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Critique de Calimero29


Le 18 juin 1994, après 3 mois de massacre des Tutsis par les Hutus et de terreur, Beata Umubyeyi Mairesse et sa mère ont eu la vie sauve grâce à un convoi de l'organisation humanitaire suisse Terre des Hommes qui les a emmenées de Butare à la frontière avec le Burundi. Elle avait 15 ans; sa mère et elle n'auraient pas du être acceptées dans ce convoi car il était réservé aux enfants de moins de 12 ans. Elle arrive dans le nord de la France, est scolarisée, est entourée d'affection et de soutien par sa famille d'accueil, se marie et a des enfants.
le titre de ce livre évoque, souvent, les heures sombres de la deuxième guerre mondiale et la déportation de Juifs vers la mort. Ici, le mot "convoi" se charge d'une image positive car il a transporté des enfants vers la vie.
L'auteure a suivi un long cheminement de trois décennies avant de pouvoir écrire le récit de ces mois d'horreur mais aussi de témoigner pour les autres enfants, pour saluer le courage de celles et ceux qui les ont aidées, sauvées. Elle a commencé par de la fiction avec des romans autour du génocide, puis elle a accepté de témoigner devant des lycéens de 15 ans à partir de 2016 et s'est lancée dans la quête d'une photo qui aurait été prise au moment de son passage de la frontière avec sa mère; son désir était de retrouver les autres enfants du convoi et leur faire parvenir les photos où on les voyait. Cette (en)quête a été semée d'embûches, d'obstacles, d'espoirs déçus mais riche de rencontres, d'échanges, d'amitié.
L'auteure s'interroge sur ce qu'est la responsabilité de témoigner sans trahir ceux qui ont subi le même drame, sans que son propre vécu oblitère la réalité, sans que ses mots soient mal perçus, mal interprétés.
Elle nous livre également une réflexion sur la place des photos prises par des étrangers, dont l'interprétation peut être faussée par le biais occidental. C'est, pour elle, ce qui s'est passé au Rwanda. Elle souligne le sentiment de dépossession que peuvent ressentir ceux qui ont été photographiés. Où s'arrête le droit à la propriété intellectuelle et où commence le droit à l'image alors que les enfants ont été photographiés et sont apparus dans les média occidentaux sans leur consentement? le regard de l'autre. le regard sur l'autre.
On sent que Beata Umubyeyi Mairesse choisit ses mots avec soin pour essayer de rendre compte d'une réalité dont elle est la porte-parole mais qui ne lui appartient pas. le texte est sobre, précis, sans pathos mais puissant.
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