtant, lorsque notre chien n’est plu, cette odeur particulière nous manque, comme le cliquetis des griffes…



Des chiens exceptionnels, j’en ai connu, ils me manquent encore.



Alors ce roman qui parle d’un amour fusionnel entre un homme et son chien, bouvier bernois, ça me parlait, me donnait envie de le lire, même en sachant que le final serait larmoyant, parce que oui, un jour, nos animaux de compagnie nous quittent.



Alors que je m’attendais à recevoir des émotions en pagaille, ma lecture a été assez froide, presque clinique. Nulles émotions dans ces pages où un homme et un chien font leur première rencontre, leurs premiers pas ensemble, où ce jeune chiot apprend à découvrir son nouvel univers.



Merde alors, qu’est-ce qui m’arrive ? Aurais-je perdu ma capacité à m’émouvoir ? Serai-je jalouse de sa relation fusionnelle avec son beau chien ?



Impossible, j’ai vécu aussi ce genre d’histoire et je suis toujours capable de m’émouvoir dès qu’un humain et un animal ont une relation fusionnelle ou qu’une personne perd son chien, qu’il ait été perdu, volé (comme pour les chats).



Alors docteur, la cause du malaise ? Cela est dû au style d’écriture de l’auteur, dont certaines tournures de phrases étaient assez difficiles à lire, alambiquées, comme si l’auteur avait voulu complexifier le récit au lieu d’aller au plus simple.



Bref, le style ampoulé m’a empêché de vibrer de cette relation entre l’auteur et son chien, nommé Ubac, ainsi que le fait qu’il parle plus de lui que de son animal. Trop de "je", ce qui m’a fait rester à distance de ce récit, puisque je n’y trouvais pas ce que je cherchais : les émotions d’une telle relation.



Alors oui, ce n’est pas toujours facile à expliquer ce genre d’amour avec un animal, pas toujours évident de raconter, de mettre les mots sur ces belles histoires, afin de faire vibrer son lectorat et j’avoue que j’aurais du mal à raconter mes histoires fusionnelles avec certains chiens, qu’ils aient été des chiens malins ou des un peu con (j’en ai eu un, mais c’était un amour).



Les émotions sont arrivées pour la fin de vie de Ubac, là, mon coeur s’est serré et mes yeux se sont humidifiés. Hélas, ensuite, l’auteur a fait trop long et l’ascenseur des émotions est redescendu et j’ai terminé les dernières pages assez péniblement.



Dommage, j’attendais beaucoup de cette lecture, dont des vibrations fortes et elles ne furent pas au rendez-vous. Vu que sur Babelio, les critiques sont positives à l’écrasante majorité, il y a plus de chances que vous passiez du bon temps dans cette lecture que moi.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Son odeur après la pluie

Une très belle écriture

pour le plus émouvant des hommages

à un amour de chien.

Si vous avez (eu) le bonheur de vivre

ce type de relation,

chaque mot va vous parler,

vous ricocher au coeur.

Une histoire qui vient de loin,

prend forme un jour, comme ça.

Une vraie Rencontre, la chance de se trouver

qui permettra à l'homme de se retrouver.

"Ce quadupède qui va l'aider à se tenir debout".

Avec ce gros chienchien la confiance absolue!

Un amour inconditionnel qui les "enluminent"

Splendeurs de cette passion ,

misères de ce deuil presque impossible

qui tient de l'amputation ..

Ces chiens qui vivent sept fois

plus vite et plus fort que nous....

Cette lecture m'a fait vibrer

me plongeant dans le passé avec Loden

me parlant aujourd'hui d'Ouchka..

Merci pour ce beau regard

sur ces relations particulières





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Son odeur après la pluie

Est-il possible de parler de ce livre sans se mettre à raconter sa vie ? Pour Jean-Paul Dubois, c’est raté… Dans sa magnifique préface, l’écrivain toulousain dit tout le bien qu’il pense de ce livre mais, surtout, il parle de sa chienne. Il ne l’avait pas oubliée bien sûr : grâce à Cédric Sapin-Defour, il l’a revue.

