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Critique de PetiteBichette


Ne vous fiez pas à ce titre qui ne dit rien du trésor qu'est ce livre, tel Charon sur le Styx, Mahmoud dans sa petite barque flotte sur le lac. Tous les jours, il part, enfile masque, palmes et tuba et plonge.
Ce lac n'est pas n'importe quel lac, c'est le lac el-Assad, en Syrie, qui dans la folie des grandeurs de son dirigeant éponyme, a englouti de nombreux villages, y compris le village d'enfance de Mahmoud.
Alors Mahmoud plonge dans ses souvenirs, ses douleurs, son enfance, ses petits et grands bonheurs. Plus il le fait, moins il a envie de remonter à la surface. Comme Enzo, il est de plus en plus appelé par les ténèbres, son rivage, son seul horizon, c'est son village englouti.
Alors Mahmoud plonge dans les eaux sombres, et les bulles de ses souvenirs heureux et douloureux remontent lentement pour éclater à la surface.
Qui est Mahmoud, vieux sage ou vieux fou ?
Mahmoud perd le fil, s'enfonce dans sa solitude et nous livre par bribes ce que fût sa vie d'avant alors qu'il était amoureux, poète, enseignant, plein d'espoir et de vie.
Mahmoud plonge dans le liquide amniotique des mots pour anesthésier sa douleur.
Mais la tâche sombre va peu à peu s'étendre sur Mahmoud, sa tumeur va le consumer à petit feu sous le soleil en ravivant douloureusement son passé. Car la vie n'a pas épargné Mahmoud, la mort en couches de sa première femme Leïla, la disparition de ses enfants nés de son amour avec Sarah, la guerre et ses atrocités, la prison pour avoir cru aux rêves de liberté.
C'est un texte incroyable d'une grande beauté que nous livre l'auteur et poète belge Antoine Wauters, qui mêle à ses vers libres des vers de poésie persane.
Ces vers sur le papier, comme un ressac qui vient s'écraser sur nos doigts.
Le coeur se serre à la lecture des pensées de Mahmoud, des tumultes d'émotions et de sensations nous submergent, la description du pays qui étouffe sous la pression de son dictateur est saisissante. Une ode magistrale et magnifique au peuple syrien, à ses espoirs et ses souffrances.
Un coup de coeur immense !

Les mots comme des filets à papillons
pour nos causes perdues.
Une barque à mi-chemin entre
les mondes.
J'ai écrit.
Je me suis allongé sur le miroir
des mots.
L'eau des mots.
J'ai plongé.
L'écriture comme une barque
entre mémoire et oubli. (p.100)
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