« Son odeur après la pluie » est un journal de bord de la relation qui se forge entre le « maître » et « l’animal ». Un dominant et un dominé ? Le schéma est trop simpliste… Apprentissage mutuel est un terme plus adapté. Difficile de ne pas être bouleversé par ce témoignage. L’auteur analyse cette tranche de vie pour lui, une existence pleine pour son chien, avec lucidité et intelligence. Alliant la précision du scientifique et la faconde du lettré, Cédric Sapin-Defour entraîne le lecteur sur un terrain glissant. Celui du souvenir. En l’occurrence, le souvenir s’appelle Cayenne, notre dernier chien. Né à Mafate, il fut arraché de son paradis par la roublardise de nos deux derniers enfants et la complicité d’une copine qui, de ce fait, devint la marraine de cette petite boule de poil. Cayenne avait déjà cette bonne humeur et ce sourire qui ferait passer la Joconde pour Elisabeth Borne. (Pour ceux qui considèrent qu’un chien ça ne sourit pas, votre lecture peut s’arrêter ici, la suite est encore plus agaçante…)

Cayenne était un Royal Bourbon. Le métissage, à la Réunion, n’est pas une spécificité humaine. Les hasards de la reproduction confèrent aux canidés « péi » des variations qui empêchent d’utiliser les habituelles taxonomies de Canis familiaris. Le chien réunionnais est à l’espèce canine ce que Dali est à la peinture : du surréalisme… Cayenne était un golden retriever bonsaï…

Cayenne fut le chien des enfants puis des petits-enfants. C’était tellement vrai que nous répondons depuis aux délicieux surnoms de Papy et Mamy Cayenne… Cayenne était aussi le chien du quartier, celui qui guidait les enfants vers l’arrêt de bus, d’abord les nôtres puis tous ceux de « Ravine Sèche ». Nous ne connaissions pas tous les voisins mais tout le monde savait situer la maison de Cayenne. Jeune, il ramena comme cadeau des dizaines de savates dérobées dans le voisinage où le pourcentage d’unijambistes semblait défier les lois de la statistique. Il nous fit aussi don de quelques poussins qu’ils ne croquaient pas mais que nous rendions plein de salive à une poule courroucée. Ce chien n’avait aucune éducation d’où une propension à faire des conneries proche du sublime. En cela, il semblait valider les griefs des opposants à la pédagogie positive.

Cayenne était un randonneur infatigable doublé d’un insatiable goinfre, existerait-il des transferts génétiques entre espèces lorsqu’elles partagent le même toit ?

Cayenne comptait des dizaines d’amis, humains, canins et même félins… Si les chiens participaient à des élections, lui, l’anar dans l’âme, aurait sans nul doute accumulé les mandats. Il faisait mentir l’adage selon lequel « les chiens sont comme les enfants et les pets, il n’y a que les siens que l’on supporte ». Par contre, il donnait raison à Desproges quand il disait « qu’il y avait plus d’humanité dans l’œil d’un chien qui remue la queue, que dans la queue de Le Pen quand il remue son œil ».

Cayenne aura connu la métropole, la neige, l’eau fraîche, courir après les lièvres plutôt qu’après les tangues, les siestes devant le feu de bois. Il était déjà vieux mais le climat clément du Languedoc lui permit de prolonger son séjour parmi nous…

Le 13 août 2022, il a rejoint le OuahValhalla des chiens, la seule fois où il nous a fait du Thor.

En lisant « Son odeur après la pluie », en imaginant Ubac qui a sa place au panthéon des illustres Rintintin, Belle, Milou, Rantanplan, Didier et tant d’autres, j’ai revécu notre histoire à Cayenne et nous, les bons et les moins bons moments. J’ai souri aux réflexions communes. Mes appréciations parfois divergentes du statut du chien dans une famille ou dans la société, n’ont en rien gâché ce plaisir de lecture parfois drôle souvent poignant. J’ai pensé à celles et ceux qui ont connu Cayenne, l’ont parfois hébergé, celles et ceux qui n’ont manifesté aucune gêne à la mention de notre tristesse, toutes celles et ceux qui ont en commun cet amour des clébards, toutes celles et ceux qui se régaleraient à lire « Son odeur après la pluie »… Sandrines, Gaëtan, Hugo, Laurette, le Claude, Martine, Domien, Christiane, Jeff, Françoise, le Dumazérien, Sully et puis bien sûr Marraine Maryvonne.

Est-il possible de parler de ce livre sans se mettre à raconter sa vie ? Pour moi, Caramba encore raté !
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Le portrait de Dorian Gray (facile)

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